Madame la comtesse de Maure et mademoiselle de Vandy (premier article). - article ; n°1 ; vol.15, pg 105-150
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1854 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 105-150
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1854
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Victor Cousin
Madame la comtesse de Maure et mademoiselle de Vandy
(premier article).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1854, tome 15. pp. 105-150.
Citer ce document / Cite this document :
Cousin Victor. Madame la comtesse de Maure et mademoiselle de Vandy (premier article). In: Bibliothèque de l'école des
chartes. 1854, tome 15. pp. 105-150.
doi : 10.3406/bec.1854.445195
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1854_num_15_1_44519577-
MME
LA COMTESSE DE MAURE
ET
MLLE
DE VANDY.
( Premier article. )
La comtesse de Maure descendait d'une famille florentine. Son
père, Octavien Doni, ayant suivi la reine Catherine de Me'dicis
en France ' , y occupa de hauts emplois, surtout dans les finances,
et devint seigneur d'Attichy, terre située près de Compiègne.
Il épousa Valence de Marillac, une des sœurs du garde des sceaux
et du maréchal de ce nom, tous deux célèbres sous Eichelieu par
leur éclatante élévation et leur chute profonde ; le garde des
sceaux alla finir ses jours en prison à Châteaudun, et le maréchal
porta sa tête sur l'échafaud, le lOmai 1632. De Valence de Marillac
et d'Octavien Doni sortirent trois fils et deux filles. Aucun des trois
frères ne laissa de postérité. L'aîné, Charles Doni, mourut jé
suite en 1645 ; le second, Louis Doni, né en 15977 entra d'abord
dans l'ordre des Minimes, devint ensuite évêque de Riez, puis
d'Autun, et mourut en 1664, âgé de soixante-sept ou soixante-
huit ans ; il est auteur d'un certain nombre d'ouvrages français
et latins 2, et on en a un magnifique portrait in-folio gravé par
Nanteuil en 1665; le troisième, Antoine Doni, marquis d'At
tichy, embrassa la carrière militaire et servit avec honneur dans
les campagnes de Flandre, où il fut tué en 1637, sans avoir été
marié. L'une des deux filles d'Octavien Doni épousa Scipion
li Le P. Nicerou, tom. XXIV, p. 372, à l'article Louis Doni d'Attichy.
2. Niceron, à l'endroit cité plus haut.
V. (Troisième série.) 8 т,
d'Aquaviva 4 , duc d'Atri, au royaume de Naples. Elle en eut un
fils, le comte de Châteauvilain, qui finit par se faire ecclésias
tique, et mademoiselle d'Atri, dont il sera question plus tard.
L'autre sœur est Anne Doni d'Attichy , depuis la comtesse de
Maure, qui a eu une assez grande réputation dans son siècle, et
que nous nous proposons de faire connaître ici, autant qu'il sera
en nous, en rassemblant les divers témoignages contemporains,
surtout à l'aide de correspondances encore ensevelies parmi les
manuscrits du dix-septième siècle à l'Arsenal et à la Bibliothèque
impériale.
Anne Doni d'Attichy semble avoir été l'aînée des deux sœurs ;
car Tallemant dit qu'eue devint héritière 2, à la mort de son frère
le marquis d'Attichy. Elle avait perdu son père en 1614 3. On ne
connaît pas la date précise de sa naissance; on sait seulement
qu'elle mourut en 1663, assez âgée, ce qui en fait une contem
poraine de son amie, Madeleine de Souvré, marquise de Sablé,
et met le temps de son éclat, comme de celui de la célèbre
marquise, sous la régence de Marie de Médicis et sous Louis XIII.
Il ne reste d'elle aucun portrait ni peint ni gravé; mais il est
certain que c'était une très-belle personne. Madame de Motte-
ville k la donne en 1649 comme « une dame dont la beauté avait
fait autrefois beaucoup de bruit. » Mademoiselle, dans V Histoire
de la princesse de Paphlagonie, en 1659, la peint ainsi sous le
nom de la reine de Misnie : « C'était une femme grande, de belle
taille et de bonne mine. Sa beauté était journalière par ses indis
positions qui en diminuaient un peu l'éclat. Elle avait l'air dis
trait et rêveur qui lui donnait une élévation dans les yeux et
faisait croire qu'elle méprisait ceux qu'elle regardait. Mais sa
1. Nous suivons Moréri, à l'article Doni, mais nous avertissons que le récit de
Tallemant est différent; il nous a paru peu intelligible et rempli de contradictions.
