Les Français à Basilan : un projet de colonisation avorté - article ; n°1 ; vol.15, pg 29-40
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Description

Archipel - Année 1978 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 29-40
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Denis Nardin
Les Français à Basilan : un projet de colonisation avorté
In: Archipel. Volume 15, 1978. pp. 29-40.
Citer ce document / Cite this document :
Nardin Denis. Les Français à Basilan : un projet de colonisation avorté. In: Archipel. Volume 15, 1978. pp. 29-40.
doi : 10.3406/arch.1978.1377
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1978_num_15_1_137729
NOTES-DOCUMENTS
LES FRANÇAIS A BASILAN
UN PROJET DE COLONISATION AVORTÉ
par Denis NARDIN
En devenant "Consulat général dans l'Indochine", en 1840, notre
établissement consulaire à Manille acquérait une dimension politique
éminente, en même temps qu'était reconnue l'importance stratégique
des Philippines, terre insulaire également proche de la Chine, du Japon
et de l'Asie du Sud-est, et de plus possession d'une puissance latine
et 1' "ouverture" amie. Comme de la foyer Chine, d'observation comme base des de événements ravitaillement qui et menèrent de repos à
pour les unités de notre flotte stationnées dans la région, l'archipel
remplit sous Louis-Philippe et Napoléon III une fonction que nul autre
territoire asiatique ne pouvait aussi bien assumer.
En l'absence d'autre représentant diplomatique en Extrême-
Orient, notre consul à Manille suivit de près les événements de Chine.
Dès janvier 1838, Barrot alla y passer cinq semaines, d'où il revint
consterné, entre autres, de la faiblesse de notre commerce avec ce
pays. En août 1839, alors que la tension montait à Canton à la suite
des mesures prises par les autorités chinoises contre l'importation
d'opium, plusieurs Français, dont des missionnaires et le chancelier du
consulat, van Lof felt, se replièrent sur Manille (1). Suivit une période
assez confuse, marquée par des rivalités de services et l'envoi de la
• Cf. Archipel 9, p. 57-68; 11, p. 43-55 ; 14, p. 15-18.
Il fut remplacé par Charles Challaye, gérant du consulat, dépendant du consulat
général dans l'Indochine. 30
mission de l'intrigant Dubois de Jancigny qui à bord de la frégate
"Erigone", commandant Cecille, parcourut longuement la mer de
Chine, mais n'obtint aucun résultat notable, sauf celui de provoquer
la demande de mutation de Barrot, offusqué de ce qu'il considérait
comme un dessaisissement (2). Le consulat de Manille gardait cepen
dant une sorte de juridiction sur celui de Canton, puisque l'incapable
Ratti-Menton étant rappelé, c'est le consul qui venait d'être nommé
à Manille, Lefèvre de Bécourt, arrivé depuis deux mois, qui fut envoyé
d'urgence à Canton (mars 1844) (3). Guizot décida alors, pour assurer
dignement la présence française en Chine, l'envoi d'un plénipotentiaire,
chargé de négocier un traité comparable à celui, sino-anglais, de
Nankin, et la création d'une station navale.
La mission Lagrené, du nom de son chef, fut une opération de
grand style, ne comprenant pas moins de vingt personnes (4) ; elle nous
intéresse ici par les récits laissés par au moins quatre de ses membres,
qui comportent des témoignages intéressants sur les Philippines, et
par une opération annexe qui lui fut confiée — la recherche d'un
territoire à occuper, en l'occurrence l'île de Basilan, au large de Zam-
boanga — et qu'elle mena à bien dans les conditions que l'on va
voir. (5)
La politique d'expansion ultramarine discrète à laquelle Guizot
attacha son nom comportait, on le sait, la création de "stations navales"
en divers points du globe et son corollaire, l'établissement de "points
(2) Sur cet épisode, v. les "Mélanges," de H. Cordier, tome IV, et J.P. Faivre,
"L'expansion française dans le Pacifique", p. 387-94. L' "Erigone" quitta Brest
en avril 1841 et relâcha pour la première fois à Manille en septembre. Dubois
de Jancigny (1795-1860) était assisté de deux attachés: Chonsky et A. Marey-
Monge.
