La montée du prestige impérial dans le Japon du XVIe siècle - article ; n°1 ; vol.84, pg 159-179
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1997 - Volume 84 - Numéro 1 - Pages 159-179
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Haruko Wakita
Anne Bouchy
La montée du prestige impérial dans le Japon du XVIe siècle
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 84, 1997. pp. 159-179.
Citer ce document / Cite this document :
Wakita Haruko, Bouchy Anne. La montée du prestige impérial dans le Japon du XVIe siècle. In: Bulletin de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Tome 84, 1997. pp. 159-179.
doi : 10.3406/befeo.1997.2478
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1997_num_84_1_2478La montée du prestige impérial
dans le Japon du XVIe siècle
WAKITA Haruko"
Chacun sait qu'au Japon règne un empereur — tennô — héritier d'une dynastie
millénaire. Les conditions de la pérennité de ce système impérial, la non-participation
de l'empereur au pouvoir, la responsabilité politique de celui-ci dans la guerre, la
question de l'empereur-symbole dans l'après-guerre sont autant de thèmes qui font
l'objet de débats. Quant à l'attitude des Japonais qui, sans poser le problème de la
responsabilité impériale dans la guerre, ont soutenu la pérennité du système impérial,
elle a été donnée comme une spécificité nationale et, dans le cadre de « nippologies »
ou discours sur la japonicité — nihonjin ron — , elle ne cesse d'être au cœur de
controverses. Je suis personnellement d'accord avec des auteurs comme Sugimoto et
Mauer (1982) qui considèrent que le système des « maîtres » des diverses écoles d'art
— iemoto — plaçant l'empereur au sommet de leur hiérarchie, dissimule sous
une couverture culturelle, grâce à cette théorie de la spécificité japonaise, un système
qui fonctionne comme une véritable entreprise commerciale. On ne peut qu'être opposé
à tout particularisme qui chercherait à mettre en évidence l'antagonisme de deux blocs
que seraient, d'un côté, un Occident pluraliste et, de l'autre, une nation japonaise qui
serait son contraire. À supposer que la société japonaise et la pérennité de l'empereur
soient de réelles spécificités, il faudrait d'abord s'interroger sur leur nature, dans quelles
conditions historiques elles sont apparues et se sont perpétuées. Alors, et alors
seulement, devient possible la comparaison avec les autres monarchies médiévales dans
le monde. Alors, et alors seulement, on est en droit de se poser la question de la
pérennité du système impérial jusqu'à l'époque actuelle. Pour ma part, je dirais que
l'empereur, dans des circonstances historiques bien précises, a eu vraiment un pouvoir,
une fonction. Ceci a influencé l'histoire postérieure. Tout en paraissant désinvesti de ce
pouvoir, l'empereur s'est en fait trouvé dans des conditions qui lui ont permis de
perdurer. La tâche de l'historien est donc de mettre en lumière ces conditions.
L'historiographie de l'après-guerre, conséquence des années de la Guerre du
Pacifique (dite « Guerre de Quinze Ans »), a insisté sur l'impuissance des empereurs
historiques et sur leur inexistence comme monarques. Mais elle ne pouvait expliquer les
raisons de la pérennité du système impérial et a été conduite à accepter l'idée du
caractère religieux et mystérieux de l'empereur (Mizubayashi, 1987, Takagi, 1984). Les
études historiques sur la question impériale se sont longtemps préoccupées du système
impérial à pouvoir fort de l'antiquité, ou se sont concentrées sur la fonction impériale à
* Mme Wakita Haruko, professeur à l'université de Shiga (Japon), est spécialiste de l'histoire du
Moyen Âge au Japon. Cet article est le texte remanié d'une conférence donnée dans le cadre du
séminaire de M. Denys Lombard à la Maison d'Asie, celle-ci faisant partie elle-même d'un ensemble
de conférences données par Mme Wakita au cours du mois de mai 1996 à l'occasion d'une invitation
par l'EHESS et l'EFEO. (N. D. T.) 1 60 Etat et rituel WAKITA HARUKO
la fin de l'époque d'Edo et à l'époque Meiji, entre 1853 à 1912. C'est seulement
récemment que les recherches ont commencé à s'intéresser au système impérial à
l'époque moderne (du XVIe- à la mi-XIXe), et elles le considèrent dans ses aspects
préfigurant la Restauration de Meiji (Takáno, 1987). Mais peu nombreuses sont
les études qui s'attèlent à la question de savoir pourquoi un empereur dénué de tout
pouvoir a pu perdurer si longtemps. Durant la période Sengoku (1467-1590),
l'empereur, par manque de ressources matérielles, perd toute autorité. Pourtant, les
seigneurs des diverses provinces, appelés Sengoku daimyô, les « seigneurs de la
guerre », montent à la capitale et cherchent à obtenir la reconnaissance de leur position
en faisant acte de soumission à l'empereur. Ce dernier adoptera toujours la de
celui qui se trouve en dehors des luttes de pouvoir. Mais il présidait pourtant la
cérémonie qui décernait au vainqueur le rang de shogun — général en chef — ou de
kanpaku — grand chancelier — et l'investissait des pleins pouvoirs. L'empereur avait
un rôle semblable à celui de l'arbitre des luttes de sumô, et c'est cet arbitrage qui lui
conférait un prestige transcendantal. Pourquoi l'empereur est-il devenu le symbole de
l'unification ? Et pourquoi ce pouvoir unifié avait-il besoin d'être mis sous l'autorité de
l'empereur ? C'est la réponse à ces questions qui permet de comprendre la pérennité du
système impérial.
Les recherches sur le système impérial au Moyen Âge et l'état de la question
Personnellement, je pense que la monarchie japonaise qui perdure tout en
conservant son prestige malgré la perte du pouvoir, aurait sans doute été possible en
Occident ou en Chine, si les conditions l'avaient permis; je crois même que, si elles en
avaient eu la possibilité, les monarchies occidentales médiévales auraient, elles aussi,
aspiré à un tel système. Mais la force de la structure du pouvoir centralisé imposé dès
l'antiquité par le régime des Codes dans ce pays insulaire qu'est le Japon, l'importance
de l'écart qui s'était instauré entre le centre et les provinces au Moyen Âge, et en outre
le peu d'agressions extérieures ont créé les conditions qui ont rendu possible un
dirigisme d'État non seulement en matière de politique et d'économie mais aussi dans
les domaines religieux et culturel. C'est dans un tel contexte que l'empereur (tout
comme Г empereur-retiré) a perdu ses pouvoirs civils et militaires. Mais s'il a été
dépossédé de la maîtrise politique et économique, il a été possible à de
contrôler l'organisation religieuse et culturelle, puis de concentrer sous son autorité le
développement de la religion et de la culture, expressions de la vitalité populaire de la
fin du Moyen Âge, et d'en organiser les structures.
Quelques études tentent de mettre en lumière les raisons du prestige de l'empereur
au Moyen Âge et celles de sa pérennité. Ainsi Amino Yoshihiko montre la nécessité
d'une assise susceptible de garantir la pérennité du système impérial, et il relie cette
assise à l'emprise qu'avait l'empereur sur les « populations non paysannes » depuis les
époques archaïques et anciennes (Amino, 1984). Dans l'antiquité, l'empereur était le
souverain d'un État régi par des codes qui avaient instauré un système centré sur la
riziculture. La mise en place et le contrôle par le pouvoir impérial du système de
taxation des commerçants et des artisans ne remonte pas au-delà du XIVe siècle, c'est à
dire le moment de l'essor d'une économie marchande. Des mesures du même genre
furent prises aussi par le shôgunat de Muromachi ou les seigneurs de la guerre du XVIe
siècle, aussi ne peut-on parler de particularité impériale mais plutôt d'exigence de
l'époque (Wakita, 1969 ; Amino, 1977). C'est parce que le shôgunat de Muromachi
protégea les commerçants et les artisans détenteurs de privilèges, et soutint une
BEFEO84(1997) montée du prestige impérial dans le Japon du XVIe siècle 161 La
structure économique c

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