Le Mercure Solitumaros de Châteaubleau (Seine-et-Marne) : Lugus macrophtalme, visionnaire et guérisseur - article ; n°2 ; vol.25, pg 127-180
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1999 - Volume 25 - Numéro 2 - Pages 127-180
At Châteaubleau (Seine-et-Marne), Gallo-Roman site of several sanctuaries of native tradition, a variety of objects were found - a patera with an inscription, a bronze statuette, a coin and an anatomical ex-voto - related to Mercurius Solitumarus, a Gallic deity, whose name was romanized and means with great sight or the all-seeing. To illustrate this epithet the archaeological evidences show this god with enlarged eyes. A comparison with other Gallic and Gallo-Roman representations and parallels in the literature of Irish mythology suggest that this Mercurius of Châteaubleau is identical with Lugus, the omnicompetent god of the Celts, who is endowed with visionary power. Occasionally Lugus is also health-giving god, especially for ophtalmic diseases.
Le site gallo-romain de Châteaubleau (Seine-et-Marne) abrite plusieurs sanctuaires de tradition indigène qui ont fourni divers objets - patere inscrite, statuette en bronze, monnaie, ex-voto anatomique liés une divinité gauloise romanisée sous le nom de Mercurius Solitumarus. Cette épithète, qui signifie à la grande vue, qui voit tout, est illustrée par les yeux hypertrophiés du dieu figuré sur les documents archéologiques concernés. Un rapprochement avec autres représentations gauloises et gallo-romaines, ainsi que des parallèles tirés de la mythologie irlandaise, permettent identifier le Mercure de Châteaubleau à Lugus, dieu omnicompétent des Celtes doté de capacités visionnaires. Lugus est également, à l'occasion un dieu médecin qui présente une affinité particulière avec la guérison des maladies oculaires.
54 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Monsieur Daniel Gricourt
Monsieur Dominique Hollard
Monsieur Fabien Pilon
Le Mercure Solitumaros de Châteaubleau (Seine-et-Marne) :
Lugus macrophtalme, visionnaire et guérisseur
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 25 N°2, 1999. pp. 127-180.
Abstract
At Châteaubleau (Seine-et-Marne), Gallo-Roman site of several sanctuaries of native tradition, a variety of objects were found - a
patera with an inscription, a bronze statuette, a coin and an anatomical ex-voto - related to Mercurius Solitumarus, a Gallic deity,
whose name was romanized and means "with great sight" or "the all-seeing". To illustrate this epithet the archaeological
evidences show this god with enlarged eyes. A comparison with other Gallic and Gallo-Roman representations and parallels in
the literature of Irish mythology suggest that this Mercurius of Châteaubleau is identical with Lugus, the omnicompetent god of
the Celts, who is endowed with visionary power. Occasionally Lugus is also health-giving god, especially for ophtalmic diseases.
Résumé
Le site gallo-romain de Châteaubleau (Seine-et-Marne) abrite plusieurs sanctuaires de tradition indigène qui ont fourni divers
objets - patere inscrite, statuette en bronze, monnaie, ex-voto anatomique liés une divinité gauloise romanisée sous le nom de
Mercurius Solitumarus. Cette épithète, qui signifie "à la grande vue", "qui voit tout", est illustrée par les yeux hypertrophiés du
dieu figuré sur les documents archéologiques concernés. Un rapprochement avec autres représentations gauloises et gallo-
romaines, ainsi que des parallèles tirés de la mythologie irlandaise, permettent identifier le Mercure de Châteaubleau à Lugus,
dieu omnicompétent des Celtes doté de capacités visionnaires. Lugus est également, à l'occasion un dieu médecin qui présente
une affinité particulière avec la guérison des maladies oculaires.
Citer ce document / Cite this document :
Gricourt Daniel, Hollard Dominique, Pilon Fabien. Le Mercure Solitumaros de Châteaubleau (Seine-et-Marne) : Lugus
macrophtalme, visionnaire et guérisseur. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 25 N°2, 1999. pp. 127-180.
doi : 10.3406/dha.1999.1542
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1999_num_25_2_1542Dialogues d'Histoire Ancienne 25/2, 1999, 127-180
Le Mercure Solitumaros de Châteaubleau (Seine-et-Marne) :
Lugus macrophtalme, visionnaire et guérisseur*
Résumés
• Le site gallo-romain de Châteaubleau (Seine-et-Marne) abrite plusieurs sanctuaires de
tradition indigène qui ont fourni divers objets - patère inscrite, statuette en bronze, monnaie, ex-
voto anatomique -, liés à une divinité gauloise romanisée sous le nom de Mercurius Solitumarus.
Cette épithète, qui signifie « à la grande vue », « qui voit tout », est illustrée par les yeux hypertro
phiés du dieu figuré sur les documents archéologiques concernés. Un rapprochement avec d'autres
représentations gauloises et gallo-romaines, ainsi que des parallèles tirés de la mythologie irlan
daise, permettent d'identifier le Mercure de Châteaubleau à Lugus, dieu omnicompétent des Celtes
doté de capacités visionnaires. Lugus est également, à l'occasion, un dieu médecin qui présente une
affinité particulière avec la guérison des maladies oculaires.
