La politique étrangère en question ? - article ; n°2 ; vol.19, pg 287-315
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Description

Revue française de science politique - Année 1969 - Volume 19 - Numéro 2 - Pages 287-315
Foreign policy reappraised, by Manuela Semidei Has America entered a new phase of introversion, as suggested by some authors? Is it a nation or an Empire doomed to expansionism? The new great debate on American foreign policy sparked by the war in Vietnam and centering on the issue of interventionism is interesting in this respect. An imperial school contending that the U.S. is the only global power defends the politics of inter- vention. Another school has a multipolar vision of the international system and argues in favor of a limitation of American responsibilities in the world. A third school, while criticizing the idea of an American imperial mission, supports the idea of moderate interventionism, in the tradition of the containment policy. The three schools agree however on the need for the U.S. to act in a lower key, and to adjust its methods and policies to the new realities of the 1970s. The ideas thus spread among the intellectual and foreign policy establishment were further developed during the electoral campaign: the cold war belongs to the past and the American national interest ought to be redefined in a more restrictive way. The new Administration, which seeks to restore a more truly global perspective to American foreign policy, seems to be moving in that direction. The period of American expansionism is probably over, though interventions are not to be excluded for the future.
La politique étrangère en question ? par Manuela Semidei L'Amérique entre-t-elle aujourd'hui dans une période d'introversion comme pourraient le laisser supposer certains indices ? Et l'hypothèse fréquemment avancée aujourd'hui, selon laquelle les Etats-Unis seraient une puissance impériale dont la nature même implique l'expansionnisme, se trouve-t-elle de ce fait infirmée ? Dans le nouveau « grand débat » sur la politique étrangère américaine, qui se déroule à deux niveaux, celui de l'opinion publique et celui de l'establishment intellectuel, on peut distinguer trois grandes tendances ou écoles. La première défend l'idée d'une « paix américaine » : seule puissance véritablement «globale», les Etats-Unis doivent assumer des responsabilités « impériales » à l'extérieur de leurs frontières. Une deuxième reprend les arguments développés il y a vingt ans par Walter Lippmann, George Kennan et l'école néo-isolationniste et propose la limitation des engagements américains dans le monde et une redéfinition de l'intérêt national américain. La troisième se prononce pour une politique d'interventionnisme modéré, dans la ligne de la doctrine Truman à ses débuts. Les trois écoles s'accordent cependant sur une même conclusion : les Etats-Unis devraient désormais recourir à des méthodes indirectes et à un style d'action plus discret et mieux adapté aux nouvelles réalités des années 1970. Ces recom­mandations rejoignent « l'humeur nationale » d'un pays traumatisé par les émeutes raciales et par la guerre du Vietnam. La plupart des thèmes développés dans l'opinion et dans les milieux intellectuels au cours des mois précédents vont en effet être abordés au cours de la campagne électorale : priorité aux problèmes intérieurs, fin de la guerre froide, nécessité de négociations entre les deux Super-Grands responsables de la paix du monde. L'Administration Nixon va, semble-t-il, s'orienter dans cette direction et tenter de rendre à la politique américaine une perspective peut-être plus réellement globale. L'Amérique paraît donc entrer aujourd'hui dans une période d'introversion, qui ne signifie pas cependant le retour à un isolation­nisme aujourd'hui impossible et n'exclut pas à l'avenir certaines formes d'intervention.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Manuela Semidei
La politique étrangère en question ?
In: Revue française de science politique, 19e année, n°2, 1969. pp. 287-315.
Citer ce document / Cite this document :
Semidei Manuela. La politique étrangère en question ?. In: Revue française de science politique, 19e année, n°2, 1969. pp.
287-315.
doi : 10.3406/rfsp.1969.393154
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1969_num_19_2_393154Résumé
La politique étrangère en question ? par Manuela Semidei
L'Amérique entre-t-elle aujourd'hui dans une période d'introversion comme pourraient le laisser
supposer certains indices ? Et l'hypothèse fréquemment avancée aujourd'hui, selon laquelle les Etats-
Unis seraient une puissance impériale dont la nature même implique l'expansionnisme, se trouve-t-elle
de ce fait infirmée ? Dans le nouveau « grand débat » sur la politique étrangère américaine, qui se
déroule à deux niveaux, celui de l'opinion publique et celui de l'establishment intellectuel, on peut
distinguer trois grandes tendances ou écoles. La première défend l'idée d'une « paix américaine » :
seule puissance véritablement «globale», les Etats-Unis doivent assumer des responsabilités «
impériales » à l'extérieur de leurs frontières. Une deuxième reprend les arguments développés il y a
vingt ans par Walter Lippmann, George Kennan et l'école néo-isolationniste et propose la limitation des
engagements américains dans le monde et une redéfinition de l'intérêt national américain. La troisième
se prononce pour une politique d'interventionnisme modéré, dans la ligne de la doctrine Truman à ses
débuts. Les trois écoles s'accordent cependant sur une même conclusion : les Etats-Unis devraient
désormais recourir à des méthodes indirectes et à un style d'action plus discret et mieux adapté aux
nouvelles réalités des années 1970. Ces recom-mandations rejoignent « l'humeur nationale » d'un pays
traumatisé par les émeutes raciales et par la guerre du Vietnam. La plupart des thèmes développés
dans l'opinion et dans les milieux intellectuels au cours des mois précédents vont en effet être abordés
au cours de la campagne électorale : priorité aux problèmes intérieurs, fin de la guerre froide, nécessité
de négociations entre les deux Super-Grands responsables de la paix du monde. L'Administration
Nixon va, semble-t-il, s'orienter dans cette direction et tenter de rendre à la politique américaine une
perspective peut-être plus réellement globale. L'Amérique paraît donc entrer aujourd'hui dans une
période d'introversion, qui ne signifie pas cependant le retour à un isolation-nisme aujourd'hui
impossible et n'exclut pas à l'avenir certaines formes d'intervention.
