Les prix dans les relations économiques entre États socialistes - article ; n°4 ; vol.20, pg 735-753
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Description

Revue française de science politique - Année 1970 - Volume 20 - Numéro 4 - Pages 735-753
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Gilhodes
Les prix dans les relations économiques entre États socialistes
In: Revue française de science politique, 20e année, n°4, 1970. pp. 735-753.
Citer ce document / Cite this document :
Gilhodes Pierre. Les prix dans les relations économiques entre États socialistes. In: Revue française de science politique, 20e
année, n°4, 1970. pp. 735-753.
doi : 10.3406/rfsp.1970.393248
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1970_num_20_4_393248La lutte contre l'impérialisme économique
térêt national des Etats côtiers avec ceux, plus larges, de la communauté
internationale que l'on pourra limiter les risques que cette incertitude
comporte pour la paix mondiale.
H. G.
LES PRIX DANS LES RELATIONS
ÉCONOMIQUES ENTRE ÉTATS SOCIALISTES
Au cours d'une récente table ronde, une question était posée à un
économiste français, spécialiste de l'économie cubaine : « Cuba a,
certes, éliminé la domination américaine, mais une domination sovié
tique ne s'est-elle pas substituée à cette dernière ? » La réponse, sché-
matiquement résumée, fut que « ce n'était pas la même chose, mais
que l'on pouvait tout de même noter que l'Union Soviétique ne pratique
pas dans ses rapports avec Cuba les prix de l'internationalisme prolé
tarien ».
Cette réponse nous parut énigmatique. L'internationalisme prolé
tarien, chacun sait ce que c'est ; en revanche, les prix qui doivent en
découler ne sont pas très clairs. On sent bien que derrière cela se
profile la notion du « juste prix », mais qu'est-ce qu'un juste prix ?
En 1956, des questions semblables s'étaient fait jour à propos des
échanges commerciaux entre la Pologne et l'U.R.S.S. (il s'agissait sur
tout de charbon), entre 'la Hongrie et l'U.R.S.S. (il s'agissait surtout de
bauxite). On en reparla peu lors des événements de Tchécoslovaquie
(encore que le problème de l'uranium tchèque semble avoir été soulevé).
Dans les difficultés ou les crises qui ont pu se produire entre Etats
socialistes, le des prix ne semble jamais avoir été déter
minant ; il a cependant joué un rôle, qui nous a incité à en rechercher
les diverses composantes.
I. LES PRIX DANS LES RELATIONS ÉCONOMIQUES
ENTRE ÉTATS SOCIALISTES EUROPÉENS
Avant même le terme de la seconde guerre mondiale, l'U.R.S.S.,
dans son avance vers l'Ouest, s'est trouvée amenée à avoir des relations
économiques avec plusieurs pays. Dans une première période tout à
fait courte (jusqu'à l'automne 1945 à peu près), elle a utilisé les filatures
roumaines ou bulgares, qui seraient restées inactives, en leur fournis
sant son coton et récupérant les cotonnades. Il a fallu aussi, très vite
735 Les conflits internationaux
et en dépit de la pénurie, fournir des céréales et d'autres denrées
alimentaires dont le paiement fut différé.
Tout de suite cependant, les relations économiques entre l'U.R.S.S.
et les pays de l'Est européen furent diversifiées sur la base purement
politique de l'attitude adoptée par ces pays durant le conflit. A côté
des alliés — Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie (les deux premiers
ayant des troupes soviétiques cantonnées sur leur territoire) — il fallait
aussi compter des pays qui avaient livré à l'U.R.S.S. une guerre fort
active, l'Allemagne en premier lieu mais aussi la Hongrie ; un autre
pays, enfin, avait fait la guerre à l'U.R.S.S., mais avait changé d'attitude
en août 1944 : la Roumanie. La Bulgarie, tout en étant en guerre aux
côtés de l'Axe contre les alliés occidentaux, n'avait pas fait la guerre à
1'U.R.S.S.
Le comportement de celle-ci en fut très différent du fait que, pour
elle, le règlement du contentieux de la guerre passait par le paiement
de réparations, la saisie des biens germano-italiens (les premiers sur
tout particulièrement importants dans ces pays) et la formation à partir
de ces biens soit de compagnies soviétiques sur le territoire étranger,
processus qui dura peu de temps, soit surtout de compagnies mixtes
mais où la responsabilité des décisions appartenait essentiellement aux
directeurs soviétiques. Enfin les unités soviétiques stationnant dans ces
pays s'y trouvaient à leur charge.
