Les grottes-citernes des Causses. Le vase à eau et son utilisation - article ; n°1 ; vol.7, pg 107-177
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Gallia préhistoire - Année 1964 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 107-177
71 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

L. Martin
A Nourrit
A. Durand- Tullou
Gaston-Bernard Arnal
Dr Jean Arnal
Les grottes-citernes des Causses. Le vase à eau et son
utilisation
In: Gallia préhistoire. Tome 7, 1964. pp. 107-177.
Citer ce document / Cite this document :
Martin L., Nourrit A, Durand- Tullou A., Arnal Gaston-Bernard, Arnal Jean. Les grottes-citernes des Causses. Le vase à eau et
son utilisation. In: Gallia préhistoire. Tome 7, 1964. pp. 107-177.
doi : 10.3406/galip.1964.1240
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galip_0016-4127_1964_num_7_1_1240GROTTES-CITERNES DES CAUSSES LES
LE VASE A EAU ET SON UTILISATION
Par L. MARTIN, A. NOURRIT, A. DURAND-TULLOU et G. B. ARNAL
du Groupe Archéologique Lodévois
Les cavernes ont été d'une grande utilité dans la vie de l'homme ; mais tout le profit
que l'homme en a retiré ne semble pas avoir été suffisamment étudié. Aussi le but de notre
étude est-il de mettre en lumière une de leurs utilisations essentielles dont la réelle impor
tance n'a pas été assez comprise jusqu'à ces dernières années.
Au chalcolithique, l'homme a habité certaines grottes comme il a habité des villages
qu'il construisait en plein air. Pour préserver ses sépultures, il les assemblait dans
des cavernes ou bien sous les mégalithes qu'il avait élevés à cet effet. Il y a donc des grottes-
habitats comme il y a des grottes sépulcrales. Les premières sont généralement vastes et
facilement accessibles ; les secondes sont petites et d'accès malaisé. En dehors de ces deux
groupes composés de grottes sèches dites fossiles, il en est un troisième qui comprend
essentiellement des cavités humides. Nous allons étudier les divers aspects de ce dernier
type de grotte dans notre région.
Le rôle joué par ces cavernes est sans aucun doute très important car il est lié à la prin
cipale nécessité de la vie : l'eau. Le cadre géographique de notre étude se limitera à la zone
des garrigues et surtout des Causses où les sources et les ruisseaux sont pratiquement inexis
tants et où la question de l'eau revêt, de ce fait, une importance vitale.
Pour pallier cette sécheresse l'homme préhistorique imagina de créer des réserves
d'eau situées près de son habitat ou sur le parcours de son chemin de manière à satisfaire
entièrement ses besoins en eau. Il a visité les avens et les grottes les plus profondes qui
s'enfonçaient à l'abri de la sécheresse des Causses et conservaient une humidité suffisante.
Il a imaginé de placer sous les gouttières naturelles constituées par les stalactites pendant
des voûtes des cavernes, un récipient qui garderait l'eau jusqu'à son prochain passage. Il
a inventé une poterie spécialement destinée à remplir ce rôle. Il a donné à ce vase une forme,
une dimension et une résistance ad hoc. Cette ingéniosité de l'homme préhistorique, née de
l'obligation de s'adapter à des conditions d'existence de plus en plus sévères, nous vaut de
découvrir aujourd'hui dans notre région ce que le colonel Louis a si justement appelé les
« Grottes-Citernes »1.
(1) Louis (M.), Préhistoire du Languedoc Méditerranéen et du Roussillon, Édition des Cahiers d'Histoire et
d'Archéologie, 1948. 108 L. MARTIN, A. NOURRIT, A. DURAND-TULLOU ET G. B. ARNAL
Pourquoi ce genre de cavité est-il si peu connu? Pourquoi son nombre est-il, en l'état
actuel de nos connaissances, si réduit? C'est sans doute parce que, autant il est aisé de déceler
un dépôt, en sépulture comme en habitat — grâce à une expérience maintenant centenaire
— autant il est difficile de découvrir quelques tessons souvent dissimulés sous une couche
de calcite ou parmi les pierres d'un éboulis et qui peuvent ainsi échapper à tout examen
superficiel. Parfois aussi la grotte-citerne ayant perdu son humidité est devenue habitable
et les quelques débris qui l'auraient caractérisée se perdent au sein des nouveaux apports.
