Les sans-culottes de Sedan, le brave soldat Hernandez, le manufacturier millionnaire et le général La Fayette - article ; n°1 ; vol.306, pg 704-711
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Les sans-culottes de Sedan, le brave soldat Hernandez, le manufacturier millionnaire et le général La Fayette - article ; n°1 ; vol.306, pg 704-711

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1996 - Volume 306 - Numéro 1 - Pages 704-711
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Gérard Gayot
Les sans-culottes de Sedan, le brave soldat Hernandez, le
manufacturier millionnaire et le général La Fayette
In: Annales historiques de la Révolution française. N°306, 1996. pp. 704-711.
Citer ce document / Cite this document :
Gayot Gérard. Les sans-culottes de Sedan, le brave soldat Hernandez, le manufacturier millionnaire et le général La Fayette. In:
Annales historiques de la Révolution française. N°306, 1996. pp. 704-711.
doi : 10.3406/ahrf.1996.3440
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1996_num_306_1_3440LES SANS-CULOTTES DE SEDAN,
LE BRAVE SOLDAT HERNANDEZ,
LE MANUFACTURIER MILLIONNAIRE (1)
ET LE GÉNÉRAL LA FAYETTE
Jean-René Suratteau a bien raison, à propos de l'affaire La Fayette
à Sedan, d'inviter l'historien à réfléchir sur le sens des mots trahison et
traître en août 1792 (2). Raison aussi de souligner la qualité des travaux
parus dans les revues locales, lorsque, mettant au jour des sources nouvelles,
ils donnent un sens plus précis à des mots aussi forts, et à des événements
aussi décisifs. Les étudiants et les universitaires qui ont publié, dans ces
revues, des études sur ces sujets controversés — j'en ai été — se félicitent
donc de cette mise au point. Je veux simplement apporter ici, au moulin
de Jean-René Suratteau, l'eau de mes recherches personnelles parues dans
d'autres publications locales que Le Pays Sedanais (et non pas Ardennais,
comme il l'indique par erreur) et des textes originaux sur la « trahison »
de La Fayette (3).
(1) L'expression est de Nicolas Memmie Mogue, membre du CSP de Mézières, cité par P. Mat
hieu, « Deux manuscrits inédits de Mogue », Le Pays Sedanais, 54e année, nouvelle série nc 16, 1989,
p. 58.
(2) J.-R. Suratteau, « Sur la trahison de La Fayette d'après une biographie récente », Annales
Historiques de la Révolution française, 301, juillet-septembre 1995, pp. 399-408.
(3) Y.-C. Ronnet, « La Fayette à Sedan et la Révolution », Le Pays Sedanais, art. cit., pp. 101-
122.
Annales Historiques de la Révolution Française — 1996 — N° 4 MÉLANGES 705
Questions de date et de participation des citoyens
La fête patronale de Sedan a lieu le 15 août qui, cette année-là, tombe
un mercredi. La municipalité l'a donc avancée au dimanche 12 août. Le
dimanche soir, la nouvelle de la journée parisienne du 10 août arrive à
Sedan. Courrier rapide? A coup sûr. Messager privé de La Fayette? Sans
doute. Le conseil se réunit en présence du général et de l'évêque constitu
tionnel, Philbert. Suit le récit remarquablement informé, fidèle aux sources
municipales et aux événements, de Charles Pilard (4).
« Une foule compacte obstruait le croisement des rues Saint-Michel
et de l'Horloge; on avait vu venir à la séance le général La Fayette et
l'évêque Philbert, et la présence inusitée de ces deux personnages au Conseil
dénotait évidemment qu'on devait y prendre des résolutions d'une haute
importance. Il serait inutile de retracer les commentaires de toute espèce
que faisaient les curieux ; on aurait bien voulu pénétrer dans la salle, mais
un fort piquet d'infanterie en interdisait l'entrée.
Il faisait déjà brun quand la séance fut levée, mais on put remarquer
l'inquiétude empreinte sur les visages de nos magistrats municipaux. Le
général La Fayette, je me le rappelle très bien, donnait le bras à M. Desrous-
seaux, le maire, et lui parlait à l'oreille, M. l'évêque Philbert ne paraissait
pas s'apercevoir des saluts particuliers qui s'adressaient à sa personne;
il regagna la Mission en remontant la rue Saint-Michel, car il faut dire
que le Jardin des Prêtres n'était pas alors ouvert au public, c'était le jardin
de la cure et de l'évêché et il était fermé aux deux extrémités par de gros
murs. La Fayette monta dans son carrosse qui l'attendait au coin de la
rue du Château, et M. Desrousseaux disparut dans la foule avec les
conseillers. Je me rappelle également qu'on les arrêtait, qu'on les interro
geait, mais probablement sans succès.
