Les termes grammaticaux du vieux khmer (VIe-XIVe siècle) - article ; n°1 ; vol.83, pg 21-34
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1996 - Volume 83 - Numéro 1 - Pages 21-34
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pou-Lewitz
Les termes grammaticaux du vieux khmer (VIe-XIVe siècle)
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 83, 1996. pp. 21-34.
Citer ce document / Cite this document :
Pou-Lewitz. Les termes grammaticaux du vieux khmer (VIe-XIVe siècle). In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient.
Tome 83, 1996. pp. 21-34.
doi : 10.3406/befeo.1996.2395
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1996_num_83_1_2395Les termes grammaticaux du vieux khmer
(Vie . XlVe siècle)
Saveros POU
L'expression linguistique *
Le khmer comme les langues qui s'y apparentent possède, à côté des lexemes
proprement dits, doués de signification et à fonction spécifique dans un énoncé, des
éléments qui ne fonctionnent qu'en rapport avec les premiers et qui se répartissent en
deux groupes distincts. Le premier consiste en «affixes», en l'occurrence préfixes et
infixes, formant un système volumineux, voire sophistiqué, toujours opérant dans la
dérivation, à savoir sur le plan morphologique2, et qui ne figure pas dans les
dictionnaires et lexiques courants. Le deuxième est fait d'éléments opérant à autre
niveau, celui de la syntaxe. Ils s'alignent avec les lexemes, en étroite corrélation avec
eux; ils participent à la formation de l'énoncé dans la mesure où ils assurent les
relations non seulement entre ces lexemes mais encore entre les syntagmes,
propositions et phrases; à l'inverse des affixes, ils figurent dans les lexiques. Je les
nomme tout de suite «termes de grammaire». Dans cet article je me propose d'étudier
seulement ceux-là, tels qu'ils apparaissent dans les textes de l'épigraphie vieux-khmer
(VIe-XIVe siècle). Je précise qu'en seront exclus les pronoms personnels sur lesquels
j'ai donné une étude en 1979. Mais en revanche, la liste des termes étudiés comportera
quelques particules d'emphase et de prosodie qui, dans le passé, ont été négligés par
certains lecteurs d'inscriptions khmères.
Quelques observations d'ordre terminologique s'imposent tout de suite. Le vocable
«termes de grammaire» ou «termes grammaticaux» a l'inconvénient d'être long, car
composé, et donc peu maniable dans un exposé de certaine envergure. De plus, il se
1. Abréviations:
1С Inscriptions du Cambodge (G. Cœdès)
khm. khmer
mod. moderne
moy. moyen
pkt. pràkrit
skt. sanskrit
2. Dans les années soixante la plupart des savants linguistes non khmérophones préconisèrent « la
mort» de ces affixes en khmer, laquelle ne s'est pas avérée. 22 Langues et systèmes de représentation SAVEROS POU
prête mal à la formation de dérivés dans son intégralité ; on est obligé de biaiser en
ramenant le composé à son noyau essentiel avant de le décliner, et ainsi on peut parler
de grammaticaliser et ainsi de suite. En recherchant dans les terminologies
linguistiques existantes un vocable plus simple, donc plus maniable, on se heurte vite à
une diversité déroutante de vocables qui reflète une discordance entre savants non
seulement d'un pays à l'autre, mais aussi au sein d'un même pays. Pour ne prendre
qu'un exemple, le terme morphème proposé dans ce cas par A. Martinet, donc terme
générique qui paraissait faire l'affaire, est d'un emploi tout à fait différent dans les pays
anglo-saxons3. De surcroît, certains linguistes d'origine et de formation différentes,
évitent d'être précis pour ainsi trouver une porte de sortie, et se contentent du terme
particule (anglais particle ) qui n'est au fond qu'un piètre générique aussi vague
qu'ambigu4. Pour ces raisons, au lieu de créer un nouveau terme générique qui
n'échapperait pas à l'ambiguïté et à d'autres gaucheries, et qui alourdirait inutilement la
terminologie existante, je préfère garder le vocable courant de terme grammatical, à
l'occasion simplifié en grammatical, grammaticaux, qui a l'avantage d'être doublement
net, i.e. dans sa propre acception et en corrélation avec les lexemes dans une
classification lexicale synchronique ; de là je ferai découler logiquement les dérivés
grammaticaliser et grammaticalisation. .
