La vie et l œuvre de Clairaut (suite) - article ; n°2 ; vol.4, pg 109-153
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1951 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 109-153
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Humbert
La vie et l'œuvre de Clairaut (suite)
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1951, Tome 4 n°2. pp. 109-153.
Citer ce document / Cite this document :
Humbert Pierre. La vie et l'œuvre de Clairaut (suite). In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1951, Tome 4
n°2. pp. 109-153.
doi : 10.3406/rhs.1951.2870
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1951_num_4_2_2870vie et l'œuvre de Clairaut(1) La
(Suite)
III. — Le voyage en Laponie
Nous connaissons déjà les deux organisateurs de cette mission
scientifique ; il nous reste, avant d'en narrer les péripéties, à dire
quels compagnons et collaborateurs ils s'étaient choisis. Il avait
été question d'emmener Algarotti, qui, au moment des préparatifs,
était l'hôte de la marquise du Châtelet ; il était rentré pour cela de
Cirey à Paris le 10 octobre 1735, mais il ne se décida pas à partir.
Sa brusque défection ne pouvait d'ailleurs pas avoir de fâcheuses
conséquences, étant donné qu'il n'avait aucune compétence spé
ciale. Il n'en était pas de même de ceux qui partirent effectivement
avec Clairaut et Maupertuis et qui avaient été, eux, vraiment
choisis en raison de leurs aptitudes.
Camus, né le 25 août 1699, était à peu près de même âge que
Maupertuis et était entré à l'Académie des Sciences, quelques
années après celui-ci, le 13 août 1727, comme adjoint-mécanicien
à la place de Pitot, élu associé. Cette distinction lui avait été value
par sa dissertation sur La manière la plus avantageuse de mater les
vaisseaux, avec laquelle il avait concouru en 1727 pour le prix de
l'Académie. Il avait ensuite présenté successivement un mémoire
sur les forces vives, qui étaient à cette époque un grand sujet de
recherches, en même temps que de discussions, et un autre sur les
dents des roues et les ailes des pignons. D'ailleurs, ainsi que nous
l'apprend son biographe, « indépendamment de la plus savante
théorie, il était très versé dans la pratique de l'horlogerie, et il y
avait peu d'arts qu'il n'exerçât de sa main et avec une adresse
d'autant plus grande, qu'elle était fondée sur des principes lumineux
et sur un génie fécond en ressources dans les plus grandes diff
icultés. » II pouvait donc rendre, dans cette expédition savante, les
(1) Voir Revue ď Histoire des Sciences, IV, 1, pp. 13-40. REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES 110
plus grands services ; et, de fait, on dut à son adresse et à son ingé
niosité une partie du succès de l'opération.
Le Monnier (Pierre-Charles) n'avait encore que 20 ans en 1735.
Mais déjà à cette date, il s'était rendu célèbre par ses observations,
faites quelques années auparavant sur l'opposition de Saturne.
Son père, qui, le 29 août 1725, avait remplacé comme adjoint-géo
mètre à l'Académie des Sciences Maupertuis élu associé, venait
précisément en 1735 d'attirer de nouveau sur son fils l'attention
de ses collègues, en leur présentant un travail du jeune astronome
sur la libration et sur la figure de la lune. L'Académie, qui avait, au
dire de Fontenelle, « loué tant de vues et de sagacité dans une aussi
grande jeunesse, jointes à tant d'ardeur pour le travail », n'allait
pas tarder à recevoir Le Monnier dans son sein, le 21 avril 1736.
Outre un secrétaire et un dessinateur, la mission comprenait
encore Celsius et l'abbé Outhier. Celui-ci (né en 1694), que sa charge
de secrétaire du cardinal de Luynes, évêque de Bayeux, retenait
loin de Paris, n'était pas membre de l'Académie des Sciences, mais
il en avait été nommé correspondant en 1731, à la suite d'observa
tions astronomiques très intéressantes. L'année suivante, il avait
présenté à l'Académie un globe mouvant dont il avait eu l'idée, et,
sans son refus, cette construction lui eût valu d'être chargé de
lever des plans et de participer aux opérations dirigées par Cassini
en vue de l'exécution de la grande carte de France.
