Madame de Staël, ministre de la Guerre ? Les discours de Narbonne devant l Assemblée législative - article ; n°1 ; vol.307, pg 93-104
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Madame de Staël, ministre de la Guerre ? Les discours de Narbonne devant l'Assemblée législative - article ; n°1 ; vol.307, pg 93-104

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1997 - Volume 307 - Numéro 1 - Pages 93-104
John Isbell, Madame de Staël, Minister of War ? Narbonne's speech to the Assembly.
The relationshiph between Madame de Staël and Narbonne, as well as the rôle played by de Staël in Narbonne's nomination, is acknowledged. John Isbell has found the intellectual and political influence of Madame de Staël in Narbonne's speeches and locates this influence in the Feuillant minister's desire to establish a bond between the King and the Assembly through public opinion.
John Isbell, Madame de Staël, ministre de la Guerre ? Les discours de Narbonne devant l'Assemblée.
Les relations de Madame de Staël et de Narbonne ainsi que le rôle joué par celle-ci dans la nomination du ministre sont notoires. J.I. recherche dans les discours de Narbonne l'influence intellectuelle et politique de Madame de Staël. J.I. pense la trouver dans la volonté du ministre feuillant d'établir un lien entre le roi et l'Assemblée, grâce à l'opinion publique.
John Isbell, Madame de Staël als Kriegsminister ? Die Reden Narbonnes vor der Nationalversammlung.
Die Beziehungen zwischen Madame de Staël und Narbonne sowie ihr Einfluß auf seine Ernennung zum Minister sind bekannt. Der Verf. untersucht die Reden Narbonnes auf den intellektuellen und politischen Einfluß von Madame de Staël und situiert diesen in der Bereitschaft des den Feuillants nahestehenden Ministers, eine Verbindung zwischen dem König und der Versammlung herzustellen, die sich auf die of fentliche Meinung stützt.
John Isbell, Madame de Staël, ministro della guerra ? I discorsi di Narbonne davanti all'Assemblea.
Sono notari le relazioni di Madame de Staël e di Narbonne corne pure il ruolo svolto da lei nella nomina del ministro. J.I. ricerca nei discorsi di Narbonne l'influenza intellettuale e politica di Madame de Staël. J.I. pensa di trovarla nella volontà di ministro « fogliante » di allacciare legami tra il Re e l'Assemblea, grazie all'opinione pubblica.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

