Les femmes et l écriture : La littérature féminine indonésienne - article ; n°1 ; vol.13, pg 267-282
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Description

Archipel - Année 1977 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 267-282
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Chambert-Loir
Les femmes et l'écriture : La littérature féminine indonésienne
In: Archipel. Volume 13, 1977. pp. 267-282.
Citer ce document / Cite this document :
Chambert-Loir Henri. Les femmes et l'écriture : La littérature féminine indonésienne. In: Archipel. Volume 13, 1977. pp. 267-
282.
doi : 10.3406/arch.1977.1342
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1977_num_13_1_1342267
LES FEMMES ET L'ÉCRITURE : LA LITTÉRATURE
FÉMININE INDONÉSIENNE
par Henn CHAMBERT-LOIR
La littérature écrite, jusqu'au siècle dernier, a toujours été, en Indonésie, un
domaine masculin. L'apparition, autour de 1900, de diverses formes de modernisme
à l'européenne, l'émergence du nationalisme et l'adoption concomitante des genres
littéraires occidentaux ont ouvert aux femmes la possibilité d'écrire. Possibilité toute
théorique, car l'écriture suppose une éducation relativement élevée, or — premier
obstacle — les jeunes filles, aujourd'hui encore, sont beaucoup moins nombreuses
que les garçons à pouvoir suivre des études supérieures. Parmi celles-ci, un grand
nombre prennent un emploi qui, ajouté à leurs tâches domestiques, ne leur laisse
aucun loisir. Enfin, et peut-être est-ce plus important encore, le "métier" d'écrivain
s'accorde mal avec l'image de la femme prévalant dans la société indonésienne.
Aussitôt faut-il préciser qu'en aucun cas la littérature n'est une profession. Si
quelques écrivains ont pu, durant de courtes périodes, vivre de leur plume, ils ne
sont qu'exceptions et ce n'est de toute manière le cas d'aucune femme. Il n'en reste
pas moins que l'écriture demeure l'apanage d'une classe sociale possédant un certain
niveau intellectuel, des loisirs et des aspirations esthétiques. La très grande majorité
des femmes auteurs recensées ci-dessous sont étudiantes, enseignantes ou rédactrices
de revues.
C'est dire que les femmes écrivains ne sont qu'une image très partielle de "la
femme indonésienne" et leur oeuvre, on s'en doute, le sera tout autant. Les femmes
du peuple, par exemple, n'ont pas droit de cité dans les romans, ou n'y sont repré
sentées que par des personnages marginaux, tels que servantes ou prostituées. 268
Les ouvrages d'histoire littéraire consacrent des paragraphes particuliers aux
femmes (x), sans d'ailleurs justifier cette discrimination : ils se bornent à constater
leur petit nombre sans en faire un bilan exact et laissent planer l'idée d'une certaine
"féminité" de leurs oeuvres sans pour autant en rechercher les caractéristiques
communes.
Le nombre des femmes écrivains est relativement limité en effet. Sur quelque
400 auteurs recensés pour toute la littérature indonésienne depuis le début du siècle,
on ne compte que 38 femmes.
L'appellation d'écrivain mérite quelques éclaircissements: on ne peut l'attribuer
aux auteurs ayant en tout et pour tout fait paraître quelques poèmes dans une revue ;
il en est d'autres dont, en l'absence de tout renseignement, il est impossible d'affirmer
s'ils sont hommes ou femmes ; je ne considère par ailleurs que les auteurs de romans,
nouvelles, poèmes et pièces de théâtre pour adultes, éliminant par conséquent un
certain nombre de femmes qui se sont rendues célèbres par la plume : auteurs pour
enfants et adolescents (H. Abuhanifah, Anna Mariana M., Anna M. Massie, Rd.
Hadidjah Machtum, Limbak Tjahaja, Surtiningsih W.T., Ibu Titi...)(2), auteurs d'essai»
et de critiques littéraires (Boen S. Oemarjati, Sri Rahayu Prihatmi), journalistes (Dewi
Rais, Koestinijati Mochtar, Hanna Rambe...).
Une Javanaise, Raden Ajoe Soetanandika, fit paraître dès 1909, dans un bimens
uel féminin de Batavia, un feuilleton sous le titre de "Histoire de Nji Rd. Martasih,
femme de bupati, et comment elle tomba dans la misère" (3). Hormis cette notable
exception, deux auteurs femmes seulement sont connues avant 1940 et toutes deux,
originaires de Sumatra, se cachent derrière un pseudonyme : Selasih et Hamidah qui
publièrent trois romans dans les années trente. (4)
Depuis lors, de 1940 à aujourd'hui, apparaissent régulièrement une dizaine
d'auteurs par décennie.
