La Vénus de Quinipily (suite et fin) - article ; n°1 ; vol.23, pg 80-104
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Description

Annales de Bretagne - Année 1907 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 80-104
25 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1907
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Dr. de Closmadeuc
La Vénus de Quinipily (suite et fin)
In: Annales de Bretagne. Tome 23, numéro 1, 1907. pp. 80-104.
Citer ce document / Cite this document :
de Closmadeuc . La Vénus de Quinipily (suite et fin). In: Annales de Bretagne. Tome 23, numéro 1, 1907. pp. 80-104.
doi : 10.3406/abpo.1907.1266
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1907_num_23_1_1266D' DE CLOSMADEUC
L4 VÉNUS DE QUINIPILY
(Suite et fin)
III
Mme de Sévigné. — M. Moigno.
1° Mme DE SÉVIGNÉ.
On a pu remarquer, dans la requête du comte de Lannion
au Parlement de Bretagne, un passage qui demande une
explication :
« Le duc de Rohan, ayant conçu quelque chagrin contre
l'exposant, sur un mauvais fondement, avait fait donner
assignation, sous le nom de son procureur fiscal à Pontivy,
à comparoir dans la huitaine suivante... »
Qu'est-ce que ce chagrin conçu par le duc de Rohan contre
Pierre de Lannion, qui pourrait avoir été la cause
première des tracasseries du procès ? Une lettre de Mme de
Sévigné à Mme de Grignan, sa fille, en date du 26 août 1671,
semblerait nous mettre sur la voie.
A Vitré. Mercredi 26 août, 1671, dans le cabinet
de Mme de Chaulnes.
« 26 août 1671. — Je veux vous parler d'un bal qu'il y eut
hier. Plusieurs beautés de la basse Bretagne y brillaient.
Gonnaîtriez-vous Mlle de Lannion ? C'est une très belle fille,
qui danse très bien. Elle a un amant qu'elle va épouser.
Il était derrière elle. Mais M. de Rohan, qui la trouva belle
de l'année passée, s'est pendu à son oreille de si étrange
façon et elle s'est fichée dans ses cheveux, pour lui répondre,
d'une si extraordinaire manière que l'amant a quitté la VÉNUS DE QUINIPILY. 81 LA
place. La demoiselle ne s'en est pas émue; sa mère lui faisait
des yeux; pas de nouvelles. Elle a donné dans la seigneurie
bride abattue. Gela nous a fort réjouis. »
(édit. 1786, Compte des libraires,
1« vol., p. 257.)
(édit. de 1827, in-8<\ tome II.)
Qu'advint-il de ce flirt ingénu ? Mme de Sévigné n'en reparle
plus dans les lettres suivantes. Mais nous savons que le comte
Claude de Lannion avait six filles. Laquelle de ces six sœurs
fut l'héroïne de l'esclandre du bal du 25 août 1671 ? Et le
partenaire aux cheveux captivants n'était-ce pas le jeune Louis
de Rohan, qui avait à peine dix-neuf ans ? Le fait certain
c'est que Mlle Louise-Renée-Thérèse de Lannion, qui était
l'aînée, épousa, trois ans plus tard, en 1674, le marquis de
Carcado. De son côté, Louis de Rohan se maria, en 1678,
avec MUe Elisabeth du Bec Grespin de Grimaldy. Les cinq
autres sœurs se firent religieuses. Quelle est celle qui, après
avoir donné bride abattue dans la seigneurie, s'en alla ensuite
demander au cloître l'oubli d'un roman à peine ébauché ?
La famille de Lannion se mit-elle à. la traverse des deux
amoureux ? Y eut-il brouille avec les Rohan, et le bon jeune
homme qui quitta sa chaise pour ne pas entendre les galants
propos tenus à sa fiancée, quel était son nom ? On ne peut
faire que des conjectures. Toujours est-il qu'à vingt-sept ans
de distance, nous voyons le même duc Louis de Rohan de
Chabot chercher noise au comte Pierre de Lannion, frère
des cinq religieuses, et lui intenter un procès sous un pré
texte futile : la possession d'une auge et d'une grossière
statue, toute brisée, procès qu'il méritait de perdre et qu'il
perdit.
2° M. Moigno. .
Il était dit que cette Vénus de Quinipily, source de malen
tendus et de surprises, ne cesserait d'intriguer les gens.
De nos jours, en 1864, le bruit se répandait à Guémené
que le vicaire de Bieuzy venait de retrouver Vancien piédestal
de la statue et qu'il se proposait de l'employer à la construc-
6 LA VÉNUS DE QUINIPILY. 82
tion d'un calvaire. Le maire de Guémené en avise M. Moigno,