Abstract
Foreign policy reappraised, by Manuela Semidei
Has America entered a new phase of introversion, as suggested by some authors? Is it a nation or an
Empire doomed to expansionism? The new "great debate" on American foreign policy sparked by the
war in Vietnam and centering on the issue of interventionism is interesting in this respect. An "imperial"
school contending that the U.S. is the only global power defends the politics of inter- vention. Another
school has a multipolar vision of the international system and argues in favor of a limitation of American
responsibilities in the world. A third school, while criticizing the idea of an American "imperial mission",
supports the idea of moderate interventionism, in the tradition of the "containment" policy. The three
schools agree however on the need for the U.S. to act in a lower key, and to adjust its methods and
policies to the new realities of the 1970s. The ideas thus spread among the intellectual and foreign
policy "establishment" were further developed during the electoral campaign: the cold war belongs to
the past and the American national interest ought to be redefined in a more restrictive way. The new
Administration, which seeks to restore a more truly global perspective to American foreign policy, seems
to be moving in that direction. The period of American expansionism is probably over, though
interventions are not to be excluded for the future.LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE EN QUESTION?
MANUELA SEMIDEI
Les commentateurs politiques sont-ils toujours en retard sur l'év
énement ? La fortune que connaît actuellement le terme d'Empire
appliqué à la puissance américaine pourrait le laisser supposer.
Depuis de nombreux mois en effet, des deux côtés de l'Atlantique,
les ouvrages se multiplient qui, pour la condamner ou s'en féliciter,
prédire ses succès ou son échec, s'accordent à constater l'expansion
de la puissance américaine dans tous les domaines : L'Empire Améric
ain, The American Empire, Imperial America, Pax Americana, The
Arrogance of Power, Abuse of Power, pour n'en citer que quelques-
uns parmi les plus récents l.
La puissance américaine apparaît certes incontestable. Puissance
économique, tout d'abord, que le chiffre suivant donné par M. Charles
L. Schultze, ancien directeur du Budget du président Johnson, traduit
de manière éloquente : tous les cinq ans, le revenu national des Etats-
Unis s'accroît de l'équivalent du revenu national de l'Allemagne de
l'Ouest 2. Puissance militaire dont témoigne l'importance du budget
de la Défense, le nombre d'hommes sous les armes et de missiles
déployés 3. politique enfin qui, selon certains auteurs, fait
1. Julien (Claude), L'Empire américain, Paris, Grasset, 1966, 146 p. Rien-
court (A. de), The American Empire, New York, Dial Press, 1968. Liska (G.),
Imperial America, The International politics of primacy, Baltimore, John Hopkins
Press, 1967, 115 p. Steel (R.), Pax Americana, New York, The Viking Press 1967,
371 p. Paris, Buchet-Chastel, 1967, 373 p. Fulbright (J. William), The Arrogance
of Power, New York, Vintage Books, 1967, 264 p. Draper (Th.), Abuse of power,
New York, The Viking Press, 1966, 244 p.
2. Schultze (Ch. L.), « Budget alternatives after Vietnam », p. 48, in Gor
don (Kermit) éd., Agenda for the Nation, Washington D.C., The Broockings Insti
tution, 1968, 619 p.
3. Voir en particulier sur ce point Kaysen (Carl), « Military strategy, military
forces and arms control », op. cit., (note 2), p. 549-584, passim et « Keeping the strategic
balance », Foreign Affairs, juillet 1968, pp. 665-675. Le budget de la Défense s'élevait
en 1964, avant l'escalade au Vietnam, à 62 milliards de dollars ; en 1969, à 82,5 mil
liards de dollars, soit environ la moitié du budget américain. Le nombre d'hommes
sous les armes dépasse actuellement les 3 millions ; enfin les Etats-Unis disposent
aujourd'hui de 1 800 missiles intercontinentaux.
287 Semidei Manuela
des Etats-Unis le « foyer » du système international, l'Etat par rapport
auquel tous les autres se définissent et qui peut, quasiment à lui seul,
et à tous les points de vue, déterminer l'avenir de la planète 4.
Mais, dans la plupart des ouvrages que nous venons de mentionn
er, à côté de la surpuissance, un autre thème fait en même temps
son apparition : celui de l'impuissance de l'Empire ou du Super-
Grand face aux Petits qui l'entourent. Les Etats-Unis apparaissent
ainsi comme le géant enchaîné — Gulliver's troubles 5 — , empêtré en
Extrême-Orient dans une aventure militaire désastreuse, face à un
petit pays dont ils ne parviennent pas à venir à bout.
D'où l'idée, fréquemment évoquée dans la presse, les discours
électoraux et jusque dans la déclaration inaugurale du président
Nixon: l'Amérique a eu des réactions excessives face aux menaces
réelles ou supposées que le monde extérieur faisait peser sur elle ;
elle a pris des engagements trop lourds pour défendre des intérêts
qui n'étaient pas les siens et doit adapter ses objectifs à des moyens
qui, malgré leur étendue, ne sont pas illimités. Les principes mêmes
sur lesquels repose sa politique étrangère doivent être revus et, au
besoin, révisés.
L'arrivée au pouvoir d'une nouvelle Administration rend au débat
toute son actualité. A ce propos, deux questions peuvent, semble-t-il,
légitimement se poser. Tout d'abord, la politique étrangère des ré
publicains sera-t-elle très différente de ce qu'elle était sous l'A

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