Les almanachs de l an II. Quoi de neuf en dehors du calendrier ? - article ; n°1 ; vol.264, pg 141-159
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Les almanachs de l'an II. Quoi de neuf en dehors du calendrier ? - article ; n°1 ; vol.264, pg 141-159

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Annales historiques de la Révolution française - Année 1986 - Volume 264 - Numéro 1 - Pages 141-159
As part of a pending study, the author analyses the making and the content of a sample of year II almanacs, published between 1793 and 1794 to try and see how, and to what extent, this form of popular literary expression often supposedly motionless, was brought up-to-date, to become an essential educational tool in the spreading of new values and of the new speech in politics morals and technology and of a new vision of the world.
Dans le cadre d'une étude en cours, l'auteur analyse la production et le contenu d'un échantillon d'almanachs de l'an II, publiés entre 1793 et 1794 pour tenter de voir comment, et jusqu'à quel point, cette forme d'expression littéraire populaire souvent réputée inerte s'est mise au goût du jour, pour devenir un instrument pédagogique essentiel pour la diffusion des nouvelles valeurs, et du nouveau discours, politique, moral, technologique et d'une nouvelle vue du monde.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claire Gaspard
Les almanachs de l'an II. Quoi de neuf en dehors du calendrier
?
In: Annales historiques de la Révolution française. N°264, 1986. pp. 141-159.
Abstract
As part of a pending study, the author analyses the making and the content of a sample of year II almanacs, published between
1793 and 1794 to try and see how, and to what extent, this form of popular literary expression often supposedly motionless, was
brought up-to-date, to become an essential educational tool in the spreading of new values and of the new speech in politics
morals and technology and of a new vision of the world.
Résumé
Dans le cadre d'une étude en cours, l'auteur analyse la production et le contenu d'un échantillon d'almanachs de l'an II, publiés
entre 1793 et 1794 pour tenter de voir comment, et jusqu'à quel point, cette forme d'expression littéraire populaire souvent
réputée inerte s'est mise au goût du jour, pour devenir un instrument pédagogique essentiel pour la diffusion des nouvelles
valeurs, et du nouveau discours, politique, moral, technologique et d'une nouvelle vue du monde.
Citer ce document / Cite this document :
Gaspard Claire. Les almanachs de l'an II. Quoi de neuf en dehors du calendrier ?. In: Annales historiques de la Révolution
française. N°264, 1986. pp. 141-159.
doi : 10.3406/ahrf.1986.1165
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1986_num_264_1_1165LES ALMANACHS DE L'AN II :
QUOI DE NEUF EN DEHORS DU CALENDRIER ?
« L 'almanach est une chose plus grave que
ne le croient les esprits futiles. »
MICHELET
De tous ceux qui se sont penchés en érudits sur la littérature
populaire (1), le premier en date n'est pas le moins intéressant. Chargé
de présider la commission d'examen des livres de colportage — qui,
en 1852, préludait à l'interdiction pure et simple du des
livres — Charles Nisard publia en 1854 une Histoire des livres
populaires ou de la littérature de colportage depuis l'origine de
l'imprimerie jusqu'à l'établissement de la commission d'examen...,
ouvrage fort clair et bien documenté. D'après lui, le plus ancien
almanach connu serait le Grand Compost des Bergers, imprimé à Paris
en 1493 ; l'un des plus populaires, le Mathieu Laensberg (du nom d'un
prétendu astrologue liégeois), édité régulièrement depuis 1636. Après
avoir décrit les principaux centres d'impression, il nous donne une idée
de la variété de ce genre d'ouvrages en son temps :
« Après cette longue enumeration des almanachs liégeois et de ceux qui sont établis
sur ce modèle, des almanachs locaux et de ceux qui ont pour fondateurs des sociétés
ou des corporations, je viens aux almanachs in- 12, format d'invention parisienne et
toute moderne, et devenus trop fameux sous le nom d'almanachs rouges, dans les jours
de propagande démocratique et sociale. Aujourd'hui, déchus de leur puissance
révolutionnaire et destructive, et réduits à un nombre infiniment petit, comparativement
(1) On se reportera notamment à : Geneviève Bolleme, La Bible bleue, Paris
1971. Robert Mandrou, De la culture populaire aux XVII' et XVIII' siècles, Paris
1964. Pierre Brochon : Le livre de colportage en France, Paris, 1954. John Grand-
Carteret : Les almanachs français (1600-1895), Paris, 1896. Charles Nisard : Histoire
des livres populaires ou de la littérature de colportage depuis l'origine de l'imprimerie
jusqu'à l'établissement de la commission d'examen (nov. 1852) ; Paris, 1854. Citons
aussi les travaux en cours de Lise Andries (C.N.R.S.). 142 CLAIRE GASPARD
à ce qu'ils étaient il n'y a pas encore deux ans, ils ont autant qu'il est en eux, renoncé
à empoisonner les âmes par leurs abominables doctrines, et n'outragent plus guère que
la langue française, crime non prévu par le code pénal. »
Cette remarque de Charles Nisard nous aidera à sortir des sentiers
battus, souvent on voit dans les almanachs des « prisons de longue
durée », reflets de l'immobilisme de la pensée populaire, refuges
d'obscurantisme et superstition à l'âge des grandes mutations
scientifiques et sociales. Or, il y eut des périodes où l'almanach présenta
un tout autre visage : l'indignation du censeur nous permet d'imaginer
toute une floraison d'almanachs révolutionnaires autour de 1848 ; il
en fut, toutes proportions gardées, de même au cours de la grande
Révolution. Comme pour les chansons, le nombre d'almanachs publiés
alla croissant, jusqu'à atteindre un point culminant en l'an II ; sur
beaucoup de ces pages on peut lire une immense soif d'innovation.
