La France et son gouvernement au milieu du XVe siècle d après Bernard de Rosier. - article ; n°2 ; vol.150, pg 245-285
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La France et son gouvernement au milieu du XVe siècle d'après Bernard de Rosier. - article ; n°2 ; vol.150, pg 245-285

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1992 - Volume 150 - Numéro 2 - Pages 245-285
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Patrick Arabeyre
La France et son gouvernement au milieu du XVe siècle d'après
Bernard de Rosier.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1992, tome 150, livraison 2. pp. 245-285.
Citer ce document / Cite this document :
Arabeyre Patrick. La France et son gouvernement au milieu du XVe siècle d'après Bernard de Rosier. In: Bibliothèque de l'école
des chartes. 1992, tome 150, livraison 2. pp. 245-285.
doi : 10.3406/bec.1992.450657
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1992_num_150_2_450657FRANCE ET SON GOUVERNEMENT LA
AU MILIEU DU XVe SIÈCLE
D'APRÈS BERNARD DE ROSIER
par
Patrick ARABEYRE
Du redressement de la royauté française au rétablissement de l'ordre et
de la paix à la fin du règne de Charles VII, de la résolution du Grand
Schisme au « solstice » (G. Le Bras) de 1440, qui voit s'élever les fonde
ments d'une monarchie pontificale absolue 1, les discordances d'une
époque trouvent leur écho tout au long de la vie et de la carrière de l'arche
vêque de Toulouse Bernard de Rosier (1400-1475). À ces années de con
fusion correspond l'œuvre d'un intellectuel engagé et prolixe, faite d'écrits
rédigés sous le coup de l'actualité et d'ouvrages à substance théorique.
Je me suis ailleurs proposé d'isoler de cette nébuleuse un noyau de textes
éminemment « politiques » 2. Plus que tout autre, le traité Miranda de laudi-
bus Frande et de ipsius regimine regni (Merveilles à la louange de la France
et du gouvernement de son royaume) présenté ici mérite l'épithète. Car il
participe pleinement, à mon sens, de cette abondante littérature de la fin du
Moyen Age « qui se donne pour tâche plus ou moins consciente de soutenir
l'État dans son action ou de se faire l'écho des préoccupations de la société
politique » 3.
La contribution d'un Bernard de Rosier est originale à plus d'un titre.
Elle est avant tout celle d'un juriste qui raisonne en termes de droit, com
pose à l'intérieur de schémas juridiques et parle une langue d'universitaire
et de consultant. Elle émane par ailleurs d'un homme du Midi qui a
séjourné en Espagne et en Italie mais ignore pour une large part les pays de
1. « L'année 1440 est celle du solstice. Aux déclamations de Bâle s'oppose désormais la
tranquille assurance de tous ceux qui se rassemblent autour du pape » (Henri Gilles et Paul
Ourliac, La période post-classique (1378-1500) : la problématique de l'époque, les sources,
Paris, 1971, p. 51).
2. Cf. Les écrits politiques de Bernard de Rosier (1400-1475), archevêque de Toulouse, dans
École nationale des chartes, Positions des thèses..., 1987, p. 9-15.
3. J. Krynen.
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 150, 1992. PATRICK ARABEYRE 246
langue d'oïl, leur « idiome » comme leur idéologie. Elle se présente enfin
comme la réflexion d'un clerc dont la véritable famille de pensée est
l'Église.
Les conceptions de ce canoniste méridional ont bien évidemment connu
des infléchissements qui ne sont pas sans rapport avec ceux de son itiné
raire dans un temps troublé ; les Miranda de laudibus Francie ne rendent
compte que d'un moment de la pensée politique de Bernard de Rosier.
Mais c'est là sans doute le dernier état de sa réflexion. Car, lorsqu'il en
publie en 1450 le texte à l'adresse du roi Charles VII, il a déjà beaucoup
écrit, sur bien des sujets. Et il n'écrira plus guère puisqu'en ces années-là,
il est à la veille d'accéder à l'objet de tous ses efforts passés (y compris litt
éraires), l'archevêché de Toulouse. Le poids de la charge puis l'âge absorbe
ront ensuite toute son énergie. L'attachement qu'il porte à l'ouvrage est
cependant bien réel. En 1465, ce sont les Miranda que le prélat choisit de
retoucher, afin sans doute de réaffirmer au nouveau roi Louis XI cette fidé
lité que suggérait le titre de « conseiller » arboré au temps de Charles VII.
