Le rôle de la papauté dans la guerre de l Aragon contre Gênes (1351-1356) - article ; n°1 ; vol.50, pg 221-249
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Le rôle de la papauté dans la guerre de l'Aragon contre Gênes (1351-1356) - article ; n°1 ; vol.50, pg 221-249

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1933 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 221-249
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1933
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Suzanne Duvergé
Le rôle de la papauté dans la guerre de l'Aragon contre Gênes
(1351-1356)
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 50, 1933. pp. 221-249.
Citer ce document / Cite this document :
Duvergé Suzanne. Le rôle de la papauté dans la guerre de l'Aragon contre Gênes (1351-1356). In: Mélanges d'archéologie et
d'histoire T. 50, 1933. pp. 221-249.
doi : 10.3406/mefr.1933.7238
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1933_num_50_1_7238LE ROLE DE LA PAPAUTE
DANS LA GUERRE DE L'ARAGON CONTRE GÈNES
(1351-1350)
Le 3 août 1351, Pierre IV le Cérémonieux, roi d'Aragon, allié de
la République de Venise, déclarait la guerre à la Commune de Gênes.
Cette guerre donna l'occasion à la Papauté d'exercer sa mission de
paix. C'est l'histoire de ces efforts, continus, patients, mais souvent
déçus par la mauvaise volonté des parties en cause, que nous nous
proposons d'étudier ici. L'histoire de la guerre dans son ensemble est
bien connue1. Il nous paraît utile, cependant, d'en retracer la genèse
au point de vue aragonais, le plus intéressant pour nous en même
temps que le plus négligé2, à la lumière d'un document encore iné
dit, la déclaration de guerre du 3 août 1351 3.
En fait, la guerre n'avait pas cessé entre la Commune de Gênes et
1 Nous n'avons pas l'intention de refaire ici l'histoire de cette guerre,
que l'on trouvera dans tous les ouvrages traitant de l'histoire de Gênes et
de Venise. Citons l'ouvrage de S. Romanin, Storia documentata di Venez
ia, t. Ili, Venise, 1855, in-8°, 409 p.; celui, plus récent, de H. Kretsch-
mayr, Geschichte von Venedig, t. 11, Gotha, 1920, est aussi plus sommaire
et n'apporte guère de nouveau. La Nuova Istoria de la Republica di Ge
nova de Canale, t. IV, Florence, 1864, in-16, 464 p., donne aussi un ré
cit des principaux événements.
2 Nous nous proposons d'étudier, dans un travail plus large, les rela
tions de la papauté avec le roi d'Aragon Pierre IV le Cérémonieux.
8 Pièce justificative, n° I. Une analyse bien faite (mais sous la date
du 15 juillet) est dans le recueil de R. Predelli, I libri commemoriali della
Republica di Venezia. Regesti, t. li, Venise, 1878, in-4o, 1. IV, n° 386, LE RÔLE DE LA PAPAUTÉ 222
Pierre IV depuis le début de son règne. Les Génois, insatiables et tur
bulents, ne pouvaient supporter de voir en la possession des Arago-
nais les îles de Corse et de Sardaigne, concédées autrefois en fief par
le pape Boniface Vili au roi d'Aragon, Jaime, moyennant un cens an
nuel de 2,000 marcs d'argent1. Ces deux îles, loin de toute autorité
directe, vivaient dans une anarchie chronique, agitées de luttes quasi
continuelles entre les principaux barons. Gênes y avait de nombreux
appuis et encourageait sournoisement les rebelles. En Corse, les ha
bitants, ayant plusieurs fois réclamé vainement secours au roi d'Ara
gon empêché2, finirent par se livrer à Gênes en 13478, sans que
Pierre VI ait pu tenter d'y maintenir une autorité autre que nomin
ale. Pour la Sardaigne, elle avait déjà fait l'occasion de plusieurs
expéditions génoises et d'une guerre ouverte. Sur l'entremise du pape
et du roi de France, la paix avait été signée en 1336 4.
Les Génois ne devaient pas tarder à la rompre. Leur premier tort
fut d'aider les barons Doria, rebellés contre l'autorité royale, au siège
de Sassari r>. Ils envoyèrent même à leur secours une flotte de dix ga-
p. 192 (Monumenti Storici publicati dalla R. Deputazione Venela di Sto
ria Patria, t. III). C'est à ce tome que renvoient les notes suivantes.
1 Rinaldi, Annales Ecclesiastici, t. IV, p. 217-221 (4 avril 1297).
2 Par exemple en 1340, en 1344. Zurita, Anales de la Corona de Ara
gon, t. II, 1610, fol. 141 et 181 v.
4 Sans nous mêler d'éclaircir la question de la date à laquelle Gênes
s'assura définitivement de la Corse, déjà débattue par Colonna
de Cesari Rocca, Notes critiques sur Gênes et la Corse (1347-1360),
Gènes, 1900, in-16°, 16 p., et Ugo Assereto, Genova e la Corsica, 1353-
1378, La Spezia, 1900, in-8°, 95 p., il semble cependant que le premier
ait raison de fixer l'expédition la plus importante des Génois en Corse en
1347. Un argument en faveur de cette thèse, qui est celle de Villani, est
dans le fait que Pierre IV, en 1351, considère la Corse comme perdue
pour lui (pièce justificative, n° I); sans compter les arguments fournis
par Assereto lui-même dans un autre ouvrage, Di alcuni documenti poco
noti dell' Archivio di Genova, dans Giornale storico e letterario della Ligur
ia, t. I (1900), p. 119-126.
4 Zurita, II, fol. 119.
5 Cf. Zurita, II, fol. 205 r° et 243 v°; Gio. Villani, 1. XII, eh. xcix, ap.
Muratori, lift. II. SS., t. XIII. La cité de Sassari se donna même à LA GUERRE DE l'ARAGON CONTRE GÊNES 223 DANS
lères commandée par le fils même du doge. D'ailleurs, ils agissaient
ouvertement, expliquant par ambassade à Pierre IV qu'ils n'enten
daient pas rompre avec lui, mais simplement récupérer des droits an
ciens1. Un peu plus tard, la ville de Sassari étant toujours en dang
er, Alghero se rebella aussi, approvisionnée en victuailles et en
troupes par Gênes2.
Mais la Papauté veillait. Clément VI gouvernait alors la chrétienté.
Ce pape diplomate avait imaginé un plan hardi de croisade en l
iguant les Latins d'Orient et les Vénitiens contre les Turcs. La guerre
qui venait de s'ouvrir entre Venise et Gênes, simple phase de la rival
ité de ces deux puissances pour l'hégémonie de la Méditerranée, ne
pouvait que faire obstacle à ses projets en immobilisant d'impor
tantes forces navales. Aussi s'occupa-t-il très vite d'y remédier : dès
le mois de mai, il convoquait à Avignon les ambassadeurs vénitiens
et génois pour les liguer entre eux contre les Turcs3. A plus forte rai
son s'interposa-t-il pour empêcher Gênes et Aragon d'en venir aux
armes. La Commune envoya ses négociateurs au Saint-Siège. Ma
gnanimement, Pierre IV promit d'envoyer aussi les siens, en vue
d'une révision du dernier traité de paix. De ses deux envoyés, l'un
devait venir de l'île de Majorque; il se trouva retardé dans son
voyage. Mais, avant qu'il ait pu atteindre Avignon, Pierre IV recevait
une lettre du gouverneur de Sardaigne, Riambao deCorbera, l'aver
tissant que les Génois avaient envoyé à Alghero un vicaire, pour y
recevoir les hommages des habitants, en même temps qu'ils priaient
Brancaleon Dori-a, à titre de citoyen de la Commune, de soutenir leur
podestat dans sa tâche4.
Gênes, d'accord avec le juge d'Arborée ; Assereto, IH ale. doc. poco noli,
p. 124 et η. 2.
1 Zurita, II, fol. 222 v°-223.
2 Ibid.
3 Rinaldi, Ann. eccl., t. VI, p. 518.
4 Brancaleon venait alors de se réconcilier avec Pierre IV. Zurita, II,
fol. 239 v°. LE RÔLE DE LA PAPAUTÉ 224
Justement indigné, le roi d'Aragon pria le doge Jean de Valente de
rappeler d'Alghe ro son envoyé. Le doge, soit qu'il ne voulût pas de
guerre, soit qu'il ne se jugeât pas prêt, se confondit en excuses, pré
tendant avoir été trompé par les Dori a, et promit de ne pas accepter
la juridiction d'Alghero. Ceci se passait en octobre 13501. Bien en
tendu, à la suite de ces événements, le roi d'Aragon ne crut pas utile
de faire poursuivre son voyage à son envoyé de Majorque; le premier
envoyé à la Cour pontificale, au lieu de parler de paix, présenta ses
doléances aux ambassadeurs génois, qui, reprenant les paroles du
doge, s'excusèrent « par des paroles raisonnables2 ».
A bon escient ou non, c'est le moment que choisit la république de
Venise, qu'une récente défaite venait de décourager, pour envoyer
une ambassade au roi d'Aragon. Les meilleurs rapports unissaient les
deux pays, que déjà, en 1345, la peur des Génois avait rapprochés3.
Sans aide, la République ne pouvait venir à bout de sa rivale, dont
la flotte était supérieure ; mais Venise était riche, les florins et les du
cats abondaient dans la cité commerçante. Jean Gradenigo vint donc,
à la fin de 1350, à Perpignan4 et y fit un long séjour, non sans prof
it. En effet, tout un parti du Conseil du Roi voulait rester en paix
1 La lettre de Pierre IV (4 octobre 135

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