La Jeunesse de Paul Féval (fin) - article ; n°1 ; vol.45, pg 25-39
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Jeunesse de Paul Féval (fin) - article ; n°1 ; vol.45, pg 25-39

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales de Bretagne - Année 1938 - Volume 45 - Numéro 1 - Pages 25-39
15 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1938
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

J. Baudry
La Jeunesse de Paul Féval (fin)
In: Annales de Bretagne. Tome 45, numéro 1-2, 1938. pp. 25-39.
Citer ce document / Cite this document :
Baudry J. La Jeunesse de Paul Féval (fin). In: Annales de Bretagne. Tome 45, numéro 1-2, 1938. pp. 25-39.
doi : 10.3406/abpo.1938.1774
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1938_num_45_1_1774J. BAl'DllY
LA JEUNESSE DE PAUL FÉVAL
(Fin).
III. — Paul Féval à Rennes (1816-1837).
Tout près de l'église Saint-Sauveur, dont il est séparé par
l'étroite rue du même nom, se trouve l'hôtel de Blossac, bâti
au xvine siècle par un conseiller au Parlement, avec une façade
à deux étages surmontés de toitures escarpées. « L'aile droite
longeait en retour la rue des Francs-Bourgeois, de sorte que
la tourelle en coquille dont le relief saillait hors de l'angle exté
rieur regardait l'ancien terrain de Sainte-Catherinc-du-Val.
L'autre aile affectée autrefois aux remises et écuries s'adossait
aux maisons construites sur l'emplacement du couvent des
Frères Bleus. » Derrière le corps de logis principal s'étendait un
jardin irrégulier rejoignant la rue Bayenne 21. « C'était un édifice
de style altier et sévère. Un perron de huit marches montait à
la grande porte qui s'ouvrait sur le vestibule pavé de marbre
blanc et violet dont les losanges alternativement s'enchâssaient
en échiquier. Ce vestibule était éclairé d'en haut par une cage
vitrée ou ciel qui mettait en lumière les statues de l'escalier
et des capricieux dessins de la rampe de fer. Sur chaque marche
on voyait un vase élégamment ciselé qui avait, aux jours de
gloire, embaumé la route des brillants salons. Dans ces vases
il n'y avait plus de Heurs. Des deux cotés des paliers spacieux,
deux portes présentaient les riches moulures de leurs doubles
21. Hue de la Psallette. la jeunesse de r un, kéyal 20
battants. Mais à ces portes, non plus qu'à l'entrée du vestibule,
il n'y avait pas de laquais en livrée, tout restait immobile,
désert et silencieux 22. »
L'herbe croissait entre les pavés de la cour et traçait autour
de chacun d'eux un cadre étroit de verdure. « A travers les fenêtres
de la façade on apercevait les bois sombres des contrevents
fermés. Au dehors c'était une tristesse pareille. Le passant
n'apercevait qu'une porte éternellement close au-dessus de
laquelle des scupltures martelées montraient encore les restes
confus d'un écusson et de ses supports. L'œil expert d'un héraut
eût distingué sous l'outrage des marteaux de 93, les émaux
bien connus d'une famille illustre dont l'écu pend de nos jours
à l'une des colonnes de la salle des Croisades 23. »
Au deuxième étage de cet hôtel important habitait la famille
Féval. Le père d'origine champenoise et noble, puisqu'on lui
attribuera des armoiries, était venu à Rennes comme premier
commis de l'enregistrement. Successivement juge suppléant à
la Cour de Justice Criminelle, de Justice Spéciale en 1805,
Ordinaire en 180G, de Première Instance en 1811, juge à la
Cour Prévôtale des Douanes en 1812, il fut nommé, en 1814,
par le gouvernement de la Instauration, conseiller à la Cour
Royale. Il avait épousé, le 10 septembre 1800, Jeanne- Joséphine-
Sophic Le Baron, descendante des Potier de la Germondaie et
fille du chef du Parquet de Rennes. De cette union naquit
d'abord un garçon, Auguste, en 1803, puis Louis-Edouard en
180G, et deux filles Louise et Anne. Paul, le dernier, dut naître,
d'après le registre paroissial, le 30 septembre 1816, mais il
préférera dater sa naissance du 29 : « J'appartiens à Saint-Michel,
dira-t-il; je suis né le jour de la fète Saint-Michel et ma pieuse
mère avait voué mon berceau au chef des milices célestes, vain
queur immortel du mal 24. » Fils de parents déjà âgés, il allait
être maladif, nerveux et impressionnable, mais aussi l'enfant
gâté de la maison. Sa mère surtout dut lui témoigner une affection
22. Amours de l'uris, p. 'J',t.
23. Idem.
21. Merveilles du Mont Suinl- Michel, l'rôfuuo. JEUNESSE DE PAUL EEYAL -/ LA
très tendre qui lui laissera une impression pour toute la vie.
« Je n'ose pas parler longuement de ma mère, écrit-il en 1859,
peut-être parce que je pense toujours à elle. Cela me donne au
cœur la sensation d'un corps frileux et délicat que l'on
découvre 25. » Le père, qui allait bientôt recevoir la croix de la
Légion d'honneur, était un homme doux et froid, s'occupant
peu de son foyer, pour se livrer tout entier au travail. C'est
que le ménage n'était pas riche. Le mari et la femme étaient
bien nés tous les deux, chose rare, dans ce qu'on appelle les
bonnes familles; cependant ils ne possédaient l'un et l'autre
ni un denier de rente, ni un pouce de terre au soleil. Sans doute
toute la parenté était riche, mais jamais il n'advint le moindre
héritage bienfaisant. A défaut de patrimoine il fallait faire
vivre toute la famille avec un modeste traitement de 3.000 francs
et le pauvre conseiller en était réduit à briguer des présidences
de Cour d'Assises pour augmenter ses revenus : « indigente
aubaine et dur labeur! » 26. Le conseiller était l'homme de peine
de la Cour, rivé à son bureau du matin au soir. « Que de fois son
front brûlé par la fièvre du travail chercha le froid de ses mains
qui tremblaient de lassitude. » Aussi malgré sa pauvreté qu'il
n'était pas possible de dissimuler, le conseiller Féval avait une
grande position faite de respect. « La somme de bien produit
par lui avec des ressources matérielles presque nulles était
immense. Il prodiguait son travail avec la passion que d'autres
mettent à faire fructifier leur domaine. Dès qu'il s'agissait
d'être utile aucun obstacle ne l'arrêtait 27. » II ne vivait guère
en famille qu'aux heures des repas où il disait à haute voix le
Benedicite; le reste du temps il travaillait à son bureau ou au
Palais, n'ayant guère d'autre distraction que de courir aux
incendies, d'où il revenait, lui si soigneux de ses effets, avec de
la boue jusqu'au cou; et les incendies furent toujours fréquents
à Rennes. Le loyer était amassé pièce à pièce, dans une petite
boîte en sapin qui avait contenu un ménage d'enfant. 11 paraît
'25. B. d. F.. Préface.
'20. D. d. J., |». 10.
■27. E. d. C, p. 118. LA JEUNESSE DE PAUL FÉVAL 28
cependant que la maison n'eut jamais de dettes. La famille
comprenait encore une bonne, dont les appointements devaient
être plus que modestes, mais qui avait son mot à dire dans
toutes affaires de ses maîtres, au point de menacer de partir
lorsqu'on lui cachait quelque secret. Elle dut plusieurs fois,
sur le marché des Lices ou du Champ- Jacquet, défendre la
réputation de ses maîtres dont les commères racontaient qu'ils
allaient être obligés de quitter leur appartement qu'ils ne pou
vaient plus payer. Elle connaissait tous les racontars du quartier,
savait par le menu tout ce qui entrait au presbytère et ne se
faisait pas faute de déclarer que les « morceaux fins sont pour
les bons messieurs prêtres ». Au fond elle était très gaie et les
enfants l'entendaient souvent chanter :
Henriette était fille
D'un baron de renom;
D'une antique famille
Était le beau Damon...
elle était bien de la campagne de Rennes 28.
Paul grandit entre sa mère très dévote et présidente des
Dames de la Congrégation, ses sœurs, et la bonne plus habituée
à commander qu'à obéir; les frères aînés étaient déjà au collège.
Éducation toute féminine qui devait faire de lui un enfant timide
et craintif. Dans la maison il avait deux ennemis; le chien
du menuisier installé dans les anciennes remises des chaises à
porteur et la petite Marie de Moy, un peu plus âgée que lui et
qui habitait le premier étage. Le roquet le mordait souvent
aux jambes, mais il était moins redoutable que la fille. Celle-ci
le guettait au passage par Ja porte entrebaillée, lui jouait souvent
des tours; Marie trouvait qu'i

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents