La photo de presse et la libération des camps en 1945 : images et formes de la mémoire - article ; n°1 ; vol.54, pg 61-78
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La photo de presse et la libération des camps en 1945 : images et formes de la mémoire - article ; n°1 ; vol.54, pg 61-78

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1997 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 61-78
The press photo and the liberation of the camps in 1945. Images and Forms of memory, Barbie Zeliger.
At the liberation of the camps, the atrocity put language itself in question, and words were lacking to account for it usefully. The image alone became capable of transmitting the horror. The press photo in reportage or as a still played a decisive role in registering the Holocaust in universel consciences. It is a particularly rich aid for collective memory in construction and to which it has given some particular forms.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Barbie Zeliger
La photo de presse et la libération des camps en 1945 : images
et formes de la mémoire
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°54, avril-juin 1997. pp. 61-78.
Abstract
The press photo and the liberation of the camps in 1945. Images and Forms of memory, Barbie Zeliger.
At the liberation of the camps, the atrocity put language itself in question, and words were lacking to account for it usefully. The
image alone became capable of transmitting the horror. The press photo in reportage or as a still played a decisive role in
registering the Holocaust in universel consciences. It is a particularly rich aid for collective memory in construction and to which it
has given some particular forms.
Citer ce document / Cite this document :
Zeliger Barbie. La photo de presse et la libération des camps en 1945 : images et formes de la mémoire. In: Vingtième Siècle.
Revue d'histoire. N°54, avril-juin 1997. pp. 61-78.
doi : 10.3406/xxs.1997.3631
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1997_num_54_1_3631LA PHOTO DE PRESSE ET LA
LIBÉRATION DES CAMPS EN 1945
IMAGES ET FORMES DE LA MÉMOIRE
Barbie Zeliger
«Les mots manquent pour exprimer cette offense,
la destruction de l'homme. »
Primo Levi
«Le monde d 'Auschwitz est au-delà de tout discours
comme il est de toute raison.»
George Steiner
Quand l'atrocité met en cause le lan de Vienne et qui fut découverte des
gage lui-même et que «les mots man décennies plus tard. Ce «véritable repor
quent», seule l'image devient capable tage photographique», ajoute-t-elle, a
de transmettre l'horreur. La photo de servi de base au film de Spielberg et lui
presse, en reportage ou en vue fixe, a permis de présenter «le sujet comme s'il
joua donc dès 1945 un rôle décisif pour était redécouvert». La tension entre ce qui
faire passer l'Holocauste dans la est familier et ce qu'on redécouvre
conscience universelle. Elle devint «menace de rendre l'Holocauste inimagi
ainsi un support privilégié d'une nable, par trop-plein d'imagination». Là
mémoire collective en construction. réside le pouvoir de ces photographies.
Supports souvent privilégiés par rapport
Janet Maslin, dans sa critique du New aux autres formes de témoignage, elles
York Times sur le film hollywoodien imprègnent presque toutes les évocations
La liste de Schindler -à posé la question de l'Holocauste, partielles ou exhaustives,
au statut des photographies de l'Holo qui cherchent à le confirmer ou à le nier.
causte1. Au début de son article, elle Parmi les rares traces visuelles de l'Holo
raconte l'histoire de photos enfermées causte à avoir subsisté, les photographies
dans une boîte métallique qu'on avait ont un statut privilégié et sont devenues
secrètement enterrée dans un parc près indissociables de notre travail mémoriel.
Cependant, la critique de Janet Maslin 1 Janet Maslin, -Imagining the Holocaust to Remember It»
laisse sans réponse plusieurs questions New York Times, 15 décembre 1993, p. 19-
61 :
BARBIE ZELIGER
sur le rôle central joué par la photogra manière dont ces photos infléchirent les
phie dans les mécanismes de la mémoire. souvenirs de la libération des camps, sur
Que signifie se souvenir de l'Holocauste les comportements des deux types de
reporters - les journalistes et les photoà travers les photographies? Quel rôle
graphes - qui sont au cœur du processus jouent-elles dans notre mémoire, et sont-
elles fiables? Peut-il y avoir une mémoire mémoriel. Leurs relations façonnèrent la
sans photos? Quel est, à l'origine, le statut mémoire collective de l'un des moments
de ces photos? L'avons-nous oublié, les plus macabres de l'histoire contempor
effacé, nié? Et, finalement, cela a-t-il un aine chez tous ceux qui ne vécurent pas
effet sur notre appropriation de ces ima directement l'Holocauste.
ges, aujourd'hui, cinquante ans plus tard?
Cet article qui fait partie d'un travail O LA FORME DE LA MÉMOIRE
plus ample sur les photos de la libération
Qu'entend-on par mémoire? Dans le des camps de concentration en Europe, discours universitaire contemporain, la aborde quelques-unes des questions
mémoire se voit attribuer un nombre posées par le traitement de la Libération
croissant de catégories, signe d'un grand en images au cours du printemps et de intérêt pour ce terme dont l'usage est l'été 1945 1. On s'interrogera sur la
devenu, en conséquence, de plus en plus
complexe. Qu'il s'agisse de la mémoire
1. Le projet a pour titre Snapshots of Memory : The Image, collective et de la mémoire sociale, ou de the Word, and the Holocaust, University of Chicago Press, à
paraître. Je remercie les membres de PARSS Cultural Studies la mémoire populaire et de la mémoire
Group de l'Université de Pennsylvannie, au Shelby Cullom culturelle, ces dénominations ont essenDavis Center for Historical Study à l'Université de Princeton,
tiellement en commun de proposer une au Department of Rhetoric and Communication à Temple Uni
versity pour leurs commentaires de certaines parties de ce approche du passé distincte de l'histoire. manuscrit; la Temple University pour m'avoir accordé une
D'une certaine manière, cela rejoint ce bourse de recherche qui m'a permis de commencer le travail
dont cet article constitue une partie et le Freedom Forum Center que Pierre Nora a appelé la mémoire for Media Studies de Columbia University ainsi que la John
archivistique. La mémoire «s'appuie tout H. Simon Guggenheim Memorial Foundation pour leurs bour
ses qui m'ont permis de compléter et approfondir le travail. Il entière sur le plus précis de la trace, le
est important de rappeler qu'il n'y a pas de terminologie défi plus concret de l'enregistrement, le plus nitive sur l'Holocauste pour cette raison, j'ai choisi d'être aussi
claire que possible dans la définition des catégories. Ce travail visible de l'image.»2 C'est à travers sa
ne porte pas sur la mémoire de l'Holocauste en soi, mais sur matérialisation qu'elle prend des formes une partie de sa mémoire, envisagée ici comme un filtre spé
et des modèles identifiables. cifique à travers lequel l'appropriation des événements peut
se faire. Il ne porte pas sur l'ensemble des atrocités qui ont Mais la mémoire a plusieurs formes qui été découvertes, mais sur ce qui nous en a été dit lors de leur
dépendent de ceux qui la construisent. représentation initiale dans les actualités à l'époque de la libé
ration des camps. Il ne porte pas sur l'ensemble des représent Maurice Halbwachs fut parmi les premiers ations de l'Holocauste dans tous les médias - les films
à dire que la mémoire collective était une d'actualités, la radio, les livres, ou autres supports de repré
sentation - mais sur ce que nous pourrions appeler le socle activité stratégique élaborée par ceux qui
de la mémoire publique, sa représentation clans les journaux, sont concernés par le processus mémoriles magazines et les magazines- photos au cours du printemps
et de l'été 1945. Il ne porte pas sur la mémoire de toutes les el3. Tout d'abord, il affirme que les peu
nations impliquées dans la libération des camps, par exemple ples se souviennent des mêmes passés les journalistes et photographes russes, mais essentiellement
sur leurs homologues américains et britanniques. Il ne porte mais de manières différentes, selon qu'ils
pas sur l'ensemble des récits des atrocités, mais concerne un
aspect de la mémoire de l'Holocauste en ne s'intéressant qu'à les magazines et les magazines- photos américains et britanniun événement - la libération des camps européens. Cependant,
ques ainsi que les publications professionnelles qui circulaient pour définir le sujet de ce travail — le photo-journalisme amér
à l'époque parmi les journalistes et les photographes aux États- icain et britannique et la libération des camps de concentration
Unis et en Grande-Bretagne. européens de la seconde guerre mondiale — il nous a fallu
2. Pierre Nora, Les lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1984, aborder plusieurs de ces questions qui nous étaient tout d'abord
p. 26. apparues marginales. Cette étude s'appuie sur l'analyse de la
3. Maurice Halbwachs, The Collective Memory, New York, presse populaire, professionnelle et militaire du printemps et
Harper and Row, 1980 (1950). de l'été 1945. J'ai étudi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents