Les limites de l intégration conceptuelle - article ; n°150 ; vol.37, pg 61-74
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Langages - Année 2003 - Volume 37 - Numéro 150 - Pages 61-74
Philippe GRÉA : The limits of Conceptual Integration The semantic representations used within the framework of the conceptual integration are mostly based on the objective specificities of the lexicon. From this perspective, the integration theory constitutes a return to the traditional opposition between literal and figurative sense. This article, in which we treat the issue of the polysemy and the metaphor, is aimed at setting off the descriptive limitations resulting from such presuppositions.
The semantic representations used within the framework of the conceptual integration are mostly based on the objective specificities of the lexicon. From this perspective, the integration theory constitutes a return to the traditional opposition between literal and figurative sense. This article, in which we treat the issue of the polysemy and the metaphor, is aimed at setting off the descriptive limitations resulting from such presuppositions.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Philippe Grea
Les limites de l'intégration conceptuelle
In: Langages, 37e année, n°150, 2003. pp. 61-74.
Résumé
Philippe GRÉA : The limits of Conceptual Integration The semantic representations used within the framework of the conceptual
integration are mostly based on the objective specificities of the lexicon. From this perspective, the integration theory constitutes
a return to the traditional opposition between literal and figurative sense. This article, in which we treat the issue of the polysemy
and the metaphor, is aimed at setting off the descriptive limitations resulting from such presuppositions.
Abstract
The semantic representations used within the framework of the conceptual integration are mostly based on the objective
specificities of the lexicon. From this perspective, the integration theory constitutes a return to the traditional opposition between
literal and figurative sense. This article, in which we treat the issue of the polysemy and the metaphor, is aimed at setting off the
descriptive limitations resulting from such presuppositions.
Citer ce document / Cite this document :
Grea Philippe. Les limites de l'intégration conceptuelle. In: Langages, 37e année, n°150, 2003. pp. 61-74.
doi : 10.3406/lgge.2003.915
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2003_num_37_150_915Philippe Grea
Université Nancy 2
UMR 7114 CNRS/Paris X : MODYCO (Modèles, Dynamiques, Corpus)
LES LIMITES DE L'INTEGRATION CONCEPTUELLE
Dans les pages qui suivent, nous abordons un aspect particulier de la
distinction qu'élabore Kleiber, en vertu de laquelle une sémantique constructi-
viste s'opposerait à une approche référentialiste (Kleiber 1999, pp. 17-18). Notre
attention ne se portera pas sur les multiples déclinaisons que connaissent ces
deux paradigmes et dont la description, du reste, se trouve très bien détaillée
dans l'ouvrage de Kleiber. Au contraire, nous allons mettre en regard deux
approches, la théorie de l'intégration conceptuelle (désormais, 1С) et la sémant
ique indexicale, qui représentent chacune à leur manière les paradigmes
décrits par Kleiber. Ce rapprochement nous permettra de clarifier certains
présupposés qui sont à l'œuvre dans l'IC, de mettre en relief les limitations
descriptives qu'ils impliquent et de voir de quelle manière les concepts de la
sémantique indexicale permettent de dépasser de telles limitations.
1 . Intégration conceptuelle et polysémie
1.1. L'opposition on line vs. entrenched
La théorie de l'intégration conceptuelle (Fauconnier & Turner 1998 ; Fauconn
ier & Turner 2002 ; Turner & Fauconnier 1995) est un développement de la
théorie des espaces mentaux (Fauconnier 1984). Elle se donne comme objectif la
description des processus (mentaux) par lesquels un espace original (l'espace inté
grant) est construit à partir d'espaces d'entrée (encore appelés espaces initiaux).
Elle peut se réduire à une opération de composition comparable à l'unification
telle qu'elle est employée dans le cadre de la syntaxe, bien que l'intégration ne
bénéficie pas actuellement d'un formalisme aussi explicite que celui utilisé dans
les grammaires monostratales2. Cette composition d'espaces se réalise par l'inte
rmédiaire d'un système de projections (mapping) entre les éléments des différents
espaces, formant de la sorte un réseau d'intégration (integration network) qui peut
1. Je tiens à remercier P. Cadiot et F. Lebas pour leurs conseils.
2. Il y a de fortes chances, par ailleurs, pour qu'un formalisme adapté à l'intégration présente des
propriétés formelles très différentes de celles qui jouent dans l'unification (en particulier, la
subsomption). L'intégration, en effet, est une théorie centrée sur la question de l'optimisation de
contraintes.
