Les règles de la méthode sociologique
216 pages
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UJ RÈGLESLES DE LA MÉTHODE SOCIOLOGIQUE EMILE DURKHEIM Professeur à la Faculté des lettres de Poris. SEPTIEME EDITION PARIS LIBRAIRIE FÉLIX ALGAN 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, VI® 1919 de traduction et de réservés.Tous droits reproduction PREFACE I est si peu habitué à traiter les faits sociaux scienti-On ,quenient que certaines des propositions contenues dans t;t ouvrage risquent de surprendre le lecteur. Cependant, -il existe une science des sociétés, il faut bien s'attendre à qu'elle ne consiste pas dans une simplece paraphrase des^ M préjugés traditionnels, mais nous fasse voir les choses autrement qu'elles n'apparaissent au vulgaire;I car l'objet de toute science est défaire des découvertes et toute décou-!Ç ^à plus ou moins les opinionsverte déconcerte reçues. A moins ? donc qu'on ne prête au ço.ram.un, en sociologie, unes£.as. lutorité qu'il n'a plus depuis longtemps dans les autres — —. sciences et on ne voit pas d'où elle pourrait lui venir 1 îl faut que le savant prenne résolument son parti de ne pas] se laisser intimider par les résultats auxquels i aboutissent ses recherches, si elles ont été méthodiquement conduites. Si chercher le paradoxe est d'un sophiste, le fuir, quand I il est imposé par les faits, est d'un esprit sans courage ou ^ sans foi dans la science. Malheureusement, il est plus aisé d'admettre cette règUj principe théoriquement que de l'appliquer1 en et avec per- i sévérance.

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UJRÈGLESLES
DE LA
MÉTHODE SOCIOLOGIQUE
EMILE DURKHEIM
Professeur à la Faculté des lettres de Poris.
SEPTIEME EDITION
PARIS
LIBRAIRIE FÉLIX ALGAN
108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, VI®
1919
de traduction et de réservés.Tous droits reproductionPREFACE
I
est si peu habitué à traiter les faits sociaux scienti-On
,quenient que certaines des propositions contenues dans
t;t ouvrage risquent de surprendre le lecteur. Cependant,
-il existe une science des sociétés, il faut bien s'attendre à
qu'elle ne consiste pas dans une simplece paraphrase des^
M préjugés traditionnels, mais nous fasse voir les choses
autrement qu'elles n'apparaissent au vulgaire;I car l'objet
de toute science est défaire des découvertes et toute décou-!Ç
^à plus ou moins les opinionsverte déconcerte reçues. A moins
? donc qu'on ne prête au ço.ram.un, en sociologie, unes£.as.
lutorité qu'il n'a plus depuis longtemps dans les autres
— —. sciences et on ne voit pas d'où elle pourrait lui venir
1 îl faut que le savant prenne résolument son parti de ne pas]
se laisser intimider par les résultats auxquels
i aboutissent
ses recherches, si elles ont été méthodiquement conduites.
Si chercher le paradoxe est d'un sophiste, le fuir, quand
I il est imposé par les faits, est d'un esprit sans courage ou
^ sans foi dans la science.
Malheureusement, il est plus aisé d'admettre cette règUj
principe théoriquement que de l'appliquer1 en et avec per-
i sévérance. Nous sommes encore trop accoutumés à Iran-
toutes questions les*j cher ces d'après suggestions du sens
(commun pour que nous puissions facilement le tenir à dis-
tance des discussions sociologiques. Alors que nous nous
en croyons affranchis, il nous impose ses jugements sansLA MÉTHODE SOCIOLOGIQUEVI LES RÈGLES DE
n'y a qu'une longue et spé-que nous prenions garde. Ily
pareilles défaillances.pratique qui puisse prévenir deciale
au lecteur de bien vouloirVoilà ce que nous demandons
toujours présent à l'espritpas perdre de vue. Qu'il aitne
faitpenser auxquelles il est le plusque les manières de
à l'étude scientifiquesont plutôt contraires que favorables
mettesociaux et, par conséquent, qu'il sedes phénomènes
impressions. S'il s'y abanren garde contre ses premières
sans nousdonne sans résistance, il risque de nous juger
accu-Ainsi, il pourrait arriver qu'on nousavoir compris.
prétexte quesât d'avoir voulu absoudre le crime, sous
un phénomène de sociologie nonfiale.nous en faisons
s'il est normalL'objection pourtant serait puérile. Car
pastoute société, il ait des crimes, il n'estque, dans y
L'institution d'un sys-moins normal qu'ils soient punis.
