Léonard Eugène Aurousseau (1888-1929) - article ; n°1 ; vol.29, pg 535-541
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Léonard Eugène Aurousseau (1888-1929) - article ; n°1 ; vol.29, pg 535-541

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1929 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 535-541
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Victor Goloubew
Léonard Eugène Aurousseau (1888-1929)
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 29, 1929. pp. 535-541.
Citer ce document / Cite this document :
Goloubew Victor. Léonard Eugène Aurousseau (1888-1929). In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 29, 1929.
pp. 535-541.
doi : 10.3406/befeo.1929.3304
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1929_num_29_1_3304NÉCROLOGIE
Léonard-Eugène AUROUSSEAU
(1888 t 1929).
Le 24 janvier 1929 est mort à Yerres (S. et O.), à l'âge de quarante ans, Léonard-
Eugène Aurousseau, directeur de l'Ecole Française d'Extrême-Orient. Le radiogramme
qui fit connaître la triste nouvelle à ses collaborateurs en Indochine, ne contenait
aucun détail précis. Les lettres laissées par le défunt ne permettent point d'élucider
les raisons qui le déterminèrent à mettre fin à ses jours. Pendant son congé en
France, il avait vécu dans un isolement presque complet. On le savait souffrant, dé
couragé par de fréquents accès de paludisme, mais personne n'avait soupçonné la
gravité de la crise morale qu'il traversait. Sa mort restera donc une navrante énigme
pour ceux qui l'ont connu et aimé.
Né le 12 juillet 1888 à Cannes, L. Aurousseau fit ses premières études aux collè
ges de Saintes, de Montluçon et de Montbéliard ; il entra ensuite au lycée Henri IV
à Paris. Dès l'âge de quatorze ans, son imagination avait été attirée par l'Extrême-
Orient. Lorsqu'il eut obtenu son diplôme de baccalauréat, il se fit inscrire à l'Ecole
des Langues orientales où il devint l'élève de M. A. Vissière. En même temps, il sui
vait les cours d'Ed. Chavannes à l'Ecole des Hautes Etudes.
Grâce aux excellentes leçons de M. Vissière, le jeune étudiant vint aisément à
bout des premières difficultés. Il apprit le mécanisme de l'écriture chinoise et réalisa
de rapides progrès dans le kouan-houa. Mais ce fut l'enseignement de Chavannes
qui l'initia aux problèmes de la sinologie moderne et lui fit entrevoir, dans toute sa
.vaste étendue, le domaine où allait s'engager son activité scientifique.
On sait quel maître prodigieux a été Edouard Chavannes. Travailleur puissant et
discipliné, homme affable, esprit ouvert à tout ce qui est grand et beau, il avait la
confiance absolue de ses élèves et savait éveiller en eux des dons précieux. Ses cons
eils et ses entietiens disciplinaient leur ardeur, la rendaient plus consciente, plus
appliquée. Son exemple les incitait à se donner entièrement à leur tâche, à ne pas
ménager leurs efforts.
L'action animatrice de Chavannes s'exerçait autant par la parole que par le rayon
nement qui semblait émaner de toute sa personne, et surtout de ses yeux bleus au
regard limpide et pénétrant où s'allumait de temps â autre comme le reflet d'une flam
me intérieure. Aussîses disciples avaient-ils pour lui une admiration infinie. Il était
leur grand ami autant que leur maître spirituel. Ce sentiment se reflète dans une
page de L. Aurousseau écrite en 1922 à propos de la réédition d'une étude de Chavann
es sur L'Expression des vœux dans l'art populaire chinois (').
fi) BEFEO., XXII, 298. - - 536
en relisant ce joli travail, d'une intense émotion. J'ai été «Je n'ai pu me défendre,
reporté soudain à quinze années plus tôt, en 1908, dans une salle de l'Ecole des
Hautes Etudes, où Edouard Chavannes venait d'ouvrir son cours à la section des
Sciences religieuses. Nous étions là une dizaine d'étudiants venus pour l'écouter, et
notre maître, si jeune encore, semblait au milieu de nous un frère aîné affable et
bienveillant. Avant de commencer sa première leçon qui portait, je me le rappelle,
sur les caractères chinois formés par associations d'idées et en rapport avec les con
ceptions religieuses, Edouard Chavannes distribua à chacun de ses auditeurs un
tirage à part d'un de ses articles, paru quelques années plus tôt dans le Journal asia
tique et intrtufé-f)e l'expression des vœux dans l'art populaire chinois.