61 plus ou moins complexe selon les cas3. La configuration typique du réseau être
d'intégration peut se schématiser de la façon suivante :
Espace générique
Projections trans-
Espace d'entrée 1 spatiales Espace d'entrée 2
(cible) (source)
Projections
sélectives
Espace intégrant
Fig. 1 : réseau d'intégration (configuration typique).
L'espace générique contient les éléments communs à tous les autres espaces,
tandis que les espaces d'entrée sont des espaces plus spécifiés qui contiennent
des cadres conceptuels, des points de vue, des informations hétérogènes héri
tées d'un contexte, d'une culture, etc. Les éléments des espaces d'entrée sont
rapprochés par des projections trans-spatiales (cross-space mapping) et intégrés
par des projections sélectives dans un quatrième espace, l'espace intégrant.
L'intégration a donc pour effet de compresser les relations trans-spatiales en
relations internes à l'espace intégrant. Ce dernier présente alors une structure
logico-pragmatique qui peut être très différente de celles que l'on trouve dans
les espaces d'entrée, permettant de la sorte l'émergence de propriétés
nouvelles, inaccessibles si l'on en reste simplement aux espaces d'entrée et à
l'espace générique. Pour illustrer ce mécanisme, reprenons à (Grady et al. 1999)
un premier exemple :
(1) The committee has kept me in the dark about this matter*.
3. Pour simplifier, disons que la théorie distingue entre le simplex qui consiste uniquement à
instancier des arguments (dans une prédication comme Paul est le père de Jean) et intégration
multi-latérale (multiple-scope integration) qui fait intervenir au moins deux espaces d'entrée dont
les contenus sont incompatibles (cf. Fauconnier & Turner 2002, p. 120 et suivantes). Nous étudie
rons plusieurs exemples d'intégrations multi-latérales dans ce qui suit.
4. « To be (kept) in the dark » se traduit par « être (laissé) dans l'ignorance ». La polysémie parti
culière de dark nous oblige à laisser l'énoncé en anglais.
62 Afin de rendre compte de la polysémie de dark, ПС se donne un premier
espace (l'espace source) dans lequel un agent A se retrouve dans l'obscurité, ce
qui a pour effet de l'empêcher de voir correctement autour de lui. Un second
espace (l'espace cible), structuré autour du domaine de l'activité intellectuelle,
porte sur la rétention d'informations dont est victime une personne A' à l'inté
rieur d'une collectivité non identifiée mais structurée5. Si l'on en reste à ces
deux espaces, néanmoins, l'énoncé (1) n'a pas de sens. Il n'en acquiert qu'à
l'intérieur d'un espace intégrant où A et A' fusionnent pour devenir la même
personne. De même, l'obscurité et la rétention d'informations, originaires
d'espaces distincts, fusionnent pour donner lieu à des propriétés inédites. À cet
instant, dark prend effectivement le sens d'ignorance. Plusieurs aspects du tra
itement de la polysémie doivent alors être soulignés :
1) Le sens du lexeme dark est initialement réduit aux propriétés ontologiques,
mondaines, substancielles de la darkness, c'est-à-dire une série de propriétés
intrinsèques dans la terminologie de la sémantique indexicale : le fait de
manquer de lumière et, par conséquent, de placer tout agent humain dans
l'impossibilité de voir correctement. Le sens de dark n'a en première analyse
aucun rapport avec l'ignorance, et le fait que darkness, justement, veuille
aussi dire « ignorance » en anglais n'est pas immédiatement déterminé par le
sens de dark.
2) Si dark est amené, comme on le constate dans l'énoncé (1), à signifier
« ignorance », c'est parce qu'il est associé à un autre espace dont le « comité »
constitue l'élément central. Les relations qu'entretiennent ces deux espaces sont
alors compactées à l'intérieur de l'espace intégrant. C'est dans ce dernier que le
sens de dark, comme synonyme d'ignorance, émerge véritablement, à la suite
d'un calcul de nature logico-pragmatique qui se formule de la façon suivante :
il existe un comité qui plonge un agent dans l'obscurité afin de l'empêcher de
voir un problème ; un problème n'est pourtant pas un objet tangible sauf
lorsqu'il s'incarne dans un élément obtenu par synecd

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