Le rituel de la slava et l imaginaire communautaire de l unité. Les Roumains de Homolje et les Serbes en France - article ; n°2 ; vol.16, pg 91-117
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Le rituel de la slava et l'imaginaire communautaire de l'unité. Les Roumains de Homolje et les Serbes en France - article ; n°2 ; vol.16, pg 91-117

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Revue européenne de migrations internationales - Année 2000 - Volume 16 - Numéro 2 - Pages 91-117
La slava est la fête du saint patron de la plus petite unité sociale, la maison. Ce rituel marque l'unité des vivants et des défunts au sein du groupe concerné et perpétue les relations de solidarité extra-lignagère par un système d'échanges réciproques d'invitations à la slava. C'est dans ce sens que les Roumains de Homolje (Nord-Est de la Serbie), qui se reconnaissent aussi comme Serbes, pratiquent le rituel jusqu'à la vague d'émigration économique qui a débuté dans le milieu des années 1960. À partir de ce moment, la slava a été adaptée à la nouvelle situation : elle contribue également à la cohésion des membres de la maison qui vivent dans au moins deux pays, et les relations de solidarité, qui étaient exclusivement roumaines car les deux communautés vivaient séparées, se construisent désormais avec les Serbes.
L'examen de la pratique de la slava en France révèle la volonté de maintenir l'unité de la maison malgré la dispersion de ses membres, et l'intégration de ce rituel, au cours des années 1990 marquées par les guerres yougoslaves, au processus d'assimilation à la nation serbe commencée au dix-neuvième siècle.
The Ritual of the Slava and the Unity of the Imagined Community. The Romanians from Homolje and the Serbs in France
The slava is the feast of the household's patron saint. This ritual shows the unity of the living and the dead of the group, and through a System of mutual invitations, fosters extra-lineage relationships of interdependence. Before economie migration began in the mid-1960s, the Romanians of Homolje (Northeastern Serbia), who also consider themselves Serbs, practiced the ritual in this way. Since then, the slava has been adapted to the new situation and contributes to the cohesion of households whose members live in different countries. Furthermore, relationships of interdependence, formerly exclusive to Romanians, because the two communities were living apart, are now extended to include Serbs.
The study of the slava as practiced in France shows the participants' détermination to maintain household unity despite geographie dispersion. Moreover, during the Yugoslavian wars in the 1990s, the ritual became linked to the process of assimilation to the Serb nation that began in the nineteenth century.
El ritual de la slava y las representaciones imaginarias comunitarias de la unidad. Los rumanos de Homolje y los serbios en Francia
La slava es la fiesta del santo patrón de la unidad social más pequena, la casa. Este ritual marca la unidad de los vivos y de los difuntos en el seno del grupo concernido y perpetúa las relaciones de solidaridad extra-linaje a través de un sistema de intercambios recíprocos de invitaciones a la slava. Éste era el sentido que otorgaban al ritual los rumanos de Homolje (Noreste de Serbia), que se reconocen también como serbios, hasta mediados de los anos 1960, fecha que coincide con el comienzo de la ola de emigración económica. A partir de este momento, la slava ha sido adaptada a la nueva situación. El ritual contribuye actualmente también a la cóhesion de los miembros de la familia que viven en al menos dos países. En cuanto a las relaciones de solidaridad, en el pasado exclusivamente rumanas puesto que las dos comunidades vivían separadas, se construyen en lo sucesivo con los serbios.
El examen de la práctica de la slava en Francia révéla la voluntad de mantener la unidad de la casa a pesar de la dispersión de sus miembros. Por otro lado, a lo largo de los anos noventa (marcados por las guerras yugoslavas), el ritual se ha integrado en el proceso de asimilación a la nación serbia que comenzó en el siglo diecinueve.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Dejan Dimitrijevic
Le rituel de la slava et l'imaginaire communautaire de l'unité. Les
Roumains de Homolje et les Serbes en France
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 16 N°2. Fêtes et rituels dans la migration. pp. 91-117.
