Les impressions successives : jardins, musique et temporalité dans The Elements of Criticism de Henry Home, Lord Kames - article ; n°1 ; vol.51, pg 215-227
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XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles - Année 2000 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 215-227
In The Elements of Criticism (1761), Lord Kames explains that the fine arts go 'hand in hand' and that the same standards are used in all of them. Though he does not specifically compare music with the art of gardening, one may logically expect his theory of gardening to be related to his conception of music. This article suggests that it may indeed have been the former which served as a model for the latter and that landscape gardening was used at the time as a kind of general metaphor to conceptualize the arts and assess artistic merit. Rejecting the geometrical structure of the formal garden, Kames insists on the importance of variety resulting from the succession of different impressions in time. He advocates natural simplicity and therefore criticizes the excess of ornaments in the opera. Finally, we suggest that, while the digressive acquired primary critical importance in the aesthetic theory of the period, music failed to live up to the model of freedom expressed by landscape gardening, and that the theory of the sublime grafted upon Handel's music may have been partly to blame for it.
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Publié le 01 janvier 2000
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Langue Français
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Pierre Dubois
Les impressions successives : jardins, musique et temporalité
dans The Elements of Criticism de Henry Home, Lord Kames
In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°51, 2000. pp. 215-
227.
Abstract
In The Elements of Criticism (1761), Lord Kames explains that the fine arts go 'hand in hand' and that the same standards are
used in all of them. Though he does not specifically compare music with the art of gardening, one may logically expect his theory
of gardening to be related to his conception of music. This article suggests that it may indeed have been the former which served
as a model for the latter and that landscape gardening was used at the time as a kind of general metaphor to conceptualize the
arts and assess artistic merit. Rejecting the geometrical structure of the formal garden, Kames insists on the importance of variety
resulting from the succession of different impressions in time. He advocates natural simplicity and therefore criticizes the excess
of ornaments in the opera. Finally, we suggest that, while the digressive acquired primary critical importance in the aesthetic
theory of the period, music failed to live up to the model of freedom expressed by landscape gardening, and that the theory of the
sublime grafted upon Handel's music may have been partly to blame for it.
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Dubois Pierre. Les impressions successives : jardins, musique et temporalité dans The Elements of Criticism de Henry Home,
Lord Kames. In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°51, 2000. pp. 215-
227.
doi : 10.3406/xvii.2000.1524
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xvii_0291-3798_2000_num_51_1_1524LES IMPRESSIONS SUCCESSIVES :
JARDINS, MUSIQUE ET TEMPORALITÉ
DANS THE ELEMENTS OF CRITICISM
DE HENRY HOME, LORD KAMES
The Elements of Criticism de Henry Home, Lord Kames, constitue un
moment intéressant de la pensée critique en Grande-Bretagne au XVIIIe
siècle sur les questions d'esthétique et de goût. En effet, publié pour la
première fois en 1761, cet ouvrage prend en compte plus ou moins direc
tement les contributions majeures du milieu du siècle - celles de Hogarth,
notamment.1 Avec Home se confirme clairement une Avison et Burke,
orientation vers une esthétique de la réception. Cependant, la théorie des
Sister Arts constitue le fondement sur lequel Home construit son esthé
tique. Il estime en effet qu'il y a des équivalences entre les différents arts
et que les diverses branches de l'éducation constituent une "chaîne régul
ière."3 La musique, l'art du jardinage et l'architecture vont "la main dans
la main" :
Music having at command a great variety of emotions, may, like many
objects of sight, be made to promote luxury and effeminacy; of which
we have instances without number, especially in vocal music. But, with
respect to its pure and refined pleasures, music goes hand in hand with
gardening and architecture, her sister-arts, in humanizing and polishing
the mind; of which no one can doubt who have felt the charms of music.
(1:53)
Une telle approche suppose logiquement que ces différents arts soient
1. Charles Avison, An Essay on Musical Expression (London, 1752); Edmund Burke,
A Philosophical Enquiry into the Origin of Our Ideas of the Sublime and the Beautiful
(London, 1757); William Hogarth, The Analysis of Beauty (London, 1753).
2. Voir Pierre Morère, "Quête de la vie, du beau et du bonheur dans Elements of Cri
ticism de Henry Home of Kames," Hommage à Paul Denizot: Vie, formes et lumière(s),
BSÉAA XVII-XVIII (1999): 42.
