Les Fadets, Commune de Lussac-les-Châteaux (Vienne) - article ; n°5 ; vol.59, pg 407-426

Stéphane Lwoff

Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1962 - Volume 59 - Numéro 5 - Pages 407-426
Présentation de matériel recueilli dans la grotte des Fadets à Lussac-les- Châteaux (tienne), avec essai de datation. L'auteur propose, après discussion, la classification suivante : 1°) Outillage osseux : Attribuable au magdalénien supérieur. 2°) Outillage microlithique : N'a pas été fixé avec précision, mais certaines pièces pourraient appartenir au magdalénien supérieur. 3°) Outillage macrolithique : Attribution probable au magdalénien IV avec quelques pièces provenant d'autres niveaux magdaléniens. Présence d'une pièce solutréenne. Un complément d'information pourra être obtenu par la publication, gravures comprises, du matériel extrait des Fadets en 1905 par l'Abbé Breuil (déposé à l'Institut de Paléontologie Humaine) lequel en a demandé la publication à l'auteur.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_LA_SOCIETE_PREHISTORIQUE_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1962
• Nombre de lectures: 23
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Stéphane Lwoff
Les Fadets, Commune de Lussac-les-Châteaux (Vienne)
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1962, tome 59, N. 5-6. pp. 407-426.
Résumé
Présentation de matériel recueilli dans la grotte des Fadets à Lussac-les- Châteaux (tienne), avec essai de datation. L'auteur
propose, après discussion, la classification suivante : 1°) Outillage osseux : Attribuable au magdalénien supérieur. 2°) Outillage
microlithique : N'a pas été fixé avec précision, mais certaines pièces pourraient appartenir au magdalénien supérieur. 3°)
Outillage macrolithique : Attribution probable au magdalénien IV avec quelques pièces provenant d'autres niveaux magdaléniens.
Présence d'une pièce solutréenne. Un complément d'information pourra être obtenu par la publication, gravures comprises, du
matériel extrait des Fadets en 1905 par l'Abbé Breuil (déposé à l'Institut de Paléontologie Humaine) lequel en a demandé la
publication à l'auteur.
Citer ce document / Cite this document :
Lwoff Stéphane. Les Fadets, Commune de Lussac-les-Châteaux (Vienne). In: Bulletin de la Société préhistorique française.
1962, tome 59, N. 5-6. pp. 407-426.
doi : 10.3406/bspf.1962.3837
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1962_num_59_5_3837Les Fadets
Commune de Lussac-les-Châteaux (Vienne)
PAR
Stéphane LWOFF *
■
A) HISTORIQUE
La grotte des Fadets (1) dite également « Grotte aux Fadets », « Roche-aux-
Putes » (2) est l'une des grottes (3) creusées dans le calcaire jurassique qui
borde la rivière du Petit-Moulin (4) transformée, à cet endroit, en étang. Elle
est située à quelques mètres de la ruine de la pile Nord du pont-levis de l'
unique château de Lussac (5) actuellement détruit.
Propriété de M. Léon Péricard, cette grotte a été découverte en 1862 par A.
Brouillet et partiellement publiée dans un ouvrage de Brouillet et Meillet,
paru en 1864, intitulé « Epoques antédiluviennes et celtiques ».
L'analyse des textes utiles de cet ouvrage, concernant cette grotte, donne les
renseignements suivants :
L'entrée de la grotte qui surplombe le plan d'eau de l'étang de 2 m est à 3 m
de la rive. Elle présente essentiellement deux ouvertures (PI. I), l'une au Sud,
l'autre au Sud-Ouest, ce qui d'après Brouillet et Meillet explique l'état de rema
niement de son contenu qui aurait été, soit entraîné, soit brassé, par les flots
d'inondations entrant par l'ouverture « Sud » et sortant par l'ouverture « Sud-
(*) Séance de janvier 1962.
(1) Fadet (Fadette). Cf. Dictionnaire Larousse du xxc siècle. Abréviation de
farfadet. Nom donné en certaines régions aux sorciers.
Farfadet (origine douteuse) italien farfarello. Lutin, esprit follet, taquin et
malicieux mais non méchant. De là viendrait le mot provençal Fada qui signifie
simple d'esprit (au sens littéral du mot « touché par les fées »). Mentionnons
seulement (David Diringer, The Alphabet) que l'alphabet druidique « ogha-
mique » dérive de cinq lettres, ke, thp, ph et x, appelées forfeda, issues du grec
archaïque. Ces caractères de code assurent le secret scripte. Ce nom spécial de
forfeda appliqué à ces lettres aurait-il une relation avec le mot farfadet?
