Les Iconoclastes et la croix, à propos d une inscription de Cappadoce - article ; n°1 ; vol.34, pg 96-109
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Les Iconoclastes et la croix, à propos d'une inscription de Cappadoce - article ; n°1 ; vol.34, pg 96-109

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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1910 - Volume 34 - Numéro 1 - Pages 96-109
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Gabriel Millet
Les Iconoclastes et la croix, à propos d'une inscription de
Cappadoce
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 34, 1910. pp. 96-109.
Citer ce document / Cite this document :
Millet Gabriel. Les Iconoclastes et la croix, à propos d'une inscription de Cappadoce. In: Bulletin de correspondance hellénique.
Volume 34, 1910. pp. 96-109.
doi : 10.3406/bch.1910.3188
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1910_num_34_1_3188LES ICONOCLASTES ET LA CROIX
A PROPOS D'UNE INSCRIPTION DE CAPPADOCE
Non loin de Sinasos, en Cappadoce (1), M. Grégoire a re
levé une dédicace commençant par deux dodécasyllabes
iambiques, dont le début se trouve presque effacé. On lira
(transcription rectifiée) :
[Ή προ]στατ[ρ]ια της [ε]νδ[όξου] οικίας
εικών υπάρχει τοΰ σεβ[ασμ]ίου ξΰλου.
M. Grégoire proposait [tô άν]ότατ[ο·ν], parce qu'il y a une
croix peinte au plafond de la chapelle: mais le fidèle la
voyait sans qu'il fut besoin de l'en avertir. Par sa forme
graphique, [ή προ]στατ[ρ]ια répond mieux que [το άν]ότατ[ον] -
à la copie épigraphique:
Copie, 1.1: Jj //βψ/Ι OTATX I H
ΗΠΡΟΟΤΑΤΡΙΑ
Ces deux vers signifient donc que l'image de la Croix
sert de protectrice à la chapelle — ce qui valait la peine
d'être dit.
Du même coup, la suite de l'inscription peut s'interpré
ter autrement. Voici la transcription rectifiée (2):
TA και πάντοτε [φΰλατ]τε [τ]όν σον δουλ[ον δείνα]
[και] Κωνσταντΐνον πρεσβΰτερον χαρισαι αυτούς ά'φεσιν
αμαρτιών, χάρι(σαι) και έ'λεος
βοήΰειαν τω σω δούλα) ζωγράφω [δείνα].
(1) ΒΟΗ, XXXIII (1909), p. 91, inscr. 78.
(2) L. 1-2, Grégoire: [τ]ώ σώ δούλ[ω] .... Κοσταντήνο πρεσβΰτερον; mais
il faut ici un accusatif; ν est tombé non seulement, comme d'ordinaire,
devant σ et δ, mais aussi devant π: cf. Rott, Kleinasiat. Denkmdler,
p. 144, et Grégoire, BCH, 1909, p. 95, inscr. 81 : δηα τω Kv; p. Ill, inscr.
92: βοηΟησοτο κα L. 3, copie épigraphique, AVTS: c'est une faute
d'impression; le carnet de M. Grégoire porte AVT8C L. 4, Grégoire:
χάρη(ν) κέ; l'omission de σε est toute naturelle à côté de κε. LES ICONOCLASTES ET LA CROIX 97
Cette. inscription ainsi restituée a plus de portée qu'on
ne croirait tout d'abord. Voici pourquoi.
D'une part, la chapelle ne présente d'autre image que
lacroix. «Le reste de la décoration, dit M. Grégoire, est
purement linéaire; 'bien que la chapelle soit entièrement
peinte, on n'y trouve pas une seule figure de saint. ... Le
τίμιος σταυρός de Sinasos pourrait, à la rigueur, remonter
à l'époque des Iconoclastes » .
D'autre part, M. Grégoire, averti de notre restitution, a
su. découvrir dans la région même, à Skupi, une formule
correspondante à celle de Sinasos. C'est une dédicace rela
tive au remaniement de l'église. La copie de M. Rott (1)
coupait fâcheusement le texte. On lira (1. 9-11):. και σταυ
ρόν [εστή λ] ω σα της εκκλησίας κράτος: «j'ai dressé l'image de
la croix, qui est la force de l'église». Les parties de l'édi
fice contemporaines, de l'inscription sont précisément or
nées de croix sculptées (2) sans aucune figure humaine.
Comme le texte lui-même ne peut être postérieur, à la fin
du IXe siècle (ce que M. Grégoire montrera ailleurs), il est
légitime de l'attribuer aussi aux Iconoclastes.
Mais ces textes répondent-ils vraiment à leurs concept
ions V On peut l'affirmer. On peut prouver que, non seu
lement ils figuraient la croix, mais aussi qu'ils l'adoraient.
Théodore Stoudite nous a conservé quelques pièces de
vers qu'ils avaient composées en son honneur. L'une d'elle
s'adresse ainsi au Verbe:
νόμον δέδωκας σταυρόν εγγραφειν μόνον.
Puis elle ajoute: «Et voici que les empereurs la font scul-
L. 2. ÀKe, m'écrit M.1 Grégoire, est certain. L'exclamation a, ajoute-
t-il, se lit précisément au début d'une formule de prière, dans une ins
cription inédite trouvée l'an dernier ù Délos : ù κράξω προς σε, Κΰριε.
