Les origines du Forum Boarium - article ; n°1 ; vol.29, pg 103-144
43 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les origines du Forum Boarium - article ; n°1 ; vol.29, pg 103-144

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
43 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1909 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 103-144
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Piganiol
Les origines du Forum Boarium
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 29, 1909. pp. 103-144.
Citer ce document / Cite this document :
Piganiol André. Les origines du Forum Boarium. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 29, 1909. pp. 103-144.
doi : 10.3406/mefr.1909.6996
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1909_num_29_1_6996Γ
LES ORIGINES DU FORUM BOARIUM
II est admis que la Rome de Servius Tullius — j'entends la Rome
fortifiée par les murs dits Serviens — s'étendait jusqu'au Tibre. De
l'angle Sud-Ouest du Capitole, le rempart courait droit vers le fleuve,
un peu au midi de S. Nicola in Carcere; en cette région, il était
percé de la porte Carmentale, et peut-être aussi des portes Triomphale
et Flumentane. Du côté opposé, au pied de l'Aventin, une courte
muraille, percée de la porte Trigemina, fermait l'étroit passage entre
le Tibre et la montagne. De la porte Carmentale à la porte Trige
mina, le Forum Boarium était compris tout entier à l'intérieur de
l'enceinte.
Je voudrais éprouver une hypothèse différente. Je suppose que
les murs de Servius joignent le Capitole à l'Aventin, en décrivant, à
distance, du Tibre, une ligne brisée dont le sommet coïncide appro
ximativement avec le Janus qmulrifrons. La porte Carmentale vient
se placer au Sud du Capitole, immédiatement à l'extrémité du vir.us
Juya/rius qui conduit au Forum. La porte Trigemina ir est plus
entre le Tibre et l'Aventin, mais entre l'Aventin et Sainte-Marie
in Cosmedin. Le Forum 'Boarium est situé presque tout entier hors
les murs. Il faut chercher si cette hypothèse explique les textes
et les fouilles mieux que celle qui est aujourd'hui reçue en doctrine.
Cette théorie, à laquelle une étude indépendante m'a conduit,
a été défendue déjà en 1830 par Bunsen, en 1845 par Urlichs;
c'est Becker qui alors l'a combattue l. A cette belle bataille ne
1 Bunsen, Beschreilnmy der Stadt Rom, Stuttgart-Tubingen, ί, 1880,
p. 627 : Gang der Mauer vom Capitol bis zum Aventin. — Becker, Handb
uch der vom. Alterthümer, Leipzig, Γ, 1843, p. 139: Gang der Mauer
zwischen Capitol u. Aventin; p. 145: Porta Triumphalis. — Urlichs, Rom. LES ORIGINES Dû FORUM BOARIUM 104
manquèrent ni les injures bouffonnes, ni les traits admirables de
science. Et pourtant, dans les livres actuels de topographie, c'est
à peine si vous en saisissez l'écho. Je voudrais ranimer la théorie
que Becker semble avoir tuée.
Avant d'entrer dans le détail des arguments, je dois répondre
à deux objections préjudicielles, d'ailleurs contradictoires. On peut
m'opposer en effet: 1° que les textes garantissent que Rome, entre
2° que les fouilles le Capitole et Γ Aventin, n'a jamais été fortifiée;
ont retrouvé le tracé des murs dans cette même région, et qu'au
lieu de s'écarter du fleuve, ils le serrent étroitement.
La première objection est très forte. Il est incontestable que,
pour Tite-Live et Denys d'Halicarnasse, Rome a toujours été sans
défense du côté du Tibre. Lorsqu'ils racontent la légende d'Horatius
Coelès, pour expliquer la conduite de leur héros, ils indiquent l'un
et l'autre, en termes exprès, que Rome, vers le Tibre, était une
ville ouverte: l'ennemi maître du pont Sublicius pénétrait sans
obstacle au cœur de Rome 1.
Devons-nous les croire aveuglément? Dès leur temps, les murs
Serviens avaient disparu sous le flot des maisons. Denys avoue qu'on
en reconnaît à grand peine le tracé, bien qu'il en subsiste de nom
breux pans intacts 2. Or, si ces murs étaient depuis longtemps sa
crifiés, c'est principalement au Forum Boarium qu'ils avaient dû
Topogr. in Leipzig. Ein Anhang zur Beschreibung der Stadt Horn, Stut
tgart-Tubingen, 1845, p. 77: Die Tiefe zAvischen dem Aventin, Palatin, Ca
pitolili u. dem Flusse. — Becker, Zur mm. Topogr. Antwort an Herrn
Urlichs. Leipzig, 1845. — La réponse cl'Urlichs, dans le Classical Museum,
η. Vili, 1845, p. 194, ne m'a pas été accessible. — Cf. la recension du
Manuel de Becker par Preller, Nette Jenäische Allgem. Zeitung, 3e année,
2 mai 1844, p. 483 sq.
