Les Zemmour. Essai d histoire tribale (suite) - article ; n°1 ; vol.3, pg 97-132
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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1967 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 97-132
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 129
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marcel Lesne
Les Zemmour. Essai d'histoire tribale (suite)
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°3, 1967. pp. 97-132.
Citer ce document / Cite this document :
Lesne Marcel. Les Zemmour. Essai d'histoire tribale (suite). In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°3,
1967. pp. 97-132.
doi : 10.3406/remmm.1967.946
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1967_num_3_1_946LES ZEMMOUR
ESSAI D'HISTOIRE TRIBALE
(suite)
Chapitre II
MOUVEMENT DES TRIBUS ZEMMOUR
VERS LES PLAINES ATLANTIQUES,
DU DÉSERT A LA FORÊT DE LA MAMORA
Les souvenirs des Zemmour sont formels : si quelques groupe
ments évoquent l'Est, si d'autres ne se rappellent rien d'autre que
l'Oued Tigrigra (haute Vallée de l'Oued Beht), la plupart des tribus,
par la bouche des anciens, assignent le Sud et plus spécialement le
Tafilalet comme lieu d'origine des Zemmour. Très vagues ou allant
parfois jusqu'au rappel très précis des différents lieux successivement
occupés, ces souvenirs restent souvent entretenus par des relations
d'ordre religieux, très spécifiques, avec des collectivités demeurées
dans ces régions. La diversité des populations Zemmour ne nous
permet pas de leur attribuer une origine géographique ou historique
commune; les deux grandes voies traditionnelles de pénétration, par
le Sud et par l'Est, ont contribué selon les époques dans des propor
tions variables, à l'apport d'éléments différents. Il semble bien cepen
dant que les tribus venues du Sud marocain aient constitué l'impor
tant noyau d'origine de la Confédération des Zemmour.
I. — Le mouvement général s.e.-n-o. des populations du maroc
1) Sa réalité
La montée lente mais continue des populations du Maroc pré
saharien vers les plaines atlantiques constitue un phénomène commun 98 M. LESNB
à de nombreuses tribus. Les Zemmour ne font pas exception dans ce
domaine et ils se distinguent seulement des autres tribus par leur
position avancée.
Cette avance séculaire correspond à un mouvement général de
circulation au Maroc, établi entre la zone sèche et la zone humide du
pays. Il s'agit là, selon H. Terrasse, d'un « fait essentiel de l'histoire
marocaine ». En effet, « presque sans arrêt, on a assisté à la lente
poussée ou au patient cheminement de petits groupes, de familles et
même d'individus désireux de s'installer au pays des belles récoltes.
A travers toute l'histoire marocaine, on sent un courant de popula
tions d'une direction moyenne S.E.-N.O. » 114. Ce mouvement se fait
sentir même dans les tribus sédentarisées depuis longtemps. J. Ber-
que, dans son ouvrage sur les Seksawa, note également cette vocation
vers le Nord 118 : « l'immense maporité des ikhs composant les Sek
sawa d'aujourd'hui proviennent bel et bien d'immigrants, et non pas
du lignage authentique, bien que celui-ci soit représenté encore et
bénéficie d'hommages de légitimité mystique et immobilière. Cette
immigration vient du Sud... Du Sud, les Seksawa tirent leur matière,
leur substance. Mais leur vocation historique, tout comme celle des
groupes qui les alimentent, les attire vers le Nord ». E. Laoust
démontre aussi que la tente des transhumants du Moyen Atlas, qui
demeurait il y a quarante ans encore la seule habitation des Zem
mour, « est le type fondamental des régions steppiques et présaha
riennes », et que « sa présence dans la haute montagne est en oppos
ition avec les exigences du climat»116; l'étude linguistique des
termes désignant les différentes parties de la tente assigne en effet
à cette dernière une origine bédouine indiscutable, empruntée sans
doute par les Zénètes, aux nomades arabes, cette « demeure idéale
du pasteur de la steppe et du sahara » fut adaptée aux rigueurs du
climat montagnard par les tribus du Moyen-Atlas, notamment par
l'introduction de Yamechchou, natte de protection placée tout autour
de l'habitacle. L'histoire n'explique-t-elle pas aussi, pour E. Laoust,
cette origine saharienne de la tente ? « Les grandes tribus transhu
mantes sont en effet d'origine saharienne et c'est par le Sahara que
doit en partie s'expliquer leur histoire. Elles n'occupent leur habitat
actuel que depuis un temps relativement court. Les pistes du Sud sont
encore toutes jalonnées du souvenir de leur passage116.
