La monnaie de Corbie (XIe-XIIe siècles) - article ; n°153 ; vol.6, pg 297-325
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Description

Revue numismatique - Année 1998 - Volume 6 - Numéro 153 - Pages 297-325
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 79
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marc Bompaire
Arnaud Clairand
Richard Prot
M.F. Guerra
La monnaie de Corbie (XIe-XIIe siècles)
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 153, année 1998 pp. 297-325.
Citer ce document / Cite this document :
Bompaire Marc, Clairand Arnaud, Prot Richard, Guerra M.F. La monnaie de Corbie (XIe-XIIe siècles). In: Revue numismatique,
6e série - Tome 153, année 1998 pp. 297-325.
doi : 10.3406/numi.1998.2200
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1998_num_6_153_2200MARC BOMPAIRE*, ARNAUD CLAIRAND**,
RICHARD PROT***
LA MONNAIE DE CORBIE
(XP-XIP SIÈCLES)
(PL XXIX-XXXl)
Résumé. — Présentation et illustration d'exemplaires connus ou nouveaux de ce monn
ayage. L'enquête a particulièrement porté sur les monnaies qui ne présentent pas les
noms des abbés mais ceux d'Anschaire et d'Evrard. L'essai d'interprétation est fondé sur
l'histoire de l'abbaye, les textes monétaires, les trésors et les analyses. Un début d'invent
aire systématique des pièces au nom d'Anschaire (55 ex.) permet de situer ce monnayage
sur une assez brève durée au XIIe siècle. Le monnayage au nom d'Evrard a pu débuter
dans les années 1080, mais des oboles sont sans doute encore frappées au XIIe siècle,
comme dans les séries parallèles d'Amiens qui sont réexaminées en même temps.
La première période du monnayage
L'abbaye de Corbie avait été fondée en 662 par la reine Bathilde et son
histoire monétaire, qui a déjà inspiré de nombreux numismates1 com
mence dès cette période avec un tremissis à légende ratio sci Pétri attr
ibué par M. Prou2 à Saint-Pierre de Corbie. Cette inscription au seul nom
de Saint-Pierre ne garantit pas l'attribution de cette pièce à Corbie et la
difficulté est plus grande encore pour les 5 deniers de Pépin le Bref (4) et
*** ** ♦ CNRS, Centre Membre Centre d'étude de la Ernest des SFN, trésors Babelon, monétaires, 2 d, rue BNF, de la Férollerie, 58, rue de Richelieu, 45071 Orléans. 75002 Paris.
1. Maurice Prou, Essai sur l'histoire monétaire de l'abbaye de Corbie, Mémoires de la société
des antiquaires de France, 55, 1894, p. 71-98 ; Paul Doubliez, Le monnayage de l'abbaye Saint-
Pierre de Corbie, dans Corbie abbaye royale, volume du 13e centenaire, Lille, 1965, p. 283-310 ;
J. Lafaurie, J. Duplessy, Numismatique de Corbie, dans Société des antiquaires de Picardie, Les
trésors de l'abbaye royale Saint-Pierre-de-Corbie, Musée de Picardie, Amiens, Exposition, 6-24
mai 1962, Bulletin trimestriel de la société des antiquaires de 1962, p. 15-47.
2. Prou Mérovingiennes, n° 1107.
Revue numismatique, 1998, p. 297-325 MARC BOMPAIRE, ARNAUD CLAIRAND, RICHARD PROT 298
de Charlemagne (1) du trésor ďlmphy au nom de Saint-Pierre3. En re
vanche, la continuité de la série de pièces corbéiennes à légende Sancti
Pétri Moneta à partir de Charles le Chauve permet l'attribution assurée de
celles qui ne portent pas le nom de Corbie.
Les monnaies des IXe-Xe siècles
II est clair, en effet, que l'abbaye a connu son plus vif éclat à l'époque
carolingienne avec une lignée remarquable d'abbés et de saints. Le mon
nayage reprend, assez tard dans ce IXe siècle, au type Gracia Dei rex créé
en 864 par Charles le Chauve. Cette série est, elle aussi, remarquable4.
