Lettres de Giovanni Dalmatio au cardinal Farnèse (1558-1559) - article ; n°1 ; vol.71, pg 311-331
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1910 - Volume 71 - Numéro 1 - Pages 311-331
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1910
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Lucien Romier
Lettres de Giovanni Dalmatio au cardinal Farnèse (1558-1559)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1910, tome 71. pp. 311-331.
Citer ce document / Cite this document :
Romier Lucien. Lettres de Giovanni Dalmatio au cardinal Farnèse (1558-1559). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1910,
tome 71. pp. 311-331.
doi : 10.3406/bec.1910.452496
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1910_num_71_1_452496LETTRES DE GIOVANNI DALMATIO
AÜ CARDINAL FARNÈSE
(1558-1559).
Dans le Carteggio Farnesiano des archives d'État de Parme
se trouve un nombre considérable de lettres de France, jusqu'ici
peu utilisées : correspondances de rois, de ministres, de capi
taines et d'agents diplomatiques, qui offrent un intérêt particul
ier pour l'histoire des relations politiques et religieuses des
Valois avec la famille Farnèse1.
Notre attention a été attirée par les lettres de Giovanni Dal-
matio au cardinal Farnèse. Ces lettres, originales, rédigées en
un français sobre et clair, sont remarquables par leur précision
et la valeur des informations qu'elles contiennent.
Dalmatio, qui signe en français « Dalmays », fut un agent du
cardinal Alexandre. Celui-ci, fils aîné de Pier Luigi et petit-fils
du pape Paul III, était le frère de cetOrazio, duc de Castro, qui
épousa la fille naturelle de Henri II, Diane, légitimée de France.
Il joua un rôle très important dans la politique italienne du roi
qui le pourvut d'innombrables bénéfices en France.
Mais, en octobre 1557, Henri II ayant appris que la famille
1. M. de Nolhac a extrait de ces archives des, Lettres de la reine de Navarre
(Noces Pératé-Fabre. Paris, 1887, in-8°). Des lettres de Montmorency, Guise,
Monluc, La Noue, Soubise, etc. s'y trouvent, qui n'ont pas été utilisées par
les historiens de ces personnages. — Les meilleurs et plus récents travaux
sur la famille Farnèse sont : Carlo Capasso, la Politica di papa Paolo III
e V Italia, t. I (Camerino, 1901, in-8°); Rafaello Massignan, II primo duca
di Parma e Piacenza e la congiura del i547 (Arch, storico per le pro-
vincie Parmensi, nuova série, t. VII) ; Giulio Coggiola, / Farnesi e il ducato
di Parma e durante il pontificate di Paolo IV (Arch, slorico per
le provincie Parmensi, nuova série, t. III); Alberto del Prato, 11 testamento
di Maria di Portogallo moglie di Alessandro Farnèse (Ibidem, t. VIII). 312 LETTRES DE GIOVANNI DALMA.TIO
Farnèse s'était alliée à Philippe II, les bénéfices du cardinal
Alexandre furent séquestrés, puis donnés à Hippolyte d'Esté,
cardinal de Ferrare1. Pour tenter d'adoucir la colère du roi,
Giovanni Dalmatio fut alors envoyé à la cour de France. De cet
agent, nous ne savons rien : on peut affirmer cependant qu'il
possédait une culture très affinée et se servait avec une aisance
rare de la langue française. Les archives de Parme, outre les
lettres que nous publions, contiennent, d'autre part, un grand
nombre de lettres italiennes adressées par Dalmatio à des cor
respondants subalternes. De cet ensemble, écartant les lettres
d'affaires, nous n'avons retenu ici que les lettres qui offrent
un intérêt général.
La période pendant laquelle s'accomplit la mission de Dal
matio à la cour de France et dont sa correspondance nous
donne l'histoire précise et détaillée pourrait s'appeler le
premier « ministère » des Guises, de la prise de Calais aux négo
ciations de Cercamp. Le connétable de Montmorency, qui avait
dirigé pendant dix ans la politique française, était prisonnier,
depuis la bataille de Saint-Quentin, ainsi que son fils, et Coli-
gny, son neveu. Henri II se livra aux Lorrains. La prise de
Calais et de Guines consacra solennellement le crédit de Franç
ois de Guise.
