Le réseau mis en oeuvre : le Rêve de Diderot - article ; n°24 ; vol.12, pg 5-19
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Flux - Année 1996 - Volume 12 - Numéro 24 - Pages 5-19
entries, the articles are sites which refer to other sites, along paths which anindividual is free to travel. The circulation which puts these objects into close relationship is facilitated by the heuristic fertility of the analogies. In physiology, Diderot, relying on the fibrillary theories of Haller and Bordeu, delivers the genetic concept of the network in terms of points and lines. The network guarantees a generalized communications model in which all the parts are linked and integrated on an equal level but still autonomous and free of the authoritative supervision of one unique command procedure. Since the organism is polycentric, its integrity must rely upon collaboration and concensus, and in the egalitarian division of competence and power of all the parts; each one of which, due to the network linking it to the others, is capable of deregulating the whole. It is this same ideal that Diderot, drawing from the same meta- phoric source (spider webs, bee swarms...) develops in his political works, since the network promotes the idea of an organization which regulates and causes private and public interests to correspond. The relations of domination and obedience cancel each other out to the advantage of multilateral exchanges between rulers and ruled, by means of a set of conductive channels which will serve as the relay between individual liberty, the spirit of initiative and the participation of citizens in the plan of civilization. The success of this new social model of linkage will be measured according to the degree of socio-economic mobility and the circulation of goods and persons. Three times, then, the network is the form that provides new intelligibility for Diderot's thought and, by stressing a topology of knowledge, life and politics in terms of link and flow, results in a re-equilibration of the functions and mediating authorities within a configuration that is a-hierarchical, decentered and fluid.
Oeuvre carrefour des préoccupations de Diderot, Le Rêve de d'Alembert, avec sa trentaine d'occurrences du mot réseau, nous invite à une relecture de son oeuvre tant épistémologique, physiologique que politique sous l'angle de ce concept. Le nouvel esprit scientifique qu'il propose est fondé sur la recherche itérative des liens, sur la multiplication des rapports, ainsi que sur les phénomènes intermédiaires qui seront autant de points, de noeuds pour reconstituer la trame interconnectée des faits à expliquer. A cette graphie du processus de connaissance qui substitue à l'image cartésienne de la chaîne la figure baconienne du labyrinthe, s'ajoute une conception tabulaire, cartographique du savoir comme l'illustre l'organisation de L'Encyclopédie. Par un système à entrées multiples, les articles ne sont que des sites qui renvoient à d'autres et selon des chemins que chacun est libre de frayer. La circulation qui rend les objets connexes sera facilitée par la fécondité heuristique dont les analogies sont porteuses. En physiologie, Diderot, en s' appuyant sur les théories fibrillaires de Haller et de Bordeu, délivre la logique génétique du réseau en termes de points et de ligne. Le réseau cautionne un modèle de communication généralisée dans lequel toutes les parties sont, à un niveau égal, reliées, intégrées mais autonomes, et relaxées de la tutelle autoritaire d'une instance unique de commandement. Polycentrique, l'organisme ne tient son intégrité que de la collaboration, du consensus et de la répartition égalitaire des compétences et du pouvoir de toutes les parties, chacune, de par le réseau qui la rattachent aux autres, étant susceptible de dérégler l'ensemble. C'est ce même idéal que Diderot, en puisant à une même source métaphorique (toile d'araignées, essaim d'abeilles...), développe dans ses oeuvres politiques puisque le réseau promeut l'idée d'une organisation qui régule et fait correspondre intérêts privés et intérêts publics. Les rapports de domination et d'obéissance s'effacent au profit d'échanges multilatéraux entre les gouvernants et les gouvernés à l'aide d'un ensemble de canaux conducteurs qui serviront de relais entre la liberté individuelle, l'esprit d'initiative et la participation des citoyens au plan de civilisation. La réussite de ce nouveau modèle social de reliance se mesurera au degré de mobilité socio-économique et de circulation des biens et des personnes. A trois reprises donc, le réseau est la forme que revêt la pensée diderotienne d'une nouvelle intelligibilité et, privilégiant une topologie de la connaissance, du vivant et du politique en termes de liens et de flux, débouche sur un rééquilibrage des fonctions par des instances médiatrices au sein d'une configuration ahiérarchique, décentrée et fluide.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 58
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Éric Letonturier
Le réseau mis en oeuvre : le Rêve de Diderot
In: Flux n°24, 1996. pp. 5-19.
Citer ce document / Cite this document :
Letonturier Éric. Le réseau mis en oeuvre : le Rêve de Diderot. In: Flux n°24, 1996. pp. 5-19.
doi : 10.3406/flux.1996.1183
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/flux_1154-2721_1996_num_12_24_1183Abstract
entries, the articles are sites which refer to other sites, along paths which anindividual is free to travel.
The circulation which puts these objects into close relationship is facilitated by the heuristic fertility of the
analogies. In physiology, Diderot, relying on the fibrillary theories of Haller and Bordeu, delivers the
genetic concept of the network in terms of points and lines. The network guarantees a generalized
communications model in which all the parts are linked and integrated on an equal level but still
autonomous and free of the authoritative supervision of one unique command procedure. Since the
organism is polycentric, its integrity must rely upon collaboration and concensus, and in the egalitarian
division of competence and power of all the parts; each one of which, due to the network linking it to the
others, is capable of deregulating the whole. It is this same ideal that Diderot, drawing from the same
meta- phoric source (spider webs, bee swarms...) develops in his political works, since the network
promotes the idea of an organization which regulates and causes private and public interests to
correspond. The relations of domination and obedience cancel each other out to the advantage of
multilateral exchanges between rulers and ruled, by means of a set of conductive channels which will
serve as the relay between individual liberty, the spirit of initiative and the participation of citizens in the
plan of civilization. The success of this new social model of linkage will be measured according to the
degree of socio-economic mobility and the circulation of goods and persons. Three times, then, the
network is the form that provides new intelligibility for Diderot's thought and, by stressing a topology of
knowledge, life and politics in terms of link and flow, results in a re-equilibration of the functions and
mediating authorities within a configuration that is a-hierarchical, decentered and fluid.
Résumé
Oeuvre carrefour des préoccupations de Diderot, Le Rêve de d'Alembert, avec sa trentaine
d'occurrences du mot réseau, nous invite à une relecture de son oeuvre tant épistémologique,
physiologique que politique sous l'angle de ce concept. Le nouvel esprit scientifique qu'il propose est
fondé sur la recherche itérative des liens, sur la multiplication des rapports, ainsi que sur les
phénomènes intermédiaires qui seront autant de points, de noeuds pour reconstituer la trame
interconnectée des faits à expliquer. A cette graphie du processus de connaissance qui substitue à
l'image cartésienne de la chaîne la figure baconienne du labyrinthe, s'ajoute une conception tabulaire,
cartographique du savoir comme l'illustre l'organisation de L'Encyclopédie. Par un système à entrées
multiples, les articles ne sont que des sites qui renvoient à d'autres et selon des chemins que chacun
est libre de frayer. La circulation qui rend les objets connexes sera facilitée par la fécondité heuristique
dont les analogies sont porteuses. En physiologie, Diderot, en s' appuyant sur les théories fibrillaires de
Haller et de Bordeu, délivre la logique génétique du réseau en termes de points et de ligne. Le réseau
cautionne un modèle de communication généralisée dans lequel toutes les parties sont, à un niveau
égal, reliées, intégrées mais autonomes, et relaxées de la tutelle autoritaire d'une instance unique de
commandement. Polycentrique, l'organisme ne tient son intégrité que de la collaboration, du consensus
et de la répartition égalitaire des compétences et du pouvoir de toutes les parties, chacune, de par le
réseau qui la rattachent aux autres, étant susceptible de dérégler l'ensemble. C'est ce même idéal que
Diderot, en puisant à une même source métaphorique (toile d'araignées, essaim d'abeilles...),
développe dans ses oeuvres politiques puisque le réseau promeut l'idée d'une organisation qui régule
et fait correspondre intérêts privés et intérêts publics. Les rapports de domination et d'obéissance
s'effacent au profit d'échanges multilatéraux entre les gouvernants et les gouvernés à l'aide d'un
ensemble de canaux conducteurs qui serviront de relais entre la liberté individuelle, l'esprit d'initiative et
la participation des citoyens au plan de civilisation. La réussite de ce nouveau modèle social de reliance
se mesurera au degré de mobilité socio-économique et de circulation des biens et des personnes. A
trois reprises donc, le réseau est la forme que revêt la pensée diderotienne d'une nouvelle intelligibilité
et, privilégiant une topologie de la connaissance, du vivant et du politique en termes de liens et de flux,
débouche sur un rééquilibrage des fonctions par des instances médiatrices au sein d'une configuration
ahiérarchique, décentrée et fluide.Le réseau mis en oeuvre :
FLUX
le Rêve de Diderot
Avril- n°24 Juin
1996
pp. 5-19
Eric Letonturier
C'est ainsi que deux genres d'ouvrages qui paraissent
d'une nature très différente, parviennent par un même moyen,
à former un ensemble très serré, très lié et très continu.
