Linguistique taxonomique et grammaire générative : le traitement de l exception - article ; n°1 ; vol.66, pg 99-116
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Description

Langue française - Année 1985 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 99-116
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nelly Danjou-Flaux
Elisabeth Fichez-Vallez
Linguistique taxonomique et grammaire générative : le
traitement de l'exception
In: Langue française. N°66, 1985. pp. 99-116.
Citer ce document / Cite this document :
Danjou-Flaux Nelly, Fichez-Vallez Elisabeth. Linguistique taxonomique et grammaire générative : le traitement de l'exception.
In: Langue française. N°66, 1985. pp. 99-116.
doi : 10.3406/lfr.1985.6348
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1985_num_66_1_6348Danjou-Flaux Elisabeth Fichez-Vallez Nelly
Université Lille HI Université Lille III
CNRS, UA SILEX 382 CNRS, UA SILEX 382
LINGUISTIQUE TAXONOMIQUE
ET GRAMMAIRE GENERATIVE :
LE TRAITEMENT DE L'EXCEPTION *
Le clivage entre linguistique taxonomique et grammaire generative
n'est pas nouveau. On sait qu'il a opposé, il y a une trentaine d'années,
les structuralistes américains et l'école chomskyenne. Dans le dévelop
pement récent des études syntaxiques, ce qui mérite davantage l'attention,
c'est que le clivage oppose maintenant des générativistes, et des linguistes
qui, au départ, étaient proches des thèses de Chomsky. Depuis une dizaine
d'années en effet, Gross et son équipe du LADL soumettent la grammaire
generative à une critique virulente et radicale, au nom précisément des
principes taxonomiques. Que cette opposition soit apparue à propos de
l'exception, cela n'a rien d'étonnant : la question de l'exception est un
point névralgique de la linguistique, comme en témoigne du reste l'his
toire de cette discipline (on se souvient de la querelle des lois phonétiques
au temps des néogrammairiens).
Nous voudrions, dans cet article, préciser le statut de l'exception
dans chacune des deux théories, en rappelant les principaux thèmes de
la polémique engagée par Gross contre la grammaire generative ', et
rapporter ces différences au choix des modèles de référence. Nous pour
rons alors tenter de faire le point sur la place accordée à l'irrégulier
dans les derniers développements de chacune des deux théories.
1. L'exception, objet d'appréciations contradictoires
L'importance accordée à l'exception du point de vue théorique et
méthodologique, et l'évaluation de sa réalité empirique dans les langues
* Nous remercions N. Chomsky, M. Cross, J.-Y. Pollock, В. Pourprix. Cet article doit beaucoup à
Mitsou Ronat.
1. Curieusement, les attaques que Cross multiplie depuis 1975 n'ont été relevées par les générat
ivistes que très incidemment. Son article publié dans la revue Language (1979) n'a pas suscité de
réaction aux USA. En France, le seul exemple de confrontation directe (cf. infra, note 7) est la discussion
entre Znbi-Hertz et Ronat (1982).
99 naturelles sont strictement opposées dans Tune et l'autre théories, ainsi
que dans la détermination* des programmes de recherche respectifs.
1.1. L'exception, un phénomène crucial pour les taxonomistes
Gross et ses collaborateurs projetaient au départ d'élaborer une
grammaire transformationnelle du français en s'inspirant du cadre géné-
ratif. Mais, s 'étant fixé comme objectif la vérification systématique du
champ d'application des règles élaborées dans ce cadre, ils ont été conduits
rapidement à constater l'irrégularité foncière du comportement des items,
et donc à mettre sérieusement en doute la généralité, et même le bien-
fondé des règles transformationnelles 2. Présentée comme un argument
décisif de la « faillite » de la grammaire generative, l'exception va jouer
un rôle déterminant dans les modifications apportées au cadre de départ,
et aussi dans l'attitude polémique que Gross, en particulier, développe à
l'encontre des générativistes.