Aux yeux de Bernard de Rosier, le texte, qu'il avait mûri dans une consulta
tion de jeunesse, n'avait pas vieilli. Ce n'est pas ce qui en fait le moindre
intérêt.
U auteur et son œuvre. — II n'y a pas lieu de reprendre ici la biographie de
Bernard de Rosier4 : il suffira d'en rappeler les grandes lignes. Comme il a
été maintes fois souligné, cet ambitieux « a mené de pair le service du Saint-
Siège, l'enseignement universitaire et l'administration diocésaine »5.
Le futur archevêque de Toulouse est issu d'une famille d'hommes de loi
et de petits officiers du Lauragais connue depuis le XIIIe siècle; son père fut
plusieurs fois capitoul. Bernard naît en 1400, vraisemblablement à Toul
ouse. Entré chez les chanoines réguliers du chapitre cathedral Saint-
Etienne à l'âge de dix-huit ans, il choisit la voie des études canoniques. En
1427, il est docteur en décrets et chancelier de l'église de Toulouse quand
le cardinal Pierre de Foix le choisit comme secrétaire de la légation d'Ara
gon. Le 15 août 1429 à San Mateo, en présence du légat et du successeur
de Benoît XIII, l'antipape Clément VIII, il prononce le sermon au cours de
l'office qui consacre, par la soumission de ce dernier, la fin du Grand
Schisme; de la mission qui venait ainsi de s'accomplir, il achève l'année
suivante le récit. Après un bref séjour en Italie, il revient à Toulouse, où,
devenu en 1433 prévôt du chapitre, il est à plusieurs reprises le représen-
4. Je me permets de renvoyer pour plus de détails à mon article Un prélat languedocien au
milieu du XV siècle : Bernard de Rosier, archevêque de Toulouse (1400-1475), dans Journal
des savants, 1990, p. 291-326.
5. H. Gilles et P. Ourliac, op. cit., p. 95. FRANCE DU XV* SIÈCLE D'APRÈS BERNARD DE ROSIER 247 LA
tant du clergé de la ville. Docteur in utroque (1432 ?) puis maître en théolog
ie, il enseigne le droit canon avec quelque notoriété pendant plus de vingt
ans, et établit rapidement une réputation de juriste eminent par la publicat
ion, commencée en 1435, d'un imposant recueil de consultations, la Tri-
pertita consultacionum. Après s'être attaché un moment à la personne du
comte d'Armagnac, il paraît se placer au service du roi dès 1432, date à
laquelle il adresse à Charles VII un recueil de « notables », ébauche du
traité Miranda de laudibus Francie.
Dans les années 1438-1440, les interventions de Bernard de Rosier dans
les affaires politiques du temps se multiplient. Les troubles nés de l'incur
sion des routiers dans le Toulousain, puis de la révolte seigneuriale de la
Praguerie, le jettent dans le parti loyaliste de ceux qui souhaitent le prompt
rétablissement de l'ordre royal. Porte-parole des Toulousains et des Lan
guedociens aux Etats, il exprime également à merveille l'état d'esprit
du Midi sur les questions religieuses. Le canoniste s'engage en effet avec
beaucoup de passion contre la politique royale exprimée dans la Pragmat
ique Sanction de Bourges de 1438. Il mérite d'être alors considéré comme
« le plus fougueux représentant de l'ultramontanisme en France » 6.
Les épais traités de polémique dirigés contre les décrets du concile de
Bâle et contre leur adoption par Charles VII attirent sur Bernard de Rosier
l'attention de la curie. Il exerce d'abord la charge de référendaire en Cour
de Rome (à partir de 1446) avant d'être élevé à la dignité épiscopale.
Après deux brefs passages aux évêchés de Bazas (1447-1450) et de Mon-
tauban (1450-1452), il obtient enfin l'archevêché de Toulouse dont il sera
le titulaire de 1452 à 1475. Malgré les prises de position « romaines » des
années précédentes, il avait su ne pas démériter de son titre de conseiller
de Charles VII en publiant le mémoire Miranda de laudibus Francie
(1450).
Il consacre désormais à son activité de prélat tout le soin qu'il n'emploie
plus à l'écriture. Ses dernières années sont cependant assombries par les
mauvaises relations qu'il entretient avec le pouvoir de Louis XI. En butte à
des pressions constantes et finalement abandonné par Rome, il s&#

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