Lettre inédite de Robert d Arbrissel à la comtesse Ermengarde. - article ; n°1 ; vol.15, pg 209-235
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1854 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 209-235
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1854
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jules De Pétigny
Lettre inédite de Robert d'Arbrissel à la comtesse Ermengarde.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1854, tome 15. pp. 209-235.
Citer ce document / Cite this document :
De Pétigny Jules. Lettre inédite de Robert d'Arbrissel à la comtesse Ermengarde. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1854,
tome 15. pp. 209-235.
doi : 10.3406/bec.1854.445198
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1854_num_15_1_445198LETTRE INÉDITE
ROBERT D'ARBRISSEL
A LA COMTESSE ERMENGARDE * .
Diverses circonstances extraordinaires ont marqué d'un cachet
particulier la destinée de Robert d'Arbrissel; mais une des plus
difficiles à expliquer peut-être est l'oubli complet dans lequel
sont tombés ses discours et ses écrits. Par une fatalité singulière,
le plus célèbre prédicateur du moyen âge, l'homme dont l'él
oquence a tenu pendant vingt ans ses contem porains sous le charme
d'un enthousiasme irrésistible, n'a laissé aucune œuvre à la pos
térité. Jusqu'ici on n'a pu l'apprécier que d'après le témoignage
de ses auditeurs, et son génie oratoire et littéraire n'a pu être
jugé que sur leur parole. Robert s'est fait entendre en public
dans les grandes assemblées politiques et religieuses de son
temps, il a passé sa vie à prêcher l'Évangile aux populations
fascinées par sa voix, et il ne nous est pas resté de lui un seul
fragment de discours, tandis que nous avons des recueils de
sermons de tous les auteurs ecclésiastiques de cette époque. Nous
savons par ses biographes qu'aucun de ses contemporains n'a en
tretenu des relations plus actives avec les princes, les hauts ba
rons, les prélats, les docteurs, avec les femmes surtout dont il
savait si bien capter la confiance, qu'elles lui soumettaient leurs
plus secrètes pensées, et nous n'avons pas de lui une seule lettre,
tandis que nous possédons de volumineuses correspondances de
tous les hommes célèbres de son temps, d'Ives de Chartres, d'Hil-
debert du Mans, de Marbode, d'Abailard, de saint Bernard et
de tant d'autres. On peut voir dans cet inexplicable oubli une
preuve irrécusable de l'humilité sincère du pieux fondateur de
1. Voyez, même volume, page 1, la notice sur Robert d'Arbrissel et Geoffroi de
Vendôme.
V. [Troisième, série.) lí> 210
Fontevrauld. Sans doute, méprisant la gloire mondaine, il défen
dit à ses disciples de recueillir ses discours, et loin de garder un
registre de ses lettres, il prit soin lui-même de les anéantir; mais
il est toujours étonnant que les personnes auxquelles il les adres
sait n'en aient pas conservé et répandu des copies qui soient ve
nues jusqu'à nous. Celle que nous publions aujourd'hui est la
seule qu'un heureux hasard ait sauvée de la destruction.
Quant aux écrits plus étendus, on n'en a pas attribué d'autre
à Robert d'Arbrissel que la règle de Fontevrauld. Encore
est-il certain que le texte en a été presque entièrement refondu
après lui. ]] y avait à Fontevrauld trois exemplaires manuscrits
de ces statuts. L'un contenait quarante-quatre articles ; les deux
autres étaient plus courts, et les règles contenues dans le premier
recueil y étaient en partie répétées dans un ordre et dans des
termes différents. Les auteurs de l'Histoire littéraire en ont con
clu avec raison que toutes ces rédactions étaient postérieures à la
mort du fondateur K . Nous pouvons donc dire que jusqu'à pré
sent on ne connaissait absolument rien de lui, à moins qu'on ne
regarde comme sorties réellement de sa bouche les paroles que
lui prête le moine André, son chapelain, dans la relation des der
niers moments de sa vie.
Les auteurs de l'Histoire littéraire ont traité cette relation avec
un grand dédain et n'ont pas même voulu, malgré la tradi
tion constante de l'abbaye de Fontevrauld, l'attribuer à André,
disciple et chapelain de Robert 2. Sous ce double rapport nous
croyons leur opinion très-contestable. Leur principal argument
est que cet écrit parle d'André lui-même à la troisième personne.