Trois faits principaux marquent le caractère de cette période
de huit mois. Ce fut d'abord l'alliance de la maison de Valois
avec la maison de Lorraine, par l'union du dauphin François et
de Marie Stuart. Puis il faut noter la prépondérance donnée,
dans les conseils du roi, à la politique belliqueuse que les Guises
avaient toujours défendue contre les idées pacifiques de Montmo
rency : des préparatifs militaires extraordinaires furent accomp
lis, grâce à l'appui des États de 1558. Cette politique belliqueuse
fut dirigée vers le nord du royaume et l'on abandonna les projets
italiens. Brissac, gouverneur de Piémont, qui vint demander des
1. L'agent du cardinal Farnèse lui écrivait, le 30 novembre 1557, de Saint-
Germain-en-Laye : « Le Roy m'a commandé vous dire deux choses : l'une qu'il
est fort malcontent de Messieurs de la maison Farnèse pour leur ingratitude
et mesconnoissance de ses bieni'aictz, et est délibéré de ne les tenir plus au
reng d'amitié qu'il a faict cy devant; plus, Sa Majesté m'a commandé vous
dire que vous et tous autres ministres de la maison Farnèse ayés à vous reti
rer hors la court et vous abstenir de leurs affaires de France » (Arch, di Stato
di Parma, Carteggio, Francia, à la date; original). AU CARDINAL FARWÈSE. 313
secours, se vit menacé d'une disgrâce : le duc d'Aumale, frère
de François de Guise, parut même un moment devoir le rem
placer en Italie. Mais la manifestation la plus grave de la nou
velle politique fut une attaque violente dirigée contre les pro
testants : l'arrestation de d'Andelot, neveu du connétable de
Montmorency, et l'affaire du Pré-aux-Clercs produisirent un
scandale retentissant.
Dalmatio, en un style facile et concis, a noté la suite de ces
événements importants, s'attachant avec le même intérêt au
détail des fêtes, à l'organisation militaire, aux jeux de la
diplomatie et aux productions de la littérature. Ce mélange
d'humanisme et de politique offre un agrément particulier.
Il semble que Dalmatio ait quitté la cour de France en juillet
1558. Mais il y revint au début du règne de François II : la
dernière lettre que nous publions date de ce second séjour. Les
sources sûres de l'année 1558 sont très rares : c'est pourquoi
nous avons cru utile d'attirer l'attention sur cette corres
pondance.
Lucien Romier.
I.
Paris, 25 janvier 1558.
Monseigneur,
... Vous aurés entendu par mes précédentes la prinse de Oallais.
Despuis on dissimula de aller à Gravellines ; mays le sort est tumbé
sur Guynes * , qui a f aict despendre beaucop de munition à cause
du chasteau qui estoyt tenu pour inexpugnable, et le xxe du présent
a esté prins par composition à discrétion et despuys led. chasteau
razé : au dedens y estoyt bonne garnison d'Angloys et quelque
nombre d'Espaignolz et, entre autres, ung capitaine nommé Mon-
dragone, quelques jours auparavant eschappé de la Bastille où il
avoit esté prisonnier de monsr d'Andelot, qui en ceste occasion l'a
recouvert2. Le Roy despartit pour aller à son camp le xvne du pré-
1. On décida d'assiéger Guines parce que « Guines importoit plus pour la
conservation de Calais » {Commentaires de François de Rabutin, éd. Michaud,
p. 582).
2. « Fut retenu prisonnier un capitaine espagnol que l'on appelloit Mont-
Dragon, lequel, auparavant, ayant esté prisonnier en la Bastille à Paris, s'es-
toit sauvé » (Ibidem, p. 584). 314 LETTRES DE GIOVANNI DALMATIO
sent, ensemble monsr le Daulfm'. Les Estas Généraux furent
achevé advant la despartie du Roy, la principale conclusion a esté
d'or et d'argent, à tant que le Roy tirera pour ceste année d'extra
ordinaire plus de vu muions d'or, dont les troys milions seront
payés par tout février, le demeurant par quartiers. Les autres
matières proposées ausd. Estas ont esté différées jusques à autre
diète, et cependant les poinctz ont esté baillés aux ambassadeurs
et commis des provinces pour les communicquer aux Estas provin
ciaux. Les deux nepveux de nostre Sainct Père ont heu leur congé,
et ce jourd'huy s'esloignent. Hz passeront par Avignon et de là à
Marseille2. L'on a icy faict de grans et riches comptes de la guerre
Italique et victoyre de vostre voisin3. Mais le bon succès des affaires
de par deçà faict tenir les autres derrière la tapisserie. Etc.
De Paris, ce xxve janvyer 1558.
Vostre très humble, etc.
Dalmays.
Au dos

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