Les finances de la Champagne aux XIIIe et XIVe siècles [premier article]. - article ; n°1 ; vol.19, pg 409-447
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1858 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 409-447
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1858
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

André Lefèvre
Les finances de la Champagne aux XIIIe et XIVe siècles
[premier article].
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1858, tome 19. pp. 409-447.
Citer ce document / Cite this document :
Lefèvre André. Les finances de la Champagne aux XIIIe et XIVe siècles [premier article]. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1858, tome 19. pp. 409-447.
doi : 10.3406/bec.1858.445577
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1858_num_19_1_445577LES FINANCES
LA CHAMPAGNE
AUX XIIIe ET XIVe SIÈCLES.
INTRODUCTION.
Le comté de Champagne , longtemps convoité par les rois de
France , ne fut pas réuni à la couronne sans de grandes précaut
ions. Sous la main même des rois, il garda presqu'un siècle son
nom et son administration ; des prétentions légitimes faillirent le
détacher de l'unité française , au moment même où , soumis au
système fiscal de Philippe le Bel et de ses successeurs, il perdait
les derniers restes de son indépendance, et, réduit en province,
se fondait dans le gouvernement central. Nous avons pour but de
chercher si, dans la période d'incertitude où la Champagne était
acquise à la couronne sansy être réunie, la richesse publique eut
à souffrir; si les revenus du domaine furent perçus par les
mêmes moyens employés aux mêmes dépenses que sous le règne
des comtes. Toutefois nous devons, avant tout, dire brièvement
par quelle succession de faits la Champagne est peu à peu tombée
dans la monarchie qu'ont grossie tour à tour les puissances
isolées ; quelles circonstances ont arrêté ou favorisé les empiéte
ments de l'administration royale.
Déjà la minorité orageuse de Thibaut le Chansonnier avait
permis à Philippe- Auguste de prendre le rôle de protecteur ;
déjà , dans les difficultés suscitées par les enfants naturels du
comte Henri, roi de Jérusalem, à Thibaut son neveu, saint Louis
avait trouvé l'occasion d'une intervention fructueuse : des châ
teaux avaient été remis en gage, des villes avaient quitté la
IV. (Quatrième série») 28 410
mouvance des comtes [jour celle des rois *. Mais la Champagne
glissait toujours des mains royales avant qu'elles eussent pu se
refermer sur elle; Philippe le Hardi ne voulut pas la laisser
échapper : un mariage était une chaîne insensible et solide ; il se
fit donc, dès 1275, promettre pour un de ses iils Jeanne, héri
tière de Navarre, encore au berceau. Il tenait déjà la Navarre
dès le mois de mai, èomme protecteur de sa bru ; une lettre de
Blanche, comtesse et reine-mère, lui accorda le château de Pro
vins pour en lever les revenus jusqu'au remboursement de ses
frais, à condition, que s'il tirait de la Navarre plus que sa dé
pense, il serait tenu de restituer la différence2. La douairière con
servait d'ailleurs, comme bail lislre de sa fille, le gouvernement de
la Champagne ; elle se remaria, et,, dès 1276, on a des cbartes ad
ministratives de Blanche et Edmond d'Angleterre; mais cet Ed
mond, Aymon, Heime de Lancastre, qui garda jusqu'à sa mort le
titre de comte-palatin, à qui Provins paya le cens et prêta cinq
cents livres en 1278, ne fut jamais qu'un lieutenant de Philippe:
on le voit marcher sous la conduite de Jean d'Acre, grand bou-
teiller de France, contre Provins révolté.
Le 15 août 1284 fut accompli le mariage de Jeanne, ûgée de
douze ans, avec Philippe le Bel, aîné de France, qui prit aussi
tôt la couronne de Navarre. Quant à la Champagne, Edmond et
Blanche prétendaient en garder l'administration jusqu'à la major
ité de Jeanne, fixée par la coutume de Champagne et les établi
ssements de saint Louis à vingt et un ans; mais Philippe Ш déclara
le bail terminé3. Cette mesure fut suivie, en mai 1285, d'un
arrangement: Blanche, en vertu du testament d'Henri, son pre
mier mari, reçut des sommes d'argent ; comme haillistre de sa
fille, elle garda tous les droits échus avant l'accord ; elle parta
geait avec sa fille la jouissance de la maison de Paris, et soixante
mille livres lui étaient assurées, payables par dix mille à des
termes fixés; joints à ces avantages, sa dot et son douaire lui
1. Thibaut, fils d'Henri, prête l'hommage lige à Philippe II; ses garants sont Milon
de Provins, Aubert de Lagny : 1186. Archives de l'Empire, J. 199, 1.