Le catalogue de la Bibliothèque Nationale donne, pour l'an II,
284 titres d'almanachs ; on en trouve d'autres encore (des Almanachs
provinciaux) dans le fonds du Musée des Arts et Traditions populaires.
Les remarques qui vont suivre se dégagent d'un dépouillement en
cours, effectué actuellement sur une cinquantaine d'almanachs. A vrai
dire, le corpus n'est pas aussi facile à cerner qu'on pourrait croire ;
tout d'abord, que faut-il entendre par « almanachs de l'an II » : les
almanachs publiés pour l'an II du calendrier révolutionnaire, ou ceux
qui furent écrits en l'an II pour l'an III ? Et dans le premier cas,
faut-il prendre en compte les livrets imprimés à la fin de l'année 1792,
« pour l'an deuxième de la République », par des libraires patriotes
qui ont hardiment devancé le décret officiel selon lequel l'an II ne
débutera que le 22 septembre 1793 ? Dans cet embarras, il m'a paru
plus intéressant de tailler large ; les almanachs préparés pour l'an III
appartiennent de plein droit à l'ensemble, car ils n'ont pas enregistré
la coupure de thermidor : ils étaient déjà sous presse. D'ailleurs, en
poursuivant les sondanges dans les publications ultérieures, on constate
que ce grand tournant de la Révolution n'est devenu perceptible dans
les almanachs que plusieurs années après. Le souci de chercher dans
les de l'an II ce qui est en train de changer dans la vie des
gens, m'a amenée aussi, tout naturellement, à prendre pour points de
référence certains almanachs, célèbres ou obscurs, des années
précédentes : car j'avoue n'avoir rejeté aucun de ceux que les hasards
des classements ou des reliures m'ont parfois mis inopinément dans
les mains.
Les almanachs de l'an II forment un ensemble dont on n'apprécie
que mieux l'unité, en prenant un peu de profondeur de champ.
L'originalité de la période s'y marque pleinement ; pourtant ils sont
loin d'être tous sur le même modèle. On trouve même, parmi eux, LES ALMANACHS DE L'AN II 143
des almanachs royalistes, ce qui prouve la difficulté — ou
l'impossibilité — de contrôler le colportage. Mais il s'agit de petites
entreprises isolées, de livrets de faible tirage, car les grands almanachs
traditionnels, paraissant chaque année, ont été étroitement surveillés.
Le Mathieu Laensberg a été saisi et détruit : il prédisait, pour l'an II,
la chute du gouvernement.
Il y a plusieurs années déjà que l'almanach n'est plus massivement
et exclusivement, le dépositaire des traditions et des superstitions ; c'est
pourquoi je préfère, à cette image trop orientée, la belle définition
qu'en donne Geneviève Bollême :
« L'almanach est une encyclopédie, et, dans cette perspective, prélude à tous les
livres, il les annonce, il les contient. Il est miroir lui-même d'une quantité de directions,
d'activités, de commentaires, de sujets, de titres, de livrets, qui sont aussi bien les éléments
de toute une Bibliothèque en laquelle il se reflète » (2).
Encyclopédie pour les gens du peuple : non seulement c'est un
livre à part entière, mais de plus il véhicule ce qu'on pourrait appeler
la petite monnaie des Lumières. L'esprit du changement révolu
tionnaire a commencé à se faire jour, dans l'almanach, un peu avant
la Révolution. C'est Benjamin Franklin qui a donné l'exemple en 1786,
en écrivant pour le colportage l'histoire du Bonhomme Richard,
réplique au vieil esprit de résignation du Bonhomme Misère. En 1788,
— « l'an premier de la raison » — , Sylvain Maréchal publia un
almanach philosophique où les gra

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