Mais voilà qu'au moment de se coucher, on apprit quelque chose par
les soldats logés chez l'habitant, à savoir que le général La Fayette allait
passer le lendemain matin une grande revue de l'armée dans la prairie de
Sedan. Tout le monde s'endormit, se promettant bien d'y assister.
Le lendemain matin, les événements du 10 Août étaient connus dans
notre ville par des voyageurs descendus la nuit à l'hôtellerie du Palais-
Royal. Soulasolle, n'ayant plus de raison pour se taire, était venu causer
à la cuisine, où tous nos voisins étaient réunis, et l'on savait que La Fayette
voulait faire jurer à l'armée fidélité au roi dépossédé. Il paraît qu'on avait
agité au Conseil la question de faire figurer la garde nationale à cette revue,
mais MM. Ternaux, Hennuy et Mesmer avaient fait ressortir que le parti
hostile au général étant assez nombreux, il fallait lui ôter l'occasion
(4) C. Pilard, Souvenirs d'un vieux Sedanais. Sedan sous la première Révolution, L'Écho des
Ardennes, 1876-1878, 3e période, pp. 4-9. 706 MÉLANGES
d'affirmer publiquement d'une façon inconvenante ses sentiments à l'égard
de La Fayette, et on ne convoqua point la milice citoyenne.
Quel vacarme de tambours, de trompettes et de musiques ! Il arrivait
des troupes du Fond-de-Givonne, de la ville, du côté de Balan, et tout
cela défilait vers la prairie, drapeaux déployés. Je crois que tout Sedan
les y suivit. Au loin, les bataillons de volontaires nationaux du camp de
Vaux débouchaient du Sartage, ils avaient franchi la Chiers à Bosse sur
un ponton.
Quand l'armée fut rangée en ligne, il se trouva qu'elle occupait une
bien petite place dans cette immense prairie. La Fayette arriva à cheval
par la prairie de Balan, escorté d'un nombreux état-major, et tous les
tambours se mirent à battre et les musiques à jouer. On remarqua que
les groupes d'assistants connus pour être hostiles au général se plaçaient
de préférence devant les bataillons de volontaires avec lesquels ils étaient
en communion d'idées. La Fayette connaissait l'esprit révolutionnaire de
ces soldats improvisés, rebelles à la discipline, et c'est pourquoi il les avait
cantonnés loin de la ville, afin de mieux les soustraire à l'influence des
Jacobins.
Le général s'approcha successivement de chaque corps, et un commiss
aire ordonnateur donna lecture de l'ordre suivant :
Le général d'armée, persuadé que les soldats d'une nation libre, en même
temps qu'ils sont soumis à une subordination, ne doivent pas rester dans
une servile ignorance des intérêts de leur pays, a promis aux troupes qu'il
commande de ne jamais leur dissimuler les événements qui pourraient inté
resser leur patrimoine. C'est avec une vive douleur qu'il a appris les derniers
désordres qui ont eu lieu dans la capitale.
L'Assemblée nationale après avoir, le mercredi 8 août, repoussé, à une
majorité de deux tiers des voix, le décret d'accusation demandé contre iu;
(La Fayette), a été insultée, et plusieurs de ses membres ont couru le danger
de la vie. Ces mêmes personnes, qui avaient attaqué l'Assemblée, ont fait
de vains efforts le jeudi 9 pour obtenir la déchéance du roi. Le vendredi
10 août, une foule d'hommes armés, ayant à leur tête la troupe dite des
Marseillais, s'est porté au château défendu par les gardes nationaux et les
Suisses; après un combat long et meurtrier, ils ont cédé à la supériorité
du nombre des assaillants et ont été pour la plupart égorgés ; le commandant
de la garde parisienne a eu la tête coupée par des brigands et, au milieu
de ce massacre, le roi et sa fille, ainsi que le département de Paris, se sont
réfugiés au sein du corps législatif, qui lui-même a été entouré d'une troupe
séditieuse. C'est dans ce moment que la suspension du roi a été prononcée.
Telles sont les nouvelles qui sont parvenues au général d'armée, quoiqu'il
ne les ait pas

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