La sabinité de Tibur dans l Italie des Épîtres. Vision poétique et réalités régionales - article ; n°1 ; vol.102, pg 303-355
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1990 - Volume 102 - Numéro 1 - Pages 303-355
Antonio Uda, La «sabinité» de Tibur dans l'Italie des Épîtres. Vision poétique et réalités régionales, p. 303-355. Tibur est-il sabin ou latin? Les éléments de réponse contenus dans les Épîtres d'Horace rattachent la vision intérieure du Poète à la position philosabine des Antiquaires (Caton, Varron), contre la tradition officielle de l'annalistique romaine, objectivement renforcée par les données de l'épigraphie archaïque. La date de composition, l'originalité de la vision de l'Italie par rapport aux œuvres antérieures placent la définition Hora-tienne du «Sabin» et du Sabellus à la fois dans le contexte d'un apport de cette veine italienne au redressement moral qui doit suivre la crise de 23 av. J.-C. et dans la problématique culturelle des limites «régionales» de l'Italie Augustéenne (région I, Latium-Campanie).
53 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Antonio Uda
La sabinité de Tibur dans l'Italie des Épîtres. Vision poétique et
réalités régionales
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 102, N°1. 1990. pp. 303-355.
Résumé
Antonio Uda, La «sabinité» de Tibur dans l'Italie des Épîtres. Vision poétique et réalités régionales, p. 303-355.
Tibur est-il sabin ou latin? Les éléments de réponse contenus dans les Épîtres d'Horace rattachent la vision intérieure du Poète à
la position philosabine des Antiquaires (Caton, Varron), contre la tradition officielle de l'annalistique romaine, objectivement
renforcée par les données de l'épigraphie archaïque. La date de composition, l'originalité de la vision de l'Italie par rapport aux
œuvres antérieures placent la définition Horatienne du «Sabin» et du Sabellus à la fois dans le contexte d'un apport de cette
veine italienne au redressement moral qui doit suivre la crise de 23 av. J.-C. et dans la problématique culturelle des limites
«régionales» de l'Italie Augustéenne (région I, Latium-Campanie).
Citer ce document / Cite this document :
Uda Antonio. La sabinité de Tibur dans l'Italie des Épîtres. Vision poétique et réalités régionales. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Antiquité T. 102, N°1. 1990. pp. 303-355.
doi : 10.3406/mefr.1990.1670
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1990_num_102_1_1670ANTONIO UDA
LA «SABINITÉ» DE TIBUR
DANS L'ITALIE DES ÉPÎTRES
Vision poétique et réalités régionales :
Au premier abord, le regard ethnographique d'un poète fier de ses
origines italiennes comme Horace peut paraître riche et original, surtout
si l'on se rappelle la variété des peuples qui apparaissent dans les Odes ou
les Satires. Aussi s'attend-on à rencontrer, à juste titre, dans une œuvre à
caractère plus familier, comme l'ensemble des deux livres des Épures,
une vue générale étoffée de quelques détails réalistes sur certaines tradi
tions locales, ou même un éloge en forme de la Péninsule, comme chez
Virgile ou chez Varron1. On est d'autant plus en droit de s'y attendre que
les Épîtres correspondent à une nouvelle période de l'existence d'Horace,
où il se retire définitivement, ou presque, hors de Rome, dans le domaine
situé non loin de Tibur dont Mécène lui avait fait don une dizaine d'an
nées auparavant.
À vrai dire, la vision ethnographique des Épîtres se réduit à presque
rien : il faut bien l'avouer, les personnages y sont en effet bien rares.
Quant à la dimension ethnique, elle en est totalement absente. Certes,
Horace emprunte aux Géorgiques l'idée d'une conception proprement it
alienne de la vie à la campagne et de ses vertus, et le rapport reste clair.
On ne trouve, pourtant, ni l'équivalent de l'évocation du genus acre uirum
rappelé dans les laudes Italiae (Georg. II, 167 et 174), ni l'exaltation des
nationalités italiennes qui font, par exemple, la richesse et la grandeur
des Odes. En vertu d'une sorte de «théorie des climats» selon laquelle la
terre explique les hommes, son intérêt se porte entièrement - mettant les
hommes entre parenthèses - vers cette terre, qui est le principe d'où
découle tout le reste. Cette perception particulière de l'Italie replace les
Épîtres dans le débat culturel concernant les peuples de l'Italie, qui tra-
* Ces pages ont bénéficié d'une lecture critique des Prof. F. Coarelli, D. Musti
et H. Zehnacker; qu'ils soient ici remerciés pour leurs remarques et corrections.
