Le gisement solutréen de Saint-Sulpice-de-Favières (Essonne) - article ; n°4 ; vol.93, pg 502-527

Charles Sacchi, Francis Chantret, Béatrice Schmider, Annie Roblin-Jouve

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1996 - Volume 93 - Numéro 4 - Pages 502-527
RÉSUMÉ Le gisement de Saint-Sulpice-de-Favières est un gisement de plein air, situé sur le flanc d'une butte stam- pienne, dominant une petite vallée affluente au sud de la Seine. Les nombreux fragments de pièces à retouches bifaciales, découverts au cours des fouilles indiquent un atelier relativement spécialisé dans la fabrication des pointes foliacées typiques du Solutréen. Plusieurs chaînes opératoires ont été mises en évidence en fonction du support choisi mais aussi de l'objectif envisagé. En effet, les pièces foliacées représentaient un éventail de formes et de dimensions extrêmement varié. Ce site constitue l'avancée la plus septentrionale du Solutréen à la fin de la période de développement de cette culture.
ABSTRACT The open air site of Saint-Sulpice-de-Favières is the most northern Solutrean occupation known. Situated on a Stampian butte, it dominates a small tributary valley to the south of the Seine. Numerous bifacially retouched fragments discovered during excavations indicate a relatively specialized workshop for the production of typical Solutrean leaf-shaped points. These represent an extremely wide range of forms and dimensions. Several operational chains have been defined, depending on both the choice of supports and the envisaged end-product.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1996
• Nombre de lectures: 46
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Charles Sacchi
Béatrice Schmider
Francis Chantret
Annie Roblin-Jouve
Michèle Bouyssonie
Serge Drapier
Le gisement solutréen de Saint-Sulpice-de-Favières (Essonne)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1996, tome 93, N. 4. pp. 502-527.
Résumé
RÉSUMÉ Le gisement de Saint-Sulpice-de-Favières est un gisement de plein air, situé sur le flanc d'une butte stam- pienne,
dominant une petite vallée affluente au sud de la Seine. Les nombreux fragments de pièces à retouches bifaciales, découverts
au cours des fouilles indiquent un atelier relativement spécialisé dans la fabrication des pointes foliacées typiques du Solutréen.
Plusieurs chaînes opératoires ont été mises en évidence en fonction du support choisi mais aussi de l'objectif envisagé. En effet,
les pièces foliacées représentaient un éventail de formes et de dimensions extrêmement varié. Ce site constitue l'avancée la plus
septentrionale du Solutréen à la fin de la période de développement de cette culture.
Abstract
ABSTRACT The open air site of Saint-Sulpice-de-Favières is the most northern Solutrean occupation known. Situated on a
Stampian butte, it dominates a small tributary valley to the south of the Seine. Numerous bifacially retouched fragments
discovered during excavations indicate a relatively specialized workshop for the production of typical Solutrean leaf-shaped
points. These represent an extremely wide range of forms and dimensions. Several operational chains have been defined,
depending on both the choice of supports and the envisaged end-product.
Citer ce document / Cite this document :
Sacchi Charles, Schmider Béatrice, Chantret Francis, Roblin-Jouve Annie, Bouyssonie Michèle, Drapier Serge. Le gisement
solutréen de Saint-Sulpice-de-Favières (Essonne). In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1996, tome 93, N. 4. pp.
502-527.
doi : 10.3406/bspf.1996.10213
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1996_num_93_4_10213:
Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1996 /TOME 93, n° 4 502
LE GISEMENT SOLUTRÉEN
DE SAINT-SULPICE-DE-FAVIÈRES (ESSONNE)
Charles SACCHI, avec la collaboration Béatrice SCHMIDER, de Michèle Francis BOUYSSONIE CHANTRET, et Serge Annie DRAPIER ROBLIN-JOUVE,
RÉSUMÉ précisément encore, sur l'éventuelle mettait aux maîtres compagnons de
occupation du site de Saint-Sulpice- provoquer l'éclatement du rocher en
Le gisement de Saint-Sulpice-de- de-Favières à l'époque préhistorique. y introduisant un morceau de bois
Favières est un gisement de plein air, Elle avait été en effet intriguée par la qu'ils gorgeaient ensuite d'eau. Sans
situé sur le flanc d'une butte stam- doute avaient-ils été finalement éparmise au jour, à quelques décennies
pienne, dominant une petite vallée d'intervalle, de deux haches, l'une en gnés par les ouvriers, qui au
affluente au sud de la Seine. Les XVIIIe siècle, avaient été chargés bronze à talon et l'autre en pierre
nombreux fragments de pièces à r polie, dont les découvertes apparem d'aménager le parc.