2. Tom. 11, pag. 354.
3. A. ce que nous apprend un Journal historique et anecdocte de la Cour et de
Paris, conservé parmi les papiers de Conrart à la Bibliothèque de l'Arsenal. Le pas
sage mérite d'être cité en entier, parce qu'il indique avec précision les charges que
possédait M. d'Attichy. T. XI, iu-4 : « 1614, janvier, 1. Mort de M. d'Attichy.
M. Dollé 4a) sa charge d'intendant ; M. Barbin celle d'intendant de la maison de la
Reine ; il en avoit voulu bailler 20,000 livres à M. d'Attichy ; sa femme en voulait 24.
Sur cela M. d'Attichy étant mort, Мше la maréchale d'Ancre a eu 40,000 livres de
Barbin, sur quoi n'en a été baillé aucune chose à madame d'Attichy. » — Sur Barbin,
voyez dans la collection Petitot, t. 49, les Mémoires de Montglat, p. 19,21, 23, 37, etc.
4. Tom. Ill, pag. 226. civilité et sa bonté raccommodaient en un instant de conversa
tion ce que ses distractions avaient gâté. « Parmi les Portraits
divers y faits ou recueillis par Mademoiselle; vers la même époque,
est celui de la comtesse de Maure, de la main du marquis de
Sourdis, et dédié à mademoiselle de Yandy. D'après cette des
cription, le trait particulier de sa beauté, lorsqu'elle était jeune,
aurait été la blancheur et l'éclat du teint : « J'ai vu, dit le marquis
de Sourdis, la de son effacer et ternir celle du
satin blanc et des jasmins dont elle portait hardiment des guir
landes. » Un certain air majestueux était dans toute sa personne;
et Sourdis remarque en elle « cet air héroïque qui faisait en l'an
tique Rome autant de rois que de citoyens romains. »
Pour de l'esprit, qui peut douter que la comtesse de Maure
n'en eût beaucoup, devant les témoignages unanimes des contem
porains ? Nous ne voulons pas abuser de celui du marquis de
Sourdis , dont le portrait est un vrai panégyrique , mais il n'a
pu inventer ce qu'il dit, « qu'à la vivacité de son esprit, elle
avait ajouté une lecture continuelle, et n'avait jamais oublié aucune
chose de ce qu'elle avait lu en français, en italien et en espagnol. »
II ajoute ce dernier trait : « Sa facilité à bien écrire sur toutes
sortes de sujets est incroyable ; et bien que la vitesse de sa plume
éblouisse les yeux, elle ne peut néanmoins suivre la prompti
tude des conceptions de son esprit ; la netteté et la politesse de
son style seraient incomparables si madame de Longueville n'avait
jamais écrit. » Tallemant lui-même loue l'esprit de la comtesse
de Maure, et Mademoiselle parle comme Tallemant et même
comme Sourdis. « Elle avait, dit-elle, de l'esprit infiniment, un
esprit capable, instruit, connaissant 1 et extraordinaire en toutes
choses. » La bienveillante mais véridique madame de Motteville
va plus loin encore : « Elle avait une vertu éclatante et sans
tache , de la générosité , avec une éloquence extraordinaire, une
àme élevée, des sentiments nobles, beaucoup de lumière et de
pénétration 2. »
Ajoutons qu'elle avait abondamment les défauts de ses qual
ités, qu'elle était fière , d'une délicatesse ombrageuse, et qu'elle
1. Princesse de Paphlagonie. Connaissant est l'expression ordinaire du dix-sep
tième siècle pour dire connaisseur. On prenait alors le mot connaissant d'une man
ière absolue, comme reconnaissant et méconnaissant. Le seul qui ait prévalu ainsi
employé est reconnaissant.
2, Tom, III, ibid, imp
orta cette vive sensibilité et cette humeur un peu irritable dan&
toutes les situations de sa vie et jusque dans ses affections.
Elle commença par être une des filles d'honneur de la reine
mère, Marie de Médicis. On voulut plusieurs fois la marier, et
ces divers projets échouèrent, tantôt parce que l'un de ceux qui
la recherchaient n'avait pas assez de fortune , tantôt parce que
l'autre mourut avant le temps ou périt à la guerre. On peut du
moins tirer cette conjecture de ce couplet d'une chanson inédite
sur les filles de la reine (Recueil de chansons historiques , dit Recueil
de Maurepas, à la Bibliothèque impériale, t. I, p. 427) :
Pauvre Attichy, je te plains bien.
Tu es d'amants mal assortie :
L'un te manque, faute de bien

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