Fadet s'intégrerait ainsi au mot fée. Les pierres des fades est une des déno
minations populaires des dolmens (Déchelette). On sait qu'il existe une autre
grotte portant ce même nom des Fadets à Vilhonneur (Charente). Déchelette
dans son Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine (Librair
ie Picard 1908) confond Les Fadets de Lussac et Les Fadets de Vilhonneur. En
effet, le renvoi aux Fadets [commune de Lussac-les-Châteaux (Vienne)] de
l'index bibliographique est double (p. 146 on trouve Les Fadets (commune de
Vilhonneur) ce qui est faux et (p. 647 une référence bibliographique exacte :
Mémoire des Antiquaires de l'Ouest, XXIX, p. 85).
(2) Dictionnaire Larousse du xxc siècle. Pute (du latin puta fille), ancienne
forme du mot putain qui désigne les prostituées.
(3) Ces grottes sont en descendant la rivière du Petit-Moulin, l'Ermitage (ou
L'Hermitage), les Fadets, la Tannerie, la Marche et enfin plus loin l'abri sous
roche de l'Areau (ou Larrault).
(4) Cette rivière, de dimension modeste, dont le point de résurgence à partir
d'un gouffre insondable est situé à Font-Serin (ou Foncerin) (commune de
Sillars) se jette dans la Vienne au lieu-dit l'Areau (Lussac-les-Châteaux).
(5) Le nom de Lussac-les-Châteaux laisserait à penser qu'il s'agit de plus
d'un château alors que la substitution grammaticale au mot « lez » qui signifie
« à côté de », « proche de », « tout contre », du faux article défini « les », ne
présente plus aucun sens, et qu'il s'agit bien d'un seul château. 408 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Ouest ». Brouillet y trouve « ...encore une certaine quantité de terre rouge
argileuse » mêlée à des pierres et à quelques galets de quartz ou granite (mais
il n'en précise ni la localisation ni l'épaisseur). Dans ce dépôt on trouve des
silex taillés, des os travaillés ou brisés intentionnellement, on y égal
ement des «noyaux» (nuclei probables). Dans un couloir E (PL I) ont été
trouvés quelques fragments de poterie grossière « pleine de gros cailloux blancs
et à peine cuite ». La densité des silex autour du pilier D (PL I) est grande et
entre les points С et D a été trouvé une magnifique « flèche barbelée » (harpon
à double rang de barbelures du magdalénien VI, B) (Fig. 5, PI. III), un poin
çon orné de zig-zags » (pointe de sagaie probable) (Fig. 4, PL III) et un fra
gment d'os plat « sur lequel sont dessinés, au trait, deux animaux placés à la
suite l'un de l'autre» (chevaux probables) (Fig. 7, PI. III). Les alluviosn des
couloirs F et G (PL I) étaient « plus épaisses » et contenaient des ossements de
la faune suivante : bœuf ou aurochs, deux races de chevaux « l'une petite,
l'autre grande », cerf, renne, chevreuil, mouton, chien ou loup, félins de petite
taille (probablement jaguar), hyène, renard et plusieurs espèces de rongeurs,
une « jambe de coq avec son ergot » enfin « dents humaines parfai
tement conservées ». A l'entrée В (PL I) Brouillet a trouvé un fragment de
tuile romaine et une pièce de monnaie en argent datant de 1597 (huitième d'écu
de Charles X, duc de Bourbon).
Malheureusement les dessins assez sommaires du matériel extrait par
Brouillet et reproduits sur les planches XXII à XXV bis (toutes les planches
portent un numéro « bis » ce qui double leur nombre) concernent, à la fois
et sans discrimination d'origine, la grotte de l'Ermitage et celle des Fadets.
Ainsi, seules les pièces décrites dans le texte de Brouillet et Meillet ont été
identifiées et reproduites.
L'abbé Breuil a publié en 1905 dans le Bulletin de l'Association Française
pour l'Avancement des Sciences (page 358) un compte rendu de 3/4 de page
de sa visite aux Fadets, visite accompagnée de fouilles sommaires qui men
tionnent la découverte faite par Brouillet, d'un harpon à double rang de bar
belures et d'une gravure de deux petits chevaux sur une portion de « canon
de renne ». Le harpon a été trouvé dans un caniveau naturel de l'entrée. Plus
précis que Brouillet il indique que la couche active au-dessus du plancher
rocheux avait une épaisseur de 12 à 15 cm ce qui est peu pour une grotte
dont le plafond s'élève à 1,70 m environ. L'abbé Breuil y a trouvé des « silex
magdaléniens typiques » dont il ne précise cependant pas l'étage (à cette
époque encore sous l'influence de son maître Cartailhac il n'avait pas isolé
son aurignacien ni établi une classification des outillages du magdalénien). Il
trouve des ciseaux en bois de renne, une aiguille en os sans chas
et un instrument en os «sculpté de façon étrange» (loc. cit.). Il indique éga
lement la présence d'une «, flèche » de taille solutréenne en silex blanc patiné
avec «l