114. H. Terrasse, Histoire du Maroc, t. I, p. 13.
115. J. Berque, Structures sociales du Haut Atlas, pp. 70-71.
116. E. Laoust, L'habitation chez les transhumants du Maroc Central,
Hesperis, VI, 1935, p. 292. LES ZEMMOUR, ESSAI D'HISTOIRE TRIBALE 99
Les exemples ne manquent guère. Les Zaër m voisins immédiats
des Zemmour sont d'authentiques arabes Maâqil, d'origine yéménite
qui, après diverses pérégrinations à travers l'Afrique du Nord, dans
les Hauts Plateaux et sur la bordure septentrionale du Sahara,
parvinrent jusqu'au versant sud du Grand Atlas Marocain; ils pour
suivirent vraisemblablement leur route vers le Nord à travers le
Grand et le Moyen Atlas; Léon L'Africain 118 les signale dans la plaine
d'Adekhsan (près de Khenifra) ; le tombeau de leur saint national,
Sidi-Mohammed-Ben-Mbarek se trouve près de Moulay-Bouâzza, der
nière étape avant leur arrivée dans la région de Eabat. Les Gué-
rouane, installés à l'Ouest de Meknès et voisins des Zemmour, appar
tiennent sans doute à l'une des plus anciennes populations du Sud
marocain. « On prétend, écrit le Lt. Lecomte, que les Iguerouane
habitaient avant le 10e siècle les régions du Tafilalet et du Reg.
Chassés probablement par Abou-Beker l'Almoravide, ils sont déportés
plus au Nord (Haut Rheris, Haut Ziz et Haut Guir). On conserve le
souvenir de cette époque de servitude par le chemin de l'Amerz Gue-
roual (remarquer la transformation du N en L) qui s'élève dans la
falaise du Jbel Mijdider et qu'ils furent obligés de construire » U9.
Leur départ vers le Nord date de 1650 environ : ils gagnent ensuite
la région de Meknès, après avoir occupé le Tigrigra et les environs
d'Ifrane. Sous le règne de Moulay-Ismaïl, ils brigandaient encore
dans le Haut Ziz sur la route de Sijilmassa 120. Les Aït-Youssi, selon
leur propre tradition, auraient vécu dans la région de la Haute Mou-
louya et de l'Âyachi, avant d'habiter la région de Sefrou 121. Les Aït
Ouallal des Bni-Mtir, sont d'origine Aït-Âtta du Sahara, ainsi que
l'attestent les souvenirs de ces populations 122. La tribu des Bni-Mtir
vient également du Sahara; elle vécut ensuite de longues années sur
les rives de l'Oued Guigou, fonda les villes d'AUil et de Talilt puis,
chassée par les Aït-Youssi et les Bni-Mguild, elle s'établit sur les
pentes Nord du Moyen Atlas... » m ; selon le Lt. Lecomte, « les Aït-
Ndir (nom berbère de cette tribu) ont laissé des leurs à Sidi-Bou-Kil
dans le Haut Ziz. Ceux-ci, déguisés sous l'étiquette de chorfa, ont des
117. V. Loubignac, Textes arabes des Zaër, Introduction.
118. Léon I'Africain, Description de VAfrique, éd. Shefer, t. II, p. 211.
119. Lieutenant Lecomte, Les Âït Morghad, 1930, Arch. DJ.
120. Kitab el Istiqsa, Arch. Mar., t. IX, 1906, p. 119.
121. J. Bbrqub, Al Yousi, pp. 8-9.
122. Cne Spillmann, Les Aït-Atta du Sahara et la pacification du Haut Drâ,
76.
123. de Segonzac, Voyages au Maroc, p. 105. 100 M. LESNE
rapports fréquents bien établis avec les Aït-Ndir d'El-Hajeb » 124.
Les Bni-Ahsene, arabes nomades, ont abordé le Maroc extérieur au 12e
siècle, comme les Zaër; au 16e siècle, ils poussent en été leurs trou
peaux jusqu'à la route du Tafllalet à Fès, entre Missour et Almis du
Guigou; au 17e siècle, ils progressent vers le N.O. dans la région
d'Annoceur et de Sefrou, pour aboutir enfin dans la forêt de la Mâ-
mora et la plaine du Rharb 125. Les Zaïan, selon des manuscrits trouvés
à la zaouïa de Sidi-Bou-Kil, nomadisaient autrefois, vers l'an 395 de
l'Hégire (1004) dans la plaine d'Ikhf Aman, au S.O. de l'Oued Mzizel,
affluent du Ziz : dans la même région, au sud d'Agoudim, existe encore
une colline dite Taourirt n'Izayan m. Le dialecte zaïan traduit d'ail
leurs la diversité des apports ou des aventures et ,se

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