Quant à Celsius, né à Upsala en 1701, il avait successivement
obtenu en cette ville le titre de maître es arts, en 1728, puis, en 1730,
de professeur d'astronomie. Il avait ensuite été chargé pař le gouver
nement de son pays de faire un voyage, afin de se mettre au courant
des récents progrès de l'astronomie, visiter les observatoires étran
gers, acquérir, en un mot, les connaissances nécessaires au perfe
ctionnement des études astronomiques en Suède. Après avoir
parcouru l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie, il était arrivé à Paris
en 1733, et n'avait pas tardé à se lier avec les astronomes et géo
mètres de l'Académie des Sciences. Avant le départ, il fut chargé
d'aller se procurer en Angleterre les instruments nécessaires aux
observations. Son concours fut ensuite fort utile, non seulement
par la manière dont il concilia à tous la bienveillance du roi de
Suède, mais aussi en raison de la connaissance spéciale qu'il avait
du pays et de la langue des habitants. Bien plus, son habileté
technique dans les observations astronomiques fut souvent mise
à contribution. LA VIE ET L'ŒUVRE DE CLAIRAUT 111
C'est donc en cette compagnie que Clairaut, s'embarqua, le
2 mai 1736, à Dunkerque sur le vaisseau le Prudent, après avoir
quitté Paris le 20 avril. On fit voile vers la Suède, et, après un
arrêt de quelques heures à Elseneur, le 11 mai, ce fut l'arrivée dans
le port de Stockholm le 21 mai.
« Le vaisseau qui nous portait était à peine arrivé à Stockholm,
lisons-nous dans la relation de Maupertuis, que nous nous hâtâmes
d'en partir pour nous rendre au fond du golfe de Bothnie, d'où
nous pourrions choisir, mieux que sur la foi des cartes, laquelle des
deux côtes de ce golfe serait la plus convenable pour nos opérations.
Les périls dont on nous menaçait à Stockholm ne nous retardèrent
point ; ni les bontés d'un roi qui, malgré les ordres qu'il avait
donnés pour nous, nous répéta plusieurs fois qu'il ne nous voyait
partir qu'avec peine pour une entreprise aussi dangereuse. »
A vrai dire, ce n'était pas la première fois que des Français se
hasardaient ainsi à aborder la Laponie, et peut-être Clairaut et
ses compagnons connaissaient-ils le récit fait par Regnard du
voyage exécuté par lui en ce pays de juillet à septembre 1681. En
tout cas, ils n'avaient pas pu y recueillir des renseignements de
caractère scientifique ; et le séjour assez court de l'écrivain n'était
guère susceptible de fournir des données sur les conditions dans
lesquelles les savants allaient avoir à poursuivre leur travail
pendant de longs mois.
Le voyage jusqu'à Tornea se fit par terre, tandis que le vaisseau
transportant les instruments n'avait à bord que Maupertuis, qui,
arrivé quelques jours avant les autres, et parti aussitôt en première
reconnaissance, se joignit à eux le lendemain de leur débarquement
(20 juin). Aussitôt ils durent choisir d'une façon précise le champ de
leurs opérations ; et ce ne fut pas là chose facile, car le lieu propice
devait réunir deux conditions assez peu conciliables : être relativ
ement accessible et se prêter assez bien à l'établissement de points de
repère pour les calculs de triangulation. C'est en effet à ce procédé
géodésique, déjà utilisé par Cassini, et d'ailleurs resté classique et en
usage jusqu'à nos jours, qu'on allait recourir pour faire les mesures.
La première idée de tous fut d'utiliser les îles qui bordent les
côtes du golfe de Bothnie et dont l'accès assez facile paraissait
intéressant. Ils se partagèrent alors le travail de reconnaissance de
ces îles et partirent le 25 juin en deux groupes, Clairaut accompa
gnant Maupertuis, Le Monnier et Celsius, tandis que Camus
emmenait avec lui l'abbé Outhier. 1,12 REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES
Mais les remarques qu'ils purent se communiquer à leur retour,
le 2 juillet, les obligèrent à abandonner leur dessein primitif ; car
les îles en questio

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