quetème répressif n'est pas un fait moins universel
ni moins indispensable à lal'existence d'une criminalité,
il fau-santé collective. Pour qu'il n'y eût pas de crimes,
consciences individuelles qui, poufdrait un nivellement des
n'est ni possible nides raisons qu'on trouvera plus loin,
mais pour qu'il n'y eût pas de répression, il fau-désirable;
morale qui est inconci-drait une absence d'homogénéité
liable l'existence d'une société. Seulement, partant deavec
détesté et détestable, le senscommunce fait que le crime est
en conclut à tort qu'il ne saurait disparaître trop complè-
simplisme ordinaire, il ne conçoit pastement. Avec son
qu'une chose qui répugne puisse avoir quelque raison d'être
il n'y a à cela aucune contradiction.4atile, et cependant
N'y a-t-il pas dans l'organisme des fonctions répugnantes
réguher est nécessaire à la santé individuelle?dont le jeu
Est-ce que nous ne détestons pas la souûrance? et cepen-
un être qui ne la connaîtrait pas serait un monstre.dant
sentiments d'éloi-Le caractère normal d'une chose et les
gnement qu'elle inspire peuvent même être solidaires. Si
de n'êtrela douleur est un fait normal, c'est à condition
pas aimée; si le crime est normal, c'est à d'être
V- rien de révolutionnaire. Ellehaï ^ Notre méthode n'a dontf
1. Mais, nous objecle-t-on, si la santé contient des éléments
haïssables, nous faisonscomment la présenter, ainsi que plusPREFACE MI
un sens, essentiellementest même, en conservatrice, puis-
qu'elle considère les faits sociaux comme des choses dont
sila nature, si souple et malléable qu'elle soit, n'est pour-
ant pas modifiable à volonté. Combien est plus dangereuse
lela doctrine qui n'y voit que produit de combinaisons
mentales, qu'un simple artifice dialectique peut, en un ins-
tant, bouleverser de fond en comble!
I De même, parce qu'on est habitué à se représenter la
\j^ie sociale comme le développement logique de concepts
idéaux, on jugera peut-être grossière une méthode qui fait
dépendre l'évolution collective de conditions objectives,
ildéfinies dans l'espace, et n'est pas impossible qu'on nous
traite de matérialiste. Cependant, nous pourrions plus jus-
qualificationtement revendiquer la contraire. En effet l'es-
spiritualisme ne tient-elle pas danssence du cette idée
que les phénomènes psychiques ne peuvent pas être immé-
dérivés des phénomènesdiatement organiques? Or notre
méthode n'est en partie qu'une application de ce principe
sociaux. Comme les spiritualistesaux faits séparent le
règne psychologique du règne biologique, nous séparons
règne social; comme eux,le premier du nous nous refu-
à expliquer le plus complexe par le plus simple.sons A la
l'une ni l'autrevérité, pourtant, ni appellation ne nous
exactement; la seule que nous acceptionsconviennent est
loin, comme l'objectif immédiat de la conduite?— II n'y a à
contradiction. Il arrivecela aucune sans cesse qu'une chose,
en étant nuisible par certaines de ses conséquences,tout soit,
par d'autres, utile ou même nécessaire à la vie; or, si les mau-
vais effets qu'elle a sont régulièrement neutralisés par une
il trouve en faitinfluence contraire, se qu'elle sert sans nuire,
et cependant elle est toujours haïssable, car elle ne laisse pas
par elle-même un dangerde constituer éventuel qui n'est
conjuré que par l'action d'une force antagoniste. C'est le cas
le tort qu'il fait à la société est annulédu crime; par la peine,
si elle fonctionne régulièrement. Il reste donc que, sans pro-
le mal qu'il implique, il soutientduire avec les conditions
fondamentales de la vie sociale les rapports positifs que nous
verrons dans la suite. Seulement, comme c'est malgré lui,
pour ainsi dire, qu'il est rendu inoffensif, les sentiments
dont il est l'objet laissentd'aversion ne pas d'être fondés.yill LES RÈGLES DE LA MÉTHODE SOCIOLOGIQUE
celle de rationaliste. Notre principal objectif, en effet, est
d'étendre^à la conduite humaine le rationalisme scienti-
fique, en faisant voir que, considérée dans le passé, elle est
réductible à des rapports de cause à efTet qu'une opération
non moins règlesrationnelle peut transformer ensuite en
d'action pour l'avenir. Ce qu'on a appelé notre positivisme
n'est qu'une '. ne peutconséquence de ce rationalisme On
être tenté de dépasser les faits, soit pour en rendre compte
soit pour en diriger le la mesure où on lescours, que dans
croit irrationnels. S'ils sont intelligibles tout entiers, ils
suffisent à la science comme à la pratique : à la science,
ilcar n'y a pas alors de motif pour chercher en dehors
d'eux les raisons qu'ils ont d'être; à la pratique, car leur
doncvaleur utile est une de ces raisons. Il nous semble
que, surtout par .ce_^m£S-de-43a^ticisme-renaissant, une
pareille Inquié-entreprise peut et doit être accueillie sans
tude et même avec sympathie par tous ceux qui, tout en
se séparant de nous noiresur certains points, partagent
foi djins rayenir de la raison.
i. C'est dire qu'il ne doit pas être confondu avec la métar
physique positiviste de Comte et de M. Spencer.

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