1 Liv., II, 10: Alia minis alia Tiberi obiecto videbantur tuta; pons
Sublicius iter paene hostibus dédit. — Den., V, 23: ολί-ρυ -ι πάνυ r, -ολις
ίυίτισνι άλωναι κατά κράτις, ατείχιστίς ουτα ζ/, των παρά τον — ΐταυ.ίν αέρων.
2 Den., IV, 13: Τω '=■'■'/.'-'■ τω δυσευρίτω αέν ϊντι Sia τας 77ΐρΓλα;ν.βανιύσας
ii οί'ΛΤ,σζ'.ς^ Ί'/jit, òi τίνα φυλάττοντι /.ατά πολλούς τόπους ζΐ,ς άρ/αίας 105 DES ORIGINES DTI FORUM BOARIUM
souffrir: là, au carrefour des vallées, au voisinage du port, s'ouvre
la place la plus tumultueuse, la plus affairée de Rome: celeberrima
'. Le mur qui faisait entrave à cette activité dut être entamé
de bonne heure. Les murs de Servius, du côté du Tibre, devaient
1 Ovide, Fasten, VI, 477. LES ORIGINES DU FORUM BOARIUM 106
être très difficiles à trouver; or, dans cette région, nos auteurs
n'ont peut-être pas pensé à les chercher, précisément parce qu'ils
croyaient à la légende d'Horatius Coclès. Pour eux, cette légende
prouvait que les murs du roi Servius ne couvraient pas le Tibre. Ils
ne pouvaient pas voir que la légende, plus savante qu'eux, démontrait
qu'au début de la République l'enceinte de Servius n'existait pas l.
La seconde objection pourrait être celle de M. Lanciani. « II n'est
pas une portion de l'enceinte de Servius, écrit-il, dont le tracé soit
X)lus certain et les restes mieux conservés que celle des bords du
Tibre » 2. Mais je ne crois pas que cette objection non plus soit
décisive. Si je puis établir que l'enceinte de Servius courait à distance
du fleuve, les murailles qui le bordent ne seront plus les fonda
tions d'un rempart, mais on y reconnaîtra les ruines du quai.
A priori, il semble impossible que Rome n'ait pas été fortifiée
du côté du Tibre. La violence du courant, dit Jordan, la protégeait
assez : l'histoire du Forum Boarium prouve au contraire, comme
nous verrons, qu'on y abordait aisément. Puis, si vraiment le Tibre
était une défense suffisante, pourquoi les Romains auraient-ils for
tifié la pente de l'Aventin du côté du fleuve? Il devait suffire d'un
court rempart à l'entrée de la plaine du Testacelo. Le fait que
le mur de Servius courait sur la hauteur de Sainte Sabine prouve
que la Rome Servienne ne s'est pas contentée du fossé du Tibre 3.
— Il me semble vraisemblable aussi que les murs ne bordaient pas
le fleuve: à une époque reculée, c'eût été bâtir en plein marais;
et, d'autre part, les inondations auraient perpétuellement compromis
la solidité du rempart. Ajoutez enfin que de bonne heure les mar
chands étrangers débarquèrent dans cette sorte de golfe que forme
1 Je ne puis examiner ici la théorie de M. Graffunder, selon qui le
mur de Servius date du temps des Rois. Cf. Arch. Ans., 1908, p. 488;
M. Pinza, Mon. Ant., XV, 1905, p. 752, le date du IVe siècle.
2 Ruins and Excav., Londres, 1897, p. 63.
3 0. Richter, Oie Befestigung des Janiculum, Berlin, 1882, p. l'-3, a
déjà présenté cette observation. LES ORIGINES DU FORUM BOARI UM 107
ici la rive du Tibre, ils y séjournaient sous la protection de leurs
dieux. Cette foule devait être suspecte ; l'accueillir au cœur de la
place eût paru fou.
Les deux temples d'Hercule.
Laissons de côté le temple d'Hercule dit Pompéien, temple de
petite gloire, et qu'on ne saurait confondre avec les monuments
qui vont nous occuper, bien qu'il soit situé dans leur voisinage
immédiat, près du Grand Cirque l.
Il existait à Rome, au pied de l'Aventin, deux sanctuaires d'Her
cule dont la gloire traditionnelle éclipsait tous les autres.
Plutarque, Quest. Horn., 60 : « Δια τί, ουεΐν [ίο>υ.ών 'Ηρακλέους
ovtojVj ου υ.εταΛα^.οανουσΊ γυναΐ/.ες ουοε γεύονται τ<υν εττι του
ιχείζονος 3υο;ν.ένο.»ν » ;
Macrobe, Sat., ΠΙ, fi, 10 : « Komae autern Victoria Herculis
acdcs duae sunt ; una ad portani Tri gem inani, altera in foro Boario».
Tacite, Ann., XV, 41 : Par l'incendie de Néron furent détruits
« magna ara f'anumque quae praesenti Ilei-culi Areas Evander sa-
craverat ».
Parmi les textes qui concernent ces deux temples, sans tou
jours l

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents