Les donjons normands d Italie. Une comparaison - article ; n°1 ; vol.110, pg 317-339
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1998 - Volume 110 - Numéro 1 - Pages 317-339
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 70
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Françoise Chiesa
Les donjons normands d'Italie. Une comparaison
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 110, N°1. 1998. pp. 317-339.
Résumé
Françoise Chiesa, Les donjons normands d'Italie. Une comparaison, p. 317-339.
L'architecture militaire normande du XIIe siècle se caractérise principalement par les tours massives et quadrangulaires
communément appelées donjons. Les édifices très similaires construits en Normandie et en Angleterre sont ici comparés aux
forteresses italiennes et surtout aux tours de Sicile.
Du nord de l'Europe, les édifices italiens semblent avoir adopté le plan barlong, parfois carré, et le mode d'accès au rez-de-
chaussée couramment utilisés pour les palais tels que Yaula de Richmond ou la salle de l'Échiquier de Caen. La présence de
l'influence musulmane se résume à quelques éléments architecturaux de prestige. Cependant, la tour Pisane de Palerme
rappelle par son plan carré le donjon zirite du Manàr (Algérie). Les tours normandes constituent un ensemble assez homogène,
avec quelques particularités pour les édifices italiens. La fonction défensive est dans ces exemples moins importante, ils
acquièrent très vite des qualités résidentielles évidentes.
Citer ce document / Cite this document :
Chiesa Françoise. Les donjons normands d'Italie. Une comparaison. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age,
Temps modernes T. 110, N°1. 1998. pp. 317-339.
doi : 10.3406/mefr.1998.3629
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1998_num_110_1_3629FRANÇOISE CHIESA
LES DONJONS NORMANDS D'ITALIE
UNE COMPARAISON
La Normandie, l'Angleterre et l'Italie méridionale ont connu la domi
nation normande entre le XIe et le XIIe siècle. L'architecture normande y a
certes été étudiée et parfois avec grand soin, mais selon une dimension na
tionale. Depuis peu, cette tendance semble se modifier1. La présente étude
veut, à travers les travaux effectués sur ce thème, s'interroger sur les cor
respondances entre les châteaux construits par les seigneurs normands de
France, d'Angleterre et de Sicile. Dans la multiplicité des formes castrales
édifiées par les Normands, elle privilégie l'architecture des tours ma
çonnées, appelées aussi «donjons romans» par les historiens nord-europ
éens. Ces édifices à vocation principalement militaire se caractérisent, se
lon une définition admise par la plupart des archéologues, par un plan géo
métrique régulier, avec des murs épais, parfois munis de contreforts. Le
rez-de-chaussée n'a que de faibles ouvertures, les étages sont occupés par
l'habitation et les dépendances du seigneur. Par leur forme et leur aspect
massif, ils ont au premier abord un air de parenté d'une région à l'autre de
la domination normande. Des corrélations entre l'architecture militaire an
glaise et celle de Normandie ont été faites. Mais puisque les tours italiennes
sont rarement citées2, nous avons voulu étendre le panorama des donjons
normands en incluant celles d'Italie méridionale et surtout de Sicile.
Peut-on donner une définition architecturale du donjon normand
commune à ces trois zones géographiques? Autrement dit, existe-t-il un
«modèle» de donjon normand? Le donjon italien s'apparente-t-il à l'a
rchitecture nord-européenne, peut-on l'appeler donjon «roman» ou tend-il
plutôt à subir des influences extérieures à la chrétienté? Les particularités
des châteaux italiens peuvent avoir plusieurs origines, des chercheurs
comme Wolfgang Krönig, Lucien Golvin et Georges Marçais les appa-
1 Voir M. D'Onofrio (dir.), Les Normands, peuple d'Europe 1030-1200, Paris,
1994.
2 P. Héliot, Les origines du donjon résidentiel et le donjon-palais romans en
France et en Angleterre, dans Cahiers de civilisation médiévale, 16, 1974, p. 217-238.
MEFRM - 110 - 1998 - 1, p. 317-339. 318 FRANÇOISE CHIESA
rentent à l'architecture des palais du Maghreb. Mais ne peut-on aussi les
rapprocher de bâtiments civils tels que les palais (aulae) du nord de l'Eu
rope?
Deux points de discordance apparaissent. Les tours italiennes ont des
dimensions plus proches du plan barlong que du plan carré, tandis que la
Normandie et l'Angleterre des XIe et XIIe siècles adoptent un plan carré
presque régulier. Les donjons du Nord ont par ailleurs leur porte d'entrée
au premier étage, alors que l'accès des tours italiennes se fait le plus
souvent au rez-de-chaussée, sauf exceptions - Calathamet où l'entrée est au
premier étage, ou Satriano (Basilicate), avec une porte située à 3 m au-
dessus du sol.
Nous présenterons d'abord les tours italiennes puis quelques châteaux
français et anglais mieux connus. La description des tours édifiées en Nor
mandie n'est qu'un rappel; leur choix (Domfront, Falaise et Chambois),
comme celui des donjons anglais (Colchester, Peveril, Richmond et Ro
chester), a été décidé en fonction de la morphologie de chaque édifice.
1 - Châteaux normands d'Italie méridionale et de Sicile
En Sicile orientale, plusieurs tours massives quadrangulaires ont été
construites par les Normands. Paterno3, avec Adrano et Motta Sant'Anasta-
sia, constituent une ligne de défense des côtes et du port de Catane. D'après
Geoffroi Malaterra, Roger Ier (1060-1101) édifia une série de fortifications,
au nombre desquelles il faut vraisemblablement compter les tours de Pa
terno et d'Adrano.
Le château de Paterno (fig. 1) est bâti sur un éperon rocheux au bord
d'une falaise qui longe la partie occidentale de la vallée du Simeto. La tour
(24 χ 18 m) a trois étages sur un rez-de-chaussée. Le mur nord possède une
avancée en tourelle sur toute la hauteur de l'édifice. Au premier étage de
cette tourelle des ouvertures permettent la surveillance et l'accès à la tour.
La porte de l'édifice se trouve dans l'angle nord-est et est accessible par un
escalier. Celui-ci est postérieur à la tour, mais le système d'origine devait
être identique comme le laisse supposer la topographie. En effet, à l'
aplomb de la porte, le rocher accuse une pente. Chaque étage est subdivisé
par des murs de refend. Au rez-de-chaussée, la chapelle est un aménage
ment postérieur. Des séries d'escaliers ménagés dans l'épaisseur des murs
3 G. Agnello, // castello dt Paterno, dans Archivio storico per la Sicilia orientale,
54-55 (4e s., 11-12), p. 30-64; G. Di Stefano et W. Krönig, Monumenti della Sicilia nor
manna, Palerme, 1995, p. 131-132. 1
LES DONJONS NORMANDS D'ITALIE 319
Ί
π
5m
Fig. 1 - Paterno : plan du rez-de-chaussée (G. Agnello, II castello di Paterno,
dans Archivio storico per la Sicilia orientale, 1958-1959, pi. V).
desservent les différents niveaux. La plupart des ouvertures ont été modif
iées, cependant une série de meurtrières du soubassement semble d'ori
gine.
Au nord de Paterno, la tour d'Adrano (fig. 2), longtemps mal datée, est
aujourd'hui assignée à l'époque normande4 et pourrait appartenir au pr
ogramme de construction entrepris par le Grand Comte et relaté par Ma-
Ouvrages cités à la note précédente. FRANÇOISE CHIESA 320
5m
Fig. 2 - Adrano : plan du rez-de-chaussée
(G. Agnello, // castello di Adrano, dans Castellum, 2, 1965, p. 8).
laterra. Elle est ceinte d'un puissant rempart muni de quatre tours cir
culaires, qui date du XVIe siècle. Mesurant 20 χ 16 m, elle s'élève à plus de
33 m, avec quatre étages sur un rez-de-chaussée où se situe la porte. Un
mur de refend divise l'intérieur sur toute la hauteur de l'édifice. Au premier
étage, l'espace sud-est est réservé à la chapelle, voûtée, dont la porte a gar
dé sur l'un de ses piédroits un décor en pointe de diamant - ce motif pourr
ait être normand. La tour possède d'autres aménagements : latrines au
premier étage, cheminées au deuxième et troisième. La circulation se fai
sait par des escaliers logés dans l'épaisseur des murs, sauf vers le dernier
étage auquel on accédait par une échelle de bois. Alors que les niveaux un
et deux étaient probablement voûtés, les deux derniers étaient séparés par
des planchers.
Lorsque Roger II (1101-1154) construit

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