La France systématique ou quelques études sur la France de la IVe République - article ; n°1 ; vol.8, pg 148-159
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Description

Revue française de science politique - Année 1958 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 148-159
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 0
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Chapsal
La France systématique ou quelques études sur la France de la
IVe République
In: Revue française de science politique, 8e année, n°1, 1958. pp. 148-159.
Citer ce document / Cite this document :
Chapsal Jacques. La France systématique ou quelques études sur la France de la IVe République. In: Revue française de
science politique, 8e année, n°1, 1958. pp. 148-159.
doi : 10.3406/rfsp.1958.392457
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1958_num_8_1_392457France Systématique La
ou
Quelques Etudes sur la France de la IVe République
JACQUES CHAPSAL
La IVe République est maintenant assez vieille pour qu'elle soit
matière à livres d'histoire ou de réflexions en profondeur. Les
plus importants ont déjà été commentés dans cette Revue. Le der
nier semestre de l'année 1957 en a vu paraître plusieurs, d'une
très réelle qualité, que cette chronique se propose de regrouper 1.
Encore qu'ils soient bien différents les uns des autres, et qu'ils
appliquent à notre pays des épithètes diverses, certains d'entre
eux, au moins, nous semblent appeler irrésistiblement le commun
qualificatif de « systématique », non seulement parce que tout essai
d'explication est une systématisation (et ce serait alors une tauto
logie), mais parce que l'esprit de système a délibérément orienté
leur optique.
Il en est d'abord ainsi d'un gros livre qui se présente cependant
comme une œuvre d'histoire descriptive, La France depuis la guerre
(1944-1957) d'Alexander Werth. C'est la traduction d'un ouvrage
anglais, France, 1940~19552, ou plus exactement son adaptation,
car on en a supprimé, au début, une partie importante, la France
de Vichy (qui tenait 200 pages et se trouve ici rapidement esquis
sée en une quinzaine de pages), et on y a ajouté, pour mettre
îe livre up to date, un chapitre qui conduit le lecteur de la chute
de M. Mendès-France à celle de M. Guy Mollet. On sait qui
î. Werth (Alexander) — La France depuis la guerre {1944-1957). Trad
uit de l'anglais par Jean Guignebert Paris, Gallimard (1957), in-8°, 627 p.,
1500 fr.
Debré (Michel) — Ces princes qui nous gouvernent.... Lettre aux dir
igeants de la nation. (Paris) Pion (1957), in-8°, 207 p., 600 fr. (Tribune libre. 7.)
Faîîvet (Jacques) — La France déchirée. Paris, A. Fayard (1957),
in-12, 157 p., fig., 500 fr.
« La France des Français ». Esprit nouvelle série, décembre 1957 :
pp. 625-880.
Berl (Emmanuel) — La France irréelle, Paris, B. Grasset, (1957), in-12,
221 p., 585 fr.
2. Werth (Alexander) — France 1940-1955. London, R. Haie, 1956,
in-8°, xxxn-764 p., bibliogr.
148 La France de la IVe République
est l'auteur : un journaliste étranger, ayant pratiqué îa France
pendant de longues années, tout comme un Victor Vinde, un
Luthy3 ou un Schoenbrun \ et même particulièrement longtemps
(si l'on tient compte de la coupure de guerre, voici vingt-cinq ans
qu'il y \ït). Il îa connaît fort bien, il l'aime parce qu'il la trouve
passionnante (cf. p. 22 : « Ce pays est, plus que tout autre, dans
une constante fermentation d'idées, ... mais, à côté de tant d'in
telligence, il y afvait] un volume de sottise monumentale»); son
livre a été salué comme « le premier manuel d'histoire de la France
tout à fait contemporaine ».
