Le récit de voyage au féminin au XVIIIe siècle (deuxième partie) - article ; n°1 ; vol.18, pg 103-123
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XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles - Année 1984 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 103-123
21 pages

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Publié le 01 janvier 1984
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Langue Français
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Madeleine Blondel
Le récit de voyage au féminin au XVIIIe siècle (deuxième partie)
In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°18, 1984. pp. 103-
123.
Citer ce document / Cite this document :
Blondel Madeleine. Le récit de voyage au féminin au XVIIIe siècle (deuxième partie). In: XVII-XVIII. Bulletin de la société
d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°18, 1984. pp. 103-123.
doi : 10.3406/xvii.1984.1036
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xvii_0291-3798_1984_num_18_1_1036- -103
LE RECIT DE VOYAGE FEMININ AU XVI Ile SIECLE
Deuxième partie
Si nous tentons de dégager quelques traits communs aux oeuvres que
nous venons de recenser, certaines caractéristiques attirent notre atten
tion. La forme épistolaire, souvent par artifice, est utilisée par la gran
de majorité des auteurs. C'était la forme courante pour ce genre de sujet.
Smollett s'en était servi et avant lui combien d'autres. Elle donnait un
caractère personnel et pourtant plus vivant au récit et l'impression d'une
grande précision grâce à des notations écrites au jour le jour et sous le
coup de sensations toutes fraîches. Seules deux femmes écrivains très inex
périmentées, publiant pour avoir un peu d'argent, Mrs Justice et Miss
Harvey, n'emploient pas la forme épistolaire, non plus que Mrs Piozzi et
Mrs Radcliffe. Ces dernières, au contraire, n'en sont pas à leur premier
livre. C'est à dessein que Mrs Piozzi emploie le titre de Observations and
Reflections : par "observations" elle veut dire description de ce qu'elle
a vu, par "reflection" elle désigne les pensées d'ordre philosophique, es
thétique, moral et politique auxquelles ces spectacles ont donné naissance.
Mais on s'attend alors à une oeuvre soignée et méthodique et la Critical
Review reproche à l'auteur de ne pas l'offrir au lecteur. Devant le carac
tère négligé de certains passages, le critique juge que le titre et la for
me de lettres auraient mieux convenu à l'oeuvre :
. . . The Observations and Reflections will be always pleasing ;
though in the loose negligent undress in which they appear,
the title and form of Letters would have been preferable. (1) - - 104
Les titres des livres étaient en effet très significatifs. Le terme de
"travels" exigeait de l'auteur "a sober display of important facts and a
perfect development of national characters and manners" selon la défini
tion de William Roberts en 1793. Nous ne voyons guère ce mot figurer à la
page de titre des livres écrits par les femmes, mais quelquefois celui de
"tour" qui impliquait, toujours selon William Roberts, "detached observ-
(21 ation, broken incidents and occasional hints" .
La technique épistolaire avait été largement utilisée par les ro
mancières au XVTIIe siècle ; les récits de voyage se coulant naturellement
dans ce moule cher aux plumes féminines il n'est pas surprenant que ces
dernières se soient enhardies à en écrire. Il n'en reste pas moins que le
nombre de leurs oeuvres est assez mince, surtout en comparaison avec la
totalité des "travel-books" de l'époque. A en croire Curley :
The number of travel-books issuing from presses underscores
their overwhelming popularity in the 18th century. Between
1660 and 1800 eight encyclopedic collections and forty five
smaller compilations appeared in England. Besides the major
works, there were thousands of individual accounts and
miscellanies of local tours, distant expeditions, and
Continental travels. If we include publications from the
Continent, the number of all European collections of voyages
and travels would alone amount to well over a hundred .
voluminous productions in ^éveral^editions and transla
tions. (.3)
Les femmes voyageaient moins que les hommes, elles ne pouvaient le faire
en toute indépendance ni- se risquer en des lieux dangereux ou trop loin
tains. Bien des expériences ou des aventures leur étaient interdites par
les conventions sociales. L' inconfort des moyens de transport et la fati
gue ainsi occasionnée étaient grands et l'imprévu souvent menaçant. Lors
qu'il s'agissait d'écrire un récit de voyage plutôt qu'un roman, elles se
sentaient davantage en infériorité vis-à-vis des hommes.
