La succession du pape Félix IV - article ; n°1 ; vol.3, pg 239-266
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1883 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 239-266
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1883
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Duchesne
La succession du pape Félix IV
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 3, 1883. pp. 239-266.
Citer ce document / Cite this document :
Duchesne Louis. La succession du pape Félix IV. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 3, 1883. pp. 239-266.
doi : 10.3406/mefr.1883.6442
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1883_num_3_1_6442SUCCESSION DU PAPE FELIX IV. LA
A M. Vàbbé Amelli, vice-custode de la bïbliothèqiie ambrosienne,
à Milan.
Monsieur,
Vous avez bien voulu, à la demande de notre ami commun
M. le commandeur J. B. de Rossi, détacher quelques épis d'une
gerbe précieuse cueillie par vous dans la bibliothèque capitulaire de
Novare, et me mettre entre les mains trois documents du plus haut
intérêt pour l'histoire des élections pontificales au sixième siècle (1).
Ces documents ont pour moi une valeur toute particulière puis
qu'ils se rapportent à un temps où j'ai cru devoir fixer l'ap
parition du Liber Pontificalis et à des événements qui ont laissé
dans cet antique recueil de vies des papes une empreinte si
ngulièrement vive et profonde. Vous me priez de les expliquer.
La tâche est facile, après l'introduction dont vous les avez vous-
même accompagnés. C'est donc plutôt pour appeler sur ces textes
l'attention du public que pour compléter votre exposition que
je nie rends à votre invitation bienveillante.
Agréez, Monsieur, l'expression de mes meilleurs sentiments.
L. DuCHESNE.
(1) Documenti inedili relativi al pontificate di Féliee IV (526) c
di Bonifacio II (530) estratti da un codice délia bïblioteca capitolarc
di Novara, dans la Scuola cattolica de Milan, llème année, t. XXI,
122e cahier. 240 Ι,Α SUCCESSION DU PAPE FÉLIX IV
Le pape Félix fut, comme on sait, imposé (526) au choix
du clergé, du sénat et du peuple romains par le roi Théodoric.
Le Liber Pontificalis, dans sa plus ancienne recension, le dit
expressément : ordinatus est ex iussu Theodorici régis ; nous
avons encore la lettre d'Athalaric, écrite peu de temps après
la mort de son aïeul, dans lacfuelle le sénat est félicité d'avoir
obtempéré à la volonté royale (1). Félix IV, personnellement
digne d'occuper le siège apostolique, joignait aux vertus de son
état, nous ne pouvons en douter, un dévouement spécial à la
royauté barbare installée à Ravenne. Si le règne longtemps glo
rieux de Théodoric s'était terminé par d'affreuses tragédies, si
l'illustre Boèce et son beau-père Symmaque avaient péri dans
les supplices, si le pape Jean Ier, après avoir été gravement
offensé par l'étrange négociation qu'on l'avait chargé de con
duire à Constantinople, était mort dans les prisons de Ravenne,
c'est que le roi goth soupçonnait la fidélité des Romains, de
leur sénat et de leur haut clergé. Nul doute qu'il n'ait choisi,
pour remplacer Jean Ier, celui des membres du clergé qui lui
donnait de ce côté les garanties les plus sérieuses.
