Les Ateliers néolithiques avec microlithes des dunes d'Equihen et d'Hardelot (Pas-de-Calais) - article ; n°6 ; vol.33, pg 372-414

A.-P. Dutertre

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1936 - Volume 33 - Numéro 6 - Pages 372-414
43 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1936
• Nombre de lectures: 45
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

A.-P. Dutertre
Les Ateliers néolithiques avec microlithes des dunes d'Equihen
et d'Hardelot (Pas-de-Calais)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1936, tome 33, N. 6. pp. 372-414.
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Dutertre A.-P. Les Ateliers néolithiques avec microlithes des dunes d'Equihen et d'Hardelot (Pas-de-Calais). In: Bulletin de la
Société préhistorique française. 1936, tome 33, N. 6. pp. 372-414.
doi : 10.3406/bspf.1936.12295
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1936_num_33_6_12295-
SOCléTá PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 372
Ateliere néolithique»
avec microlithee
de» dune» d'Equihen et d'Hardelot
(Pas-de-Calais) (1)
РАЯ
A. P. DUTERTRE
Chargé de Court à la Faculté des Science» de F Université de Lille
Correspondant du. Ministère de V Education Nationale
I. — Les dunes d'Equihen et d'Hardelot.
Géographie physique. — Conditions de gisement
des ateliers néolithiques avec microlithes.
Au Sud (d'Equihen (2), la falaise jurassique s'abaisse doucement
vers le Sud en direction d'Hardelot et disparait ensevelie sous les
dunes (3).
La falaise vive borde la plage d'Equihen jusqu'au voisinage de
la « Pierre à Savon », à quelques centaines de mètres au Sud de
l'extrémité du chemin d'accès à la plage ; vers le Sud, un peu au-
delà de l'embouchure du ruisseau des Warennes, qui sort d'une
petite vallée en gorge étroite et profonde entaillée dans le socle
ancien constitué par le Kimméridgien, commencent les dunes qui
forment entre le ruisseau des Warennes et. Hardelot, une bande .
large de 2 à 3 kilomètres en bordure du rivage et s'étendent jusqu'à
l'estuaire de la Canche ; l'érosion marine, toujours active dans cette
(1) Communication présentée à la séance de la Société Préhistorique Française
du 24 octobre 1935. (Voir Bull. Soc. prehist. fr., t. XXXII, n» 10, oct. 1935, p. 484}.
(2) Equihen, section de la commune d'Outreuu, village de pêcheurs báti sur la
falaise, à 5 kil. environ au S.-S.-O. de Boulogne-sur-iler.
(3) Ces dunes sont situées sur le territoire de la commune de Condetfo, dont
Hardelot est une dépendance.
Sur la géographie physique de cette région consulter :
Georges Dubois. — Recherches sur les terrains quaternaires du Nord de la
France {Mém. Soc. Géol. du Nord, t. VIII, n* 1. 192't).
A. P. Dcterthe. — Remarques sur la classification des terrains quaternaires
du Boulonnais, 1923. (Brocb. 75 pp., 1 tabl. 1 pi. h. t. (1924) et Bull. Soc. Acad.
Boulogne, t. XI, 1922-1928 (1929), pp. 561-635).
A. P. Dutertre. — Observations géologiques et physiographiques dans la
région littorale au Sud du Boulonnais (Estuaire de la Canche, environs de Camieu)
Ann. Soc. géol. du Nord, T. LI, 1926, pp. 3-14).
Abel Briquet. — Le Littoral du Nord de la France et son évolution morphol
ogique, 439, pp. et 1 pi. h. t., suivi d'un appendice. L'Evolution du rivage du
Nord de la France et l'activité de l'homme, 45 p., en tout 1 vol. (Impr. Armand
Colin, 1930). SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 373
portion du rivage, entaille le front des dunes qu'elle transforme en
une véritable falaise laquelle recule actuellement vers l'intérieur.
On reconnaît, dans la morphologie de cette région, des vestiges
d'une ancienne ligne de rivage quaternaire masquée par les dunes et
l'on devine, sous les sables, la position de la falaise morte que
PI. I. — Extrait de la feuille de Boulogne S. E. de la carte topoghaphiqub db l'Etat-Majob
au 80.000e (Type 1889, Tirage de Septembre 1930).
••• Diluvium, d'aprèe la feuille de de la Carte géologique détaillée V3* édition, par
M. P. Pruvost).
••■■•••••• Position approximative de l'ancienne ligne de rivage quaternaire, d'après M. G. Dubois.
Recherches sur les terrains quuternaires du Nord de la France... p. 175.
T Zone des ateliers néolithiques avec microlilbes des dunes d'Ëquihen et d'Hardelot.