• At Châteaubleau (Seine-et-Marne), Gallo-Roman site of several sanctuaries of native tradi
tion, a variety of objects were found - a patera with an inscription, a bronze statuette, a coin and an
anatomical ex-voto - related to Mercurius Solitumarus, a Gallic deity, whose name was romanized
and means "with a great sight" or "the all-seeing". To illustrate this epithet the archaeological
evidences show this god with enlarged eyes. A comparison with other Gallic and Gallo-Roman
representations and parallels in the literature of Irish mythology suggest that this Mercurius of
Châteaubleau is identical with Lugus, the omnicompétent god of the Celts, who is endowed with
visionary power. Occasionally Lugus is also a health-giving god, especially for ophtalmie diseases.
L'archéologie gallo-romaine constitue une source d'information de tout
premier ordre pour la connaissance de l'univers religieux des anciens Celtes.
Elle permet en effet de compenser en partie l'extrême rareté des inscriptions
antiques en langues celtiques et l'absence totale d'écrits indigènes sur la
conception celtique du divin. Cependant, cet apport incontournable des ves
tiges archéologiques est souvent obscurci par le fait qu'il faut tenter de saisir la
pensée religieuse gauloise à travers les déformations que la conquête, puis
l'intégration progressive dans l'empire romain, lui ont fait subir par le biais de
Vinterpretatio romana et l'adoption de canons plastiques gréco-romains étrangers
à la sensibilité celte.
* Daniel Gricourt, Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale de France ; Dominique
Hollard, Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale de France ; Fabien Pilon, Ingénieur
au CEA, Président de La Riobe (Association archéologique et historique de la Région de
Châteaubleau).
DHA 25/2, 1999 128 Daniel Gricourt, Dominique Hollard, Fabien Pilon
L'état extrêmement lacunaire de la documentation disponible complique
encore l'affaire. Les vestiges sont dispersés, mutilés et - sauf exception -
conservés uniquement pour les matériaux pérennes, métal, pierre, céramique,
ivoire, etc., alors qu'une part significative de la religiosité populaire a dû
s'exprimer sur des supports périssables tels que le bois, le cuir ou le tissu. Enfin,
l'interprétation correcte des objets dont nous disposons est trop fréquemment
empêchée par l'absence d'éléments connexes suffisants pour préciser leur fonc
tion et leur usage précis. L'historien de la religion celtique se retrouve ainsi le
plus souvent enfermé dans l'alternative frustrante d'avoir à se risquer dans des
hypothèses aussi gratuites qu'indémontrables ou de se cantonner dans un
mutisme irrité face à des documents d'évidence signifiants, mais dont les clés
sémantique et symbolique ont irrémédiablement disparu avec l'extinction du
paganisme antique.
Ce contexte difficile - et pour tout dire souvent désespéré - doit amener
les celtisants à considérer avec la plus extrême attention les situations favo
rables où plusieurs documents, à l'origine clairement établie, viennent se
combiner pour révéler un élément spécifique à l'héritage celtique. De plus, si
l'épigraphie livre une épiclèse originale, issue de la langue gauloise, explicitant
les informations iconographiques et si la figure théologique ainsi mise en relief
s'éclaire par des parallèles provenant d'autres sites gallo-romains autant que par
les textes mythologiques des Celtes insulaires, toutes les conditions sont dès
lors réunies pour permettre une avancée effective dans notre connaissance de la
matière religieuse celtique.
C'est à un cas privilégié de cette sorte qu'est consacré le présent travail,
qui s'attache à étudier un aspect remarquable et méconnu de Lugus. Rappelons
que César, De Bello Gallico, VI, 17, 1, assimile ce dieu majeur des Celtes à
Mercure, bien que des études récentes et importantes aient révélé son caractère
plus apollinien que mercurien1. La première partie se centrera sur la pré
sentation et l'explicitation d'importants documents épigraphiques et archéo
logiques en provenance du site de Châteaubleau (Seine-et-Marne). Ceux-ci
confèrent au Mercure gaulois des capacités visuelles hors du commun,
voire des facultés visionnaires. La seconde partie s'attachera à démontrer que
ces vestiges ne sont pas isolés, mais trouvent divers parallèles iconographiques
et épigraphiques qui confirment ces compétences particulières de Lugus et
1. Sergent 1995a ; Gricourt - Hollard 1998.
DHA 25/2, 1999 Le Mercure Solitumaros de Châteaubleau (Seine-et-Marne).. . 129
leur cohérence avec la figure du dieu telle qu'elle se dégage de la tradition
mythologique insulaire.
1. Le site de Châteaubleau et le culte à Mercure Solitumaros
A) Le site de
La commune de Châteaubleau est située dans le département de la Seine-
et-Marne2, à l'extrémité sud-est du plateau de la Brie. Ce petit village de 200
habitants, campé à proximité de la forêt de Jouy, bénéfi

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