Les professeurs d histoire des universités allemandes 1800-1914. Savoir et pouvoirs - article ; n°4 ; vol.12, pg 525-536
13 pages
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Les professeurs d'histoire des universités allemandes 1800-1914. Savoir et pouvoirs - article ; n°4 ; vol.12, pg 525-536

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Description

Histoire, économie et société - Année 1993 - Volume 12 - Numéro 4 - Pages 525-536
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Catehreine Devulder
Les professeurs d'histoire des universités allemandes 1800-
1914. Savoir et pouvoirs
In: Histoire, économie et société. 1993, 12e année, n°4. pp. 525-536.
Citer ce document / Cite this document :
Devulder Catehreine. Les professeurs d'histoire des universités allemandes 1800-1914. Savoir et pouvoirs. In: Histoire,
économie et société. 1993, 12e année, n°4. pp. 525-536.
doi : 10.3406/hes.1993.1689
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1993_num_12_4_1689SAVOIR ET POUVOIRS : LES PROFESSEURS D'HISTOIRE
DES UNIVERSITÉS ALLEMANDES 1800-1914
par Catherine DEVULDER
Résumé
Les historiens allemands du XIXe siècles sont bourgeois, prussiens, protestants. Leur
contribution au libéralisme et au nationalisme montre leur volonté de se démarquer de la démocratie
radicale, comment ils aident à la formation d'une Etat-nation constitutionnel et comment peu à peu ils
glorifient la Prusse et protègent une monarchie sociale à dimension mondiale.
Abstract
From 1800 to 1914, university history professors were bourgeois prussian protestants. Their
contribution to liberalism and nationalism shows how desirous they were of differentiating
themselves from the radical democracy, how they contributed to the formation of a national and
constitutional state and how they gradually came to the point of glorifyng Prussia.
Il s'agit, dans cette étude, de cerner la figure des professeurs d'histoire1 des
universités allemandes de 1800 à 1914, de jalonner le parcours de leur vie publique,
de circonscrire les formes d'activité — et leur pensée — d'un groupe professionnel au
moment où les études historiques s'organisent.
L'échantillon choisi se veut représentatif et met en série les biographies relativ
ement reconstruites des 103 professeurs enseignant dans les facultés de philosophie les
plus importantes du XIXe siècle par, à la fois, le nombre des professeurs et des étu
diants : Gôttingen qui connut une importante école historique à partir de 1766 ; Berlin
et Bonn, toutes deux des créations du roi de Prusse en 18 10 et 1818 dans l'optique de
l'université idéaliste humboldtienne ; Leipzig ; Munich après son transfert de Landshut
en 1826 ; Heidelberg, sa deuxième fondation datant de 1803. Le second XIXe siècle
est une période d'implantation soutenue de la discipline historique qui se profession-
nalise. Alors que les années 1800-1860 représentent 38,8% des nominations (mais
75% pour Munich) les 1860-90 totalisent 35,9%, Berlin et Leipzig regroupant
respectivement 39,1% et 41% de leurs nominations entre 1890 et 1914. Or ces histo
riens ont un rôle essentiel dans la vie politique dès les années 1815.
Les historiens dans le champ politique : de l'unité allemande à l'impérialisme
Pour tout le siècle, 41,5% des professeurs considérés appartiennent à une ligue,
un parti politique, sont mandatés et sont proportionnellement aux autres historiens les 526 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
plus nombreux avant l'unité nationale, 50% des professeurs nommés avant 1850,
58,3% de ceux nommés de 1850 à 1870, 27% et 36% pour les périodes 1870-90 et
1890-1810.
Le rôle politique des historiens dans les stratégies partisanes montre la mise en
place progressive de leur apport au libéralisme et au nationalisme, leurs ambiguïtés et
leurs divergences. Mais essentiellement leur volonté de se différencier vis-à-vis du
mouvement démocrate. Les historiens aident à la formation d'un Etat national consti
tutionnel et glorifient peu à peu, dans leur majorité, la Prusse pour soutenir au tour
nant du siècle une monarchie sociale à vocation mondiale. Leur libéralisme passe de
l'aspiration révolutionnaire à l'apologie du pouvoir, du centre-droit à la synthèse libé
rale conservatrice.
La figure de l'historien se démarque avec Dahlmann qui, depuis 1815, met les
questions constitutionnelles au premier plan. L'historien, nommé secrétaire de la de