L'Encyclopédie, art. « Encyclopédie »
Les questions d'unité et de cohérence d'une oeuvre, celles de la récur
rence et de l'évolution d'une problématique et celle de la reconnaissance
de la validité des sources sont pour la postérité autant d'éléments d'argu
mentation à partir desquels les exégètes tireront la légitimité ou non d'élever
l'oeuvre au statut de pensée. A l'égard de ces critères d'authentification, médicale de Diderot ne fait pas défaut : de sa traduction du
Dictionnaire universel de médecine de R. James en 1743 jusqu'à ses propres
Eléments de physiologie (1780), il n'a cessé de réfléchir sur les origines de
la vie, sur l'anatomie et sur la génération ainsi que de lire et de côtoyer les
médecins de son époque les plus en vue comme Bordeu, Whytt, Le Camus et
Haller. De cette information substantielle, Diderot tirera sa conception de
l'homme comme entité biologique, psychologique et sociale.
Il n'en reste pas moins que la version littéraire de ses connaissances
médicales, Le Rêve de d'Alembert, occupe une place souvent considérée
comme énigmatique voire complètement fantaisiste mais qui, selon nous,
autorise un angle de lecture inédit et éclairant pour la notion qui nous préoc
cupe. Non que Diderot fasse explicitement une théorie du réseau, mais ce Eric LETONTURIER, doctorant terme, pris dans un corpus scientifique et réinséré dans une configuration allocataire de recherche à la Sorbonně,
travaille au sein de l'équipe du lexicale socio-politique, revient de façon insistante1 dans Le Rêve qui ne date
Laboratoire d'Etude des Méthodes et pourtant que de 1769. En ce sens, il inaugure l'usage du potentiel et de la des Techniques de l'Analyse richesse analogique du réseau, sa capacité de transfert dans des disciplines Sociologique dirigé par le Prof. P.
Parlebas (LEMTAS-Paris V). Le thème aux épistémologies historiquement divergentes qui tendent malgré tout vers
de sa thèse (sociologie de la une catégorie d'appréhension commune traduisant une vision nouvelle de connaissance) porte sur l'émergence l'ordre naturel et social. pluridisciplinaire du concept de réseau
et ses implications pour la La thèse que nous soutiendrons ici est que Le Rêve peut être analysé
compréhension de la société. Il a comme une sorte d'apologie du lien et de la communication dont l'expresobtenu par ailleurs un Diplôme
sion pleine se réalise à travers la figure du réseau qui autorise un vecteur d'Etudes Approfondies en histoire et
philosophie des sciences sous la unique de lecture d'une grande partie des oeuvres de Diderot. En effet, poser
direction du Prof. Dagognet sur le le propos du Rêve à l'interface de ses préoccupations politiques et scientithème des formes d'organisation des
fiques revient à déceler de nouveaux passages, des carrefours inédits et connaissances scientifiques. FLUX n°24 Avril -Juin 1996
surtout la formulation toujours renouvelée d'un modèle sibl

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