« Le choix que notre professeur, parmi ses nombreux travaux, avait fait de cet
article particulier pour être offert en don d'heureux augure, n'était pas dicté par le
hasard. Il ne voulait pas non plus marquer seulement l'ouverture d'une série nou
velle de leçons ou le désir du maître d'exprimer, à la chinoise, ses vœux pour les
futures recherches de ses étudiants.
«En nous offrant cette petite étude, Edouard Chavannes savait qu'elle nous ins
truirait et qu'elle nous séduirait. Aucune ne pouvait mieux faire comprendre et faire
aimer la Chine à des apprentis sinologues ; de plain-pied, elle devait nous révéler,
dans un de ses aspects curieux, la vie réelle de ce pays et la bonne méthode philo
logique qui permet de la découvrir.
, « En effet, on retrouve dans ces quelque quarante pages la solidité et la saveur de
toute l'œuvre d'Edouard Chavannes. L'érudition y est riche, ingénieuse et péné
trante, quoique discrètement voilée ; la science y demeure souriante et le style d'une
délicate limpidité. On nous fait pénétrer ici dans un sujet en apparence restreint,
mais pour mieux nous montrer, en manière de conclusion, comment il faut en sortir
et s'élever aux vues générales. »
L'année à laquelle se rapporte cette page marque un point culminant dans l'ac
tivité de Chavannes. Il venait d'accomplir son voyage archéologique dans la Chine
septentrionale et travaillait à la mise au point des matériaux rapportés par lui du
Ho-nan, du Chan-tong et de la Mandchourie. Dans ses cours au Collège de France
et à l'Ecole des Hautes Etudes, il ne se contentait pas, ainsi que l'avaient fait ses
prédécesseurs, de traduire et de commenter des textes. Il appuyait son enseignement
sur une riche documentation plastique qui initiait ses auditeurs à l'art monumental
de la Chine.
Ce fut pour «l'apprenti sinologue» comme la résurrection d'un monde insoup
çonné de lui, où le témoignage des pierres sculptées s'ajoutait à celui des textes et
où la vision esthétique avait sa large part. Non moins profonde fut l'impression
produite sur lui par le retour de la mission Pelliot qui venait de traverser l'Asie
centrale et rapportait un grand nombre de manuscrits, de peintures, de statues,
d'estampages et de photographies.
En automne 1910, Aurousseau partait pour l'Indochine pour y être affecté comme
jeune soldat de la classe 1909, à un régiment d'infanterie coloniale. Les dieux de la
mer ne lui furent pas propices. Au large de Tourane, une tempête formidable se
déchaîna. C'était le fameux typhon du 27 septembre qui dévasta £>ông-hcri et une
grande partie du Nord-Annam. Désemparé et ayant ses machines disloquées par les
coups de roulis, le Colombo, paquebot annexe des Messageries Maritimes, ne put se
mettre à l'abri des vagues et faillit se perdre. Il s'échoua finalement devant l'île du Eugène AUROUSSEAU. Léonard - - 537
Tigre où un aviso de la marine de guerre vint à son secours. Les voyageurs furent
quittes pour l'émotion et la perte de leurs bagages.
Arrivé à Hanoi, le jeune sinologue fut incorporé au 10° Colonial. Il obtint la
permission de travailler à l'Ecole Française d'Extrême-Orient à laquelle il appartenait
déjà moralement et où Claude Maître, son futur directeur, lui fit un amical accueil.
Sa nomination comme pensionnaire de cette Institution eut lieu en iqu.
En février 1912, Aurousseau est chargé d'une mission pour la Chine. Après un séjour
de quatre semaines à Changhai, il se rend à Hang-tcheou où il étudie le Sseu-k'ou
ts'iuan chou ou Catalogue Impérial déposé par K'ien-long dans le Wen-lan-ko.
Hang-tcheou, avec ses jardins déserts et ses palais envahis par les herbes, lui
laisse un souvenir ineffaçable ; il y éprouve les mêmes sensations que d'autres
voyageurs ont connues à Venise, à Ravenne, à Bruges... Le grand silence de la ville
morte, propice à ses recherches, l'incite à étudier l'histoire des derniers empereurs

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