Les accords inter-entreprises, partage ou partenariat ? - Les stratégies des groupes européens du traitement de l information - article ; n°1 ; vol.55, pg 135-161
28 pages
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1991 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 135-161
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Michel Delapierre
Les accords inter-entreprises, partage ou partenariat ? - Les
stratégies des groupes européens du traitement de l'information
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 55. 1er trimestre 1991. pp. 135-161.
Citer ce document / Cite this document :
Delapierre Michel. Les accords inter-entreprises, partage ou partenariat ? - Les stratégies des groupes européens du traitement
de l'information. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 55. 1er trimestre 1991. pp. 135-161.
doi : 10.3406/rei.1991.1355
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1991_num_55_1_1355MICHEL DELAPIERRE
LAREA/CEREM
CNRS/Université Paris X.Nanterre
LES ACCORDS INTER-ENTREPRISES,
PARTAGE OU PARTENARIAT ?
LES STRATÉGIES DES GROUPES EUROPÉENS
DU TRAITEMENT DE L'INFORMATION
Les accords inter-firmes sont depuis quelques années l'objet d'une très forte
attention tant de la part de la presse d'affaires que des milieux académiques,
signe de l'actualité marquée du phénomène. La recension effectuée par la Revue
d'Économie Industrielle montre, mis à part l'article de Richardson en 1972 et sur
tout les travaux de O.E. Williamson à partir de 1975, une nette accélération depuis
1985 des recherches menées sur le thème général de la coopération industrielle (Dul-
becco 1990).
Les relations contractuelles entre entreprises ne sont cependant pas une nou
veauté. Les accords de sous-traitance, de concession de licence ou de filiale com
mune sont des formes anciennes et traditionnelles auxquelles de nouvelles sont
venues s'adjoindre, contribuant à une prolifération de modalités qui tend à brouiller
les tentatives de définition de l'objet lui-même (Michalet 1988).
Les vertus du consensus, produit de la négociation, par opposition à l'affron
tement direct, sont aujourd'hui mises en avant comme nouvelle forme quasi uni
verselle des relations au sein du système social. Dans la majeure partie des dis
cours la contrainte imposée cède le pas au pacte. Au sein de l'entreprise l'accent
est passé de la hiérarchie au travail d'équipe, valorisant l'initiative de chacun plus
que la soumission aux directives venues du sommet. Entre firmes les collaborat
ions et alliances marquent la recherche de partenaires parmi les concurrents d'hier
et d'aujourd'hui. Un ensemble important de travaux empiriques a mis en évidence
l'accélération des formes de relations contractuelles inter-entreprises depuis le début
des années 80 qui a particulièrement touché les secteurs les plus représentatifs de
l'évolution du système industriel : le domaine des hautes technologies (1). Pour
le seul champ des industries du traitement de l'information G. C. Cainarca,
M.S. Colombo et S. Mariotti ont dénombré entre 1980 et 1986, 2014 accords
(1) On en trouvera un recensement dans le survey réalisé par F. Chesnais (1988).
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 55, 1er trimestre 1991 135 conclus et publiés dans le monde entier avec une multiplication par six entre 1980
et 1986. J. Peet et K.J. Hladik (1989) ont noté que le nombre d'accords conclus
par les quinze premiers constructeurs informatiques est passé d'environ 40 par
an à la fin des années 70 à plus de trois fois ce nombre aujourd'hui. La base de
données du LAREA/CEREM sur les opérations des groupes européens a identi
fié 710 cas d'accords entre 1980 et 1989.
Au même moment l'industrie connait une nouvelle vague formidable de
concentrations conduisant à la formation de groupes fortement intégrés. Le pro
jecteur est aujourd'hui braqué sur les OPA, inamicales dans un certain nombre,
de cas et sur les luttes dont elles sont le théâtre. Le feuilleton de l'attaque de GEC
et Siemens sur Plessey en fournit un exemple particulièrement illustratif . Aux États-
Unis 12 200 sociétés et départements d'entreprise ont changé de main entre 1983
et 1986 pour un montant cumulé de transactions de $ 490 milliards, équivalent
à près du cinquième de la capitalisation boursière totale (2). Le LAREA/CEREM
a repéré 293 prises de participation majoritaires ou absorptions impliquant des
groupes européens dans le domaine du traitement de l'information sur la période
1980-1989.
