Les conditions de l évolution sexuelle - article ; n°1 ; vol.35, pg 2-14
14 pages
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Description

Communications - Année 1982 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 2-14
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robin Fox
Les conditions de l'évolution sexuelle
In: Communications, 35, 1982. pp. 2-14.
Citer ce document / Cite this document :
Fox Robin. Les conditions de l'évolution sexuelle. In: Communications, 35, 1982. pp. 2-14.
doi : 10.3406/comm.1982.1517
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1982_num_35_1_1517Fox Robin
Les conditions de l'évolution sexuelle
On peut envisager l'évolution du comportement sexuel à différents
niveaux, celui de tous les organismes à reproduction sexuée (y compris les
plantes) aussi bien cjue celui d'une espèce ou d'une sous-espèce particulière.
En prenant en considération telle ou sous-espèce, on ne peut ignorer
les problèmes plus généraux de la reproduction sexuée, et, pour commencer,
la question de savoir pourquoi elle existe. Théoriquement, les organismes à
reproduction sexuée, placés dans une situation de concurrence avec des
organismes à reproduction asexuée, devraient disparaître au profit de
ceux-ci. Si l'on admet qu'à l'origine la reproduction est asexuée, il faut
expliquer comment la reproduction sexuée a pu apparaître, pour autant que
toute mutation favorable dans un organisme asexué peut être reproduite
immédiatement et rapidement, alors que son concurrent sexué doit diluer,
par la fécondation, l'effet de cette mutation sur les générations suivantes.
Même l'accouplement entre consanguins (inbreeding) ne s'avérera guère
utile aux concurrents sexués, puisqu il s'agit d'une reproduction plus lente
que celle des organismes non sexués, qui, de surcroît, produira des
homozygotes létaux.
La conclusion qui s'impose est que l'unique avantage de la reproduction
sexuée - l'accroissement de la variation génétique - a dû être si
considérable dans certaines circonstances que ce mode de a
fini par devenir le partenaire dominant dans une stratégie évolutionnai-
rement stable (dominant partner in an evolutionarily stable strategy). Cette
conclusion soulève encore quelques problèmes théoriques, mais on peut
voir que le mélange des caractères parentaux pourrait, dans certaines
conditions marginales, bel et bien l'emporter sur la simple mutation et la
mitose. On invoque souvent, à ce propos, un « environnement à change
ments très rapides » bien que cela aussi soit vague.
Quelle que soit la façon dont elle a commencé et le niveau où elle est
apparue, la reproduction sexuée pose certaines conditions. Peut-être la seule
exigence absolue est-elle que les deux sexes doivent avoir des contacts
suffisants pour échanger le matériel génétique. La reproduction herma
phrodite remplit cette condition pour autant que le même organisme
possède les deux « sexes ». Plus cet échange devient compliqué, plus les
relations entre les sexes sont complexes. Chez certains organismes
primitifs, il n'existe pas de distinction bien déterminée des sexes. De deux
organismes, celui qui se déplace le plus rapidement devient « mâle » parce
que sa vitesse légèrement supérieure lui permet d'implanter de la matière
chez le plus lent. Mais ceci est relatif. Chez les organismes supérieurs, la Les conditions de l'évolution sexuelle
division se stabilise. Le principe, cependant, reste le même : le sperme est
plus rapide que l'ovule.
Il ne suffît pas que l'échange ait lieu, il faut encore qu'un « sexe » assume
la responsabilité de la gestation. Après quoi, la progéniture sera prise en
charge, selon la trajectoire évolutionnaire adoptée par l'organisme, par un
sexe, les deux ou aucun d'entre eux. De façon habituelle c'est la « femelle »
qui s'occupe de la gestation, et c'est soit la femelle seule, la de
concert avec d'autres femelles, la femelle et le mâle inséminateur, soit
encore des groupes de mâles et de femelles, sans compter d'autres
combinaisons possibles, qui assument les soins apportés à la progéniture. Il
n'est pas nécessaire ici de préciser les nombreuses formes que ceci peut
prendre chez les différentes espèces à reproduction sexuée. Il convient
simplement de souligner leur variété.