On ne saurait trop insister sur le rôle de ces termes dans une langue comme le
khmer — ou d'autres langues apparentées et avoisinantes en Asie du Sud-Est — , qui ne
possède pas la machine morphologique des langues indo-européennes susceptible de
marquer le genre, le nombre, le temps et le mode, et surtout d'exprimer les relations
réciproques entre les éléments constituants du discours. Cela ne veut point dire que les
moyens manquent en khmer pour exprimer celles-ci. En effet, dans un énoncé minimal
un moyen très simple existe, de nature syntaxique, basé sur l'ordre fondamental
suivant : SUJET - VERBE - OBJET, chaque élément étant susceptible d'expansions
diverses.
Justement cette règle n'est vraiment utile que dans des énoncés simples. Mais
lorsque l'expansion atteint un certain degré, et que la phrase s'enrichit de propositions
subordonnées, l'ordre syntaxique peut être perturbé dans son fonctionnement, donc
cesser d'être opérant. Des risques d'ambiguïté peuvent surgir dans le rôle des divers
éléments de la phrase (sujet, verbe, etc.), par conséquent dans le message global du
discours. D'où la présence indispensable des termes grammaticaux destinés à bien
identifier ces éléments et en marquer la fonction — et la nécessité pour tout chercheur
de les connaître dans leurs portées au même titre que les lexemes.
Les grammaticaux du vieux khmer ont été recensés de façon relativement correcte
par moi-même lors de la confection de mon Dictionnaire vieux khmer-français-anglais
(1992), lequel suivit d'une vingtaine d'années ma première tentative de Description de
la phrase en vieux khmer (1979). Mais ces travaux ne donnent pas une vue globale de la
question, surtout si l'on s'aventure en philologie, puisqu'ils sont respectivement de
nature lexicographique et analytique. En outre, notre dernière étude (Pou et Vogel,
1995) sous forme d'analyse approfondie des éléments d'énoncés en vieux khmer ne fait
que confirmer la nécessité d'une quatrième étude complémentaire, exclusive et
structurée.
3. Rappelons que l'anglais morpheme désigne l'unité minimale linguistique dotée de signification.
4. On verra plus loin que je garderai le terme particule dans son sens littéral, i. e. un grammatical
dans sa fonction minimale. Les termes grammaticaux du vieux khmer 23
Pour quiconque maniant bien le khmer moderne (XVIIIe - XXe siècle), aucun
problème ne semble surgir à propos de sa grammaire, car il possède un système de
grammaticaux bien individualisés, voire spécifiques, et des règles clairement établies
sur leur fonctionnnement. Ce système s'est élaboré dès les beaux jours du khmer moyen
(XVIIe siècle) — successeur en titre du vieux khmer, ce qui au passage explique le peu
de difficulté que j'ai rencontré dans mes premières éditions de textes khmer-moyen
dans les années soixante-dix.
Or, tel n'est pas le cas du vieux khmer. Il possède pourtant des termes
grammaticaux en grand nombre dans l'absolu et la pratique dès l'aube de l'épigraphie,
mais ces termes ne sont pas organisés. Non seulement ils s'opposent imparfaitement les
uns aux autres dans le discours, mais encore ils se chevauchent parfois dans leurs
fonctions et, dans certains cas manquent même de spécificité. Cet état de choses est
davantage aggravé à nos yeux de lecteurs — certainement pas à ceux des locuteurs du
passé — par l'absence quasi totale de la ponctuation. Ce problème était commun à
d'autres langues écrites du passé, et tout philologue connaît bien ce sentiment de
pénétrer une forêt touffue en abordant un nouveau texte!5. En termes pratiques, on note
donc d'une part une polyvalence fonctionnelle de certains grammaticaux dans leur rôle
de «relateurs» (anglais linker ) — c'est-à-dire exprimant les rapports divers entre les
éléments de l'énoncé dotés de sens — , et d'autre part l'existence de quelques-uns même
sans fonction apparente, du genre «che

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