Engagement de Blanche, comtesse palatine, tutrice de son fils, avec Philippe- Auguste :
1210-13. Ibidem, 7*, 8,9, 10.
Hommage lige de Thibaut à Philippe-Auguste : 1214. Ib., 13*.
Thibaut abandonne à Louis IX Breteuil, Millencey, Romorantin : Paris, 1226. Ib., 26.
2. Arch. de l'Émp.re, ib., 34, 35.
3. Archives, J. 199, 36, 37. 4ÍI
constituaient une grande fortune. 11 fallait que le roi sentît sou
droit fragile pour donner ainsi une somme qui, selon Laraval-
lière, représentait au pair, dans le dernier siècle, douze cent
mille livres.
Jeanne demeura toute sa vie comtesse et reine; dans tout ce
qui concernait ses États, elle contrôla les actes de son mari. De
nombreuses ordonnances, revêtues de son approbation, ne laissent
aucun doute sur son autorité réelle. Cependant une lettre de
Philippe le Bel ordonnant à Guillaume de Nogaret, Simon de Магт
thois , chevaliers, et G. de Moissey, panctier, de faire les travaux
nécessaires pour rendre navigable jusqu'à Troyes la Seine, qui
ne l'était que jusqu'à Nogent, est dénuée de toute mention ou
approbation de la reine1. Elle est datée de Gand, le vendredi
après la Pentecôte 1301. Cette pièce n'est pas la seule de son
espèce ; elle prouve que les mesures d'administration, d'entret
ien, d'embellissement, pouvaient émaner du roi, et que les seuls
actes généraux avaient besoin de l'approbaiion spéciale de la
reine.
Comme comtesse de Champagne, Jeanne a créé le fameux col
lège deNavarre, auquel furent attribuées des bourses prises sur les
revenus des foires. Elle mourut en 1 304, et eut pour successeur
son (ils aîné, Louis le Hutin ; mais elle avait trois autres enfants
Charles et Philippe, rois tour à tour, et Isabelle, reine d'Anglet
erre. L'an 1309, en présence de Philippe le Bel, Louis désinté
ressa ses puînés par l'abandon de six mille livrées de terre en
Champagne; il paraît n'avoir rien donné à Isabelle, et ce fut un
des griefs d'Edouard Ш. L'héritage de Jeanne se réduisit donc
pour ses jeunes fils à trois mille livres de revenu ; mais, comme
le prouve une charte donnée en 1311 par Philippe Je Long-
comte de Poitiers, cette rente ne fut acceptée que sans préjudice
des droits d'hérédité 2.
En 131 I naquit Jeanne II, fille de Louis le Hutin. Sa jeunesse
la laissa d'abord sans défense contre ses oncles. Lorsque son
père mourut, en 1316 son oncle maternel et tuteur, Eudes de
Bourgogne, pressé par Philippe le Long, régent, se décida, le
1 7 juillet, à un arrangement qui, fondé sur des hypothèses, n'eut
1. Archives, J. 199, 41, 42, 44.
2. Y. Secousse, Mémoire sur l'union de la Champagne à la couronne. Acad. des
Inscr., t. xvii, p. 295.
28. 412
pas d'effet : si la reine veuve Clémence accouchait d'une fille,
Jeanne devait partager ses États avec sa sœur, et le régent, de
venu roi, tenir leurs domaines comme gouverneur en attendant
leur mariage; mais la reine veuve mit au monde un fils, le 15 no
vembre í 3 1 6. Le 6 janvier 1 3 Í 7, Philippe le Long, malgré l'op
position d'Eudes au nom de Jeanne, fut couronné roi ; il mit la
main sur la Champagne et la Navarre. Eudes souleva les vassaux
de sa nièce et les siens, mais le traité du 27 mars 1318 ne fut
pas favorable à sa cause. Jeanne dut abandonner pour toujours
ses droits sur la France et la Navarre; elle renonça dé même,
mais seulement en faveur de Philippe le Long et de ses enfants
mâles, à la Champagne ; la mort du roi sans enfants mâles devait
lui rendre la nue propriété de son comté, tenu en bail jusqu'à sa
douzième année par le successeur du roi ; encore perdrait-elle
l'indemnité qui lui était accordée, savoir : quinze mille livres
tournois de rente sur Mortain et Coutances, et cinquante mille
livres destinées, à l'achat d'un ďuché-pairie; son abdication devait
être ratifiée par elle à l'âge de douze ans. Le même

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