Parvenant aux mammifères, nous trouvons aussi une grande diversité,
limitée toutefois par les caractéristiques mêmes de l'adaptation propre à
cette classe: sang chaud, viviparité, allaitement des petits, gestation
interne, etc. On aura exprimé une grande partie de ce qui peut être dit au
sujet de la sexualité humaine en affirmant qu'elle correspond à ce que l'on
peut attendre d'un mammifère omnivore, de grande taille, doté d'un gros
cerveau, caractérisé par un dimorphisme sexuel modéré, susceptible de se
reproduire tout au long de l'année, sur un rythme lent. Ce qui ne signifie
pas qu'on doive s'attendre à un modèle unique de comportement sexuel :
mais ceci définit les limites à l'intérieur desquelles la variation se produira.
Le mieux pour comprendre cette variation est de nous demander quelles
sont les variables, ce qui ne va pas sans difficultés, car nous risquons de
prédéterminer la réponse par la façon même dont posons cette
question. Plutôt que de partir de catégories culturelles d universalité
douteuse telles que « famille nucléaire » et « mariage », il vaut mieux
adopter comme point de départ une unité objective qui est, par définition,
universelle chez les mammifères et ainsi non contaminée par les catégories
culturelles. L'unité évidente est celle que constituent la mère et sa
progéniture dépendante.
Cnez les mammifères — par définition — les petits naissent vivants et sont
allaités par la mère. Ce qui varie c'est : a) le montant de ce crue la mère
investit, au-delà du minimum nécessaire, dans sa progéniture; b) le degré et
la nature de l'attachement d'un ou de plusieurs mâles à cette unité
fondamentale (et les relations des unités entre elles).
Un résultat intéressant du développement de la culture par l'homme est
que nous reproduisons à l'intérieur de notre propre espèce toutes les
variations que l'on peut découvrir à travers les ordres des mammifères —
mais nous reviendrons sur ce point. Pour le moment, considérons quelques
cas extrêmes dans cette classe, à titre d'illustration. Le hamster vit dans des
terriers solitaires, et le contact des mâles et des femelles se limite à une
rencontre furtive au cours d'une brève saison des amours, un mâle
pénétrant dans le terrier d'une femelle et y copulant. Après une courte
période de gestation, la femelle allaite ses jeunes pendant quelques semaines
au terme desquelles ceux-ci se dispersent et creusent leurs propres terriers.
Voilà en gros la limite inférieure de l'organisation des relations sexuelles Robin Fox
chez les mammifères. Considérons maintenant certains ongulés tels que les
gazelles, les zèbres, les cervidés, etc. Ils diffèrent considérablement quant
au mode d'organisation de leurs troupeaux, mais fondamentalement le
noyau permanent de ces groupements est constitué par les femelles et les
jeunes. Les mâles sont solitaires pour la plus grande partie de Tannée ou
bien ils se regroupent en bandes errantes constituées uniquement de mâles.
Au cours de la saison des amours (l'automne), les mâles entrent en
compétition les uns avec les autres, et les vainqueurs s'accouplent aux
femelles réunies en troupeaux, puis s'éloignent. Les femelles mettent bas
(au printemps) et allaitent des jeunes précoces qui sont bientôt capables de
suivre leurs mères. Au bout d'un an, les mâles se dispersent. Considérons
maintenant une bande de chiens de chasse ou de hyènes. Mâles et femelles
demeurent ensemble tout au long de l'année, qu'il y ait ou non une saison
des amours. Il existe une hiérarchie complexe d'accouplement. Les femelles
mettent bas des jeunes à maturation lente. Les mâles comme les
s'occupent de la progéniture de diverses façons, en particulier en
régurgitant la viande des animaux qu'ils ont tués, etc.
Nous sommes ainsi passés d'une absence quasi complète de contacts entre
mâles et femelles hormis les quatre-vingt-dix secondes nécessaires, à un
contact saisonnier, puis à un contact permanent. Nous sommes &#

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