La vente de la baronnie de Coucy. - article ; n°1 ; vol.55, pg 573-597
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1894 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 573-597
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1894
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Lacaille
La vente de la baronnie de Coucy.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1894, tome 55. pp. 573-597.
Citer ce document / Cite this document :
Lacaille Henri. La vente de la baronnie de Coucy. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1894, tome 55. pp. 573-597.
doi : 10.3406/bec.1894.447789
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1894_num_55_1_447789VENTE LA.
DE
LA BARONNIE DE COUCY
I.
Le 18 février 1397, expirait à Brousse, prisonnier des Turcs
après le sanglant désastre de Nicopolis, succombant à la maladie
et aux mauvais traitements, Enguerran VII, le dernier des sires
de Coucy. Avec lui s'éteignait sa vaillante lignée, car il ne lais
sait pas d'héritier mâle, mais seulement trois filles, et de deux lits
différents, ce qui pouvait faire craindre de graves complications
et de sérieuses difficultés pour le partage d'une aussi lourde suc
cession.
Enguerran avait été un des plus considérables parmi les cons
eillers des rois Charles V et Charles VI, et sa prodigieuse acti
vité s'était exercée dans les armes comme dans la diplomatie, à
la fois dans les contrées les plus diverses, mais surtout en Italie,
où il s'était montré chaud partisan du rétablissement du pape
Clément VII, tenté par le duc d'Anjou en 1382, et en 1394, lors
de l'expédition projetée par le duc d'Orléans, dont il était le lieu
tenant général. D'abord gendre d'Edouard III, roi d'Angleterre,
il avait eu de sa première femme, Isabelle, deux filles : Marie et
Philippa. D'un second mariage, contracté en 1386 avec Isabelle
de Lorraine, fille du duc Charles, il avait eu une troisième fille :
Isabelle de Coucy. Néanmoins, sa succession ne pouvait guère se
diviser qu'entre Marie et Isabelle, car Philippa avait continuel
lement résidé en Angleterre, où elle avait épousé Robert de Veer,
duc d'Irlande, fa-vori de Richard II, et elle semblait assez désin
téressée dans la question. Un accord intervint, du reste, et Marie
i 894 37 574 LA VENTE
eut la totalité des biens qui devaient revenir en France к Phi-
lippa, qui, de son côté, resta en pleine possession de ceux que
son père avait laissés en Angleterre * . Restaient les deux autres
sœurs. La première, Marie, d'un esprit assez faible et fort portée
au faste et à la dépense, était veuve de Henri de Bar, qui avait
accompagné son beau-père à la croisade de 1396 et était mort à
Tré vise au mois de novembre de l'année suivante des suites d'une
maladie contractée à Venise, où il avait pu parvenir en revenant
d'Asie avec le duc de Nevers, après sa libération2. Isabelle,
encore mineure, était sous le bail de sa mère, qui avait droit au
douaire coutumier, c'est-à-dire à l'usufruit de la moitié des biens
laissés par son époux. La rivalité de ces deux femmes devait
créer un état de choses bien difficile à régler et donner lieu à un
interminable procès qui prépara ou facilita au moins l'acquisition
de la baronnie que devait faire en 1400 le duc Louis d'Orléans.
Coucy, une des quatre grandes baronnies du royaume avec
Graon, Sully et Beaujeu, comprenait les trois châteaux et villes
de Coucy, la Fère-sur-Oise et Marie, avec leurs dépendances.
Pendant sa vie, Enguerran YII avait de plus successivement
acquis : le comté de Soissons, les terres de Ham, d'Origny, de
Pinon et de Montcornet ; il avait en outre une pension annuelle
de 1,800 livres sur le trésor royal et un hôtel à Paris, près de la
place Saint- Jean-en-Grève. Dans les limites de ce domaine se
trouvaient enclavés cent cinquante villes ou villages, parmi les
quels Soissons et Laon, riches et bien situées, étaient la source
de revenus assez considérables ; le château de Coucy, dont le don
jon excite encore l'étonnement et l'admiration, passait à bon droit
pour une des places fortes les plus renommées ; enfin, la situation
de la baronnie, à l'extrémité du royaume, sur les confins de la
Picardie, touchant aux Flandres et à l'Allemagne, était excep
tionnellement importante pour la défense du pays. On comprend
facilement, dès lors, l'intérêt attaché à la succession d'Enguer-
ran, et, bien que ses possessions eussent beaucoup eu à souffrir
des continuels ravages exercés par les Anglais et les pillards, au
point que Charles YI lui accorda, à plusieurs reprises, le tiers
1. Record Office, Patent Roll, n° 6. Pars IV. Ces terres avaient été confi
squées sur Enguerran par Richard II, lors de son avènement, au moment où le
brave chevalier avait fait solennelle adhérence à son véritable seigneur, le roi
de France. Rymer a publié la lettre qu'il écrivit à cette occasion.