John Isbell
Madame de Staël, ministre de la Guerre ? Les discours de
Narbonne devant l'Assemblée législative
In: Annales historiques de la Révolution française. N°307, 1997. pp. 93-104.
Citer ce document / Cite this document :
Isbell John. Madame de Staël, ministre de la Guerre ? Les discours de Narbonne devant l'Assemblée législative. In: Annales
historiques de la Révolution française. N°307, 1997. pp. 93-104.
doi : 10.3406/ahrf.1997.2025
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1997_num_307_1_2025Abstract
John Isbell, Madame de Staël, Minister of War ? Narbonne's speech to the Assembly.
The relationshiph between Madame de Staël and Narbonne, as well as the rôle played by de Staël in
Narbonne's nomination, is acknowledged. John Isbell has found the intellectual and political influence of
Madame de Staël in Narbonne's speeches and locates this influence in the Feuillant minister's desire to
establish a bond between the King and the Assembly through public opinion.
Résumé
John Isbell, Madame de Staël, ministre de la Guerre ? Les discours de Narbonne devant l'Assemblée.
Les relations de Madame de Staël et de Narbonne ainsi que le rôle joué par celle-ci dans la nomination
du ministre sont notoires. J.I. recherche dans les discours de Narbonne l'influence intellectuelle et
politique de Madame de Staël. J.I. pense la trouver dans la volonté du ministre feuillant d'établir un lien
entre le roi et l'Assemblée, grâce à l'opinion publique.
Zusammenfassung
John Isbell, Madame de Staël als Kriegsminister ? Die Reden Narbonnes vor der Nationalversammlung.
Die Beziehungen zwischen Madame de Staël und Narbonne sowie ihr Einfluß auf seine Ernennung zum
Minister sind bekannt. Der Verf. untersucht die Reden Narbonnes auf den intellektuellen und politischen
Einfluß von Madame de Staël und situiert diesen in der Bereitschaft des den Feuillants nahestehenden
Ministers, eine Verbindung zwischen dem König und der Versammlung herzustellen, die sich auf die of
fentliche Meinung stützt.
Riassunto
John Isbell, Madame de Staël, ministro della guerra ? I discorsi di Narbonne davanti all'Assemblea.
Sono notari le relazioni di Madame de Staël e di Narbonne corne pure il ruolo svolto da lei nella nomina
del ministro. J.I. ricerca nei discorsi di Narbonne l'influenza intellettuale e politica di Madame de Staël.
J.I. pensa di trovarla nella volontà di ministro « fogliante » di allacciare legami tra il Re e l'Assemblea,
grazie all'opinione pubblica.MADAME DE STAËL, MINISTRE DE LA GUERRE ?
Les discours de Narbonne devant l'Assemblée législative
JOHN ISBELL
Indiana University
« Madame de Staël a dirigé toute la machine du gouver
nement depuis le mois de décembre. »
Correspondance politique, 18 janvier 1792 (1)
Étrange collaboration, celle d'une Madame de Staël idéologue et intr
igante, et d'un Narbonne brumairien manqué, telle que nous la présente
la légende de la Législative. « Quelle gloire pour Mme de Staël et quel
plaisir pour elle — écrivit la reine à Fersen quand elle sut que Narbonne
était devenu ministre — d'avoir ainsi toute l'armée... à elle! » La reine
n'y voyait qu'une intrigue de boudoir, et l'historiographie a laissé répéter
ici le vieux thème littéraire de l'homme faible et de sa maîtresse intrigante.
Une analyse serrée des écrits du couple pendant ce ministère offre pourtant
une solution à cette fausse énigme, un moyen de jeter un pont entre ces
deux extrêmes. Nous y retrouverons aussi la trace d'un programme intel
lectuel dont Mme de Staël semble avoir été l'inspiratrice, et d'un travail
d'équipe divisé entre deux professionnels (2).
Madame de Staël n'a cessé d'écrire sa vie durant ; il était surprenant
(1) Feuille aristocrate citée dans G. de Staël, Correspondance générale fCGJ, éd. B. Jasinski, Paris,
Pauvert-Hachette, 1960-, vol. II. ii, p. 310; la même feuille parlera le 25 janvier des « lettres et rapports
qu'elle dicte à ce cher amant », ibid.
(2) Lettre du 7 décembre; cité dans J. Isbell, The Birth of European Romanticism [...], Cambridge,
CUP, 1944, pp. 217-218.
Annales Historiques de la Révolution Française — 1997 — N° 1 [93 à 104] JOHN ISBELL 94
de ne retrouver presque aucune composition de sa main pendant cette
période. Mais à part ses propres écrits, elle aidait volontiers les autres à
s'exprimer, comme l'ont avoué Sismondi, Schlegel et Constant, entre autres.
Vouée depuis sa naissance à la haute politique européenne, mais interdite
en tant que femme de toute action directe, elle a passé sa vie à pousser
en avant les hommes qu'elle retrouvait sur sa route. Et Narbonne, grand
seigneur constitutionnel, sinon même fils naturel de Louis XV, pouvait
aspirer au plus haut rang.
Le 11 juin 1793, la fille de Necker envoie à Narbonne disgracié son
Projet d'ouvrage sur les constitutionnels : « J'écrirai de mon côté, mais
votre paresse vous ferait prendre tout ce que je vous enverrais [...]. Quinze
jours après cette lettre, vous recevrez la première partie. » Narbonne en
effet a peu écrit dans sa vie, et on a ainsi la preuve directe que Mme de
Staël avait la double habitude de le pousser à écrire et de collaborer à
ses rédactions. De telles preuves matérielles manquent encore pour les
discours du ministre : on n'a retrouvé aucun manuscrit retouché par elle,
aucune lettre où elle donne des avis ou des conseils directs (3).
Ce survol reste donc en quelque sorte dans le domaine de l'hypothèse :
les preuves d'influence qu'on peut alléguer viennent toutes de l'intérieur
des textes mêmes. Mais on se retrouve ici devant une des bases essentielles
de la méthode de Coppet, où la chasse aux sources risque d'être mal pensée
sinon déformante, car les écrits du groupe naissent d'un fonds commun
de conversations disparues. En renonçant pourtant à la manie des priorités
textuelles, on peut faire quelque chose de plus utile, en prouvant que ces
écrivains partagent une pensée commune — qu'il existe pour ainsi dire
un programme coppétien. C'est ce qu'on propose de faire pour le ministère
de Narbonne.
Narbonne est nommé ministre le 6 décembre 1791, et fait son premier
discours le lendemain. Il est renvoyé par le roi le 9 mars 1792, le lendemain
du soutien des trois généraux dans le Journal de Paris, et de son malheureux
appel aux « membres les plus distingués de cette assemblée ». La guerre
est déclarée le 20 avril. Pour ces 94 jours, on a la trace de 40 discours
de Narbonne devant l'Assemblée. Il fait aussi une inspection des front
ières, il débat avec ses collègues et bien sûr il prépare la France à la guerre,
sa fonction principale. J. Godechot nous offre un lieu commun en disant
qu'« il contribua, mais sans grande énergie, à préparer l'armée française
au conflit ». Les contemporains insistent au contraire sur l'énergie inlas
sable qui distingue nettement Narbonne de ses collègues, comme en témoi
gnent les débats à l'Assemblée qui suivent son renvoi : « Le seul homme
qui dans ce moment paraissait au niveau de ses devoirs [...] a paru hété
rogène à un ministère qui semble avoir adopté l'inertie comme système
de sa conduite », selon le constitutionnel Ramond ; mais Rouyer, homme
(3) CG H.ii, pp. 123-124. MADAME DE STAËL, MINISTRE DE LA GUERRE? 95
que les jacobins respectent, dit précisément la même chose : « Celui qui
avait de l'activité est renvoyé et celui que vous avez hautement
improuvé [...] n'est pas remplacé. » Barnave de son côté dira : « Le renvoi
de Narbonne tient du vertige [...]. Moi, j'aimais Narbonne » (4).
On a assez reproché à Narbonne une négligence ministérielle dont la
source fut ailleurs. Il est temps de le réhabiliter ; il avait les mains liées,
plus même par l'Assemblée que par un roi fainéant. Jour après jour à
partir du 18 décembre, il réitère devant les députés la même demande primord
iale : SI 000 hommes manquent à l'armée. Le 23 janvier, il « quel
inexplicable sentiment pourrait entraîner à vouloir la guerre, et à rejeter
tous les moyens d'avoir une armée » ; c'est le 25 qu'on statue enfin sur
le recrutement. Le 16

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