Les salles hypostyles des palais crétois - article ; n°1 ; vol.54, pg 352-366
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1930 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 352-366
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1930
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Charbonneaux
Les salles hypostyles des palais crétois
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 54, 1930. pp. 352-366.
Citer ce document / Cite this document :
Charbonneaux Jean. Les salles hypostyles des palais crétois. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 54, 1930. pp.
352-366.
doi : 10.3406/bch.1930.2887
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1930_num_54_1_2887.
LES SALLES HYFOSTYLES DES PALAIS CRETOIS
Dans un intéressant article du Bulletin (1), M. Joly a donné
une description détaillée de la grande salle hypostyle du palais
de Mallia suivie d'une étude sur les origines de ce type archi
tectural. Fort justement, il n'a pas séparé cette salle à piliers
de l'antichambre qui la précède, en montrant que l'ensemble
ainsi formé, d'un caractère nettement crétois, apparaissait
comme une variante du plan en chicane, si fréquent dans l'a
rchitecture minoenne et notamment à Mallia : si la porte de la
salle est située dans l'angle le plus rapproché de la baie qui
donne accès à l'antichambre, c'est, comme M. Joly incline à
le croire, qu'elle assurait à elle seule un éclairage, modique sans
doute, mais vraisemblablement suffisant, analogue à celui que
recevaient -les salles à piliers du premier palais de Knossos.
Mais les « cryptes » knossiennes sont de dimensions modestes,
tandis que la salle de Mallia occupe un espace de cent mètres
carrés; celte différence de dimensions, jointe à la multiplication
et à la disposition particulière des piliers, donne à celle-ci un
tout autre caractère. Il m'a semblé utile de rechercher à nou
veau comment cette forme d'architecture a pu naître en Crète
— ce qui revient à· étudier, du môme coup, les origines, le
caractère et l'évolution de la salle hyposlyle dans les palais
minoens.
Sauf le pilier central, dont le rôle constructif s'explique mal
dans l'état présent de la ruine, l'antichambre toute en longueur
(1) BCH, LU, 1928, p. 324-346. :
LES SALLES H YPOSTÏLES DES PALAIS ; CRETOIS 353 :
présente un aspect; normal; mais- le plan détaillé^que donne, \
dans son article, M: Joly. (\) montre clairement,. dans la salle
elle-même, la dissymétrie de la colonnade : sans parler de Tir--
régularité légère'des entre-colonnements, rien déplus étrange,,
au premier, abord; que cette inégalité des nefs — si -/l'on* peut:
se servir, de ce terme — déterminées par les deux rangées de
piliers:. Les trois piliers Sud ne laissent en-ellet qu'un couloir-
de 1- m. 20 entre eux et le mur voisin; du mur/Nord à l'autre^
rangée de piliers, on compte 3 mètres, ce qui a permis de réser
ver la plus grande largeur, 3 m. 80; à la nef centrale. -Or celte
largeur maxima est précisément; celle des plus grandes salles
i\l.* du palais et notamment de l'antichambre voisine;: l'a Joly
bien noté, en insistant sur.l'importanceven Crète, du problème
de la couverture. Bien des détails de la structure des maisons:
et des palais s'expliquent en effet par la médiocre longueur des?
bois que l'île fournit : . il est rare que· les constructeurs, aient,
utilisé des poutres de* plus de cinqi mètres.. IHest donc évident
d'.une part, qu'une largeur de dix mètres; de· mur à mur, exi
geait deux rangs: de soutiens intermédiaires ; d'autre part, que:
pour des : raisons; de ; commodité on a voulu: laisser libre, au ;
milieuîdecette salle carrée,- un-espace le plus vaste possible :
l'arrangement dissymétrique s'imposait doncet l'on sait assez^
que*les Cretois, mème.à l'apogée de leur culture et de leur
technique,, étaient trop indifférents à là régularité pour lui;
sacrifier/jamais la commodité. Ce principe étant admis, — et ik
semble que M. Joly l'ait admis implicitement; — , il n'est peut-
être pas nécessaire de chercher en Egypte l'origine et le modèle
d'un arrangement que les habitudes de la construction Cretoise
expliquent, semble-t-il, aisément.