Oui, bien sûr, mais ce livre m'apparaît, pour les political scien
tists5, aussi agaçant qu'intelligent — et il est extrêmement intel
ligent. A. Werth promène sur la politique française un regard très
lucide, il l'analyse et la dissèque avec îa précision du chirurgien ;
quelque moment qu'il juge, il sait en dégager le trait caractéristi
que et les éléments moteurs, qu'il s'agisse (et nous ne donnons ici quelques exemples ) de Vichy (pp. 29 sqq. ) , de « Thorez au
secours de de Gaulle » (pp. 90 sqq.), de l'identification de M. Pinay
et des «usagers» («je suis M. Consommateur», p. 408), du
« double jeu » français dans la politique européenne et vis-à-vis
des Américains (p. 19), de l'effacement de îa France aux Ber-
mudes (« Churchill préfère la compagnie d'une chèvre à celle du
président du Conseil français», p. 498), de l'atmosphère de haine
dans laquelle tomba M. Mendès-France, ou de l'extraordinaire
succès de la politique nationaliste des socialistes en Î956 (ce qu'il
intitule assez drôlement « l'ère du national-molletisme » ) . A. Werth
sait très bien mettre le doigt sur les options non prises, les chances
manquées, les contradictions non surmontées, la « nolonté » d'une
politique à laquelle s'applique trop bien le mot cruel de Briand sur
le « chien crevé au fil de l'eau ».
Mais pourquoi faut-il que cette lucidité dans îa critique appar
aisse trop exclusivement celle de l'oeil gauche, alors que l'œil
droit demeure presque toujours fermé ? Que l'on prenne les cita
tions et les extraits de presse, on les trouvera toujours orientés
dans le même sens et l'on peut dire que, de 1944 à 1949, « Combat
est Dieu et Werth est son prophète ». A. Werth reconnaît d'ail
leurs (p. 26) qu'il l'a fait de propos délibéré, mais il ne faut pas
s'étonner que cela nuise à son objectivité. De même que bien des
lecteurs français avaient été choqués de la « réhabilitation » de
Pierre Laval que l'auteur avait tentée dans l'édition anglaise (pro-
3. Herbert Luthy, A l'heure de son clocher. Essai sur la France, Paris,
Calmann-Lévy, 1955. Compte rendu dans cette revue, oct.-déc. 1955, p. 898.
4. David Schoenbrun, Ainsi va la France, Paris, R. Julliard, 1957.
5. Je suis bien d'accord avec M. Sauvy qu'il est stupide de ne pas trouver
un terme français équivalent: mais préfère-t-il politiste ou politicistel
U9 Jacques Chapsal
bablement parce que son principal mérite était d'être, à Vichy,
« l'homme de gauche » isolé dans la droite réactionnaire que déteste
A. Werth), de même on ne pourra retenir son irritation devant
l'extraordinaire sévérité des jugements portés sur Léon Blum, pré
senté comme un grand responsable de la Rénovation manquée, ou
sur M. Robert Schuman, dépeint à peu près exclusivement comme
un menteur systématique. O Europe, que de crimes on commet
en te nommant ! Werth ou Î'anti-Luthy : cela prouve au moins
qu'il n'y a pas que les Français à transformer les querelles euro-
péennes en guerres de religion ; après tout, les observateurs étran
gers finissent, eux aussi, par tout voir au nom d'une certaine
métaphysique. Mais, si M. Mendès-France a droit à une objectivité
que les « européens » lui ont souvent refusée avec une étonnante
passion, ce n'est pas une raison pour la refuser aux « construc
teurs » du M.R.P.
Autre défaut du livre d'A. Werth : c'est sa composition, très
évidemment faite à la manière d'un journaliste, d'une série de très
brefs chapitres notant tel aspect des problèmes, procédant plus par
touches successives que par grandes perspectives linéaires, ce qui
provoque assez souvent des enjambements d'un chapitre sur l'autre,
avec des avancées et des retours en arrière qui risquent de brouiller
la précision de la vision chronologique. C'est plus particulièrement
frappant pour îa partie qui va jusqu'à 1950 (45 chapitres pour
300 pages).
Notons aussi que, systématiquement, Werth ne veut pas étudier
les problèmes institutionnels ou électoraux, qu'il ne décrit pas l'a
tmosphère des campagnes électorales, qu'il ne s'appesantit pas sur
les partis politiques (sur lesquels il regroupe cependant un certain
nombre d'observations à propos des élections de 1951). Même
dans ces perspectives, on s'étonne de ne pas le voir mettre en
valeur des événements aussi importants et aussi gros de significa
tions que le referendum du printemps 1946 repoussant le premier
projet constitutionnel. On a remarqué aussi que la politique éco
nomique n'avait pas, dans ce livre, la place à laquelle elle aurait
eu droit : elle est vue plus par le côté ane

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