Félix gouverna paisiblement l'église romaine pendant plus
de quatre ans. A sa mort, en septembre 530, un schisme vio
lent divisa les esprits ; deux candidats furent élus et ordonnés
en même temps: l'un, Dioscore, dans la basilique Constantinienne,
l'autre, Boniface, dans celle de Jules. On était revenu à la s
ituation du temps de Damase et d'Ursinus, de Boniface Ier et
d'Eulalius, de Symmaque et de Laurent : Rome avait deux évê-
que's ; on pouvait s'attendre à des scènes lamentables, les partis
étant surexcités au plus haut degré. Cette fois cependant le
schisme ne dura pas, car Dioscore mourut moins d'un mois
après l'élection. Boniface, resté maître de la situation, ne sut pas
(1) Cassiodore, Var. VIN, 15. LA SUCCESSION DU PAPE FÉLIX IV 241
user avec modération d'un succès inespéré. Non content d'exi
ger que les membres du clergé qui avaient acclamé Dioscore
lui fissent leur soumission, il les contraignit à prononcer l'ana-
tlième contre celui dont ils avaient voulu faire leur évêque, et
voulut même que cet anathème et cette soumission fussent l
ibellés dans un écrit signé que J'on déposa aux archives de l'é
glise romaine. Il alla encore plus loin et chercha à perpétuer
l'influence du parti qui l'avait porté au pouvoir, en se choisis
sant lui-même un successeur. Les prêtres (1) cédèrent encore ;
ils se laissèrent arracher, non seulement un procès-verbal écrit,
constatant leur adhésion au choix du diacre Vigile , mais en
core un serment solennel, sur le tombeau vénéré de l'apôtre
Pierre. A la réflexion cependant, on s'aperçut que ce système
successoral présentait de graves inconvénients. Un mouvement
d'opposition, on ne sait sous quelle influence, ne tarda pas à
se produire ; Boniface dut revenir sur un acte où il reconnut
lui-même un excès de pouvoir. Dans une assemblée solennelle
du clergé et du sénat, il jeta au feu le procès- verbal qui de
vait servir de titre à son successeur. Le même sort était ré
servé à l'acte de condamnation de Dioscore: il ne l'atteignit
cependant que trois ans après la mort de Boniface IL Agapit,
son second successeur, livra cette pièce aux flammes dès les pre
miers jours de son épiscopat (535) et donna ainsi satisfaction
à l'opinion du clergé.
Ces événements étaient connus depuis longtemps. Il n'était
pas difficile d'y démêler l'influence des partis politiques du temps.
Rome ne s'était jamais résignée qu'à demi à la domination des
rois Goths. Il y avait toujours eu dans le sénat un foyer d'op
position au roi Théodoric, et les violences des derniers temps
(1) Sacerdotes, dit l* vie de Boniface II. Ce mot peut s'entendre
aussi des évêques du synode romain.
■/. LA SUCCESSION DU PAPE FÉLIX IV 242
étaient bien faites pour l'attiser. Le clergé, de, son côté, avait
sans doute été en froid avec Constantinople, tant que les em
pereurs Zenon et Anastase avaient étendu leur protection sur
le parti monophysite et cherché à transiger avec lui: mais de
puis que Justin et Justinien, princes orthodoxes, étaient arrivés
au pouvoir et que les relations avaient été rétablies entre l'é
glise de Rome et l'Orient, il n'y avait plus rien qui arrêtât
l'élan des sentiments légitimistes et, dans un certain sens, pa
triotiques, du clergé romain. Durement froissé par les odieux
procédés dont la cour de Ravenne avait usé envers le pape Jean,
il ne pouvait manquer de regarder du côté de Constantinople.
En un temps où le sénat n'était plus qu'un conseil de ville,
privé de toute influence sur la direction des affaires politiques
et même fort gêné dans l'exercice de son autorité municipale,
l'élection du pape était le seul champ ouvert aux luttes des
partis. Aussi était-il rare qu'elle se passât tranquillement. Le
parti byzantin avait déjà essayé, trente ans auparavant, de por
ter à la papauté un candidat, le prêtre Laurent. Comprimé par la
forte main de Théodoric, il avait dû renoncer pour longtemps
à toute entreprise de ce genre; Hormisdas succéda à Symmaque
(514) et Jean Ier à Hormisdas (523) sans qu'il se produisît aucun
trouble. Même après la triste fin de Jean Ier il ne fut pas possi
ble de mettre à profit l'exaspération qu'elle avait excitée. Quand
Félix IV fut mort à son tour, la lice électorale s'ouvrit sous
d'autres auspices. Un roi enfant, confié à la tutelle d'une femme,
ne pouvait en imposer autant que le héros défunt: le schisme
éclata.
Des deux rivaux, Dioscore est le seul dont les antécédents
fussent connus jusqu'ici. Boniface, nous dit le Liber Pontificaîis,
était romain de naissance et fils de Sigisbuld ; le nom de son père
indique assez qu'il avait dans les veines du sang germanique. C'est LA SUCCKSSION DU PAPE FÉLIX IV 243
tout ce qu'on peut dire. Ce pape, que son épitaphe (1) nous re
présente comme un vieillard, avait dû naître avant l'établiss
ement de la monarchie d

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