Rendons à l'Egypte ce qui lui· revient* :: c'est des Égyptiens
que les Cretois ont appris à tailler des blocs réguliers, à dresser
des piliers de pierre-posés sur une dalle débordante; Mais leur
ont-ils emprunté, mieux^que l'idée, le type même de-la. salle,
hypostyle, dans la: forme où elle apparaît à Mallia? C'est- ce
vl) Ibid., p. 327, fig.. 2. 354'- J. CHARBONNEAUX
qu'admet^!;. Joly qui j. après-uni, bref- aperçu; de-- l'évolution de:
la chambre à. piliers dans les mastabas de l'Ancien-" Empire;
nous propose, comme prototype de la salle de Mallia, une:salle
à six piliers, la, chapelle du mastaba de Mererouka : celle-ci, de
fait, montre une' disposition4 dissymétrique analogue à; celle
que nous voyons à Mallia. Ce serait- donc, vers l'an; 2000,4
« l'art memphite: de la VIe dynastie [quùcontinuerait] d'exer
cer; son ;: influence » en Crète, avec un retard, par, conséquent;
de plusieurs siècles... Au .resle, en > Egypte, cette disposition des
soutiens isolés marquerait un progrès vers la symétrie a laquelle ■
on arriverait seulement. dans les temples de la«X VIIIe dynast
ie; II y a, à cette manière de; voir, deux objections sérieuses.
Dès les premières dynasties on trouve en Egypte des plans de
salles hypostyles beaucoup plus évolués que ceux des mastabas:
cités par; M. Joly: c'est ainsi que le temple du Sphinx, construit;
sous la IVe dynastie, contient une grande salle hypostyle en Τ
avec deux rangées de piliers, régulièrement disposées (1) sui--
vant Taxe principal; à l'extrémité duquel s'ouvre la porte dû;
sanctuaire. Enr second: lieu, bien que les rapports: de; la Crète:
avec l'Egypte soient sans doute beaucoup; plus anciens, la tech
nique de la- pierrede·: taille apparaît brusquement en Crète,,
importée, comme tout porte à le croire, d'Egypte (2) au début
du Ml MM^ c'est-à-dire vers 2100 avant J'-C. Date capitale dans
l'histoire de l'île qui profite d'une grave rupture d'équilibre dans
le bassin oriental de la Méditerranée pour y prendre la première·
place. On ne voit donc pas pour quelle raison «l'art memphite de.
VIe dynastie » aurait eu sur la Crète au xxi* siècle une influence
qued'on doit normalement attribuer à l'art de. la Xl! dynastie,
alors : régnante, d'autant^ mieux" que certains· détails de tech
nique architecturale imposaient pour cette époque, entre Egypte;
etiCrète; des. rapprochements: auxquels on- ne. s'est pas dé-
év (3). Je croisiqu'il faut abandonner; la comparaison, au?
(1) II ne s'agit pas d'une régularité mathématique qui. n'a jamais existé dans?
l'architecture égyptienne. .
(2) Cf. J. Charbonneaux, \BCII, LU, 1928, p. 330 sq.
(3) II. Rr Hall, J.H.S., XXV, 1905, p. .'520 sq.; cf. J. Charbonneaux, l.l., p. 351,.
a. l. LES SALLES HYPOSTYLES DES PALAIS CRETOIS 355
premier abord' séduisante, de la salle hypostyle de Màllia avec
la chapelle du mastaba· de Mererouka : l'analogie des deux^
plans est due sans doute à une simple: coïncidence, qu'expli
quent des besoins du même genre il).. Mais même si les deux'
salles étaient contemporaines,. il serait- difficile d'admettre la;
transmission, des bords du Nilau rivage de Crète, d'un plan
aussi particulier. On ne peut guère· supposer sauf-en- cas de
conquête, qu'un peuple emprunte à un autre un. type architec
tural répondant à des croyances et à des traditions qu'il ne par
tage pas. Certaines techniques, certains procédés de construct
ion ou d'ornementation peuvent faire l'objet d'échanges paci
fiques parce qu'ils s'adaptent facilement à tous les modes d'ar
chitecture ; mais non pas des formes par lesquelles s'exprime:
un mode de vie étranger.
Simous écartons l'hypothèse d'un emprunta l'Egypte, iKreste
un problème à résoudre. Sans doute nous avons admis que lav
dissymétrie de la colonnade.s'expliquaitpar la nécessité'de
réserver, un espace plus vaste au milieu de la salle. Mais cette
nécessité pouvait s'accommoder d'autres dispositions: pourquoi:
le constructeur a-t-il choisi celle-là ? C'est,

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