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Publié par | chopendoz |
Publié le | 18 mars 2013 |
Nombre de lectures | 290 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 15 Mo |
Extrait
LANGONNET
COMMUNE REBELLE
SOUS LA REVOLUTIONPierre Yves QUEMENER
LANGONNET
SOUS LA REVOLUTION
2Des rencontres, des paysages, des cultures
3Invitation au voyage
Citoyens,
Jamais les chouans ne se sont plus multipliés dans nos parages et n’ont montré plus de desseins
hostiles que dans ce moment. Les versements d’armes ont été faits impunément sur nos côtes par
les anglais. Les chouans se les sont procurés de même impunément. Il en passe des cohortes
nombreuses journellement sur notre territoire. Lundi près Le Faouët, sur la route de Gourin,
trois cent de ces scélérats attaquèrent un faible détachement de notre garnison, parmi lequel se
trouvaient plusieurs patriotes. Ils ont tué un caporal républicain et le citoyen Pierret, un de nos
meilleurs concitoyens, et sont allés ensuite au bourg de Langonnet où ils ont fait des
réjouissances scandaleuses et dignes de gens aussi féroces.
Dans la même nuit des transports considérables d’armes ont passé par les communes de Lignol,
Ploërdut et Priziac. Le capitaine chef de canton de chouans Duchélas de Langoëlan protégeait
ces transports avec plus de 900 hommes bien armés.
Hier soir, trois cent hommes du même parti, aussi bien armés et provenant des derniers
débarquements. Il y a parmi ces bandes beaucoup de déserteurs de troupes. On croit même qu’il
ères’y trouve des troupes étrangères et beaucoup de jeunes gens de la 1 réquisition. Les 300 qui
ont passé hier soir à Langonnet étaient presque tous du Finistère. Nous ne savons positivement
quel doit être le point de leur réunion mais de pareils rassemblements qui se forment autour de
nous demandent plus que jamais notre surveillance et un concert fraternel entre les autorités
constituées pour déjouer les complots de nos ennemis.
C’est par des avis fréquents envoyés de place en place et les marches combinées des troupes
républicaines que nous pourrons parvenir à sauver notre malheureux pays des fléaux désastreux
de la guerre civile. Nous avons rempli notre tâche civique en vous adressant ces renseignements.
Nous pensons que vous déterminerez le général Quantin à nous donner assez de troupes dans ce
pays pour purger notre territoire des monstres qui le désolent.
Salut et fraternité.
Le tableau brossé par les administrateurs du district du Faouët en ce début du mois d’avril 1796
est peutêtre quelque peu exagéré, il témoigne néanmoins de l’intensité du conflit qui oppose
depuis plus d’un an les tenants de la république aux contrerévolutionnaires dits chouans,
partisans d’un retour aux institutions de l’ancien régime. Le pays du Faouët est en proie à la
guerre civile. Pillages, exécutions sommaires, actes de représailles se succèdent sans interruption.
D’un côté les « patriotes », de l’autre les « royalistes ».
Cinq années à peine après les débuts de la révolution, la jeune république est au plus mal. Et
pourtant en 1789 qui aurait pu dire que les évènements allaient évoluer de la sorte ? D’ailleurs, en
ce début d’année 1789 il n’était même pas question de révolution…
Mais au fait, quelle image aton aujourd’hui d’une révolution ? Des manifestations monstres qui
durent et qui s’amplifient de jour en jour, des émeutes dans les rues, des scènes de violence qui se
multiplient jusqu’à ce que le gouvernement honni cède et laisse la place aux révolutionnaires. En
Occident les révolutions se font dans les villes. En Amérique du Sud, en Chine ou en Russie les
révolutions ont sans doute un autre visage. Que s’estil passé en France en 1789 ? A peu près rien
4de tout cela. Tout ou presque s’est déroulé à Versailles et à Paris : la réforme des institutions est
le fruit des débats de l’assemblée des Etats Généraux. Les émeutes ont été sporadiques. Il n’y a
pas eu de soulèvement populaire général, pas d’affrontements féroces avec les forces
gouvernementales, pas d’insurrections réprimées dans le sang. La révolution française de 1789 a
été relativement non violente.
La violence est venue ensuite. Elle est tout d’abord le fait de factions révolutionnaires rivales qui
tentent d’éliminer l’adversaire. Il a fallu plus tard réprimer les mouvements
contrerévolutionnaires qui se sont développés dans le pays à partir de 1793 et qui perdureront
dans l’Ouest pendant plusieurs années.
Dans les villes de province la réforme en profondeur des institutions, la destitution du roi et
l’instauration de la république ont trouvé un écho largement favorable. Les citadins ont
majoritairement soutenus la révolution. Depuis des années, les idées nouvelles circulaient dans
les villes et le besoin de changement était devenu vital. Les populations des campagnes par contre
n’étaient pas préparées à tous ces bouleversements. Ce sont elles qui vont rejeter massivement la
révolution et provoquer une guerre civile qui ne s