jalonne le revers Ouest des collines dont quelques sommets émer
gent de la couverture sableuse au Sud d'Hardelot, entre le rivage
actuel et l'agglomération dé Neufchâtek; au voisinage de la « Pierre 374 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
à savon », l'ancienne ligne de rivage quaternaire est coupée par la
falaise vive d'Equihen dont la mer bat encore le pied lors des
marées de vive eau.
Entre Equihen et Hardelot, dans la zone, où les sables ne sont
pas fixés par la végétation, les dunes sont encore en mouvement ;
lorsque le vent souffle fort, la crête des dunes « fume » et les dépla
cements de sable peuvent être assez importants ; l'invasion sableuse
s'est avancée assez loin vers l'intérieur du pays et a atteint le bord
de la vallée de la Liane au lieu dit « Les Cent Dunes », entre Con-
dette et Audisques, en bordure de l'ancienne route de Boulogne à
Montreuil-sur- Mer.
Immédiatement au Sud de l'embouchure du ruisseau des Wa-
rennes, on observe, sur le bord de la falaise, à des altitudes variables
toujours au niveau de la base des dunes, des petites terrasses planes,
horizontales ou doucement inclinées vers le rivage et coupées brus
quement par le bord de la falaise qui est en pente assez rapide vers
la plage ; ces surfaces sont jonchées de silex à patine blanche, ou
parfois bleuâtre, les plus nombreux étant de simples éclats, d'autres
montrant des traces manifestes de taille ou de polissage ; au milieu
de ces silex, gisent çà et là des cailloux plus ou moins volumineux,
en général de petite taille, quelques-uns ayant cependant un dia
mètre d'une dizaine de centimètres et même davantage ; ces cailloux
sont faits, soit de grès calcareux, de calcaire ou de bois silicifié du
Portlandien inférieur, soit de quartzite, de limonite et, surtout, de
grès ferrugineux de l'Eocrétacé (Wealdien et Aptien), soit encore
de rognons de silex de la Craie ; ils sont tous roulés et ont été
empruntés au diluvium du plateau à l'Est et entraînés sur les pentes
qui descendent vers la mer.
Ces nappes de silex et de cailloux gisent sur une mince couche de
sable noirâtre humifère, qui est un ancien sol, reposant lui-même sur
un amas de cailloux de silex, de grès ferrugineux et de limonite que
l'on peut observer en coupe sur le bord de la dune transformée en
falaise.
Ces amas de cailloux sont des restes d'un ancien diluvium dont des
lambeaux assez épais subsistent sur la rive droite du ruisssau des
Warennes ainsi que sur le plateau qui domine à l'Est l'agglomération
d'Equihen (1) ; les silex mis à part, ces cailloux sont des résidus de la
denudation des formations éocrétacées et jurassiques supérieures du
voisinage ; les rognons de silex ont, eux, une histoire plus compliquée
car ils ont subi divers remaniements et déplacements depuis l'époque
(1) Ces deux affleurements' sont indiqués sur la feuille de Boulogne-sur-Mer de
la Carte géologique détaillée au 80.000* (3« édition, 1928) levée par M. P. Pru-
vost ; ils sont classés avec le* a alluvion» anciennes » groupées sous la Dotation
•»• (Voir PI. I) SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 375
reculée où, libérés des assises du Crétacé supérieur par la denudation
de l'anticlinorium du Boulonnais, ils ont commencé leur existence
errante.
De longs sillons plus ou moins larges et profonds creasés dans
ce massif de dunes et orientés perpendiculairement au rivage descen
dent vers la plage et viennent déboucher dans la falaise en bordure
de mer à une hauteur variable ou même au niveau de l'estran ; vers
l'intérieur, ils s'élargissent pour former des espaces découverts,
sortes de landes plus ou moins vastes, dont Га surface est jonchée,
par endroits, de silex à patine blanche avec des cailloux épars ana
logues à ceux décrits plus haut ; ces nappes de silex reposent aussi
sur une couche de sable noirâtre, humifère, restes d'un ancien sol.
En outre, sur les parois de ces sillons creusés à travers les dunes,
de petites coupes montrent, sous le sable blanc des dunes, un sable
compact, jaunâtre, assez argileux pour former un niveau imper
méable où l'eau suinte toujours.
M. A. Briquet (1) a interprété ce sable jaunâtre comme des restes
d'anciennes dunes qui se seraien