1 Virgile, Géorgiques, II, 136-176; Varron, Économie rurale, I, 2, 3-8.
MEFRA - 102 - 1990 - 1, p. 303-355. 304 ANTONIO UDA
verse tout le début du principat2 : de grands efforts furent déployés, aussi
bien par les historiens et les ethnographes que par les poètes, pour valori
ser l'image d'anciennes entités ethniques, ainsi fièrement ressuscitées,
parfois au détriment d'autres, au sein d'une Italie désormais unifiée sous
l'égide de Rome et du Prince.
M. Sordi a souligné qu'Horace revendique la prédominance de la vei
ne sabellique de l'Italie, qui en constitue par son énergie la composante
« dynamique », par opposition à la veine étrusque qui en est la
dite «civilisatrice». Cette vision de la position d'Horace est confirmée par
D. Briquel, qui a récemment mis en lumière comment Horace, sans vra
iment dévaloriser l'Étrurie, manifeste à son égard un certain retrait. En
revanche, il souligne l'importance historique et les vertus militaires ou
morales de la veine sabellique, au point que le Marse, l'Apulien ou le Dau-
nien finissent par désigner par métonymie l'Italie tout entière. La posi
tion d'Horace paraît donc nette et cohérente dans l'ensemble de son
œuvre. Toutefois, il m'a paru intéressant d'établir une distinction au sein
de cet ensemble et d'étudier comment Horace exploite le thème éthique
dans le contexte du lendemain de la crise politique de 23 av. J.-C, qui est
aussi l'année de publication du premier recueil des Odes. Presque toutes
les Épîtres ont été composées de l'été 21 à la fin de 20. Or, les victoires
militaires remportées sur les Parthes et sur les Cantabres rétablissent
entre 21 et 19 la situation à l'extérieur et surtout rendent son prestige au
régime secoué par les conjurations et les émeutes populaires qui éclatè
rent à Rome en 22. Dans ce contexte de paix, il n'est plus nécessaire
d'exalter les vertus guerrières des peuples sabelliques. Mais la crise a sur
tout été une crise de confiance, dont les causes lointaines sont à recher
cher dans la crise morale plus profonde dans laquelle est plongée la
société romaine, qui à la suite d'un siècle de guerres civiles a totalement
perdu confiance dans les valeurs traditionnelles de la romanité. Il reste à
procéder à une réorganisation de l'intérieur : et c'est justement ce que va
permettre le prestige rétabli grâce aux succès militaires. Ainsi, le premier
2 D. Musti, Tedenze nella storiografia romana e greca su Roma arcaica. Studi su
Livio e Dionigi d'Alicarnasso, dans Quad. Urb. Cult. Class., X, 1970, p. 7-20; M. Sordi
et alii, L'integrazione dell'Italia nello stato romano attraverso la poesia e la cultura
proto-augustea, dans Contrib. 1st. Stor. Ant. I, Milan, 1972; D. Musti, Etruschi e Grec
i nella rappresentazione dionisiana delle origini di Roma, dans Gli Etruschi e
Roma. Incontro di studio in onore di Massimo Pallottino, Rome, 1981, p. 23-44; et D.
Briquel, Horace et l'Italie, dans Présence d'Horace, (Caesarodunum, XIII bis),
Tours, 1988, p. 41-50. LA « SABINITÉ > DE TIBUR DANS L'ITALIE DES ÉPÎTRES 305
recueil des Épures s'insère entre la crise de 23, d'un côté, et de l'autre les
lois morales de 18, ainsi que les Jeux Séculaires de 17, destinés à ouvrir
officiellement une nouvelle période. À la même thématique de restaura
tion morale fait écho la publication du second livre, en 13 av. J.-C, qui
précède de peu la restauration religieuse entreprise en 12, elle aussi pré
parée de longue main. Dans ce moment particulièrement favorable à un
redressement moral, il est bien évident que le moraliste qu'est Horace a
un rôle privilégié à jouer. Quelle fonction va assumer l'Italie dans ce
redressement? Et quelle part active le Poète attribuera-t-il à la partie de
l'Italie qui est de tradition sabellienne? Ces questions sont d'autant plus
intéressantes que l'originalité des Épîtres est de ne pas présenter une
vision des peuples, mais surtout une vision géographique de l'Italie : l'Ita
lie physique, le cadre naturel, non urbain, déjà entrevus dans les œuvres
antérieures à 23, ne peuvent pas ne pas assumer de fonction importante
dans l'idée d'un redressement moral. Et de fait, à la critique tenace des
vices de la Rome urbaine faite par Horace dans les Épîtres, s'oppose la
vision positive de l'Italie (ou d'une partie et il est dès lors important de
voir laquelle) et des avantages qu'elle peut apporter à Rome.
Cependant, si une évocation de l'Italie, qui se réduit presque enti&#

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