La générativité, seule révolution du numérique - article ; n°1 ; vol.141, pg 19-31
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Description

Communication et langages - Année 2004 - Volume 141 - Numéro 1 - Pages 19-31
Issu d'une culture particulière peu acquise par les concepteurs, le son est négligé dès les débuts du multimédia. Le multimédia serait-il un leurre ? Les performances et l'accroissement des capacités de mémoire des ordinateurs et les progrès réalisés dans le domaine de la compression des données, laissent envisager une amélioration du domaine sonore et nourrissent l'idée que le système pourrait durablement changer. En prenant appui sur des produits novateurs du point de vue sonore, Christian Loret s'emploie ici à montrer l'utilité d'une bonne utilisation du son. Cela ne va pas sans une interrogation critique plus générale sur la place qui peut être donnée au son, les logiques que l'informatique autorisent dans son traitement, ainsi que les limites techniques et économiques d'une réelle diffusion des œuvres.
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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Loret
La générativité, seule révolution du numérique
In: Communication et langages. N°141, 3ème trimestre 2004. pp. 19-31.
Résumé
Issu d'une culture particulière peu acquise par les concepteurs, le son est négligé dès les débuts du multimédia. Le multimédia
serait-il un leurre ? Les performances et l'accroissement des capacités de mémoire des ordinateurs et les progrès réalisés dans
le domaine de la compression des données, laissent envisager une amélioration du domaine sonore et nourrissent l'idée que le
système pourrait durablement changer. En prenant appui sur des produits novateurs du point de vue sonore, Christian Loret
s'emploie ici à montrer l'utilité d'une bonne utilisation du son. Cela ne va pas sans une interrogation critique plus générale sur la
place qui peut être donnée au son, les logiques que l'informatique autorisent dans son traitement, ainsi que les limites techniques
et économiques d'une réelle diffusion des œuvres.
Citer ce document / Cite this document :
Loret Christian. La générativité, seule révolution du numérique. In: Communication et langages. N°141, 3ème trimestre 2004.
pp. 19-31.
doi : 10.3406/colan.2004.3409
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_2004_num_141_1_340919
La générativité,
seule révolution
du numérique
CHRISTIAN LORET
Depuis le début des années 1980 la technologie numérique Issu d'une culture particulière peu
s'est imposée dans le domaine sonore ; elle a remplacé acquise par les concepteurs, le son
l'enregistrement analogique. Il n'est pas aisé d'évaluer exac est négligé dès les débuts du mult
tement toutes les conséquences de cette évolution, et en imédia. Le multimédia serait-il un
particulier celles qui concernent de nouvelles formes de leurre ? Les performances et
communication et de création. En effet, si dès maintenant l'accroissement des capacités de
certaines créations montrent que des changements en mémoire des ordinateurs et les
profondeur peuvent intervenir dans la façon de concevoir progrès réalisés dans le domaine de
et de communiquer le son, l'exploitation significative de ces
la compression des données, laispotentiels tient aux propriétés techniques du son numér
sent envisager une amélioration du ique - moins évidentes qu'il n'y paraît - mais aussi à la
domaine sonore et nourrissent l'idée capacité des auteurs d'investir ces potentialités de logiques
que le système pourrait durablement nouvelles et aux conditions de qualité et d'accès qui
changer. En prenant appui sur des peuvent soutenir une relation durable entre créateurs et
produits novateurs du point de vue publics : autant de facteurs qui n'ont pas été au centre d'un
développement industriel jusqu'ici peu respectueux du son. sonore, Christian Loret s'emploie ici
Nous essaierons ici de repérer quelques tendances, en à montrer l'utilité d'une bonne util
nous appuyant sur quelques exemples significatifs, sans isation du son. Cela ne va pas sans
masquer les limites et les réticences qui marquent encore la une interrogation critique plus
création sonore sur les supports numériques. générale sur la place qui peut être
donnée au son, les logiques que
l'informatique autorisent dans son Une nouvelle disponibilité du son
Par-delà les controverses anciennes sur la mort du micros traitement, ainsi que les limites
illon, les premiers commentaires occasionnés par la techniques et économiques d'une
numérisation ont concerné la qualité sonore entendue, le réelle diffusion des œuvres.
numérique apportant la « pureté » de la reproduction.
Mais l'intérêt s'est rapidement porté sur la production et la
diffusion. Le coûteux studio d'enregistrement a fait place à
l'ordinateur personnel. Réaliser un enregistrement demand
ait jusqu'alors un équipement matériel onéreux, hors de
portée du plus grand nombre. Doté de samplers et
communication & langages - n° 141 - Septembre 2004 20
d'échantillonneurs, mais aussi de logiciels professionnels comme Open music ou
Max diffusé par l'Ircam, le musicien a désormais la possibilité d'utiliser le code
informatique comme le solfège. Avec l'informatique, les techniques ont larg
ement évolué. Remplaçant la bande magnétique, l'ordinateur a progressivement
émergé comme « lieu » privilégié du développement de nouvelles pratiques
musicales, qui reposent tant sur la synthèse sonore que sur la composition. Le
compositeur dispose de bien plus grandes possibilités de contrôle sur des sons
préenregistrés. Il peut produire du matériau pour la composition.
Ce potentiel est en partie masqué par le fait que la plupart des objets multiméd
ias sont essentiellement textuels et graphiques. Malgré tout, sur les CD-roms, les
sites internet ou encore les installations multimédias, le domaine sonore, quelque
contraint qu'il soit par la technique, montre déjà des utilisations tout à fait spéci
fiques et innovantes. La rencontre du son et de l'image en multimédia est de
nature à apporter de nouvelles formes artistiques. La création musicale et sonore
s'inscrit par là même dans le rêve multimédia. La réalité montre pourtant des
limites, comme on le verra plus loin. Il est important de saisir les tendances créa
tives, sans conclure trop vite à l'extension des expériences.
Il s'agit d'abord des supports, mais, par leur intermédiaire, de nouvelles logi
ques de communication pourraient être engagées. La période du CD-rom est
close, celle du DVD-rom est appelée à la remplacer. Le CD-rom aura permis
d'explorer les capacités des outils sur de nouveaux supports multimédias alliant le
texte, l'image et le son dans un contexte interactif, c'est-à-dire où la participation
de l'utilisateur est une donnée essentielle. Un certain nombre de produits auront
très habilement su exploiter les ressources à disposition : c'est pourquoi d'import
antes innovations ont pu ainsi voir le jour, soutenues par un financement inst
itutionnel (Réunions des Musées Nationaux, Ircam, Radio France...)
Les nouveaux médias sont largement dépendants des progrès technologiques
et leur durée de vie est courte. Toutefois, la seule logique technique ne rend pas
compte des possibilités d'innovation. Pour comprendre celles-ci, il y a lieu de
s'arrêter sur des réalisations, de faire l'état des lieux pour assimiler l'impression
nante innovation associée aux technologies de la communication. On s'en tiendra
ici à quelques exemples, qui visent, non à représenter toute une production, mais
à indiquer quelques-unes des directions originales dans lesquelles peut s'engager
le traitement du son en multimédia.
Usages de l'interactivité
L'interactivité est la caractéristique principale du multimédia1. On peut la définir
comme l'usage délibéré d'un dispositif, spécialement intégré au programme, où le
concepteur anticipe les actions de l'usager. L'intervention du programme peut
modifier significativement l'échange entre concepteur et utilisateur, mais cela
suppose une réflexion particulière. En effet, lorsque le concept n'est pas bien
maîtrisé par les auteurs, l'usager habitué à une consultation linéaire se voit obligé
à assumer une posture active qui ne lui convient pas naturellement. D'autre part,
1. Sur cette notion complexe et controversée, cf. le dossier « L'Interactivité, attentes, usages et sociali
sation », Communication & langages, n° 137, octobre 2003.
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le simple fait que la machine puisse réagir à l'utilisateur ne constitue pas en soi
une valeur. L'interaction signifie une action et une réaction, puis une action
suivante. Si l'interaction est toujours la même (retour au menu principal, aller à
la page suivante. . .) l'interactivité est pauvre.
Générer des sons
Avec la générativité, l'interaction s'enrichit d'une nouvelle dimension. Le
programme prend en charge les effets de l'action. Le dispositif interactif peut
enregistrer l'action de l'usager et l'i

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