Les exemplaires connus sont uniques ou connus en petit nombre. La série
est presque continue avec des monnaies aux noms de Charles le Chauve
(Prou, n° 961), Louis le Bègue (BNF, 243 A), Charles le Gros (BNF, 243
B) et Eudes (BNF, 244 et 244 B) et aussi avec l'apparition de monnaies
sans nom de roi (BNF, 244 A et С et BNF Féodales 49) mais au mono
gramme de l'abbé Francon (c. 890-912). Cette pièce de Corbie représente
la première monnaie « féodale » (selon un terme impropre en l'occu-
rence), affranchie de toute référence à l'autorité monarchique et elle
constitue un véritable monument numismatique5. Cette fabrication dut
intervenir assez tôt au cours de l'épiscopat de Francon et bien avant que
Charles le Simple ait concédé à Saint-Martin de Tours ou à Cambrai en
911 «propriam monetám et percussuram proprii numismatis »6. En effet,
cinq pièces figurent dans le trésor d'Arras (Duplessy 1,217) daté de 895-
898. Les pièces au nom d'Eudes portent le même monogramme de
Francon dans le champ7. Mais déjà, sur la pièce de Charles le Gros qui
présente un V ou un L en cantonnement de la croix, Jean Lafaurie et Jean
Duplessy ont proposé de reconnaître l'initiale de l'abbé Angilbert (878-
890). Là encore, il s'agit de la première marque non royale sur une monn
aie du IXe siècle. Un exemplaire, provenant du trésor d'Anglure, est
3. Prou Carolingiennes, n° 928, qui l'attribue à Trêves, cf. A. de Longpérier, Cent deniers de
Pépin de Carloman et de Charlemagne découverts près ďlmphy en Nivernais, RN 1858, p. 202-
262.
4. Comte de Castellane, Denier de Corbie au type de Louis le Bègue, RN 1900, p. 435-438 et
Observations sur le monnayage de Corbie au IXe siècle, RN 1916, p. 193-213.
5. Caron, pi. 25, n° 15. A. Dieudonné, Manuel de numismatique française, t. IV, Monnaies féo
dales, Paris, 1936, p. 327-328, se refuse en revanche à voir autre chose que Francorum Rex dans
le type FR qui figure dans le champ.
6. Philippe Lauer, Recueil des actes de Charles III le Simple, roi de France (893-923), dir.
F. Lot, Paris, 1949, p. 183, n° 238 pour Tours.
7. F. Dumas, Le début de l'époque féodale en France d'après les monnaies, BCEN, vol. 10, n° 4,
oct-déc. 1973, p. 65-76, aux p. 66-67, montre à partir de l'usure d'un coin, que les pièces au nom
d'Eudes, absentes du trésor dit d'Arras, sont postérieures à la tentative d'indépendance de Francon.
Un nouvel exemplaire vient d'être découvert à Compiègne, Michel Dhénin, Monnaies des fouilles
de la place des Hallettes à Compiègne (Oise), Revue archéologique de Picardie, 13, 1997, p. 309-
315.
RN 1998, p. 297-325 LA MONNAIE DE CORBIE 299
passé de la collection Castellane au Cabinet des médailles, un autre figu
rait dans la Trampitsch8. On regrette d'autant plus de ne dispo
ser d'aucun texte carolingien attestant l'activité monétaire de Corbie, alors
que Corvey, fille de Corbie, jouit depuis 833 de la moneta, sans que l'on
ait de pièces au nom de cette abbaye.
Les XIe-XIP siècles
Après ces monnayages carolingiens qui s'interrompent sous le règne de
Charles le Simple, au début du Xe siècle, il faut attendre un siècle et demi
pour voir s'ouvrir un nouveau chapitre de la numismatique de Corbie, du
rant l'abbatiat de Foulque (1048-1095).
La série qui débute alors est homogène pour les XIe et XIIe siècles, avec
un possible prolongement au XIIIe siècle9.
Toutes ces pièces portent le nom de Saint-Pierre de Corbie {Petrus,
Corbeie, Corbeiensis...), plus ou moins déformé, et des noms d'abbés,
Foulque (1048-1095), Evrard, Jean (1158-1172), Josse (1184-1187),
Hugues - Hugues Ier (1174-1184) ou Hugues II (1221-1240) - et celui de
(Saint) Anschaire qui, pourtant, ne fut jamais abbé de Corbie. Ce n'est pas
la seule anomalie dans les légendes : le titre d'abbé est également attribué
sur les pièces à (Saint) Pierre et, selon la lecture proposée par A. de Long-
périer10, une pièce de l'abbé Foulque porterait la légende EPISCOP !
La plupart de ces types monétaires demeurent très rares (Josse,
Foulque), ou sont connus par des exemplaires uniques (Hugues) voire
non retrouvés (Jean) et seuls ceux d'Evrard et d'Anschaire figurent dans
des trésors monétaires répertoriés. C'est sur eux que s'est d'ailleurs portée
u notre enquête et c'est à l'occasion de l'étude d'un trésor (Villécloye)
qu'elle a été entreprise.
8. Vente Crédit de la Bourse, 31 mai- 1er juin 1988, n° 133, cf. P. Denœux, Note sur un denier de
l'abbaye royale Saint-Pierre de Corbie, Bulletin trimestriel de la société des antiquaires de
Picardie, 153, n° 612, 1989, p. 166-170.
9. Sur lequel A. Dieudonné, op. cit. est pour le moins sceptique en qualifiant cette attribution
de téméraire. A. La Numismatique. Ses méthodes, sa technique, RN 1937, p. 1-41.
10. A. de Longpérier, Description de quelques monnaies de Picardie, M&

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