Le romantisme et la critique: la presse littéraire sous la restauration, 1815-1830

Des Granges Charles Marc 1861-

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Extrait

18171, PARIS SOCIÉTÉ DV MERGVRE DE FRANCE XXVI, DE CONDÉ, XXVIRVE TIRAGEJ^USTIFIGATION DU '*H 1 réservés pour tous payiDroits de traduction etde reproduction INTRODUCTION l'utilité des JOURNAUX POUR l'hISTOIRE LITTÉRAIREDE La plus belle et la plus rare forme de la critique est, celle que Ton croit raillerincontestablement, ou dépré- subjective." />

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LA PRESSE LITTÉRAIRE
sous LA. RESTAURATIONDU MÊME AUTEUR
GEOrFROY ET LA CRITIQUE DRAMATIQUE ETSOUS LE CONSULAT
Fran-l'empire, 1800-1814, Couronné par VAcadémie
çaise (Hachette 1 vol.et G^")
RESTAURATION ET LALA comédie et les MOEURS SOUS LA
MONARCHIE DE JUILLET, 1815-1848, Couronné par /'Aca-
démie Française (Fontemoing) 1 vol.CH.-M. DES GRANGES
ET LALE ROMANTISME CRITIQUE
La Presse Littéraire
SOUS
Restauration
1815-1830
Quand je voudrai me faire une idée nette des
mœurs d un siècle, je la chercherai moins dans
les faits que dans la manière dont ils sont ra-
contés par les contemporains, et dans l'impres-
sion qu lis ont produite sur ceux qui en ont été
les témoins
GmzoT. Archives philosophiques, ii'> 18171,
PARIS
SOCIÉTÉ DV MERGVRE DE FRANCE
XXVI, DE CONDÉ, XXVIRVETIRAGEJ^USTIFIGATION DU
'*H 1
réservés pour tous payiDroits de traduction etde reproductionINTRODUCTION
l'utilité des JOURNAUX POUR l'hISTOIRE LITTÉRAIREDE
La plus belle et la plus rare forme de la critique est,
celle que Ton croit raillerincontestablement, ou dépré-
subjective. quicier en la traitant de Unhomme sait lire^
un philosophe,qui est un penseur et qui a le goût fin
nouset la sensibilité juste, s*il dit ce qu'il éprouve à la
lecture d'un livre, nous apprend à lire : il nous aide à
conscience de nos propres impressions, et àprendre
dégager du trésor d'humanité renfermé dans les chefs-
tout ce qui convient encore à notre temps et àd'œuvre
critique de ce critique vaudra cenous.La qu'il vaut lui-
pourquoi il a,tout comptemême.Voilà fait,un si petity
grands critiques.Mais qu'ilsnombre de contre ceux-là,
s'appellent, pour ne citer que des morts, Sainte-Beuve,
Prévost-Paradol ou Nisard, les chicanes de détail ne
prévaudront jamais. Ils peuvent (ce qui est rare) s'être
sur une date, avoirtrompés mal connu la bibliographie
et citéde leur auteur un texte d'après l'édition quiLA PRESSE LITTERAIRE
la meilleure, peu importe ils restent aussin'est pas ;
érudits, que « l'esprit de finesse » l'em-supérieurs aux
« l'esprit de géométrie ».porte sur
littéraire,ceux qui écrivent Vhistoire consi-Quant à
une périodedérée soit dans son ensemble, soit dans
de faire delà critiquerestreinte, ils fontou ils essayent
pratique aujourd'hui, l'histoireobjective. Telle qu'on la
parvenue à un tel point de sûreté et delittéraire est
clairvoyance, qu'elle semble bien avoir définitivement
constitué sa méthode et sa forme. Mais,on doit l'avouer,
guette incessamment las'il est un défaut qui critique
objective, c'est le retour inconscient au subjectivisme.
défaut au sens propre du mot ? Non, sansEst-ce un
s'il est vrai qu'on a toujours plaisir et profit àdoute,
rencontrer dans un livre des idées et des sentiments :
on s'attendait de trouver un érudit, et l'on trouve un
homme.
Mais cette contradiction n'est pas toujoursheureuse
;
et elle est en soi la ruine de toute méthode. Le subjec-
tivisme, s'il se glisse dans la critique historique, y
agit comme une sorte de dissolvant. Tel critique pré-
tend reconstituer le milieu et le moment mais il tire;
cette reconstitution soit du chef-d'œuvre même qu'il
étudie, soit de son propre fonds. Il s'est fait, de la
meilleure foi du monde,une idée préconçue d'un siècle,
d'une civilisation, d'une société et c'est son imagina-;
tion qui dresse et plante le décor. 11 cite des documents;
mais il est guidé, dans leur choix, par la nécessité de
soutenir sa thèse ou de ruiner celle d'autrui. Et l'on
dirait qu'il ignore ou qu'il élimine tout ce qui ne rentre
pas dans son système, système d'intellectuel ou de mo-
raliste, non d'historien.
Faire de critiquela objective et historique, ce n'est
pas « mettre l'histoire au service de ses idées », c'est