C1) Cf. B. Simorangkir-Simandjuntak, Kesusasteraan Indonesia (1951-52, 3 vol.), A.
Teeuw, Modem Indonesian Literature, 1967 et Ajip Rosidi, lchtisar Sedjarah
Sastra Indonesia 1969. On trouvera encore, sur les auteurs cités ici, des rense
ignements biographiques et des commentaires littéraires dans l'anthologie de D.
Lombard, Histoires courtes d'Indonésie, soixante-huit "tjerpen" (1933-1965), 1968,
et dans l'article de Th. Sri Rahayu Prihatmi, Pengarang Wanita Indonesia dalam
prosa, Jakarta, LBN., 1974 61 p.
(2) A quelques exceptions près cependant ; je retiens par exemple le nom de S.
Darmawan Tjokrokusumo dont le roman "Anggraeni, fille de trois époques"
(1975), bien que sans valeur littéraire et s'adressant plutôt à des adolescentes,
conserve un intérêt documentaire : il s'agit de la vie d'une jeune fille (de 15 à
22 ans) à Java de 1941 à 1948 ; on y trouve par exemple (p. 84-92) un aperçu
des démêlés entre le Persatuan Wanita Indonesia, qui se réclame du Fujinkai, et
le Persatuan Puteri Indonesia à Kediri au lendemain de l'indépendance.
(s) Je dois cette référence à Me Claudine Lombard-Salmon. Aucun manuel ne cite
cet auteur qui peut bien sûr être un pseudonyme.
(4) Cf. Soetan Takdir Alisjahbana, "Kaoem poeteri dan pembangoenan kesoesaste-
raan baroe", in Poedjangga Baroe, III, 1935-36, p. 131-8. 269
Environ une femme pour dix hommes, le nombre des femmes en littérature est
donc relativement faible. Mais l'est-il plus que dans les littératures d'Europe? Plus
significative est l'émergence très tardive des femmes — après 1940 seulement — et,
à l'inverse, la qualité des oeuvres de quelques-unes d'entre elles : Suwarsih Djojo-
puspito, S Rukiah et Nh. Dini figurent parmi les meilleurs romanciers indonésiens.
Plus surprenant encore le fait que parmi leurs oeuvres figurent quelques best-sellers.
Ce terme est peu approprié à l'Indonésie où un ouvrage dépasse rarement 5.000 exemp
laires, mais le succès des deux derniers romans de Nh. Dini n'a pas manqué de
surprendre et il faut se rappeler que les tout récents de Marga T parurent
tout d'abord en feuilletons dans le quotidien Kompas dont le tirage est trente fois
supérieur à celui d'un roman ordinaire (5). Nh. Dini et Marga T sont, en 1976, parmi
les cinq auteurs les plus célèbres d'Indonésie.
Une autre remarque quantitative s'impose : les 38 femmes recensées ici sont
originaires à peu près pour moitié de Sumatra (Minangkabau et Batak essentiellement)
et pour moitié de Java. Il semble toutefois que les Sumatranaises, prépondérantes
dans les années quarante, aient depuis cédé le pas aux Javanaises. La littérature
féminine fait preuve ici d'un étonnant parallélisme avec l'évolution de la
indonésienne en général : après des premiers pas souvent maladroits, mais du plus
haut intérêt, à Java (ici représentés par Rd. Ajoe Soetanandika), la première phase
de la littérature est l'oeuvre de Sumatranais, avant l'apparition et la prédominance
de Javanais et Sundanais. Un autre parallélisme se fait sentir dans l'apparition des
nouvelles et la récente recrudescence du roman.
Parmi les écrivains de l'île de Java, deux sundanaises seulement, mais notables :
Suwarsih Djojopuspito et S. Rukiah. Il est à noter que des femmes se trouvent
également dans les littératures régionales encore vivantes, mais, si l'on en juge par
l'exemple de la littérature sundanaise moderne, en moins grand nombre et plus
tardivement encore qu'en littérature indonésienne : il semble (6) qu'il n'y ait en langue
sundanaise qu'une femme écrivain pour seize hommes — dont certaines de talent
<Tini Kartini, Ati W.R., Aam Amilia, Naneng Daningsih...), mais sans atteindre à
la qualité de certaines femmes auteurs indonésiennes. Le fait n'est pas pour surprendre
si l'on considère que les écrivains ont naturellement tendance à écrire dans la langue
nationale qui est la langue de l'éducation et des rapports sociaux et qui est celle
aussi du plus grand p

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