etouches bifaciales, découverts au ment fortuites ne furent suivies d'au Lors de ma promenade, je fis une cours des fouilles indiquent un atelier cune étude scientifique. première découverte. Sur le parcours relativement spécialisé dans la fabri d'un sentier de crête longeant la pla- A Saint-Sulpice, je fis la connaiscation des pointes foliacées typiques
sance de Franklin Picard dont la fa tière, je repérais des gravures : du Solutréen. Plusieurs chaînes opér
mille est depuis longtemps propriét d'abord sur l'auvent d'une grotte à la atoires ont été mises en évidence en
aire du Château de Segrez et de son base du banc de grès, puis une quafonction du support choisi mais aussi
rantaine de mètres plus loin à l'intévaste domaine. Ce château fut de l'objectif envisagé. En effet, les
construit en 1748 par Haudry de rieur d'une autre grotte. Incluse dans pièces foliacées représentaient un
Soucy et loué à vie au Marquis d'Ar- l'épaisseur de la dalle, celle-ci avait éventail de formes et de dimensions
genson qui aménagea le parc avec la forme d'une géode à laquelle on extrêmement varié. Ce site constitue
des bosquets, des jets d'eau et des ne pouvait accéder que par une enl'avancée la plus septentrionale du
charmilles, bouleversant le sol et le trée très étroite. Solutréen à la fin de la période de
sous-sol des lieux. Ainsi fit-il tracer développement de cette culture. Un peu plus tard, en prospectant une grande allée face à la cour dans la partie dominant le château, à ABSTRACT d'honneur, escaladant le flanc d'une mi-pente et au milieu d'un éboulis de butte contiguë, "la montagne de Se gros blocs de grès, je trouvais un The open air site of Saint-Sulpice- grez" (cf. les dessins du Marquis petit éclat de silex à forte patine de-Favières is the most northern So- d'Argenson conservés à la Bibli blanche. Cette découverte me parut lutrean occupation known. Situated othèque de l'Arsenal). Ces travaux, suffisamment intéressante pour justion a Stampian butte, it dominates a dont on retrouve la trace sous forme fier une exploration systématique de small tributary valley to the south of d'un talus bordant la principale allée l'endroit et de ses environs. Avec the Seine. forestière, sont responsables du r l'aide de Francis Chantret et de emaniement d'une partie du gisement Numerous bifacially retouched Serge et Michelle Drapier, j'entrepris solutréen. fragments discovered during excavat donc rapidement cette exploration
ions indicate a relatively specialized qu'un épais manteau d'épines de Visitant le domaine, en compagnie
workshop for the production of typi pins tapissant le sol rendait pourtant de Franklin Picard, je fus immédiate
cal Solutrean leaf-shaped points. ment frappé par l'aspect des buttes à cet endroit assez glissante et pé
These represent an extremely wide nible. En longeant les bords pratqui dominent le village elles me rap
range of forms and dimensions. Se iquement indiscernables d'une anpelaient en effet fortement certains
veral operational chains have been sites à industries du Paléolithique su cienne allée du Marquis, nous mîmes
defined, depending on both the périeur ou du Montmorencien de ainsi au jour une première pièce
choice of supports and the envisaged l'Ile-de-France. Des buttes sablon taillée, enfouie à environ cinq cent
end-product. imètres de profondeur et qui était une neuses, essentiellement boisées de
pins où quelques châtaigniers sub pointe solutréenne cassée à sa base.
sistent au milieu de hautes et abon En parfait état de conservation, très
faiblement patinée et totalement isodantes fougères et de quelques rares ■ LES CIRCONSTANCES lée, elle semblait avoir été jetée là. Le houx émergeant d'un chaos de blocs DE LA DÉCOUVERTE (Ch. S.) de grès. Il était aisé de comprendre plus vraisemblable était cependant
qu'elle avait due être mise au jour que ces blocs avaient lentement
lors des grands travaux d'aménageC'est en 1983, sur les conseils de glissé le long de la pente, victimes
du démantèlement naturel. Certes, ment puis rejetée avec des déblais Paulette Cavailler, alors Directeur des
assez loin de son lieu d'origine, sans services des archives de l'Essonne, l'épaisse table de grès avait bien été
doute une occupation protégée, à que Simone Rivière prit contact avec intensément exploitée jusqu'au
début du siècle mais la quasi-totalité l'abri des rochers. Aux alentours, moi. Elle préparait la publication de
l'examen attentif des déblais de son ouvrage sur la Vallée de la Re de ces blocs ne portait aucun des
souches d'arbres récemment abatnarde et désirait l'enrichir de stigmates habituels du travail des
carriers. Seuls deux d'entre eux, un tus par l'orage nous permit alors de quelques considérations complément
découvrir plusieurs autres éclats. aires sur la géologie du bassin de ce peu à l'écart, montrent encore
Fragments de lames, typiquement petit affluent de l'Essonne et, plus l'échancrure caractéristique qui :
;
:
I
:
I
;
:
:
;
:
I
Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1 996 / TOME 93, n° 4 503
solutréens également, ils se disti
nguaient néanmoins de la première