Cette attitude de départ est fondamentale pour comprendre une
bonne partie des problèmes qui ont pu surgir ultérieurement. Il
s'agissait d'une décision politique que l'U.R.S.S. justifiait par l'ampleur
des destructions opérées sur son territoire. C'est ainsi que la Hongrie,
par l'armistice de juin 1945, devait 200 millions de dollars de réparations
à l'U.R.S.S. et 100 millions à la Yougoslavie et à la Tchécoslovaquie. Ces
réparations étaient payables en marchandises en six ans, les prix en
étant calculés sur la base des prix mondiaux de 1938, considérés comme
plus « normaux » que ceux de 1945.
Des compagnies mixtes soviéto-hongroises sont formées dans les
mines de charbon, l'industrie pétrolière, l'énergie électrique, la navi
gation fluviale, le textile (23 usines comptent 50 % du capital sovié
tique)... En tout 201 compagnies allemandes sont saisies par le gouver
nement soviétique1. En janvier 1947, l'U.R.S.S. demande à la Hongrie
de lui acquitter le montant de sa dette à l'égard de l'Allemagne, soit
200 millions de dollars.
Il en sera de même pour la Roumanie, qui devra 300 millions de
dollars de réparations, dont une partie sera payée en livraisons de
pétrole roumain sur la base de 15 dollars la tonne (prix de 1938, mais
la moitié du prix de 1945). Certes, ces réparations seront en fait ré-
1. Dewar (Margaret), Soviet trade with Eastern Europe (1945-1949), London, Royal
Institute of International Affairs, 1951.
736 La lutte contre l'impérialisrne économique
duites assez vite et, dès septembre 1945, de 40 H pour la Roumanie, afin
de l'aider à surmonter une terrible sécheresse.
La Bulgarie n'aura pas à payer de réparations à l'U.R.S.S. (elle en
paiera à la Grèce et à la Yougoslavie). Elle devra cependant supporter
la charge du maintien des troupes soviétiques sur son territoire et les
biens allemands seront saisis et revendus pour 9 millions de dollars à
la Bulgarie. En 1947, l'U.R.S.S. revend à la Bulgarie 127 locomotives et
5 936 wagons qu'elle avait saisis sur son territoire.
Il n'est pas besoin d'insister sur ce que fut dans ces conditions le
traitement réservé à la zone d'occupation soviétique en Allemagne.
L'administration directe par l'U.R.S.S. et la perspective d'un statio
nnement prolongé de ses troupes firent que l'on remit en marche sur
place les principaux moyens de production.
Cette attitude dure traduit le fait qu'au fond, dans un premier
temps, on ne préjuge pas de ce que va être l'organisation politique
de l'Europe de l'Est. Les premiers accords commerciaux sont à court
terme (un an) et bilatéraux. L'U.R.S.S. fournit des vivres, des matières
premières. Le premier accord soviéto-tchécoslovaque du 24 septembre
1945 prévoit la fourniture à la Tchécoslovaquie de minerais, de laine,
de coton et de pétrole. Le règlement se fera sur la base des prix du
marché mondial au moment de la signature, mais le prix du fret sera
très élevé (ce qui traduit largement l'état des voies et moyens de
communication). L'accord du 14 mars 1945 prévoit ila livraison par la
Bulgarie de 5 tonnes d'essence de rose à moins du tiers du prix mond
ial. Mais le prix semble importer peu ; il faut surtout faire redémarrer
l'économie.
Dans le contexte, qui se précise au cours de l'année 1947, du déclen
chement de la guerre froide, et les circonstances en échappent à cette
étude, l'Europe orientaile et centrale prend peu à peu le chemin d'une
organisation socialiste. Les modalités sont diverses mais pourtant la
planification se développe. Il est beaucoup moins question, alors, d'ex-
alliés et d'ex-ennemis et, partant, l'U.R.S.S. diminuera le montant des
réparations : en Hongrie de 50 % le 24 juillet 1947, puis de nouveau
en janvier et juin 1948. Des accords à plus long terme peuvent être
conclus, tels

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