(1) Hans Rott, Kleinasiatische Denkmâler (Leipzig, 1908), p. 197-198;
και σταυρόν [ανάλυσα της Έκ[κ]λησίας. Κράτος etc.
(2) Ibid., p. 196: au- sommet de Tare triomphal et au-dessus du
transept Nord. Or, les voûtes appartiennent à la restauration, ainsi
que les piliers intérieurs sur l'un desquels est gravée l'inscription.
BOLL. DE CORRESP. HELLÉNIQUE, XXXIV < 98 LES ICONOCLASTES ET LA -CROIX
pter comme un signe de victoire» (1). En effet, Léon Tlsau-
rien, à l'entrée de la Chalcé, substitua une croix à l'image
du Christ et fit graver au-dessous d'elle quelques vers qui
rappelaient cet acte (2).\
Ce fut une mesure générale. Un autre de· ces poèmes
proclame que la croix a arrêté le torrent de l'erreur. L'al
lusion n'est pas douteuse. «De quelle croix parles-tu et de
quelle erreur? s'écrie Théodore Stoudite. Je vois que tu
désignes la figure de la croix et l'image du Christ» (3).
La croix devint comme· le symbole de la foi iconoclastique
et fut appelée à prendre partout la place de l'image:-
σταυρός συνάψας τα πριν εσκεδασμένα,
την εύσε'βειαν γνησίως υπογράφει*
άνατρέπων γαρ εικόνων πασαν ϋέαν,
ΰψωσε την σήν δόξαν εμφανώς, Λόγε (4).
Les Iconoclastes nous ont laissé d'autres témoignages
fort curieux de cette pratique iconographique. Il ne leur
répugnait point de falsifier certains passages des Pères à.
l'appui de leur thèse. Le patriarche Nicéphore, dans un
traité encore inédit, cite deux de ces χρήσεις, qui sont pour
nous fort intéressantes. M. Serruys, qui doit publier ce
traité (5), m'a fait l'amitié de me les signaler et de me
communiquer sa copie. Je l'en remercie vivement.
L'un de ces faux est attribué à Épiphane de Chypre.
Voici la prière que ce père est censé adresser à Théodose:
« Les peintures tracées sur les murs doivent être blanchies.
Quant à , ce que l'on aura préféré figurer en mosaïque, .
comme il est difficile de refaire un tel travail, la sagesse
(1) Theod.. Stud., Refutatîo jyoem. Iconoclast., dans Migne, Pair, gr., .
t. 99, col. 437 A.
(2) Ibid., col. 437 C. Cf. aussi Richter, Quellen der byzantinischen
Kunstgeschichte (Wien, 1897), p. 268.
(3) Ibid., col. 437 Β, 452 D.
(4)col. 476 c.
(5) Cf. Mélanges d'archéologie et d' histoire, XXIII (1903), p. 346. . LES ICONOCLASTES ET LA CROIX 99
que Dieu t'a donnée saura ce qu'il faut ordonner. S'il est
possible de le refaire, ce serait bien. Si c'est impossible,
qu'on se contente de ce quiexiste et que l'on ne peigne
plus ainsi., Car nos pères ne peignaient rien; autre que le
signe du Christ, lacroix, sur leurs portes et partout: και
γαρ οί ημέτεροι πατέρες ουδέν ά'λλοεγραφον ειμή το σημεΐον του
Χρίστου τον σταυρόν εν ταΐς αυτών θύραις και πανταχού » (1).
L'autre texte falsifié est la lettre de saint Nil à Olym-
piodore. On sait qu'Olympiodore se proposait de placer
des icônes dans, le sanctuaire, et. des scènes de chasse et
de pêche sur les parois -de la grande nef. Nil lui répond:
«Dans le sanctuaire, vers l'Orient du. temple divin, on f
igurera une seule et unique croix, car par une seule croix
tout le genre humain. est sauvé et l'espoir est en tout lieu
annoncé aux désespérés. .Avec des sujets de l'Ancien et du
Nouveau Testament, de part et d'autre, la main d'un excel
lent peintre remplira l'église des saints». Les Iconoclastes
lui font dire: «Dans le sanctuaire, .ainsi* que l'ordonne la
tradition ecclésiastique, trace une croix et borne-toi là: par
cette croix tout le genre humain a été sauvé. , Quant au
reste de l'édifice, blanchis-le: εν γαρ τω ίερατείφ κατά το πρόσ
ταγμα της εκκλησιαστικής παραδόσεως σταυρόν έγχαράξας άρκέσθητι,
δι'.'οΰ; σταυρού έσώΟη παν τό άνθρώπινον γένος* και το λοιπόν του
οίκου λεΰκανον» (2).
Ainsi, les Iconoclastes présentaient comme une tradition
de l'Église la règle qu'ils: ont définie dans leurs iambes:-
ne figurer que la croix.. Ils la plaçaient . dans les absides,
sur. les portes et partout-
La croix fut si bien leur symbole que .le premier soin
(1) Paris, gr. 1250, fol. 326 v. Ce texte était déjà en partie connu
par les Antirrhetica adversus Epiphanidem, . c. XXII (Pitra, Spicile-
gium Solesmense, t. IV, p. 362), où

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