Les Hautes Vallées du Sòng-Gianh - article ; n°1 ; vol.5, pg 349-367
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1905 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 349-367
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Léopold Cadière
Les Hautes Vallées du Sòng-Gianh
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 5, 1905. pp. 349-367.
Citer ce document / Cite this document :
Cadière Léopold. Les Hautes Vallées du Sòng-Gianh. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 5, 1905. pp. 349-
367.
doi : 10.3406/befeo.1905.2654
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1905_num_5_1_2654:
LES HAUTES VALLÉES DU SÔNG-GIANH
Par M. L CADÏÈRE
De la Société des Missions étrangères de Paris
Correspondant de l'Ecole française d'Extrême-Orient
('ri voyage, malheureusement trop rapide, que je lis en 1900 dans les hautes
vallées du Sông-Gianh, me permit de visiter une région encore peu connue. Les
notes que, j'ai recueillies, bien qu'incomplètes, me paraissent cependant renfer
mer quelques matériaux intéressants au point de vue de l'histoire de la langue
annamite et de sa parenté avec quelques langues voisines (r).
Le Sông-Gianh arrose le Nord de la province du Quâng-binh. Il est formé de
trois branches; au Nord le Nguon-Nny, a la Grande Rivière », au Sud le Nguon-
Son, au milieu le Nguôn-Nàn. Ces trois branches se réunissent à quelque dix kil
omètres de l'embouchure du Sông-Gianh. La région des sources du Nguon-Nay est
habitée par des Khiia (prononciation du Quâng-binh, pour Kha) ; aux marchés
de Trók et de Bùng, dans la haute vallée du Nguon-Son, on voit à presque toutes
!es foires des Kà-lo' (sans doute autre tribu de Kha). La moyenne vallée du
Nguôn-Nây, et surtout la haute vallée du Nguôn-Nàn, sont habitées par deux po
pulations : les gens du Nâm-Nguyên, ou du Nguôn (-), et les Thát-Sác (3), ou
Sáč, ou Moi, ou Ro\ des sauvages. Comme on le verra ci-dessous, les gens du
(') Cette étude étant surtout de caractère linguistique, nous avons substitué à la trans
cription dite quoc-ngir, celle qui a été préconisée par le Congrès de Hanoi de 1902 et
dont les principes ont été rappelés plus haut (p. Лч8). Comme dans l'article de M. Chéon,
nous avons conservé l'orthographe traditionnelle des noms géographiques les plus connus.
f2) Le mot Nguôn désigne dans le Quâng-binh les fleuves, les rivières qui forment en se
réunissant le Sông-Gianh (clans le Hà-tmh et le Nghè-an, on a la forme correspondante Ngàn :
Ngàn-Sàu, Ngàn-Kà) ; par extension, il désigne la région montagneuse de l'Ouest de la province :
Un nguôn, di nguôn, « remonter les branches du Sông-Cianh, aller dans la montagne »
(au Nghè-an et au Hà-tmh : nguok ngàn, id.) ; a kôy nguôn, « habiter dans les montagnes 0 ;
zân nguôn, nguôn, « les gens de la montagne, les montagnards ». L'expression Nâm-Nguyên
Ш- УШ' (< 'es cnlcl Nguyen », est la traduction administrative en sino-annamite du mot Nguôn.
C'est par ces deux noms, Nguôn, Nam-Nguijên, que cette première population est désignée
soit par elle-même, soit par les Annamites, soit par les Sár.
(:i) Le mot .Sac Щ sert à, désigner cette seconde peuplade Ngwùu sáč, « un homme
sáč ; lieng sáč, « la langue .scie л. Ce mot sáč signitiant >< liste, registre, rôle d'impôt »,
j'explique les expressions Man-sáč Щ-% Щ par « les rôles d'impôts des sauvages de
l'Ouest » ; That-sáč \_, Щ, « les sept rôles d'impôt, les gens des sept rôles » ; Nguày-
sáč, « les gens des rôles, les sauvages ». On a aussi : NgLvvy kdy, « les gens des frontières,
les sauvages »; Ngivày-rû, « les gens de In forêt, les sauvages », etc.
b. к. F. E.-O. T. v — -23 — — 350
Nguon parlent un annamite très différent de l'annamite ordinaire (*), à tel point
qu'ils ne sont pas compris des Annamites du bas Sông-Gianh lorsqu'ils parlent
entre eux ; les Sáč parlent une langue qui a quelque parenté avec la langue
nguon, mais ne comprennent ni les Khùa du haut Nguôn-Nay, ni les Lào
(Laotiens), ni les Kà-lcr de la haute vallée du Nguon-Son. Les notes suivantes
concernent les Nguon et les Sac ('-).
I. — LES NdUON.
i° Notes ethnographiques. — La population du Nam-Nguyen, ou du
Nguon, est répartie eu onze village's, tous échelonnés dans la haute vallée
du Nguon- Nân. Ils sont divisés en deux groupes, comprenant chacun cinq
villages, d'où le nom de Nam-Nguyen, « les cinq Nguyên ». Le premier groupe,
situé plus au Nord, comptvud les villages de Kwi-dat (Qui-dat) ШШ> A.n-dú*k
(An-dúc) % Щ„ Ba-niroTig ^ jg, Than-long (Thanh-long) -g- || et Tàn-kieu
M ffî (récemment divisé en deux: Tàn-kieu et Tân-ho-p fjf ■£•). Ce premier
groupe forme, avec quelques villages annamites du moyeu Nguou-Này, le canton
deKo-sa (Co--sn) 3Ë &\ — Le second groupe comjtrend les villages de Ko-liêm
■& j§, Bok-tho [\ щ (aujourd'hui An-tbo '£ Ц), kim-bâng J* Щ, Tàn-li f|
g. et An-lak ^ Щ. C'est aujourd'hui le canton de Kim-liri ^ f^. Au village de
Kwi-dat est établi un poste de milice indigène.
Au sujet de l'histoire de cette population, voici ce que m'ont raconté les
notables de Kwi-dat. Les familles de la région appartiennent presque toutes à la
famille Din (Binli) ~f et à la famille Kao Щ. Quelques familles Nguyen §x sont
des gens venus plus ou moins récemment de la plaine (Hà-ban, c'est ainsi qu'ils
appellent la région du bas Sông-Ciianh), et tixés dans le pays. Je n'ai pas de re
nseignements sur la famille Din : elle viendrait du Nghe-an, des environs de
Dèn-kàn (Ben-càn), c< temple de la déesse К an », et de D'èn-cào (Bên-chào). Ce
temple de Cào est situé sur le territoire du village de So'n-trieu, dans le Sud du
Hà-tïnh (3).
(') l'ai" annamile. ordinaire j'entends la langue annamite telle qu'elle est parlée dan* le
Quàng-binh et les provinces environnantes.
(2) On m'a signalé à plusieurs reprises une autre race habitant la montagne, et désignée
sous le nom de Та-Кйу. ou Ča-Kúy ou Kôy. Ces gens vivent par familles, dans les grottes
de la montagne, sans habits, sans instruments ni ustensiles, mangeant les fruits delà brousse,
surtout de la fécule recueillie du kài-nûk (sagoutier?), et sont d'une timidité extrême. Seraient-
ce les Negritos, signalés par quelques auteurs dans les montagnes de la presqu'île indochinoise V
(3) dette région faisait partie, sous la dynastie des Le, de la province du Nghê-an, ainsi
d'ailleurs que le Nord du Quâng binh. Ces gens disent donc vrai en al'lirmant qu'ils viennent du
Nghê-an, bien que leur pays d'origine appartienne aujourd'hui au Hà-tïnh. - — 351
Depuis combien de générations cette immigration a-t-elle eu lieu, ils l'ignorent.
Les ancêtres des Din, pénétrant sans doute par la haute vallée du Ngàn-Sau,
qui arrose l'Ouest du Hà-tînh, vinrent s'établir dans le moyen Nguon-Này, à
l'endroit appelé encore de nos jours DÔng-lao (BÔng-lào), « la plaine des
Laotiens », Co1 (Cho-)-lào, « le marché des Laotiens ». Ce point est encore la tète
de la route de pénétration du Nàm-Nguyèn. Les Laotiens se seraient retirée, de
gré ou de force, et les nouveaux venus se seraient avancés peu à peu dans le
Nâm-Nguyên (*), que les Laotiens leur auraient aussi abandonné.
(jette tradition que les Nguon seraient originaires du llà-tïnh, est coniirmée
par ce fait que les femmes portent le jupon, et laissent toujours leur habit
de dessus ouvert par devant, coutume suivie au Hà-tïnh et au Nghê-an, inconnue
dans le Quàng-bmh (2).
Sous la dynastie des Le, ils dépendaient administrativement de la province du
Nghe-an (3). Parmi leurs anciens titres de propriété, quelques-uns sont datés
de Kàn-hirng ^ Ш (1740-1786), de Long-dú-k f§ Ц (1732-1735}, de Bâo-thay
% Ш (1720-1729).
Ils ont souvenance d'avoir dépendu d'un dôy (dôi), « chef de compagnie »,
nommé Thú, résidant à Than-lang, et de race sáč. Ce dôy Thú était fils du doy
Thoay, fils lui-même du plw-kwân-kcr (phô-quân-co), ce lieutenant- colonel »

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