Plutôt qu'à une transformation des relations inter-entreprises qui correspond
rait au passage de stratégies de croissance par intégration, ou internalisation,
à des stratégies d'alliance, on assiste à la conjonction des deux types de comport
ement. Entre juin 1987 et septembre 1988, sur 501 opérations entre firmes dans
les secteurs de haute technologie 231, soit 46%, étaient des fusions ou des absorpt
ions, et 270, soit 54%, étaient constituées d'alliances contractuelles ou de format
ions de filiales communes (3).
Le retour de l'attention vers les grandes opérations de concentration contribue
à rendre son importance au jeu de la concurrence. L'idéologie croissante du
consensus a souvent conduit à l'utilisation quasi-systématique des termes de co
llaboration ou d'alliance pour la dénomination des accords de type contractuel
conclus entre firmes. Elle a même marqué une nette propension à déborder le strict
cadre des accords et à couvrir par extension l'ensemble des relations inter-groupes
ainsi qu'en a témoigné la présentation de l'absorption des activités européennes
de télécommunication d'ITT par la CGE comme un « accord » entre les deux socié
tés. Les accords ne substituent pas la coopération à la concurrence. Ils ont, d'une
part, pour objet de permettre à l'ensemble des partenaires de résister ou de lancer
une attaque contre les groupes qui n'en sont pas membres. Ils servent, d'autre
part, de cadre d'exercice de rapports d'influence, voire de domination entre les
partenaires eux-mêmes (4), ce qui n'exclut pas la coopération ni les alliances.
Le caractère d'actualité, plutôt que de nouveauté, des accords ne tient pas tant
à l'accroissement de leur nombre, qu'à leur généralisation à l'ensemble des fonc
tions de la firme, de la R&D à la commercialisation en passant par la fabrication.
(2) Business Week, 12.01.87.
(3) C. Farrands (1988).
(4) Ce caractère a été fortement affirmé par Y. Doz, G. Hamel et C.K. Prahalad (1986), quoique
de manière trop exclusive.
136 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 55, l8' trimestre 1991 Plus fondamentalement, il marque une transformation de la stratégie des firmes
face à un environnement changeant et incertain. Les pouvoirs publics nationaux
en ont pris clairement conscience, qui ont revu leurs législations antitrust, adopté
des mesures pour faciliter les recherches en commun et lancé des programmes de
R&D coopérative pour développer la compétitivité internationale de leurs entre
prises. La transformation des stratégies fonde la spécicifité actuelle du recours
aux accords dont la logique ne doit pas alors être cherchée au terme d'une analyse
de la forme des accords mais plutôt dans l'étude de leur fonction au sein des stra
tégies des entreprises.
L'ensemble des activités industrielles liées au traitement de l'information offre
un champ d'analyse particulièrement adapté du développement des accords de coo
pération. Elles constituent, tout d'abord, un vaste domaine de déploiement de
technologies génériques dont les accords permettent la diffusion transversale et
assurent la rencontre de compétences complémentaires. L'ensemble de ces tech
nologies forme, ensuite, la base de développement de secteurs industriels diffé
renciés, composants, informatique, télécommunications, automatismes industriels
où perdurent des logiques de concentration d'actifs similaires.
Dans le cadre de l'approfondissement de la globalisation des industries du tra
itement de l'information (Delapierre 1989), les groupes issus des pays membres
de la Communauté européenne sont soumis à une double contrainte, celle de la
formation d'une base de compétences en combinant des savoirs et des savoirs-
faire complémentaires dans tous les domaines du traitement de l'information et
celle de l'acquisition de la taille suffisante leur permettant de se maintenir sur des
marchés mondialisés.
Les accords établissent des relations de coopération entre des agents économiq
ues, des firmes dotées de capacités stratégiques propres. Le

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