frère du savant abbé Moigno qui écrit vite une lettre à l'heu
reux vicaire pour le féliciter de la découverte qu'il a faite « de
la base de V antique statue d'Isis, placée jadis par les soldats
romains sur la montagne de Castennec et portée de là
par Claude (sic) de Lannion au château de Quinipily. »
» L'idée que vous avez d'ériger un calvaire sur ce point
remarquable est très bonne, et les hommes de tous les genres
d'esprit verront face à face sur celte montagne le signe
puissant d'une religion civilisatrice et consolatrice et la vieille
statue, symbole unique d'un temps et d'un culte disparus.
Ils en seront sans doute frappés. »
Mais « ne touchez donc pas, je vous prie, au piédestal de
la vieille statue, qui appartient, je crois, à M. Templier ».
Il vaudrait mieux le réserver pour l'idole de Quinipily, qu'on
restituera un jour à la Couarde. »
Le vicaire prit sans doute cette lettre pour une plaisanterie.
Il ne répondit pas.
Trois ans après, M. Moigno revenait à la charge et s'adres
sait directement au docteur Pouquet, président de la Société
polymathique du Morbihan. Il lui envoyait en même temps
copie de la lettre qu'il avait écrite au vicaire de Bieuzy. Il se
plaint « d'avoir donné un coup dé fouet dans Veau. » « Si,
disait-il, vous passez un jour à Castennec, vous aurez le
regret de voir le piédestal en question supérieurement badi
geonné sous la croix du calvaire. » (Arch. Soc. polym., lettre
du 30 novembre 1867.)
Quelqu'un s'avisa plus tard d'interroger l'ancien vicaire de
Bieuzy, devenu recteur de Quistinic. Il répondit qu'il n'avait
jamais rien trouvé du piédestal de l'antique déesse Isis; que
le piédestal de son calvaire était tout ce qu'il y avait de plus
neuf, construit avec les pierres du pays, et que c'était son
œuvre. Les Messieurs Moigno s'étaient mépris. Le vicaire
avait du reste établi son petit monument non sur la montagne
de Castennec, mais sur le bord même de la rivière du Blavet.
Les membres de la Société polymathique en firent des gorges
chaudes. On s'épargna l'ennui de consigner le fait dans LA VÉNUS DE QUINIPILY. &3
le procès-verbal, car les mystifiés étaient deux collègues.
Mais la lettre de M. Moigno au docteur Fouquet est conservée
dans les archives de la Société polymathique. Quant à celle
du recteur de Quistinic, elle est entre les mains de M. Allanic
qui nous l'a communiquée.
IV
Les Inscriptions du Monument de Quinipily.
Au point de vue paléographique, on doit considérer, dans
le monument de Quinipily :
1° Les inscriptions latines du piédestal;
2° Le sigle du bandeau frontal de la statue.
1° Les inscriptions latines.
En ce qui concerne les en capitales romaines,
gravées en reliel sur les quatre faces du piédestal, personne
aujourd'hui n'oserait se porter garant de leur antiquité.
Contemporaines du piédestal, elles ont incontestablement été
sculptées par les soins du comte de Lannion.
Ofi a fait remarquer que la légende gravée (côté du levant)
n'est qu'une imitation d'une ancienne inscription romaine,
trouvée en Egypte et dédiée à Pompée. On a copié jusqu'aux
formules : Sicilia recuperata — Africa subacta — non se
ipsum tantum sed patriam coronavit. On a remplacé les
mots Sicilia et Africa par ceux de Gallia et Brittania.
Ce qui est hors de doute, c'est que la prétendue Vénus
armoricaine, œuvre prétendue contemporaine du vainqueur
des Gaules, a été dressée sur son piédestal, dans la cour du
château de Quinipily, pour orner une fontaine, et qu'on a
fait graver sur les quatre faces du monument des inscriptions
prétentieuses, avec deux dates qui se contredisent, ce qui :

84 LA VÉNUS DE QTJINIPILY.
- n'a pas empêché quelques auteurs et le public de s'y "J
§£.. méprendre.
|(- Qu'on en juge :
f/ Côté ouest : ■
! ; - VENERI VICTRICI VOTA C. J. C.
o Côté sud :
^ VENVS ARMORICORVM ORACVLVM. DVCE JVLIO, C C.
f.f CLAVDIO MARCELLO ET L LENTVLO
| COSS ABVC DCCV
:r Côté est :
C/ESAR
f GALLIA TOTA SVBACTA DICTATORIS INDE NOMINE
CAPTO AD BRITANIAM TRANSGRESSVS NON
■■> SEIPSVM TANTVM SED PATRIAM VICTOR CORONAVIT.

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