(3) Ce n'est que plus tard qu'une légation tout à fait autonome fut créée en Chine,
à Canton-Macao, avec un vice-consulat à Changhaï : le premier chargé d'affaires
< fut Alexandre Forthrouen (janyier 1848-octobre 1850) et le premier vice-consul,
Charles de Montigny (sur lequel il faut lire la biographie de J. Fredet, "Quand
la Chine s'ouvrait..." Paris 1953.)
(4) Outre le ministre, sa femme et ses deux enfants, il y avait 2 secrétaires de
légation, 7 "attachés" des Affaires Etrangères (dont un journaliste, Xavier
Raymond, des "Débats"), 4 délégués des Chambres de commerce, l'inspecteur
des douanes et son secrétaire, 1 médecin. Une division navale — frégate "Sirène",
corvettes "Victorieuse" et "Archimède",- cette dernière à vapeur — à sa disposi
tion quitta Brest en décembre 1843 et vint renforcer la station navale des mers
de Chine — frégates "Cléopâtre" et "Alcmène"', corvette "Sabine" — l'ensemble
étant placé sous le commandement de l'amiral J.B. Cécille (1787-1873). H.
Cordier a raconté les péripéties de la mission ("Mélanges", t.l.).
(5) La mission avait également pour tâche de se renseigner sur" Singapour, Java,
la Cochinchine. Son objectif principal fut atteint en 1844: traité dit de Whampou
signé le 24 octobre. 31
d'appui". Les répercussions de l'ouverture de la Chine devaient
l'amener à installer dans ses parages l'une de ces stations : ce fut la
"station navale des mers de Chine", créée en novembre 1843 à la suite
d'une mission préparatoire confiée à 1' "Héroïne", corvette de la division
de Bourbon, commandant Favin-Levêque.
Celui-ci dans son rapport de campagne (6), signale l'expansion
remarquable du commerce extérieur philippin, due au développement
des cultures d'exportation, la faible part qu'y prend la France — et
ne manque pas de tendre une perche devenue presque rituelle : "Si
le gouvernement français était en position de se faire céder par celui
de l'Espagne une colonie pour prix des sacrifices nombreux que la
France a faits pour elle, ou enfin pour un motif quelconque (sic), l'île
de Mindanao présenterait par sa position géographique de grands
avantages". A tout le moins la baie de Manille pourrait-elle être érigée
en "base exclusive" de la station navale : c'est ce que recommande
notre consul, qui fait état des bons sentiments à notre égard de l'opinion
publique, revenue des Anglais : "on s'arrache les traites sur Paris".
Las ! L'accueil assez froid réservé à Lagrené par les Espagnols,
un peu inquiets, et non sans raison, de ce déploiement de forces (7),
irrite tellement le chef de la mission qu'il décide de transférer à Macao
la base de la station : "Eh bien, Monsieur le Ministre, les Espagnols
sont encore si loin du XIXème siècle que je ne serais pas étonné
qu'ils s'en réjouissent!..." (3 juillet 1845). Cependant, quand en 1847
la station navale de l'Indochine fut créée par dédoublement de celle
de la Chine, Manille redevint son point de relâche le plus fréquenté.
C'est de là que son dhef, le capitaine de frégate Jurien de Lagravière,
qui avait son pavillon sur "La Bayonnaise", écrivait mélancoliquement
en octobre 1848 : "Depuis quinze mois nous errons en observateurs
au milieu de ce monde dont la France semble seule déshéritée..." (8).
Restait en effet la question du "point d'appui", non réglée malgré
les efforts de la marine pendant toute cette période pour se procurer
les quelques lieues carrées où faire flotter le pavillon national..., et
(«) A.N. Mar. BB4 621.
(7) "On dit que nous allons prendre Soulou, ou Formose, ou remettre la reine
Marie-Christine sur le trône contre une cession partielle des Philippines...",
écrit le consul en septembre 1843.
(s) La station navale de l'Indochine fut commandée successivement par le
capitaine de vaisseau Lapierre (1847-48), par Jurien de Lagravière (1848-50),
et par Gaston Rocquemaurel (1851-53); elle fut ensuite fusionnée avec celle
de la Réunion. 32
pour assouvir, si possible, la vieille convoitise française (9) sur les
Philippines.
Le probl&#

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