Parfois le spéléologue cherchant seulement à augmenter le développement de la grotte
qu'il découvre ne remarque pas le tesson mêlé aux graviers. Le fait est que les grottes-
citernes qui ont gardé leur caractère typiquement originel sont relativement rares.
C'est à l'occasion de recherches spéléologiques effectuées par le Spéléo-Club de
Montpellier, dans des cavités très peu connues du Causse du Larzac, que nous avons décou
vert un groupe de grottes-citernes centré autour des villages des Besses, de la Vacquerie
et du Coulet, complétant des découvertes du même genre faites antérieurement.
Le fait de fabriquer un récipient et de le maintenir à l'intérieur d'une grotte nous paraît
typiquement néolithique ou chalcolithique. Les hommes du paléolithique eurent certa
inement l'idée de retenir l'eau dans des récipients naturels mais, dans la région qui nous
occupe, les vestiges de cet âge sont très rares (nous savons que les gens du paléolithique
affectionnaient les habitats proches des cours d'eau) et, s'il en existe, ils sont enfouis sous
une épaisse couche de dépôts néo et chalcolithiques. Il ne nous a pas été possible de découv
rir sur le Causse proprement dit2 quelques vestiges se rapportant aux périodes les plus
anciennes de la préhistoire. Seul, le gisement en surface de la Bruyère d'Usclas3, situé sous
le rebord du Causse du Larzac, a livré une industrie attribuable au paléolithique final et
justement, le grès triasique qui compose le sous-sol de cette station présente, quand il
affleure la surface, des cupules. Ces bassins, probablement d'origine naturelle, ont sans
aucun doute servi, à cette époque, à recueillir l'eau de pluie.
Cet expédient est toujours utilisé par nos bergers actuels : les moutons vont s'abreuver
aux cupules de surface ou dans des bassins naturels parfois aménagés, appelés ici « lavagnes »
(une lavagne est généralement une ancienne doline ou bien le point le plus bas d'une an
cienne vallée que le dépôt d'une couche d'argile a rendu imperméable1). Quant aux hommes,
tout comme les préhistoriques, ils vont se désaltérer dans des grottes-citernes dont certaines
possèdent leur matériel originel5, récipients en place depuis des millénaires et tellement
(2) Cependant, dans la vallée de la Vis, vaste coupure partageant le Causse en deux, Ogtobon et, dans le cadre
de nos présentes recherches nous-mêmes, avons récemment découvert des traces de Paléolithique. La grotte de l'Elze,
par exemple, a fourni à Mme Durand une mâchoire de type très archaïque et deux éclats de silex de la même époque.
La grotte de la Foux révèle des traces d'industrie attribuable au Paléolithique.
(3) Louis (M.) et Dom. Hebrard, Documents pour servir à l'étude de la Préhistoire Lodévoise : La Bruyère
d'Usclas, Cahiers d'Histoire et d'Archéologie, 1948, Nouvelle série 9 et 10. — Groupe archéologique lodévois — La
Station de la Bruyère d'Usclas, Bulletin de la Société Préhistorique Française, Fasc. 5-6, 1959, p. 280.
(4) A ce sujet, Mme Durand-Tullou nous communique : « Les Lavagnes » : nous sommes d'accord pour une
analogie mais pas à proprement parler avec les lavagnes qui sont relativement récentes mais avec les « gourgos » dont
certaines sont peut-être bien contemporaines du début de l'élevage des ovins sur les Causses. Les lavagnes résultent
d'une transformation des « gourgos ».
(5) Voir plus loin « Grotte des Mounios » et « Source du Goûtai ». LES GROTTES-CITERNES DES GAUSSES 109
concrétionnés qu'ils offrent le plus souvent l'apparence d'une cupule naturelle, parfois
occupée par des pisolithes de toutes tailles.
Il semble qu'à toutes les époques le problème de l'eau se soit posé avec toujours la même
acuité aux indigènes et qu'à chaque fois il ait été résolu de la même façon. Nous croyons
que les méthodes employées par nos ancêtres se sont transmises traditionnellement de
génération en génération jusqu'à nos jours, prétextes à des légendes et contes plus ou
moins fabuleux. Si l'importance de cette manifestation paraît plus grande au chalco-
lithique, c'est que la séch

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