Mais on sait que les écrivains ecclésiastiques se mettaient ainsi
souvent eux-mêmes en scène à l'imitation des évangélistes et des
premiers pères de l'Église. Dira-t-on que l'Évangile de saint Jean
n'est pas de lui, parce qu'il y est parlé à la troisième personne du
disciple aimé du Seigneur? L'humilité monacale portait les pieux
annalistes des cloîtres à déguiser ainsi leur personnalité en évitant
le moi, toujours si haïssable. D'ailleurs, les circonstances de la
mort de Robert sont rapportées dans ce récit avec tant de détails,
ses paroles y sont si religieusement consignées, qu'il est difficile
d'admettre que l'auteur n'ait pas été présent à tout ce qu'il ra-
1. Hist, littéraire, lom. X, p. 167.
2, Ibid., p. 168. 211
conte. On doit le croire d'autant plus, qu'il a pris soin de citer les
personnes de qui il tenait les circonstances dont il n'avait pas été
témoin. C'est ainsi que, pour les faits relatifs au voyage de Bo-
bert à Blois, il invoque le témoignage du moine Pierre qui Гае-
compagnait dans cette excursion. Il dit lui-même que ce fut à la
prière de l'abbesse Pétronille, investie de toute la confiance de Rob
ert, qu'il rédigea cette relation détaillée pour suppléer à la
brièveté du récit de l'archevêque Baldric, écrit aussi à la demande
de l'abbesse l . Son œuvre fut donc postérieure à celle de Baldric ;
mais elle dut la suivre de près : car il parle de Léger, archevêque
de Bourges, comme étant encore vivant au moment où il écrivait2,
et Léger mourut au mois de mars 1120, trois ans après Robert
qui, selon le calcul des Bollandistes, était mort en février 1117.
Les auteurs de l'Histoire littéraire voient une contradiction dans
ces dates, parce qu'André dans un autre passage, parlant de
Geoff roi, évêque de Chartres, élu en 11 15 et mort en 1149, dit
que la vie de ce prélat répandait aussi dans le même temps la
douce odeur des vertus 3. Selon eux, cette phrase n'aurait pu être
écrite qu'après la mort de Geoffroi ; elle nous semble, au con
traire, indiquer qu'il était vivant, puisque le parfum de ses ver
tus se répandait alors dans le monde. Ainsi rien n'empêche qu'An
dré ait écrit de 1117 à 1120.
Les mêmes critiques ont porté un jugement plus que sévère
sur le mérite littéraire de cet opuscule ; mais on peut appeler de
la froide appréciation des savants du dix-huitième siècle au sen
timent religieux qui commence à se raviver de nos jours et nous
permet de mieux comprendre les œuvres du moyen âge. Pour
nous, il nous a paru que l'âme de Robert d'Arbrissel se reflétait
fidèlement dans ces paroles empreintes d'un si ardent amour de
Dieu, d'une humilité si vraie, d'une sensibilité si douce, d'une
tendresse si affectueuse pour sa maison de Fontevrauld, pour ses
disciples, pour ses religieuses bien-aimées. Il n'y a rien d'invrai
semblable à ce qu'il ait parlé ainsi au lit de mort. Combien ne
í . Descripta per Baldricnm venerabilem Dolensium metropolitanům magistři Ro
berti vita, libet etiam sub brevitate ad posterorum recordationem revocare qualiter
circa finem vitœ se habuerit. (Vita Roberti de Arbr., auct. Andrea, с 1.)
2. De hoc Leodegario multa virtutum praeconia possem referre; sed quoniam ad-
huc inter inniimeras hujus exilii procellas in incerto navigat, ipsa humana ignorantia,
velim nolim, cogit me tacere. ( Vita Roberti, с 29.)
3. Cnjiis vita nostra quoque notate suavissime rodolet. {Vita Roberti, c. 1С. )
15. 2 í 2
citerait-on pas de saints personnages qui ont continué jusqu'au
dernier soupir leurs pieuses exhortations ! Sa modestie avait em
pêché qu'on ne recueillît ses discours pendant sa vie. On voulut
au moins conserver ses dernières paroles, tandis qu'elles exis
taient encore dans le souvenir de ceux qui les avaient entendues,
et ce fut l'objet de l'écrit du chapelain André, si bien placé pour
remplir ce devoir. Tout concourt donc à prouver que les discours
mis dans la bouche de Robert, à ses dernier

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