2. Delaville Le Roulx, la France en Orient au XIVe siècle, t. I, p. 318. DE LA BÀRONNIE DE CODCY. 575
des aides levés sur ses domaines pour en réparer les forteresses,
et deux foires par an pour j ramener la vie et la richesse, néan
moins, le grand renom de cette terre, sa position, ses splendides
forêts, ses étangs poissonneux excitaient naturellement la con
voitise et suffisent à expliquer l'âpreté avec laquelle les deux
héritières firent valoir leurs droits.
Après le décès du sire de Coucy, le principe : « Le mort saisit
le vif, » devenu à peu près général à cette époque, devait s'ap
pliquer; rien de plus simple en apparence, mais en faveur de
qui? Marie éleva aussitôt la prétention de succéder seule à la
totalité des biens, en vertu de son droit d'aînesse ; or, rien de
moins certain que le bien-fondé de cette réclamation ; on ne recon
naissait guère ce droit qu'aux enfants mâles ; dans les coutumes
d'alors, surtout dans ces contrées, il était ordinairement refusé
aux femmes, et sa sœur Isabelle demandait, au contraire, que le
partage eût lieu en deux portions égales. En attendant , cha
cune des héritières avait pris possession de la baronnie, restée en
quelque sorte indivise, avait garni de troupes les châteaux qu'elle
habitait et vivait en hostilité sourde, entourée de son conseil par
ticulier de parents et d'amis. Ce désaccord fut la source de tous
les débats ; aucune des parties ne voulant céder, ce furent pen
dant de longues années, devant le Parlement, d'interminables
plaidoiries où les arguments s'accumulaient, sans cesse repoussés
et repris tour à tour, sans que la vérité pût se faire jour avant
14021.
Une des premières questions à trancher était celle du douaire
d'Isabelle de Lorraine ; question des plus simples et qui fut imméd
iatement résolue, par accord passé devant le Parlement2. Il fut
décidé qu'il porterait, suivant la coutume, sur la moitié de tous
les biens, qu'Isabelle était chargée de faire estimer et diviser en
deux parts, pour que Marie de Bar pût choisir ; cette opération
devait être terminée avant la mi-août 13983. Le 16 juillet, les
deux « rôles » étaient achevés, et, le 2 août, Gober t Le Tonnel
ier, Jean du Pont, clerc du bailli de Vermandois, Jean Baron,
procureur d'Isabelle, et Glarin de Saint-Quentin, sergent royal
1. Bibl. nat., f. fr. 18760. — Ce volume contient en copie la plupart de ces
plaidoiries, et est une des principales sources de ce travail.
2. Ibid., f. fr. 18760, fol. 49. — Cet accord n'est pas conservé dans la série
existant aux Archives nationales.
3. Ibid., f. fr. 18760, fol. 49 et suiv. LA VENTE 576
de la prévôté de Laon, se rendaient à Gercy, où Marie résidait
alors, pour les lui présenter en la priant de faire son choix. La
dame de Bar étant partie pour Liesse, ils la suivirent à Foigny,
à Origny et à Montcomet, sans pouvoir la rejoindre en route.
Arrivés à Liesse le 3, ils la rencontrèrent et lui remirent les rôles
en présence de l'évêque de Goutances, Guillaume de Grèvecœur,
de Robert de Béthune, vicomte de Meaux, de Raoul Thorel et de
plusieurs autres seigneurs. Dès les premiers mots, les difficultés
surgirent ; Marie fit répondre qu'elle se trouvait en pèlerinage,
hors de sa terre, privée de son conseil, et que, si le procureur
voulait la suivre à Laon, elle songerait à aviser. Jean Baron
répliqua qu'il avait reçu l'ordre de baille

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