Citer ce document / Cite this document :
Dimitrijevic Dejan. Le rituel de la slava et l'imaginaire communautaire de l'unité. Les Roumains de Homolje et les Serbes en
France. In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 16 N°2. Fêtes et rituels dans la migration. pp. 91-117.
doi : 10.3406/remi.2000.1729
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_2000_num_16_2_1729Résumé
La slava est la fête du saint patron de la plus petite unité sociale, la maison. Ce rituel marque l'unité des
vivants et des défunts au sein du groupe concerné et perpétue les relations de solidarité extra-lignagère
par un système d'échanges réciproques d'invitations à la slava. C'est dans ce sens que les Roumains
de Homolje (Nord-Est de la Serbie), qui se reconnaissent aussi comme Serbes, pratiquent le rituel
jusqu'à la vague d'émigration économique qui a débuté dans le milieu des années 1960. À partir de ce
moment, la slava a été adaptée à la nouvelle situation : elle contribue également à la cohésion des
membres de la maison qui vivent dans au moins deux pays, et les relations de solidarité, qui étaient
exclusivement roumaines car les deux communautés vivaient séparées, se construisent désormais
avec les Serbes.
L'examen de la pratique de la slava en France révèle la volonté de maintenir l'unité de la maison malgré
la dispersion de ses membres, et l'intégration de ce rituel, au cours des années 1990 marquées par les
guerres yougoslaves, au processus d'assimilation à la nation serbe commencée au dix-neuvième
siècle.
Abstract
The Ritual of the Slava and the Unity of the Imagined Community. The Romanians from Homolje and
the Serbs in France
The slava is the feast of the household's patron saint. This ritual shows the unity of the living and the
dead of the group, and through a System of mutual invitations, fosters extra-lineage relationships of
interdependence. Before economie migration began in the mid-1960s, the Romanians of Homolje
(Northeastern Serbia), who also consider themselves Serbs, practiced the ritual in this way. Since then,
the slava has been adapted to the new situation and contributes to the cohesion of households whose
members live in different countries. Furthermore, relationships of interdependence, formerly exclusive to
Romanians, because the two communities were living apart, are now extended to include Serbs.
The study of the slava as practiced in France shows the participants' détermination to maintain
household unity despite geographie dispersion. Moreover, during the Yugoslavian wars in the 1990s,
the ritual became linked to the process of assimilation to the Serb nation that began in the nineteenth
century.
Resumen
El ritual de la slava y las representaciones imaginarias comunitarias de la unidad. Los rumanos de
Homolje y los serbios en Francia
La slava es la fiesta del santo patrón de la unidad social más pequena, la casa. Este ritual marca la
unidad de los vivos y de los difuntos en el seno del grupo concernido y perpetúa las relaciones de
solidaridad extra-linaje a través de un sistema de intercambios recíprocos de invitaciones a la slava.
Éste era el sentido que otorgaban al ritual los rumanos de Homolje (Noreste de Serbia), que se
reconocen también como serbios, hasta mediados de los anos 1960, fecha que coincide con el
comienzo de la ola de emigración económica. A partir de este momento, la slava ha sido adaptada a la
nueva situación. El ritual contribuye actualmente también a la cóhesion de los miembros de la familia
que viven en al menos dos países. En cuanto a las relaciones de solidaridad, en el pasado
exclusivamente rumanas puesto que las dos comunidades vivían separadas, se construyen en lo
sucesivo con los serbios.
El examen de la práctica de la slava en Francia révéla la voluntad de mantener la unidad de la casa a
pesar de la dispersión de sus miembros. Por otro lado, a lo largo de los anos noventa (marcados por
las guerras yugoslavas), el ritual se ha integrado en el proceso de asimilación a la nación serbia que
comenzó en el siglo diecinueve.Européenne des Migrations Internationales, 2000 (16)2 pp. 91-117 91 Revue
Le rituel de la s lava et l'imaginaire
communautaire de l'unité.