Leur gêne se trahit dans les précautions oratoires prises pour
nous expliquer qu'elles n'envisageaient pas de publier leurs lettres. Seu
les les demandes et l'insistance de leurs amis les y ont décidées. Tel est
le cas de Mrs Hanway, de Lady Miller, de Mrs Morgan et d'A.M. Falconbridge.
Il est vrai que les hommes avaient parfois usé des mêmes protestations et
explications, par exemple Patrick Brydone .
Autre signe d'embarras : de fréquentes références aux devancières. - - 105
Ainsi Mrs Hanway écrit :
In point of diction, I may have failed ; but had I the skill
of Millar, or a Montague, it should have been employed on
the same subject. (5)
Du fait de ses prédécesseurs, Mrs Morgan, en 1795, se sent justifiée à
écrire et déclare sans fausse honte dans sa Préface :
As a female, I have certainly no occasion to excuse my
temerity ; so many of my sex have shown they are capable of
the most admirable compositions on the most important
subjects. I therefore am not afraid of being accused of going
out of my sphere in publishing this trifling work. (6)
Elle sait que beaucoup ont écrit sur le même sujet et décrit les mêmes ré
gions mais considère que chacun voit les choses à sa façon :
As every one has a manner of his own, were a hundred people
to write on the same topics, or paint the same scenes, they
would have something seemingly new to say. This, I hope, will
be a sufficient apology for my having attempted things, upon
which much more able pens than mine have been employed.
Elle ajoute, avec humour :
Though I cannot, like Mr Gilpin, make the grunting of the
savage boar appear musical by my mode of representing it,
or cause the most gloomy forest to wear a smile ; yet there
is no reason why I should not depicture scenes that have so
often elevated my ideas, and awakened in me a thousand moral
and religious sentiments. (7)
Dans sa Dédicace à la Comtesse Winterton elle avait salué ses prédéces
seurs :
I fear there will not be much in these Letters to render
them worthy your Ladyship, if they contained the wit of the
Margravine of Anspach, the information of Lady Miller, the
elegant vivacity of Lady Mary Wortley Montagu, or all their
excellencies combined, they should be presented at the shrine
of friendship. (8)
Mrs Radcliffe, nous le verrons plus loin, cite le Dr Johnson au
sujet des récits de voyage et fait allusion aux réactions provoquées par
les Travels through France and Italy de Smollett. Même Mrs Piozzi, toute
indépendante et sûre d'elle qu'elle soit, a conscience des difficultés du
genre. Dans son journal à Paris le 1er octobre 1775 (elle s'appelait alors
Mrs Thrale) elle s'intéresse à ce que Mme du Bocage a écrit ; elle - - 106
(Q) transcrit presque mot pour mot ces notations de 1775 J dans ses Observ
ations and Reflections. . . in the course of a Journey through France, Italy
and Germany de 1789 :
I have, however, borrowed Bocage' s Remarks upon the English
Nation, which serve to damp my spirit of criticism
exceedingly : she had more opportunities than I for observ
ation, not less quickness of discernment surely ; and her
stay in London was longer than mine in Paris. Yet how she was
deceived in many points. I will tell nothing that I did not
see. (I, 17-18).
Alors que beaucoup de ses consoeurs s'inquiètent surtout de l'es
prit, du brillant qu'elles voudraient avoir à l'exemple de Lady Mary
Wortley Montagu, Mrs Piozzi a un souci de vérité, d'authenticité qui n'est
pas négligeable.
Lady Miller fait preuve d'un désir analogue et nous avons vu
qu'elle souhaite apporter des renseignements exacts, se donnant pour mis
sion de rectifier les erreurs contenues dans des livres bien connus. C'est
ainsi qu'elle écrit de Savoie, le ^23 septembre 1770 :
Whatsoever I meet with which appears remarkable, or
extraordinary, or that has not been noticed by Richard ,
Lalande , or Keysler , etc. you may depend upon it, shall
not escape me ; though I should imagine those authors have
not omitted anything of .consequence, nor have I the vanity
to put my hasty letters in competition with their travels. (10)
En fait elle ex

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