Le « Traité des sacrifices » du Hanshu et la mise en place de la religion d État des Han - article ; n°1 ; vol.84, pg 111-127
18 pages
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Le « Traité des sacrifices » du Hanshu et la mise en place de la religion d'État des Han - article ; n°1 ; vol.84, pg 111-127

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1997 - Volume 84 - Numéro 1 - Pages 111-127
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marianne Bujard
Le « Traité des sacrifices » du Hanshu et la mise en place de la
religion d'État des Han
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 84, 1997. pp. 111-127.
Citer ce document / Cite this document :
Bujard Marianne. Le « Traité des sacrifices » du Hanshu et la mise en place de la religion d'État des Han. In: Bulletin de l'Ecole
française d'Extrême-Orient. Tome 84, 1997. pp. 111-127.
doi : 10.3406/befeo.1997.2475
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1997_num_84_1_2475« Traité des Sacrifices » du Honshu Le
et la mise en place de la religion d'État des Han
Marianne BUJARD
Dans son ouvrage intitulé Crisis and Conflict in Han China, Michael Loewe a
consacré un important chapitre à la réforme de la religion impériale engagée pendant le
règne de l'empereur Cheng $£ (32-7) *. Il montre comment les lettrés de la tradition
guwen ^S~% tentèrent une restauration de l'ancienne religion royale des Zhou, tandis
que la mise en place des cultes pour le Ciel et la Terre faisaient écho à la prééminence
du couple y in ttyang dans les théories cosmologiques de l'époque. En prenant pour
point de départ la réforme au cours de laquelle Kuang Heng ШШ et d'autres lettrés
obtinrent la suppression de centaines de cultes anciens, Michael Loewe retrace
l'évolution de la religion impériale sous les Han.
L'article qui suit se propose d'envisager cette même question, mais en abordant la
construction de la religion impériale dans le cadre d'une opposition entre d'un côté, des
pratiques religieuses vivantes, héritées des Royaumes Combattants et soutenues à la
cour par les fangshi ^fib, et, de l'autre, un modèle religieux de tradition livresque,
centré sur la personne du souverain, et défendu par des lettrés-fonctionnaires,
spécialistes des Classiques. Une attention particulière sera portée à la deuxième partie
du « Traité des Sacrifices » Я^Ел^ du Hanshu ШШ 2, dans laquelle l'émergence du
plus grand rituel du culte impérial, le sacrifice au Ciel (jiao #[$), permet de suivre, entre
la fin du règne de l'empereur Wu Ш (141-87) et le règne de Wang Mang T.# (9-
23) 3, l'apparition d'une religion impériale nouvelle, construite sur un mode
radicalement différent de celui qui avait prévalu par le passé.
1. Crisis and Conflict in Han China, « K'uang Heng and the Reform of Religious Practices —
31 ВС », p. 154-192, Allen et Un win, London, 1982.
2. Le « Traité des Sacrifices » du Hanshu se divise en deux parties, shang et xia. La première
partie recopie, avec des variantes peu importantes, le « Traité sur les sacrifices feng et shan » des
Mémoires historiques de Sima Qian rLUM (145 ?-86 ?), traduit une première fois par Edouard
Chavannes sous le titre Le Traité sur les sacrifices fong et chan de Se-ma T'sien, Pékin 1890 (extrait
du Journal of the Peking oriental Society), puis dans Les Mémoires historiques de Se-Ma Ts'ien (6
vol., Ernest Leroux, Paris 1895-1905), t. II. 2, p. 413-519, et par Burton Watson dans Records of the
Grand Historian of China (2 vol., Columbia University Press, New York and London, 1961), « The
Feng and Shan Sacrifices », vol. 2, p. 13-69. La deuxième partie, à l'exception des quelques pages du
début, qui sont en fait la fin du « Fengshan shu », a été rédigée par Ban Gu (32-92) entre 54 et 92 de
notre ère. À ma connaissance, il n'existe pas de traduction complète en langue occidentale de cette
seconde partie, mais seulement une version japonaise par Kano Naosada ШШЖШ et Nishiwaki
Tsukeni ЩЩ1&Ш, Kanjo kôshi shi ЩЩ^, Tôyô bunko 474, Tokyo 1987 ; j'ai proposé une
traduction en français dans ma thèse (« Recherche sur le sacrifice au ciel à l'époque des Han
antérieurs », École pratique des hautes études, section des sciences religieuses, Paris, 1994, p. 288-
368).