1.1.1. L'affirmation des taxonomistes que l'irrégularité prime, et de loin,
la régularité dans la langue, est pour le moins paradoxale : n'aboutit-
elle pas à nier en effet tout objet à la description linguistique? Elle crée
au contraire, à leurs yeux, les conditions d'un doute systématique fécond.
Car le fait de ne pas avoir de préoccupations de formalisation permet,
une fois établi le constat d'irrégularité, d'entreprendre une étude sérieuse
des données, et de découvrir de nouveaux problèmes. Tantôt donc, les
taxonomistes jettent le doute sur des phénomènes considérés comme
réguliers : la critique des transformations, et en particulier du Passif
dans Gross (1975, 1979) en est une illustration. Plus récemment, dans
Langages n° 63 (1981), successivement Gross, Giry-Schneider et Guillet
et Leclère remettent en cause la notion de restriction de sélection, qui
constitue le fondement de la représentation classique des phrases en
prédicats et arguments, et cela sur la base de nombreux exemples qui ne
peuvent pas être considérés comme des exceptions 3. Tantôt, au contraire,
ils s'attachent à montrer que des phénomènes décrétés irréguliers ou
exceptionnels ont une telle extension dans la langue qu'ils constituent
une des composantes de la grammaire-lexique de celle-ci, au même titre
que les verbes ordinaires : c'est le cas des expressions figées (cf. Danlos,
1981, p. 53).
2. Tirant le bilan des tables dans lesquelles sont représentées les propriétés des éléments lexicaux,
Gross affirme (1979, pp. 860 et 861) : « Si nous comparons deux à deux les rangées de la matrice - i.e.,
si nous comparons les propriétés syntaxiques de deux items lexicaux quelconques —, nous constatons que
pas une seule paire d'items n'a des propriétés syntaxiques identiques. Si nous comparons les colonnes
deux à deux, - i.e. le domaine des règles —, le résultat est le même [...]. Nous avons dû conclure que
nous n'obtiendrions aucune généralisation sans une étude raisonnablement complète des items lexicaux
de la langue et de leurs usages syntaxiques. »
3. Cf. Cross (1981a, p. 33) : « Nous allons examiner quelques combinaisons verbe-nom qui donnent
lieu à des phénomènes d une complexité sans commune mesure avec ce qui a été appelé hâtivement
** restrictions de sélection ". Ces exemples ne peuvent en aucun cas être considérés comme des exceptions,
leurs particularités se retrouvent en effet avec un grand nombre de verbes, peut-être même avec toutes
les combinaisons verbe-nom prédicatif. »
100 1.1.2. Une attention particulière est donc portée aux cas qui résistent,
comme signes éventuels de domaines de faits intéressants à explorer. Et
cela est rendu possible par l'adhésion des taxonomistes aux procédures
méthodologiques empiristes, à savoir l'accumulation des données et leur
classification, préalables nécessaires à toute tentative de théorisation et
de généralisation. Gross (1979, p. 866), mais aussi Elia (1979, p. 191)
rappellent l'importance capitale du travail de recensement systématique
dans les études syntaxiques 4. Même si, à long terme, la visée est théorique, une première étape l'objectif est largement descriptif : il s'agit de
fournir une image cohérente d'une langue particulière en la couvrant de
manière extensive. Il n'y a donc pas introduction d'une hiérarchisation
dans les faits à décrire sur la base d'une hypothèse théorique. La seule
discrimination qui puisse être opérée l'est sur une base statistique (ce
qui justifie la notion d'inventaire systématique) : telle propriété concerne
un grand nombre d'items lexicaux, alors que telle autre apparaîtra vra
iment comme marginale du point de vue de son extension. La première,
déclarée plus productive que la seconde, méritera une attention toute
particulière. Gross (1979, p. 867) propose en illustration le comportement
des verbes sembler et croire dans le cas de la transformation Montée du
Sujet : le premier relève d'un paradigme fermé, alors que le second
appartient à une série ouverte.
Ce travail patient et minutieux de recensement des données se
double d'une classification rigoureuse des faits, qui a pour objet de
sélectionner ceux qui seront à privilégier d'un point de vue expéri
mental. Cette est matérialis

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