Les Roumains de Homolje et les Serbes
en France
Dejan DIMITRIJEVIC
La slava est la fête du saint protecteur de la plus petite unité sociale, la
maison1. Jusque dans les années 1960, elle se déroulait sur trois jours, mais
progressivement sa durée a été limitée à deux jours2. Le rituel est composé d'offrandes
et de vœux. Les offrandes sont destinées au saint protecteur et aux autres divinités,
mais aussi aux défunts et aux vivants de la parentèle. Les vœux concernent la santé, la
fertilité, la fécondité et la réussite de la maison et de ses membres. La slava est
célébrée par les Serbes, les Monténégrins, les Bulgares, les Macédoniens et les
Roumains de Serbie et de Bulgarie. Son origine est pré-chrétienne ~.
* Maître de Conférence en ethnologie, membre du Soliis-Urmis, Université de Nice Sophia-
Antipolis
1 En tant que plus petite unité sociale, la maison désigne « a) un groupe de personnes
(apparentées ou non, vivants et défunts), b) un habitat, c) une propriété, d) une vie commune
(travail, repas, temps libre) et qui e) constitue une seule unité religieuse » (P. H. Stahl, 1986,
p. 17 sq., et 1992). Paul H. Stahl utilise le terme « maisnie » disparu du français contemporain
(La Curne de Saint-Palaye, 1980 : 232) pour désigner la plus petite unité sociale.
2 La slava décrite en annexe a duré deux jours. Il s'agit de la Saint-Jean, qui est célébrée le 20
janvier.
3 « Le premier archevêque serbe Sava (mort en 1235 à Trnovo) a confié au clergé le problème
des coutumes païennes, parmi lesquelles le « krsno ime » (le « nom de baptême » ; autre nom
de la slava), pour qu'il les déracine ou pour qu'il les christianise. C'était le cas aussi chez les
autres peuples slaves. Dès que les Églises ont commencé à réformer les coutumes populaires,
alors des différences sont apparues entre des pratiques qui étaient dans un premier temps
communes à tous les peuples Slaves ; chez certains peuples, les coutumes ont été mieux
conservées (chez les Serbes et chez les Bulgares), et nettement moins bien chez d'autres »
(P. Z. Petrovic, 1963 : 259). 92 Dejan DIMITRIJEVIC
La Slaua (selon la prononciation roumaine) est doublement fêtée actuellement,
d'une part, au village, et, d'autre part, en France, en Allemagne, en Suisse, en Autriche
et dans tous les autres pays d'émigration.
Dans cet article, nous nous intéresserons plus particulièrement à la slava telle
qu'elle est pratiquée par la population d'expression roumaine de la commune de
Petrovac na Mlavi (région de Homolje4) dans le village de Melnica, à Paris et dans la
Région parisienne5 depuis la seconde moitié des années 1960, qui a vu l'arrivée d'un
nombre important de Yougoslaves. Nous verrons ce que la migration a changé dans la
pratique de ce rituel à forte charge identitaire.
Bien que la terminologie serbe n'utilise plus le terme « roumain » pour
désigner cette population6, nous l'avons adopté, car c'est ainsi que les gens se
désignent eux-mêmes quand ils s'expriment en roumain, qui est leur langue maternelle.
LES MIGRATIONS DE LA POPULATION ROUMAINE DE
HOMOLJE
La présence d'une communauté roumaine dans cette région de Serbie est
principalement le résultat d'une immigration qui aurait débuté au XVIIIe
siècle selon T. Djordjevic (1906) ; Emil Petrovici (1942 : 41-76) pense qu'elle a
commencé un siècle plus tôt. D'après ces auteurs, cette population serait en grande
majorité originaire de Transylvanie. Ils basent leurs affirmations sur des critères
linguistiques car ils estiment que le roumain pratiqué dans cette région possède des
caractères linguistiques propres aux Roumains de Transylvanie. Cette immigration
serait la conséquence de la dureté de la vie sous l'occupation austro-hongroise (Stefan
Metes, 1977). Nous illustrerons l'historique des migrations des Roumains de Homolje
par le village de Melnica (Menita, en roumain). Sa population e

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