putation des prélats et chevaliers du Slesvig-Holstein, en appelle en 1822 au Bundest
ag pour défendre les droits de la chevalerie du Holstein contre les prétentions da
noises. Il ne s'agit pas seulement de ressusciter d'anciens droits mais de passer dire
ctement des privilèges d'un état aux institutions constitutionnelles et d'œuvrer ainsi
pour la dignité nationale du pays : le droit historique de la noblesse réside dans la
conservation des biens nationaux. S'étant dans cette affaire attiré la disgrâce du pouv
oir, il est nommé à Gôttingen. Or le Hanovre revient au duc de Cumberland lequel,
par une patente du 30-31 octobre 1837 supprime la constitution. Le 18 novembre
1837 Dahlmann et six autres professeurs dont Gervinus présentent une protestation au
curateur de l'université. Celle-ci fustige le coup d'état, mais comme elle a peu
d'impact public il est facile de destituer les meneurs. Dahlmann est alors exilé à
Leipzig où il explique son action à des cercles plus larges par des brochures, des
pamphlets. Finalement, nommé à Bonn, il est parmi les hommes de confiance appelés
par le nouveau gouvernement prussien pour préparer une constitution.
Avec Droysen, il y a passage du constitutionnalisme au nationalisme. Dans le
conflit opposant le roi de Danemark Christian VIII, dans sa prétention à un Etat uni
taire, aux ducs unis simplement par leur personne au roi, l'historien soutient ces der
niers en mettant en avant les intérêts nationaux allemands. Ses interventions présentées
dans le cadre académique ont tout de suite un fort impact populaire : il rédige ainsi
l'adresse de l'université de Kiel quand cette dernière prend la tête de l'opposition du
cale. En 1846, il fait partie des neuf professeurs (avec Waitz et Hausser) qui protestent
contre la lettre ouverte de Christian VIII affirmant le maintien intégral de la monarchie.
En mars 1848, Frédéric VII ayant donné une constitution au Danemark et au Slesvig,
les allemands forment à Kiel un gouvernement provisoire que vont aider bientôt les
troupes prussiennes. Waitz est plénipotentiaire de ce gouvernement auprès de Berlin.
Droysen représente le Holstein à la commission des 1 7 auprès du Bundestag. Momm-
sen, secrétaire du comité d'organisation de l'assemblée de Rendsburg, écrit dans la
Schleswig-Holstein Zeitung, organe du nouveau gouvernement d'avril à juillet 1848.
En collaborant à la Deutsche Zeitung {àonX le rédacteur est Gervinus de 1847 à
septembre 1850) qui «représente les intérêts communs de la patrie et contribue au mu- L'IMPACT DE LA GUERRE DE 1914-1918 SUR L'INDUSTRIE MECANIQUE 527
rissement des esprits» et alors que Gervinus pense à une Allemagne fédérale dirigée
par la Prusse et dont l'Autriche serait exclue, Hausser émet avant 1848 l'idée d'un Etat
fédéral comprenant la Prusse et l'Autriche. Gervinus et Hausser font partie de
l'assemblée des 51 libéraux réunis à Heidelberg le 5 mars 1848 pour établir le pr
ogramme des réformes urgentes et nécessaires.
Le point fort du «libéralisme des professeurs» est la révolution de 1848 et Francf
ort, 25% des historiens-politiques font partie de l'assemblée nationale. Dahlmann
jouissant du prestige de théoricien de la constitution, et Droysen, députés du Holstein,
ont une influence essentielle dans les débats de l'assemblée nationale comme membres
de la commission parlementaire des 15 (Dahlmann en est le rapporteur, Droysen le
secrétaire) et de la commission de la constitution. Font partie de cette dernière égale
ment Waitz, Gervinus et Wuttke. Bien que Droysen ne soit pas orateur à la Pauls-
kirche, il publie dès 1849 sa rédaction des débats. Gervinus y est plus observateur
qu'acteur. Les professeurs font partie en majorité du Kasino Partei, mouvement de
centre-droit. Wuttke est membre de la WurtenbergHof de centre-gauche et remplace
R. Blum de novembre 1848 à juillet 1849. Arndt fait partie de la droite.
Dahlmann, Waitz et Droysen forment un groupe de pression en faveur des intérêts
des duchés. A propos de la constitution, Waitz, rapporteur pour les questions de ga
rantie et de loi électorales, pense que les masses doivent être écartées du droit de suf
frage car elles n'agissent pas de leur propre chef. Par contre pour Droysen, la question
principale pour le moment n'est pas celle de la rédaction d'une constitution mais bien
celle de la fondation d'une puissance allemande : il propos

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