3. Cette deuxième partie commence en 108 avant notre ère, pendant le règne de l'empereur Wu
(r. 141-87), et s'achève à la fin du règne de Wang Mang, en 23 de notre ère. 1 1 2 État et rituel MARIANNE BUJ ARD
Les sacrifices impériaux
Comment se présente la religion impériale au seuil du premier siècle avant notre
ère ? À cette époque, les cultes impériaux se caractérisent à la fois par leur diversité et
leur large distribution géographique 4. Les sacrifices conduits par l'empereur Wu
peuvent se répartir en trois groupes :
— les sacrifices de Yong Ш 5, l'ancienne capitale des Qin Щ;
— les de Ganquan "Й"^ et Hedong МЖ 6, adressés respectivement à
Taiyi Ш~^ etàHoutu jp±
— les sacrifices du Taishan Ulil- À ces trois grands ensembles, il convient
d'ajouter la quantité de cultes que l'empereur honore de sa présence sur les lieux saints
du pays.
Les sacrifices de Yong
Sima Qian note que selon « un auteur » (^B), la région de Yong, parce que c'était
un lieu élevé, fut dès la plus haute antiquité un séjour prisé des divinités. Nombre de
cultes s'y trouvaient rassemblés et on accomplissait le sacrifice jiao Щ pour Shangdi
_hiíf 7. L'Empereur Jaune y aurait sacrifié en son temps et, « quoique sur le tard, écrit
l'historien, les Zhou y célébrèrent aussi le sacrifice jiao 8. »
En réalité, il semble que la restauration des sacrifices à Yong fut le fait du duc De
Ш de Qin, lorsqu'il y établit sa capitale en 676 avant notre ère 9. Sima Qian relève
ensuite qu'en 253, Г arrière-grand-père de l'empereur Qin Shihuang Ш$дэЁ, le roi
Zhaoxiang ЩШ, « accomplit à Yong le sacrifice jiao à/aux Shangdi 10. » Des sacrifices
avaient été offerts dans les siècles précédents à l'un ou l'autre des Empereurs de
Couleur. Ainsi, le duc Xiang Ш de Qin sacrifia-t-il en 769 à l'Empereur Blanc, Shao
4. Nous ne parlons pas ici des cultes ancestraux, dont il est d'ailleurs très peu question dans le
« Traité des Sacrifices » ; à ce sujet voir l'article de Michael Loewe, « The Imperial Tombs of the
Former Han Dynasty and their Shrines » T'oung Pao, LXXVIII (1992), p. 302-340.
5. Près de la ville actuelle de Fengxiang ШШ, au nord de Baoji ЩЩ. (Shaanxi).
6. Ganquan se trouvait à soixante-dix kilomètres au nord-ouest de Chang'an ; les sacrifices pour
Houtu avaient lieu à Fenyin %дШ, à l'est du fleuve Jaune, dans la commanderie de Hedong, située à
plus de deux cents kilomètres au nord-est de Chang'an.
7. Faut-il traduire Shangdi au pluriel ou au singulier ? Pour les Qin et les Han, le pluriel rend
mieux le fait que le culte était adressé à quatre, puis cinq empereurs ; ceux-ci devaient-ils être considér
és à leur tour comme des hypostases d'un Shangdi unique ? Il semble que pour les Shang et les Zhou,
le singulier soit largement accepté. Cependant, même pour l'Antiquité, la possibilité que Shangdi dé
signe « les ancêtres royaux » ne peut être formellement écartée, ainsi que Robert Eno (« Was there a
High God in Shang Religion », Early China, 15, 1990) l'a suggéré. Ces questions seraient matière à
une étude spécifique.
8. Chavannes, p. 421 ; Shiji, XXVIII, p. 1359. Toutes les références aux Hanshu (1983), Hou Han
shu (1982) et Shiji (1982) se rapportent aux éditions de la Zhonghua shuju, Pékin.
9. Shiji, XXVIII, p. 1360.
10. Ш.ЙЩ-Ь'^г^Ш, Shiji, V, p. 218. L' expression jiaojian 5?|Щ est fréquemment employée,
on trouve par exemple jiao jian wu zhi %)*ИЕЩ (Shiji, XXVIII, p. 1384), ou jiaojian Taiyi
JZ— Jnlyfc— , ibid. * (ibid. p. 1395 p. ) 1395) ou jiao ; le ci fait $$Щ que jiao (jiao jian ci Taiyi, commute ibid. avec p. 1398) jiao bai tend $$ffî- à montrer (jiao qu'il bai Taiyi s'agit $$ d'un
syntagme figé où la valeur sémantique de jian « voir » n'est pas forcément pertinente. Elle peut tout de
même suggérer que les divinités étaient présentes au moment du sacrifice et que le sacrifiant allait en
effet les « voir » ou leur « rendre visite ».
BEFEO 84 (1997) Le traité des sacrifices du Hanshu et la religion d'État des Han 113
Hao ^fê|, dans le lieu saint de Xi Щ u. Le duc Wen ~JC de Qin offrit un sacrifice
jiao à ce même empereur en 753 dans le lieu saint de Fu Ш n. En 671, leducXuan je
de Qin consacra des offrandes à l'Empereur Bleu (ou Vert, i=f if?

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