3. "Thus the science of criticism may be considered as a middle link, connecting the
different parts of education into a regular chain" (Henry Home, Lord Kames, Elements of
Criticism, 1761, 2 vols. [Edinburgh, 1788] 1: 8). PIERRE DUBOIS 216
régis par des lois similaires, soit par analogie, soit par quelque autre rela
tion de mimétisme. Home établit au début de son ouvrage le fondement
d'une telle théorie, en montrant que les plaisirs de la vue et de l'ouïe ont
ceci en commun qu'ils sont à mi-chemin entre les plaisirs purement intel
lectuels et les plaisirs sensuels, puisqu'ils sont suscités par des objets phy
siques, mais sans qu'il y ait d'impression organique sensible ou, si l'on
préfère, de contact physique avec ces objets. Ces plaisirs sont de nature
modérée et s'opposent ainsi à la violence de la passion (1: 2). Ils ont donc
pour mérite éthique de nous tenir à l'écart de la gratification des appétits
sensuels (1: 4). La musique, comme la contemplation d'un tableau ou les
impressions recueillies au cours d'une promenade dans un jardin paysag
er, peut procurer des joies intérieures à partir d'un stimulus "physique,"
mais sans qu'il y ait de "gratification sensuelle" à proprement parler.
Home définit ainsi les arts qui permettent les plaisirs qui sont ressent
is à l'intersection de la perception sensible et des mécanismes de l'intel
lect, c'est-à-dire ces plaisirs qui demandent "une culture extraordinaire."4
Il s'agit de la poésie, de la peinture, de la sculpture, de la musique, de l'art
du jardin et de l'architecture (1:5). Il précise en note:
A taste for natural objects is born with us in perfection; for relishing a
fine countenance, a rich landscape, or a vivid colour, culture is unnecess
ary. The observation holds equally in natural sounds, such as the sing
ing of birds, or the murmuring of a brook. Nature here, the artificer of
the object as well as the percipient, hath accurately suited them to each
other. But of a poem, a cantata, a picture, or other artificial production, a
true relish is not commonly attained, without some study and much
practice. (1: 5n)
La différence est ainsi bien marquée entre les plaisirs provoqués par
des objets naturels, qui ne demandent aucune connaissance particulière, et
ceux suscités par une œuvre d'art. On le voit, le jardin, même lorsqu'il se
pare d'une apparence naturelle pour éviter le formalisme géométrique, ne
saurait pour autant s'apparenter à la nature sauvage. Et, de même, une dis
tinction radicale existe entre un son naturel, qu'on pourrait appeler un
bruit et qui ne requiert aucun effort de la part de l'auditeur, et une cons
truction musicale artistique, qui implique que son auditeur ait une culture
lui permettant d'en apprécier les modes de fonctionnement.
S'il consacre tout un chapitre de son traité à une comparaison spécifi
que entre l'art des jardins et l'architecture (2: chap. 24), Home ne s'appe
santit pas en revanche sur les rapports qui pourraient exister entre musi
que et jardinage. La raison en est assurément que la musique appartient
culture" (1.5). 4. "extraordinary HENRY HOME, LORD KAMES 217
aux beaux arts, tandis que les jardins et l'architecture font également par
tie des "arts utiles" (2: 431 [nous traduisons]). Toutefois, Home estime
que l'on a recours aux mêmes critères pour juger tous les arts.5 Il nous
semble donc légitime et pertinent de chercher quels sont ces critères de
jugement et quel degré de cohérence règne à l'intérieur du système propos
é par Lord Kames. Or sa théorie des jardins est un véritable plaidoyer
idéologique en faveur du principe de liberté qui règne dans le jardin
paysager britannique, par opposition au carcan du jardin géométrique
dont l'archétype n'est autre que Versailles. La question se pose donc de
savoir si l'on peut retrouver à l'intérieur du discours de Home sur la mus
ique les mêmes préoccupations que dans ses propos sur les jardins. Dans
quelle mesure la théorie du jardin sert-elle de modèle pour la constitution
d'une théorie d'esthétique musicale? Peut-on retrouver dans la conception
de la musique proposée par Henry Home la même opposition fonda
mentale que celle entre jardin paysager et jardin géométrique? Plus préci
sément, Home rejette-t-il les formes "mathématiques" de la musique an
cienne au nom des mêmes principes de liberté et de sensibilité, et se pro-
nonce-t-il en faveur d'une musique "moderne" qui serait l'équivalent des
nouveaux jardins de l'homme sensible? En somme, nous nous proposons
d'envisager les rapports sous-jacents qui lient, dans la théorie de Home, la
conception esthétique des jardins à la musique, et nous voudrions suggér
er que, dans une certaine mesure, c'est la théorie des jardins qui a permis
de modéliser son approche de la

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